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L’hydrographie du Saint-Laurent

L’hydrographie du Saint-Laurent

 

par Jean-François Palomino

Avec la fondation de Québec par Champlain en 1608, les Français assuraient la mainmise sur l’une des plus importantes voies de pénétration du continent : le fleuve Saint-Laurent. Mais avec ses écueils, ses rochers, ses courants, ses brouillards et ses tempêtes, le Saint-Laurent était particulièrement difficile à naviguer pour ceux qui ne le connaissaient pas. L’amiral anglais Hovenden Walker l’avait d’ailleurs appris à ses dépens, lui qui, en 1711, a perdu vis-à-vis de l’Île-aux-Œufs huit navires et 900 hommes et femmes, noyés ou morts de froid sur le rivage. Au moins, les difficultés de navigation sur le fleuve présentaient-elles un avantage indéniable pour les Français : c’était là un rempart naturel formidable pour leur colonie.

Afin d’endiguer les pertes de voiliers et de vies humaines, les autorités coloniales décidèrent de former adéquatement les pilotes. À cette époque, les principaux ports de France avaient leur propre école d’hydrographie. Aussi décida-t-on d’en faire autant à Québec. L’homme qui donna les premiers cours de navigation se nommait Martin Boutet de Saint-Martin. À l’instigation de Talon, cet enseignant laïc du collège des Jésuites ouvrit les portes de sa classe aux aspirants navigateurs.

À la mort de Boutet, Jean Baptiste Louis Franquelin prit la relève, obtenant le poste officiel d’hydrographe du roi en 1686. Cruelle ironie du sort pour celui qui a passé plusieurs années à former des pilotes expérimentés : sa femme et ses enfants périrent dans le naufrage du Corrosol (1693) vis-à-vis de l’archipel de Sept-Îles. Par la suite, Louis Jolliet puis Jean Deshayes occupent chacun leur tour le poste d’hydrographe du roi, nominations bien méritées, puisque tous les deux connaissent très bien le fleuve, l’ayant cartographié en détail. Approuvée par l’Académie des Sciences, la carte de Deshayes devient une référence durant plusieurs décennies. Au XVIIIe siècle, l’initiative en matière de cartographie émane non plus de l’école d’hydrographie de Québec, dirigée par les jésuites, mais de l’ingénieur-hydrographe du Dépôt des cartes et plans de la Marine, Jacques Nicolas Bellin, certainement l’un des cartographes les plus réputés de son époque.

Quelques cartes

Jean Deshayes, De la Grande Rivière de Canada appellée par les Européens de St. Laurens, Paris, Nicolas de Fer, 1715.

Jacques Nicolas Bellin, Carte du cours du fleuve de Saint Laurent, Paris, 1761.
Pour en savoir plus :

Guay, Lorraine, À la découverte des îles du Saint-Laurent : de Cataracoui à Anticosti, Sillery, Septentrion, 2003.

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