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samedi 20 avril 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Deux publications pour mieux connaître l'attitude et la contribution du Québec dans la Grande Guerre 1914-1918

Par Gilles Durand

 

Le Québec dans la Grande Guerre : Engagements, refus, héritagesLe Québec dans la Grande Guerre : Engagements, refus, héritages
La première publication est un ouvrage édité par Septentrion sous le titre Le Québec dans la Grande Guerre : Engagements, refus, héritages. La plupart des textes, présentés sous la direction de Charles-Philippe Courtois et de Laurent Veyssière, découlent de conférences données lors d'un colloque organisé par la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs à Paris, à l'Hôtel des invalides, le 4 avril 2014, pour souligner le centenaire du déclenchement du conflit d'envergure mondiale.

L'ouvrage se décline en dix chapitres partagés en trois parties. La première traite d'Engagements. Serge Bernier et Yves Tremblay abordent le contexte dans lequel les Canadiens français répondent à l'appel du gouvernement canadien et de l'Empire britannique. Caroline D'Amours revient sur un événement marqueur, la formation du 22e Bataillon. Jean Lamarre compare l'attitude des Franco-Américains face à l'appel des États-Unis à celle des Canadiens français.

La seconde partie, intitulée Refus, traite de l'attitude des Québécois en adoptant une approche sociohistorique. Jean-Philippe Warren attire l'attention sur la politique de neutralité du pape Benoît XV et sur sa résonnance au Québec dans les discours et les écrits du grand leader nationaliste qu'est Henri Bourassa. Béatrice Richard, procédant à une observation attentive de la société québécoise du début du XXe siècle, souligne l'attachement à la terre et à la famille, qui mobilise plus les Québécois que la guerre en Europe. Magda Fahrni traite de la contribution des Québécois et des Québécoises à l'arrière, n'hésitant pas à s'engager dans des industries de guerre fonctionnant à plein régime avec les moyens du bord, sans souci prononcé pour la santé et la sécurité de leurs employés, face à un gouvernement encore trop peu interventionniste.

La troisième partie, intitulée Héritages, dégage certaines marques laissées sur la société québécoise par le conflit. Carl Bouchard découvre un pacifisme de beaucoup moins militant que celui d'une Allemagne sortie humiliée du conflit à la suite de la conclusion du traité de Versailles en 1919. Charles-Philippe Courtois trace le portrait du nationalisme québécois, passant d'une optique pancanadienne à une approche centrée sur un Québec indépendant et, par la suite, autonome à l'intérieur du Canada. Mourad Djebabla prend la relève pour dégager un clivage transparaissant aussi dans les activités commémoratives qui ont cours à la suite du conflit, mais que le souvenir des anciens combattants et des sacrifices consentis finit par atténuer. Cet intérêt pour les dimensions sociohistoriques du conflit n'est pas étranger à ce qui se passe en France et en Allemagne.

Aussi riche que soit l'ouvrage, tout n'a pas été dit et écrit sur la participation des Canadiens français à la guerre 1914-1918. Les sources disponibles se prêtent à interprétation et de nombreuses facettes sont à prendre en considération. Pour faciliter la réflexion et orienter les recherches, la publication comprend en introduction une présentation générale du conflit servant de mise en contexte, préparée par les deux codirecteurs, de même qu'en guise de conclusions, des pistes de recherche données par Nicolas Offenstadt et Hervé Drévillon.

 

Un numéro hors série de la revue Québec Science consacré à la Grande GuerreUn numéro hors série de la revue Québec Science consacré à la Grande Guerre
La deuxième publication est un numéro hors série, automne 2015, de la revue Québec Science, intitulé Les années barbares 1914-1918 : 1562 jours qui ont fait trembler le monde – Une guerre industrielle et scientifique – Pourquoi le Québec et le Canada se sont déchirés sur la conscription – Les débuts du 22e Régiment – Le témoignage de Jean Lapointe. Préparée avec la collaboration d'auteurs de la publication mentionnée ci-dessus, Le Québec dans la Grande Guerre, la revue revient sur ce conflit d'envergure mondiale, ses causes, la dureté des combats et la vie pénible dans les tranchées, le traité qui y a mis fin en 1919, non sans rappeler des événements marqueurs, la formation du 22e Bataillon et la crise de la conscription au printemps 1918. La revue s'engage également sur des sentiers moins battus : le support apporté par les scientifiques, les armes et le matériel militaire utilisés, les services médicaux de première ligne et la présence près des zones de combat des infirmières canadiennes, appelées les oiseaux bleus, la richesse des témoignages des anciens combattants, de même que le tourisme de mémoire. En bref, deux publications qui se complètent bien l'une l'autre.

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