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Le 28e Congrès international des sciences généalogique et héraldique : des pistes pour de nouvelles découvertes

Le 28e Congrès international
des sciences généalogique et héraldique :

des pistes pour de nouvelles découvertes*

 

par Gilles Durand

 

Le 28e Congrès international des sciences généalogique et héraldique s’est déroulé du 23 au 27 juin 2008 sur le thème de la rencontre entre l’Ancien et le Nouveau Monde : quête ou conquête. Tout avait été prévu par la Fédération québécoise des sociétés de généalogie et par la Société de généalogie de Québec, cette dernière maîtresse d’œuvre de la rencontre, pour faire de l’événement un succès. Le Comité organisateur du 28e congrès mérite les félicitations de tous les participants.

La conférence d’ouverture donne le coup d’envoi en traitant des nouvelles appartenances

Le président des comités scientifiques du 28e congrès, Jacques Mathieu, présente le nouveau contexte dont devront tenir compte les congressistes en participant aux conférences et aux exposés en atelier. Les appartenances actuelles ne sont plus celles d’autrefois. Le groupe social prend le pas sur la nation. La lignée se substitue à la terre ancestrale; le fondateur de la lignée a préséance sur le héros. La primauté est accordée à l’individu et à son droit de savoir, de connaître ses ancêtres, fussent-ils esclaves, prisonniers, réfugiés, enfants abandonnés, métis, membres d’une communauté en situation minoritaire. D’où, en contrepartie, la nécessité de baliser ce droit face aux développements technologiques, aux recherches en génétique et aux analyses d’ADN.

Un bilan de recherches en histoire et en généalogie

Au nombre des nombreuses et enrichissantes présentations, mentionnons l’exposé sur le projet de 12 livres consacrés aux grandes régions de France et à leur patrimoine, d’où sont partis des pionniers qui se sont démarqués en Nouvelle-France. Chaque guide, coiffé du titre général Ces villes et villages de France, …berceau de l’Amérique française suivi du nom de la région, décrit, cartes géographiques à l’appui, des localités et des communes, situées non loin de la mer, en bordure d’un grand fleuve, etc. qui ont conservé un lien étroit avec l’Amérique française, en raison d’un personnage illustre qui y a habité et des traces qu’il a laissées dans le paysage. Conçu en fonction d’un territoire précis, le guide permet à tous ceux désireux de connaître leurs origines, d’emprunter des itinéraires culturels et touristiques. Déjà, le premier de ces guides, faisant connaître la région Provence-Alpes-Côte d’Azur– Languedoc-Roussillon, est terminé, et la collection sera lancée officiellement à Aix-en-Provence en octobre 2008.

L’héraldique comme discipline à découvrir ou à redécouvrir pour ce qu’elle est

Individus, associations de nature privée, États ont très tôt reconnu l’importance des symboles héraldiques comme éléments de cohésion dans une famille comme dans une communauté. Au temps de la Nouvelle-France, la royauté française ne manquait pas de récompenser et de s’attirer l’appui des grandes familles; le premier archiviste du Québec, Pierre-Georges Roy, a produit d’ailleurs un inventaire de tels faveurs accordées, intitulé Lettres de noblesse, généalogies, érections de comtés et baronnies insinuées par le Conseil souverain de la Nouvelle-France.

Plus près de nous, dans le cas du Canada, l’autorité héraldique passe après 1760 du souverain français au pouvoir royal britannique qui, en 1988, délègue son autorité au gouverneur général. Ce dernier s’en remet alors à un bureau, l’Autorité héraldique du Canada, dont un des principaux fonctionnaires est le Héraut d’armes. Il revient au Héraut de concéder officiellement des armoiries, de reconnaître les emblèmes qui lui sont présentés et de tenir registre, le Registre public des armoiries, drapeaux et insignes du Canada.

Quant au Québec, ses symboles, drapeau, emblèmes, armoiries, reflétant les différents régimes politiques que son territoire a connus depuis la Nouvelle-France jusqu’à aujourd’hui, sont régis par la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec de même que par règlement d’application.

De nouvelles bases de données pour identifier les ancêtres

Pour combler les besoins des chercheurs en généalogie, le 28e congrès a permis de faire des annonces fort prometteuses. Les répertoires informatisés déjà accessibles sur Internet s’enrichissent continuellement de nouvelles données; de nouveaux outils sont créés. Mentionnons, entre autres, la base BMS 2000 (baptêmes, mariages et sépultures), projet coopératif de mise en commun de données généalogiques de 23 sociétés de généalogie du Québec; la base couvre le Québec et ses environs du 17e au 20e siècle et compte plus de sept millions de fiches BMS. De même, le Fichier Origine qui fête cette année son 10e anniversaire; deux fois par année, sont ajoutés des noms d’émigrants français et étrangers, établis au Québec des origines à 1865, dont l’acte de naissance ou de baptême ou l’équivalent est retracé dans leurs pays d’origine — le répertoire renferme 5 005 entrées à l’heure actuelle. D’autres bases verront le jour dans un avenir plus ou moins rapproché. L’une, prévue pour 2009, fera sortir de l’ombre les quelque 7 100 soldats des troupes françaises venues combattre en Amérique entre 1755 et 1760; pour chaque militaire, elle permettra, en regard de son nom, de suivre son parcours personnel depuis son engagement en France jusqu’à son décès.

En terminant, rappelons l’intérêt de la présentation de L’inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France. La base de données vise à mettre en ligne, tant pour la France que l’Amérique du Nord, l’ensemble des traces matérielles et mémorielles associées à l’expérience coloniale française — bâtiments, sites archéologiques, monuments, plaques, etc. La base couvre à l’heure actuelle la région Poitou-Charentes et les provinces canadiennes, mais des démarches ont été entreprises pour l’étendre à d’autres régions françaises et aux États-Unis

Conclusion

Les nouvelles connaissances continuellement mises à jour par la généalogie, l’héraldique et les sciences humaines et sociales, les avancées de la technologie et des sciences de la santé apparaissent donner à la recherche généalogique une ampleur qu’elle n’aurait jamais pu atteindre laissée à ses propres moyens. Dans un tel contexte, deux questions ne pouvaient pas ne pas être débattues lors du congrès : la raison d’être et l’avenir des sociétés de généalogie de même que le droit de la personne au respect de sa vie privée. À la première question, les participants à un atelier n’ont pas hésité à reconnaître le rôle indispensable du milieu associatif pour la formation et l’information de ses membres, pour l’organisation de rencontres d’échanges, pour la préparation d’une revue de qualité qui assure une certaine permanence aux informations transmises verbalement, de même que pour la préparation de bases de données. La deuxième question s’est révélée plus complexe, inquiétante éthiquement face à toutes ces banques de données dont les développements de la technologie donnent naissance en nombre croissant. Le droit de savoir doit être concilié avec le respect de la vie privée : les balises doivent être établies en se laissant guider par le fait que tout individu est un être humain à part entière et qu’il doit être considéré à partir de « ce qu’il est » plutôt qu’à partir de « ce qu’il a ».

*N.B. Le présent texte est constitué d’extraits d’un bilan plus complet qui vient de paraître dans la revue québécoise L’Ancêtre de la Société de généalogie de Québec, no 284, vol. 35, automne 2008, p. 17-24,et à paraître sous peu dans la revue française Votre généalogie.

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