4e Séminaire sur les lieux de mémoire franco-québécois
à Aix-en-Provence, 24 et 25 octobre 2008
par Gilles Durand
Un séminaire de deux jours consacré aux
lieux de mémoire franco-québécois
Crédit : revue France Québec Magazine |
Les 24 et 25 octobre 2008, un séminaire de deux jours, le quatrième de la série , a été tenu à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme de l’Université d’Aix-en-Provence pour souligner le lancement du premier d’une série de douze guides sur les villes et les villages des régions de France qui conservent des liens avec le Québec. La programmation (http://www.francequebec.fr/index.php ) avait été élaborée par la Régionale Terres-de-Provence-Québec du réseau France-Québec et par la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), section France. |
Un projet qui se veut un rappel à tous les Français et Québécois
du legs de la France au Québec et à l’Amérique française
Le coordonnateur et la coordonnatrice des guides pour l’ensemble des régions de France, Gilbert Pilleul, secrétaire général de la CFQLMC, section France, et Janine Giraud-Héraud, présidente de Terres-de-Provence-Québec et administratrice du réseau France-Québec, ont présenté l’origine et la signification du projet et sa mise en œuvre. Les résultats obtenus témoignent de la générosité des gens qui ont travaillé d’arrache-pied pendant des années et de la qualité du travail effectué : des informations de nature textuelle, cartographique et photographique rassemblées sur tout le territoire de l’Hexagone, un premier guide tout frais sorti des presses sous le titre « Ces villes et villages de France, …berceau de l’Amérique française – Provence-Alpes-Côte d’Azur – Languedoc-Roussillon », onze autres à paraître en cours d’année – un pour chacune des grandes régions françaises. Les guides visent à rappeler le legs de la France – une population, le catholicisme et le droit civil comme l’a souligné, dans ce dernier cas, Armelle Le Bras-Chopard, professeure à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines – au Québec et, plus largement à l’Amérique française, de même que les origines françaises de cet héritage. Ils constituent une invitation à tous les Français et à tous les Québécois, particulièrement ceux présents au séminaire, à en faire l’acquisition pour mieux célébrer cet héritage commun, l’enrichir et le transmettre aux générations futures par tous les moyens possibles, système d’enseignement, itinéraires touristiques, etc.
L’expérience vécue dans la région
« Provence-Alpes-Côte d’Azur – Languedoc-Roussillon »
et dans d’autres régions de France
Janine Giraud-Héraud, assumant la responsabilité pour tout le territoire français en même temps que celle de sa propre région, a entretenu l’auditoire des démarches associées à la production du guide pour la région « Provence-Alpes-Côte d’Azur – Languedoc-Roussillon » : relever sur le terrain, pour chaque localité, les repères – plaque, résidence ancienne, château – témoignant de la naissance ou du passage d’un émigrant avant son départ pour la Nouvelle-France, vérifier les renseignements recueillis dans des ouvrages à caractère biographique, consulter au besoin les archives, prendre des photographies, localiser les lieux de mémoire sur des cartes, mettre en forme, à l’aide de l’ordinateur, l’ensemble des informations recueillies pour la publication, faciliter la recherche des pionniers, autant ceux qui ont quitté dans le cadre d’une fonction officielle que ceux qui ont fait la traversée pour mieux vivre de leur métier – au moyen d’index onomastiques. D’autres conférenciers ont également pris la relève de la coordonnatrice pour témoigner du dynamisme et de l’implication soutenue de leur région dans le projet, permettant à l’occasion de constater l’état d’avancement des travaux par un exemple – c’est le cas de Jean-Paul Pizelle qui a fait distribuer une brochure sur Ces pionniers haut-marnais en Amérique française.
