La coopération franco-québécoise
Hier, aujourd’hui, demain
Par Adrien Leroux, coordinateur de la section française de la CFQLMC
Gilbert Pilleul, Secrétaire général de la section française de la CFQLMC
A l’occasion de la commémoration du 50ème anniversaire de la création à Paris de la Délégation générale du Québec, la section française de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs a tenu le 4 octobre 2011, au Centre de Conférences du Ministère des Affaires étrangères et européennes à Paris, un colloque intitulé :
La coopération franco-québécoise, hier, aujourd’hui, demain
Le colloque s’est déroulé en trois séquences traitant de manière chronologique, de l’histoire de cette coopération, de son présent et de ses perspectives d’avenir. Malgré la densité du programme, les délais et plages horaires ont été scrupuleusement respectés notamment grâce à l’attention de la modératrice du colloque, Michèle Marcadier. Signalons que la préparation et la tenue de ce colloque ont été rendues possibles grâce à l’implication d’une équipe de bénévoles de la commission. Par ailleurs, la projection de documents et de photos pendant toute la durée du colloque, a été préparée et assurée par notre coordinateur Adrien Leroux.
Durant cette journée, différents intervenants se sont succédé pour engager et approfondir, avec le public venu en nombre, une analyse sur la coopération entre la France et le Québec. Coopération qui par la diversité de ses champs d’application, allant du social au culturel en passant par l’économie ou encore le scientifique, demande des engagements de tous les acteurs : responsables politiques, chefs d’entreprise, acteurs de la société civile.
Les deux co-présidents de la CFQLMC :
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Les participants ont d’une manière générale apprécié la qualité des débats qui, au-delà d’un discours convenu, se sont caractérisés par un « parler vrai », ce qui a permis, après en avoir dit les mérites, de relever les faiblesses de cette coopération dont il importe d’assurer l’avenir.
Pierre-André Wiltzer, co-président de la CFQLMC, a prononcé l’ouverture des travaux du colloque puis Jacques Godrain, Président de la Fondation Charles De Gaulle, et Monique Gagnon-Tremblay, Ministre des Relations internationales et Ministre responsable de la Francophonie au Québec ont pris la parole pour souligner l’importance de la coopération franco-québécoise.
La coopération franco-québécoise, hier
La riche histoire et le caractère unique de cette coopération, la volonté politique partagée dès l’origine des partenaires ont été relevés et salués à maintes reprises, notamment dans la première séquence. Frédéric Bastien et Jacques Portes ont analysé, avec la pertinence du regard de l’historien, 50 ans de coopération. De son côté, Maurice Vaïsse a fait une brillante synthèse sur le thème : « De Gaulle et le Québec » tandis que Gérard Bouchard s’est interrogé sur la relation entre Français et Québécois. La séquence du matin s’est terminée par la table-ronde : “Regards et témoignages sur l’histoire de la coopération franco-québécoise des origines à nos jours” qui a, sous la conduite de Gilbert Pilleul, donné la parole à des acteurs qui ont dans le passé, joué un rôle direct dans cette coopération : Bernard Dorin, Pierre Maillard, Marcel Masse et Henri Rethoré. Table-ronde qui a accueilli également Paul Gérin-Lajoie, arrivé inopinément à Paris. Signataire en 1965 de la première entente sur l’éducation, il a lu un texte qui a rappelé les enjeux dès l’origine de cette coopération, rappelant le droit du Québec à agir à l’international dans ses domaines de compétence.
La coopération franco-québécoise, aujourd’hui
Christian Rioux n’a pas hésité, reprenant en partie les questions soulevées par Gérard Bouchard, à s’interroger sur la pérennité et la survie de cette coopération, au constat que les deux partenaires ont tendance à s’éloigner petit à petit et que le contexte qui a permis, dans les années 1960, leurs « retrouvailles » avait changé. On peut même dire qu’un désintérêt partagé est plus ou moins visible : engagement moins évident chez les politiques, baisse de la motivation chez les jeunes. Il faudrait y ajouter les lourdeurs de fonctionnement des institutions de la Francophonie pour expliquer ces évolutions dont les causes et les conséquences ont alimenté la plupart des débats.
