Des occasions de rappeler la contribution toute particulière
des Sulpiciens
à l’histoire de Montréal et à l’héritage des Québécois
Un parcours plus difficile après 1760, mais exceptionnel
L’année 2005 a marqué le 150e anniversaire de la venue d’un navire français, La Capricieuse, au port de Québec depuis la guerre de Sept Ans. Pour commémorer l’événement, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs organise un colloque sur les principaux acteurs et témoins de cette visite, mais aussi sur la période qui la précède et la suit. Les actes du colloque sont publiés en 2006 par les Presses de l’Université Laval sous le titre La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec 1760-1914. Une constatation s’impose. Les communications présentées au colloque et les textes ne peuvent pas ne pas tenir compte de la présence importante des Sulpiciens à Montréal. Il revient à Guy Laperrière de souligner les grandes lignes de leur parcours exceptionnel — dans un article intitulé « Les communautés religieuses françaises au Québec (1792-1914) », p. 307-325 — : seigneurs et administrateurs de l’île de Montréal et de deux autres seigneuries, Deux-Montagnes et Saint-Sulpice; en butte à des difficultés de recrutement dans la communauté mère pour assurer la survie de leurs œuvres à compter de 1760; retour au Québec, à la suite de la Révolution française, pour échapper au serment constitutionnel de 1791, aux mesures relatives au service militaire obligatoire (1889) et à la laïcisation du personnel enseignant des écoles publiques (1886), de même qu’aux décrets faisant suite aux lois anticongréganistes de 1901 et de 1904 interdisant l’enseignement dans les écoles publiques. Le retour sera pour eux l’occasion de poursuivre, sur leur lancée, leur mission d’actions pastorales, d’enseignement (Collège de Montréal fondé en 1767, Grand Séminaire fondé en 1840, Collège André-Grasset en 1927) et de la propagation du goût de la lecture (établissement de bibliothèques).
Montréal et le Séminaire des Sulpiciens |
Les Sulpiciens constituent à Montréal ce que nous pouvons appeler un « pouvoir français », par leur implication soutenue dans le développement de la ville sur tous les plans. Ils renforcent nos liens avec la France non seulement avec leurs propres ressources internes, mais aussi par le biais de collaborateurs qu’ils savent gagner à leur cause : ce sont eux, par exemple, qui font venir de France les Frères des Écoles chrétiennes et les Frères de Saint-Gabriel. Laissés en possession de leurs biens par les autorités britanniques, les Sulpiciens prêchent la soumission à celles-ci. Ils n’en conservent pas moins un attachement à leur mère patrie, comme, par exemple, lors de la querelle à propos d’un nouveau drapeau, le Carillon-Sacré-Cœur. Le supérieur des Sulpiciens, Charles Lecoq, écrit à Mgr Paul Bruchési en 1903 : « Il y a tout un Canada qui aime la France et qui veut garder son drapeau » (p. 322). L’influence de cette communauté dans la vie montréalaise constitue un sujet de recherche qui est loin d’être épuisé.
Les Sulpiciens célèbrent le 350e anniversaire de leur arrivée
La présente année 2007 marque le 350e anniversaire de l’arrivée de la communauté des Prêtres de Saint-Sulpice à Montréal. Comme nous pouvons nous y attendre, les Sulpiciens tiennent à souligner eux-mêmes l’événement. Pour l’occasion, ils procéderont, le 27 février prochain, au lancement d’un ouvrage publié par la maison FIDES sous le titre Les Sulpiciens de Montréal, une histoire de pouvoir et de discrétion 1657-2007, de même qu’au dévoilement de la programmation des célébrations.
Pour en savoir davantage sur les Sulpiciens de la province canadienne, les personnes intéressées sont invitées à se rendre à l’adresse suivante : http://www.sulpc.org/hist.html .
La première bibliothèque publique francophone importante à Montréal et au Québec
La Bibliothèque nationale du Québec, aujourd’hui Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), souligne également l’anniversaire à sa façon, en tant qu’héritière des bibliothèques publiques ouvertes par les Sulpiciens : Œuvre des bons livres (1844), Cabinet de lecture (1852), Cercle Ville-Marie (1885), finalement Bibliothèque de Saint-Sulpice. Active comme service à la fois pour le grand public et les chercheurs, la Bibliothèque Saint-Sulpice limite son support à ces derniers seulement à compter de 1931. Fermée en 1937, « elle sera acquise par le gouvernement du Québec et rouverte en 1944, toujours sous le nom de Bibliothèque Saint-Sulpice… pour devenir finalement la Bibliothèque nationale du Québec en août 1967 ». Autant les fonds des bibliothèques publiques des Sulpiciens, enrichies par des acquisitions faites auprès de vieilles familles par leur premier bibliothécaire, Aegidius Fauteux, que le dépôt légal et les acquisitions actuelles expliquent la richesse des collections imprimées de BAnQ.
Pour rappeler l’œuvre des Sulpiciens en matière culturelle, BAnQ présentera au Centre d’archives de Montréal une exposition du 19 mars au 15 septembre 2007 sous le titre « La Bibliothèque de « Ces Messieurs». Le livre chez les Sulpiciens en Nouvelle-France » (consulter le site Web de BAnQ à l’adresse suivante http://www.banq.qc.ca/portal/dt/a_propos_banq/communiques/courants ). L’exposition se veut un témoignage de la profondeur et de la diversité des livres que les membres de la communauté parcouraient et mettaient à la disposition de leurs ouailles. Elle mettra en montre une cinquantaine d’ouvrages datant des 16e, 17e et 18e siècles et ayant trait à la théologie et piété, la philosophie, la littérature et linguistique, l’histoire, le droit, la médecine, l’architecture et les métiers.
Gilles Durand
Crédit photo : |
PeintureMontréal et le Séminaire des SulpiciensVanbuskirk1877, 19e siècleAquarelle et mine de plomb sur papier22.2 x 32.5 cmDon de Mr. David Ross McCordM14380© Musée McCord |