Toute mémoire sans histoire peut devenir dangereuse
La mémoire franco-québécoise ne se nourrit pas seulement d’inventaires sur le terrain. Des conférenciers spécialistes ont traité des pièges à éviter dans la reconstitution du passé, de l’apport incontournable de l’histoire et des sciences humaines de même que des différentes formes que peut revêtir le patrimoine. Patrice Groulx, professeur associé à l’Université Laval, rappela la pertinence de ne pas hésiter à remettre en question notre connaissance du passé, car la mémoire, laissée à elle-même, peut trop facilement s’en remettre à des mythes et laisser place à l’imaginaire. Voir le texte intégral de la conférence. Philippe Joutard, professeur à l’École des hautes études en sciences sociales, a insisté sur le rôle de l’histoire comme fondement de la mémoire pour établir et au besoin rétablir les faits du passé. Alain Roy, archiviste-historien de Bibliothèque et Archives Canada, et Jean François de Raymond, professeur associé à l’Université Laval, ont abordé, entre autres questions, les différents visages que peut prendre le patrimoine, traces physiques dans le paysage, courants d’idée, telle la pénétration des idées de Descartes en Nouvelle-France. Face à une mémoire sélective, simplificatrice, déformante, la collaboration entre historiens, chercheurs et experts de terrain s’impose.
Les archives, sources premières de la mémoire
Les recherches scientifiques, les publications savantes qui les font connaître, sont des outils auxquels les collaborateurs au projet de guide sur les lieux de mémoire doivent recourir, mais elles n’en demeurent pas moins des sources secondes. Rien d’étonnant à ce que les organisateurs du séminaire aient prévu une visite aux Archives nationales d’outre-mer, gardiennes des documents du premier empire colonial français. Martine Cornède, directrice du Centre d’outre-mer, s’est employée à démystifier les anciens documents témoignant de la période de la Nouvelle-France – du 17e siècle au début du 19e siècle. Elle a insisté sur les instruments de recherche (http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/caom/fr/) qui en facilitent l’accès, tels l’État général des fonds et la base Ulysse pour les images numérisées de l’iconothèque et de la cartothèque. Son exposé a été accompagné d’une présentation de documents originaux. Les participants n’ont pu manquer de quitter avec un avant-goût des découvertes enrichissantes que peut faire celui qui ose s’aventurer au service.
La collaboration s’impose entre chercheurs,
associations de volontaires et d’experts sur le terrain
Crédit : revue France Québec Magazine |
La lumière ne doit pas rester sous le boisseau. Des archives bien organisées et à la portée de tous, les publications en histoire qui font état des recherches, ne suffisent pas à maintenir vivante la mémoire collective. Par nature, celle-ci à tendance à oublier. Les rappels doivent être multipliés auprès du grand public : cérémonies, pose de plaques, tracés d’itinéraires touristiques, voyages de découverte, interventions auprès des responsables des programmes d’enseignement. Le moment ne pouvait mieux convenir pour laisser la parole à ceux qui président aux destinées des associations qui constituent un maillon de la chaîne reliant la France au Québec. De telles associations, dont la mission est de rassembler, constituent des milieux favorisant la collaboration entre spécialistes, volontaires et experts sur le terrain pour diffuser la mémoire franco-québécoise. Pour l’occasion, ont pris la parole : André Dorval, coprésident de la CFQLMC, section Québec, Pierre Provost, président national du réseau Québec-France, Marie-Agnès Castillon, présidente nationale du réseau France-Québec, Denis Racine, président de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie, et Éliane Béguoin, vice-présidente de la Fédération française de généalogie.
Le mot de la fin
Le mot de la fin a été confié à Didier Poton, professeur et doyen, Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines de l’Université de La Rochelle. Face aux résultats bénéfiques de la coopération entre spécialistes et volontaires engagés sur le terrain – le projet des douze guides en constitue un bel exemple –, le conférencier a encouragé la participation aux activités des associations mentionnées ci-dessus pour l’avenir de la mémoire franco-québécoise. Ces associations ont accumulé de l’expertise à travers leurs activités passées et ont su trouver des réponses à des problèmes rencontrés qui, souvent, s’apparentent à ceux d’aujourd’hui. L’adhésion à ces associations de même que la consultation de leurs archives, pour retracer leurs options retenues, peuvent constituer autant de balises pour orienter l’action présente et future.
Un mot d’appréciation pour les organisateurs du séminaire
Crédit : revue France Québec Magazine |
Le 4e séminaire a été vivement apprécié de tous les participants. L’activité a été clôturée par un dîner de gala avec présentation théâtrale et animation avec le groupe musical québécois CHÂKIDOR, une soirée à la hauteur du succès obtenu par ces deux jours d’échanges sur les lieux de mémoire franco-québécois. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, pourquoi ne pas prolonger le plaisir en souscrivant au projet des douze guides des lieux de mémoire franco-québécois (http://www.francequebec.fr/index.php ).