La situation des relations franco-québécoises n’est néanmoins pas figée dans le déclin. Comme Gil Remillard a pu l’expliquer au cours de son intervention, il existe toujours un terreau qui peut se révéler fertile si la volonté suit.
La première table-ronde de l’après-midi sous la conduite de Robert Trudel :« Dans la société civile : le rôle des jeunes, la place des associations et de l’OFQJ », a incarné cette situation complexe entre la réalité d’une coopération qui se veut toujours aussi dynamique et un contexte d’action moins propice. Des acteurs de cette coopération actuelle, Frédéric Lefret, secrétaire général en France de l’OFQJ, Marie-Agnès Castillon, présidente de France-Québec, Christian Robitaille, directeur général de Québec-France et Georges Poirier, rédacteur en chef de la revue France-Québec-Magazine ont pu échanger, sur les difficultés que rencontrent ceux qui, dans la société civile, font vivre la coopération aujourd’hui. Ils ont néanmoins affirmé leur volonté de continuer leurs actions, de les faire évoluer chacun dans son domaine de compétence, avec la mise en place de projets innovants plus en phase avec les nécessités de notre temps. Encore faut-il que ces efforts et le rôle des associations soient pleinement reconnus et mieux soutenus. Il est ainsi ressorti des discussions que la coopération franco-québécoise possède encore et malgré tout, de forts atouts. Des structures d’importance et dynamiques sont en place à l’image de l’OFQJ (140 000 jeunes ont traversé l’Atlantique en 40 ans par le biais de cet organisme). Cette coopération est prégnante dans la société civile et s’incarne notamment dans les 6 000 membres et les projets menés par les associations Québec-France et France-Québec. Il existe toujours un intérêt certain et de qualité pour cette relation, comme on peut le voir avec les actions menées par la CFQLMC.
La coopération franco-québécoise, demain ?
La coopération franco-québécoise n’a pas aujourd’hui perdu de sa pertinence et les difficultés qui ont pu être évoquées au cours de cette journée ne font qu’accentuer la nécessité de réfléchir à replacer son rôle et sa place dans le contexte mondial actuel. Louise Beaudoin, Lise Bissonnette, Jean-Pierre Chevènement et Marc Gontard ont ainsi pu échanger au sujet de l’avenir de cette coopération franco-québécoise au cours de la troisième table-ronde animée par Didier Poton. Il est manifestement apparu que la coopération franco-québécoise, au-delà des difficultés qu’elle rencontre, doit aujourd’hui et demain affronter certains enjeux importants. L’affirmation et la redéfinition des modalités de fonctionnement des institutions de la Francophonie sur l’échiquier mondial en sont un; la nécessité de soutenir la concurrence de plus en plus forte des pays émergents en est un autre, sans oublier l’obligation d’adapter nos structures universitaires aux besoins d’une meilleure collaboration tant dans le domaine de la recherche que dans celui de l’enseignement.
A travers les interventions et les débats qui se sont tenus au cours de cette journée, il est ainsi apparu que la coopération franco-québécoise est aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Elle doit faire face à la problématique de l’intégration de la jeunesse via la société civile ou par la coopération universitaire.
En conclusion aux travaux de ce colloque, Monsieur Jean Charest, Premier ministre du Québec et Monsieur Alain Juppé, Ministre des Affaires étrangères et européennes ont, à tour de rôle, pris la parole après que les co-présidents de la CFQLMC, André Dorval et Pierre-André Wiltzer, les ont accueillis à la tribune du colloque et présentés à un public nombreux venu les entendre.
Leur présence chaleureuse, leurs propos, ont permis de rappeler la traditionnelle fraternité liant le peuple québécois et le peuple français.
Il faut toutefois ajouter que pour continuer et maintenir la force qui a été celle de la coopération entre la France et le Québec durant 50 ans, il est essentiel que les autorités politiques soient mieux parties prenantes des projets mis en œuvre par les différents acteurs dans tous les domaines.
C’est avant tout par leur soutien, comme ce fut le cas à de nombreuses reprises par le passé, que la coopération franco-québécoise pourra continuer à jouer son rôle au service de nos intérêts communs et pour l’affirmation de nos valeurs partagées.