Bulletin n°20, mars 2007
61e Commission permanente de coopération franco-québécoise
61e Commission permanente de coopération franco-québécoise
Les 1er et 2 mars 2007, se tenait, à Québec, la 61e Commission permanente de coopération franco-québécoise.
Séance de travail de la 61e Commission permanente
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À cette occasion, les représentants des organismes du dispositif de coopération ont fait rapport de leurs activités et des perspectives pour la période 2007-2008.
Parmi celles-ci, les coprésidents de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, MM. Pierre-André Wiltzer et André Dorval ont fait état des projets en développement. Notons, entre autres,
- les travaux d’inventaire des lieux de mémoire communs dans plusieurs régions françaises et en Amérique du Nord,
- le projet de publications de cartes et de guides relatifs aux lieux de mémoire en France dans lequel s’est mobilisée l’Association France-Québec,
- l’Encyclopédie raisonnée du patrimoine de l’Amérique française,
- le portail « Amérique française » dans les collections des musées,
- la préparation des expositions dans la Tour de la Chaîne à La Rochelle et d’une exposition miroir qui se tiendra à Québec dans la foulée de la commémoration de la fondation de Québec en 2008.
Poignée de main des deux chefs de délégation,
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Au chapitre des réalisations, il faut noter, parmi plusieurs autres,
- les colloques universitaires et la publication récente des actes du colloque sur la Capricieuse,
- l’organisation de nombreuses activités de commémoration tant au Québec qu’en France,
- la naissance du bulletin électronique « Mémoires Vives »,
- la contribution du fichier « Origines » et des milieux de la généalogie dans les préparatifs des manifestations de 2008 en France.
Cette séance de travail fut aussi l’occasion de rendre hommage aux coprésidents fondateurs de la Commission, MM. Marcel Masse et Henri Réthoré.
La France fait connaître sa participation au 400e anniversaire de Québec
La France fait connaître sa participation
au 400e anniversaire de Québec
La France participera à une dizaine de projets à l’occasion des fêtes du 400e anniversaire de Québec, en 2008, a confirmé l’ex-premier ministre de France Jean-Pierre Raffarin le 13 février 2007.
Musée de l’amérique
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Le plus important sera l’établissement d’un Centre de la Francophonie des Amériques, qui sera situé au sein du Musée de l’Amérique française, dans le Vieux-Québec.
Deux étages du musée seront réaménagés, notamment pour une exposition sur les familles à l’origine de l’histoire du Québec. Un éclairage spécial sera également installé pour l’édifice. Le Musée de l’Amérique française est situé dans l’ancienne chapelle historique du Séminaire de Québec.
Quelque 12 millions $ ont été débloqués pour la participation française. D’autres fonds s’ajouteront quand les budgets auront été approuvés par les instances concernées. On s’attend ainsi à une collaboration financière additionnelle provenant des villes de Paris, de Bordeaux et de certaines régions de la France.
«Pour nous, Québec 2008 est la vitrine mondiale de la rencontre entre la mémoire et la modernité. Nous espérons que cet événement soit le plus mondial possible», a dit M. Raffarin.
M. Raffarin croit aussi que le 400e anniversaire de la ville de Québec va soulever l’enthousiasme populaire. «Dans tous les événements de cette nature, la mobilisation commence dans des cercles concentriques. Mais progressivement, on va voir les gens s’intéresser à tout ce qui va se passer. Il y aura une forte mobilisation de tous», a dit l’ancien premier ministre français. M. Raffarin a aussi rendu hommage au fondateur de Québec, Samuel de Champlain, un «personnage d’exception» qui a fondé la ville de Québec sur les rives du Saint-Laurent le 3 juillet 1608.
Extrait d’un article de Norman Delisle, La Presse Canadienne, 2007
Le souvenir de la Résistance française et d’une Québécoise, Marthe Simard
Le souvenir de la Résistance française et d’une Québécoise, Marthe Simard : une maison de Québec qui rappelle la mémoire du 60e anniversaire de la fondation d’un « Comité France-libre », le premier à l’extérieur de la France, et le dévouement et la bravoure de la première parlementaire française
Le soir même du célèbre appel du 18 juin 1940 par le Général de Gaulle, une maison de la rue d’Auteuil à Québec a été témoin de la fondation du premier comité pour la France libre, situé hors de France, par madame Marthe Simard-Reid. C’est pourquoi une demande a été adressée à la ville de Québec afin qu’une plaque commémorative soit apposée sur cette maison.
En appui à cette demande, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) est heureuse de faire connaître cette fascinante histoire par un article de madame Françoise Tétu de Labsade, Élue à l’Assemblée des Français de l’étranger (voir en fin de texte la note tirée du site Web de l’Assemblée des Français de l’étranger http://www.assemblee-afe.fr/ ).
Une implication reconnue par le Général de Gaulle
Marthe Simard est la première parlementaire française venant de Québec, il y a 60 ans. Son attachement profond à la France et la mise à son service de ses énergies lui ont valu ces mots du Général de Gaulle :
À Madame Simard, Française d’élite qui va représenter ici tant de bonnes, braves, fidèles Françaises, leurs souffrances et leurs espérances.
