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3 juillet 1608 et 17 mai 1642 : Deux des journées qui ont fait le Québec

3 juillet 1608 et 17 mai 1642 :
Deux des journées qui ont fait le Québec

par Gilles Durand

La Fondation Lionel-Groulx, dont le président du conseil d’administration est M. Claude Béland, a initié en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec et le canal Vox, une série de dix conférences sur les journées qui ont eu une influence marquante sur le devenir du Québec depuis les tout débuts de la présence française en Amérique du Nord. Présentées dans l’auditorium de la Grande Bibliothèque de Montréal, les conférences s’échelonnent sur la période 2011-2013. Deux de celles-ci portant sur le 3 juillet 1608 et le 17 mai 1742, données respectivement par Jacques Lacoursière et Jean-Claude Germain, ont eu lieu à date. En quel sens les dates retenues ont-elles marqué notre histoire?

 

La fondation de Québec

Le 3 juillet 1608 donne le signal de départ du premier établissement permanent de la France en Amérique. L’on s’accorde aujourd’hui pour présenter Champlain comme cofondateur avec Pierre Du Gua de Monts, mais le premier n’en conserve pas moins un grand mérite, ayant entrevu Québec comme base permanente pour explorer l’intérieur du continent et pour chercher un passage pour atteindre la mer de Chine.

Champlain supervisant la construction de sa résidence, Québec, 1608

Champlain supervisant la construction
de sa résidence, Québec, 1608

Crédit : Bibliothèque et Archives
Canada, no d’acc 1972-26-760

Champlain est un novateur, n’hésitant pas à sortir des sentiers battus. Il rompt avec la tradition séculaire de limiter la traite des fourrures aux voyages de pêche des Européens dans le golfe Saint-Laurent. Aussi, les pêcheurs basques ne lui pardonnent pas d’établir un poste de traite à l’ouest de Tadoussac. Ils fomentent un complot pour le faire assassiner en soudoyant certains de ses hommes, tentative que Champlain sait bien déjouer.

Champlain est un fin stratège. Dès 1603, il s’assure, à Tadoussac, de l’appui des Montagnais et d’autres tribus pour pénétrer à l’intérieur du continent et s’établir en amont, collaboration indispensable étant donnés leurs savoirs de premiers occupants et le petit nombre d’immigrants français.

 

Champlain apprend bien de son expérience passée. La visite de reconnaissance qu’il effectue des côtes du Maine, entre sa venue à Tadoussac en 1603 et la fondation de Québec en 1608, le convainc de l’importance de la règle du donnant-donnant pour les Amérindiens. En 1609, il accompagne ses alliés de 1603 dans une expédition contre leurs ennemis les Iroquois au lac Champlain.

Champlain fait preuve d’audace. Il ne se laisse pas abattre par le premier hiver au cours duquel certains de ses hommes meurent du scorbut, le savoir des Amérindiens qui avaient sauvé une partie de l’équipage de Cartier s’étant perdu dans la nuit des temps. Il poursuit l’entreprise jusqu’à son décès survenu en 1635.

 

 

La fondation de Montréal

Fort Ville-Marie, Montréal, 1645

Fort Ville-Marie, Montréal, 1645
Source: Wikimedia

Ville-Marie prend naissance le 17 mai 1642. À l’inverse de Québec qui se situe plutôt dans le cadre d’un projet à caractère économique, la fondation de ce qui deviendra la métropole d’aujourd’hui est un projet dévot, découlant d’une utopie. Ses principaux porteurs, la Compagnie du Saint-Sacrement, un organisme à caractère secret, la Société Notre-Dame de Montréal concessionnaire de l’île, Paul Chomedey de Maisonneuve, un militaire de profession gouverneur de l’île jusqu’à sa disgrâce en 1665, de même que Jeanne Mance, une infirmière célibataire laïque éprise de liberté, ont en vue la conversion au catholicisme des populations amérindiennes et leur intégration dans une nouvelle communauté française qui prendra forme sur les bords du Saint-Laurent. Leur rêve ne se réalisera malheureusement pas, Ville-Marie ayant une vocation de ville nord-américaine, destinée à servir de porte d’entrée pour l’exploitation des ressources du continent nord-américain.

Tout comme Champlain, Maisonneuve et Jeanne Mance font preuve de détermination et d’audace pour atteindre leur fin. Ils passent outre aux propositions du gouverneur de Québec, Montmagny, qui tente, en 1641, de les dissuader de se rendre à Montréal. Ils ne reculent pas devant les attaques iroquoises qui font des victimes parmi la petite population naissante de Ville-Marie, traversant l’océan lorsque nécessaire pour aller chercher de nouvelles recrues afin de combler les pertes. Jeanne Mance, habile administratrice, bras droit de Maisonneuve, met à profit son entregent pour se rallier le support financier de veuves fortunées de la cour de France. Au moment opportun, elle saura utiliser des fonds, bien que destinés à l’hôpital, pour ramener de France des soldats et des colons.

Malgré tout, les bases sont jetées, même si Montréal ne se développe pas sous l’impulsion de ce projet utopique de conversion des âmes, mais plutôt en marge de celui-ci. Le véritable moteur, c’est le contact avec les Amérindiens, l’apprentissage de leur langue et de leur culture, l’échange des fourrures contre des produits importés d’Europe. Lorsque Louis XIV reprend en main la colonie en 1663, jusque là confiée à la Compagnie des Cent Associés et à la Société de Notre-Dame, et qu’est assurée la pacification des nations iroquoises par l’envoi du régiment Carignan-Salières, Ville-Marie peut enfin donner libre cours à son penchant naturel pour les activités économiques, qui en fait un établissement « affairé et affaireux » comme le dit le conférencier.

 

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