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vendredi 19 avril 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

Décès de Janine Giraud-Héraud

LE QUÉBEC PERD UNE GRANDE AMIE


Janine Giraud-Héraud nous a quittés au matin de notre Fête nationale.

 

À l'occasion de l'assemblée générale de la Fédération France-Québec francophonie, de g. à d. Robert Trudel, secrétaire général de la CFQLMC - Québec, Janine Giraud-Héraud, Bernard Héraud et Denis Racine, coprésident de la CFQLMC

À l'occasion de l'assemblée générale de la Fédération France-Québec / francophonie, de g. à d. Robert Trudel, secrétaire général de la CFQLMC - Québec, Janine Giraud-Héraud, Bernard Giraud-Héraud et Denis Racine, coprésident de la CFQLMC
Crédit : Denis Racine


Après avoir habité avec son époux, Bernard, et ses enfants, le Québec pendant quelques années, ils sont revenus à Aix-en-Provence, leur coin de pays d'origine.
Mais, ils n'ont pas oublié le Québec pour autant. À l'inverse de la chanson de Duteil, ils revenaient chaque été visiter leurs nombreux amis québécois et « leur chanter leurs peines et leurs espoirs ».


Et puis, avec le temps, a germé dans l'esprit de Janine un immense projet sur les origines des pionniers qui ont quitté la France pour aller vivre sur les rives du Saint-Laurent.


Projet fou, irréalisable, trop ambitieux, que n'a-t-on pas entendu de qualificatifs pour exprimer le doute sur ce projet.


Mais, c'était mal connaître Janine. Animée par une volonté de fer, elle a sollicité des collaborations, obtenu de nombreuses aides financières et entrepris un grand tour de France afin de photographier ces lieux d'origine.


Il en est résulté une belle et grande collection de douze volumes intitulés « Ces villes et villages de France… berceau de l'Amérique française ». Un monument à notre histoire commune, mais aussi à nos familles. À ceux qui ont tout laissé derrière eux, pour un avenir à tout le moins incertain, mais qu'ils voyaient magnifiques.


Quand ils quittaient le Vieux pays par La Rochelle, qu'ils jetaient un dernier coup d'œil, sans doute nostalgique, à ces tours, ils n'ont jamais oublié. Et rendus à leur lointaine destination, ils se sont mariés et ont engendré des familles. Ils ont exploré un vaste continent où partout ils ont laissé leurs marques. Enfin, en fondant un nouveau pays, ils ont transmis ce qu'ils avaient de plus précieux : la langue et la culture françaises.


C'est à ces valeurs fortes que croyait Janine et dans lesquelles était enraciné son grand projet.


Lancé en 2002, il a trouvé sa conclusion en 2015. Publié sous l'égide de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, cette série s'inscrit éminemment dans la mission de notre organisme.


L'œuvre de Janine a été reconnue tant par le gouvernement français qui lui a accordé en 2012 l'Ordre national du mérite que par celui du Québec, par l'attribution en 2014 de la Médaille de l'Assemblée Nationale.

Mais l'amour profond que portait Janine et que Bernard porte toujours au Québec s'est traduit à de nombreuses reprises par une hospitalité chaleureuse pour les Québécois de passage dans la région aixoise. Que ce soit individuellement ou lors des colloques qu'ils ont organisés en 2002, en 2004, en 2008 ou en 2012, nous étions les bienvenus. Encore récemment, même se sachant gravement malade, elle a été l'hôtesse de l'assemblée générale de l'Association France-Québec  du 5 au 8 mai dernier. Par ce geste, comme un testament, elle a voulu exprimer sa forte amitié et solidarité avec le Québec.


Elle y croyait, elle y croyait fortement.  Provenant d'une région gorgée de soleil, mais ayant eu historiquement peu de relations avec la Nouvelle-France, par son action, elle a su réveiller quelques liens avec la lointaine Nouvelle-France avec son Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry ou son Étienne Verrier.


Lors de notre dernière rencontre, le matin du 9 mai dernier, elle nous parlait de son départ. Elle nous disait que si nous passions par la Provence, d'avoir une pensée pour elle et pourquoi pas, de lui payer une visite au petit cimetière de Saint-Canadet, lieu de son dernier repos.


Nous avions les larmes aux yeux de l'entendre parler de cette chose si difficile à exprimer, sa propre mort. Mais, Janine était une lucide et une fonceuse.


Merci Janine pour tout ce que tu nous as donné et laissé. Nous portons ton nom dans notre cœur jusqu'au jour où nous nous retrouverons dans une autre dimension.
Bon voyage et je t'embrasse.

Denis Racine

champlain vague