Cinquante sites incontournables du Québec
ou
Le Québec en 50 sites
Sur les bords du Saint-Laurent, le fleuve aux grandes eaux, une série de bonnes femmes regardent l’estuaire qui, à la hauteur de Mingan, est déjà presque mer. Dans cette région, visitée par Jacques Cartier dès 1534, on appelle bonnes femmes ces blocs calcaires que le vent et les vagues du large ont patiemment sculptés. Ce paysage original, qui orne la couverture d’un ouvrage publié par Les Éditions de l’Homme*, est l’un des cinquante sites que présente ce beau livre qui rend hommage à autant de lieux privilégiés du vaste Québec.
Cet ouvrage est à la fois un guide et plus qu’un guide : chacun des sites fait l’objet d’une présentation par un texte que l’Éditeur a voulu lyrique mais toujours précis, par des photos aériennes et au sol (plus de 300) et par une carte de localisation. Chacun des cinquante chapitres est aussi l’occasion d’aller plus loin : des références orientent le lecteur vers des sources bibliographiques relatives à chaque site, mais également vers d’autres lieux qui, au Québec et ailleurs, font écho à ceux que présente l’ouvrage.
Il y a quelque chose de symbolique chez ces bonnes femmes de Mingan qui, telles des sentinelles du golfe, surveillent l’arrivée des cousins français, comme elles l’ont fait depuis plus de quatre siècles. Le livre les aura préparés à découvrir, entre autres lieux-échos, la forêt hantée du Témiscamingue, chargée de légendes comme la forêt de Brocéliande, les battures du cap Tourmente qui accueille autant d’oies blanches que la Camargue reçoit de hérons et de flamands, ou encore les Cent îles du lac Saint-Pierre et leur chenal du Moine, un véritable marais poitevin du Québec que certains appellent la Louisiane québécoise.
Les paysages n’ont-ils pas, comme les humains qui les habitent, des airs de famille ? et cela, que l’on soit en plein cœur du pays ou aux antipodes. Les grands Jardins de Normandin rappelleront peut-être au visiteur français les jardins du château de Villandry, car les deux sont des rendez-vous avec la captivante histoire des jardins. En termes de paysages, celui de Harrington Harbour sur la Basse-Côte-Nord est aussi éloigné de Montréal que les îles Kerguelen le sont de Paris ; et les deux apportent pourtant leur contribution à la belle mosaïque de leurs pays respectifs. Tous ces lieux ont en commun un héritage que le Québec partage avec la France, car peu d’endroits au Québec ne portent pas l’empreinte d’une présence française, que ce soit par l’architecture, la toponymie ou le souvenir d’un personnage attaché à l’esprit du lieu.
Le livre amènera le lecteur ou le voyageur à découvrir successivement les trois grandes régions géographiques du Québec. Au centre, c’est la plaine du Saint-Laurent, un long triangle divisé en deux par le grand fleuve, où se concentrent les villes principales, la quasi-totalité de la vie agricole et 80% de la population. Au Nord, l’immense Bouclier canadien, strié de vallées glaciaires comme dans les Alpes et les Pyrénées, couvert d’une forêt qui s’étend continûment depuis la vallée du Saint-Laurent jusqu’aux confins arctiques, percé d’un million de lacs, où vit la majorité des onze nations autochtones. Au Sud, les Appalaches, un genre de Jura québécois qui borde le pays depuis la frontière étasunienne jusqu’au cap Forillon, à l’extrémité de la Gaspésie, pointant son nez vers l’Atlantique comme pour zyeuter de loin la pointe du Raz.
D’une région à l’autre, le lecteur-voyageur rencontrera à loisir des montagnes, des îles, des chutes , des caps, des villages, des constructions civiles, religieuses ou militaires, des jardins, des lieux naturels, historiques ou mythiques, bref, une large gamme de sites dont le dénominateur commun est d’être autant de contributions à la mosaïque québécoise.
Mais il faut rappeler que le territoire québécois est vaste, plus de trois fois l’Hexagone, et que ses régions lointaines sont peu accessibles. Les auteurs ont voulu quand même en présenter quelques sites… pour faire rêver. Ainsi en est-il du mont D’Iberville, le toit du Québec, une montagne frontière à l’instar du toit de la France, le mont Blanc. Ainsi en est-il aussi des monts Otish, un massif perdu au centre géométrique du Québec, accessible à quelques infatigables marcheurs qui ne craignent ni la distance ni le relief ni le climat, ou encore, dans un contexte bien différent, certaines îles perdues dans la presque mer qu’est l’estuaire, ces sentinelles du Saint-Laurent que seuls les navires au long cours saluent de loin.
Le choix de cinquante sites pour représenter un territoire qui en compte une constellation constituait un défi de taille. Pour le relever, les auteurs ont décidé de retenir ceux dont la situation aux quatre coins du Québec, la dimension, la nature plus ou moins aménagée, assuraient une complémentarité illustrant la variété du pays.
Henri Dorion par ses textes, Yves Laframboise par ses photos au sol et Pierre Lahoud par ses photos aériennes ont réalisé un ouvrage qui se veut utile aux trois moments de la familiarisation avec le pays. Il préparera d’abord le lecteur à la découverte de cinquante visages différents du Québec. Puis, il accompagnera le visiteur sur le terrain, au gré des évocations scientifiques et poétiques qui en émanent, ce qui lui permettra après coup d’en garder un souvenir tangible et de convaincre sans doute parents et amis d’aller à leur tour découvrir au Québec quelques-uns de ces lieux de mémoire communs.
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*DORION, Henri, Yves LAFRAMBOISE et Pierre LAHOUD, Le Québec. 50 sites incontournables. Montréal, Les Éditions de L’Homme, 2007. 424 p. ill.
ISBN 2-7619-1691-3
Distributeur exclusif pour la France :
VIVENDI UNIVERSAL PUBLISHING SERVICES
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Henri Dorion