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jeudi 25 avril 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

memoires vives

Marie Guyard, pionnière de la Nouvelle-France
et son fils tourangeau Claude Martin, biographe de sa mère.

 

Isabelle Landy – Houillon
Université de Paris VII Diderot


À considérer les excellentes éditions des textes de Marie de l’Incarnation dont disposent actuellement les chercheurs, depuis les deux volumes des Écrits spirituels et historiques édités par Dom Jamet en 1929 et réimprimés en 1985 par les Ursulines de Québec jusqu’à la magistrale Correspondance présentée par Dom Oury en 1971 et la réimpression de la Vie de la vénérable Marie de l’Incarnation par les moines de Solesmes en 1981, on en oublierait presque que nous devons la quasi-totalité de ces textes à la piété filiale du fils de Marie Guyard, Claude Martin, l’un des plus grands bénédictins de la Congrégation de Saint – Maur, né à Tours en 1619 et mort à Marmoutier en 1696.

Sa contribution essentielle à la postérité « littéraire » de Marie de l’Incarnation réside dans la Vie (…) qu’il écrivit après la mort de sa mère (Québec, 1672) pour la publier en 1677. L’ouvrage, « à deux auteurs », de composition insolite, s’ordonne autour de la Relation de 1654 difficilement obtenue, distribuée en 63 courts chapitres, chacun desquels se trouvant accompagné d’une « addition » de Claude, glose juxtaposée souvent envahissante, elle-même nourrie par la Relation de 1633 parvenue à Claude en cours de rédaction. Pour les années postérieures à 1654, le biographe recourt principalement aux lettres reçues de sa mère pendant plus de trente années et qu’il publiera lui-même en 1681. À quoi s’ajoutent de très nombreux emprunts à divers écrits spirituels antérieurs au départ de Marie de l’Incarnation que Claude Martin publiera également à part en 1682.

Même s’il a imposé pour diverses raisons (politiques, stylistiques) bien des retouches aux écrits authentiques qu’il avait à sa disposition, même si la biographie de l’Ursuline incline parfois vers l’autobiographie du bénédictin, il n’en reste pas moins qu’en écrivant l’hagiographie de sa mère Claude Martin a mis à jour et pérennisé des textes qui sans lui nous seraient inconnus.

champlain vague