Respectueusement.
Charles de Gaulle
Intelligente et déterminée, cultivée et pétillante, ainsi apparaissait Marthe Simard, dans les années 1960. De petite taille mais d’une personnalité affirmée, fascinante à maints égards. Vivant à Québec depuis les années 30, elle était restée profondément attachée à sa patrie d’origine, la France. Aussi lui parut-il naturel de jouer un rôle conséquent au moment de la Seconde Guerre mondiale, rôle qui la mena à un poste politique exceptionnel : elle fut l’un « des cinq représentants des organisations de résistance de l’étranger à l’Assemblée nationale consultative, créée par le Général de Gaulle »1. Elle fut aussi « la première femme à être nommée membre de l’Assemblée nationale consultative et restera la seule femme parmi les 83 membres de l’Assemblée tout au long de sa première année d’existence2».
Les premières années en France et le départ pour Québec
Marthe Simard, circa 1940.
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Née en 1901 en Algérie à Bordj-Menaïel où son arrière-grand-père était venu s’installer, Marthe Caillaud, fille du juriste Édouard Caillaud et d’Emma Paoli, de Corte en Corse, connaît une enfance et une adolescence sans histoires. Elle se marie en juillet 1920 avec Socrate Bastenti; une petite fille, Yahne, naît à Tunis. Devenue veuve très vite, Marthe retrouve ses parents à Douai où son père avait été nommé juge d’instruction; il y deviendra président du Tribunal. Elle rencontre à Berck-Plage Dr Simard, un Canadien-Français de Québec, comme on disait alors, venu se spécialiser dans le traitement de la tuberculose osseuse. Ce dernier, rappelé à Québec au chevet de son père à l’agonie, revient à Paris pour épouser en juin 1932 la belle et jeune veuve. Avec Yahne, ils prennent l’avion pour Londres, puis le bateau, le Duchess of York, pour Québec où ils arrivent le 8 juillet 1932.
Un parcours qui se démarque
Reçue dans la bonne société de Québec, la jeune femme est vite remarquée pour son dynamisme exceptionnel, son ouverture aux autres et à la culture de son pays d’accueil, sa vivacité d’esprit, son sens de l’humour, toutes qualités qui passaient alors pour plutôt rares chez les représentantes du « beau sexe ». On se souvient d’elle comme d’une femme éblouissante, ayant le goût de l’aventure. En juillet 1939, n’entraîne-t-elle pas son mari à partir en voiture pour Winnipeg en passant par Chicago et les Grands Lacs! Des milliers de kilomètres par des routes non asphaltées. Dès le début de la guerre, elle envoie vivres et médicaments dans une France rapidement exsangue. En 1940, l’armistice signé par la France est diversement accueilli au Canada. Les élites religieuses du pays et la bourgeoisie sont plutôt pétainistes. Courageusement, Marthe Simard décide d’agir. Le père Georges-Henri Lévesque3 raconte, dans son livre Souvenances, que le 18 juin au soir un petit groupe d’amis s’était réuni chez les Simard et que, à la suite du discours du Général de Gaulle, Madame Simard, « femme exceptionnelle et dynamique », souligne-t-il, avait suggéré de façon spontanée la fondation d’un « Comité France-libre »4. Ce fut le premier comité de la Résistance fondé à l’extérieur de la France.
Passionnée et volontaire, Marthe allait au bout de ce qu’elle entreprenait. La voici s’adressant aux Canadiens via la radio, retransmise par Londres, pour appuyer l’action de la France libre. La voilà encore circulant de Vancouver (Colombie-britannique) à Halifax (Nouvelle-Écosse), en passant par Gravelbourg (Saskatchewan) et mainte autre ville francophone, pour expliquer la Résistance, qui paraissait souvent ambiguë aux Canadiens. (Rappelons qu’il y a plus de 5500 kilomètres d’un océan à l’autre et qu’à cette époque, le train était à peu près le seul moyen de communication dans cet immense pays.)
Le retour outre-Atlantique. En marche vers l’Assemblée nationale
Québec devient le point de ralliement des Français libres que le destin envoie de ce côté-ci de l’océan. Le chirurgien André Simard et sa femme logent, nourrissent et soignent maint transfuge, aussi bien que des personnalités comme l’amiral Thierry d’Argenlieu, Élisabeth de Miribel, Jacques de Lacretelle, Georges Duhamel, Alain Savary de passage à Québec5. Leur maison est devenue « le Quartier général du mouvement gaulliste en Amérique du Nord »6. Ce n’était pas évident dans leur milieu social (elle a même dû être protégée par la Gendarmerie Royale du Canada). Mais Marthe et son mari avaient une conviction profonde qu’ils ont su faire partager à certaines autorités, à commencer par le père Lévesque, Mgr Roy, le cardinal Villeneuve, etc. Si bien que lorsqu’en 1943, le général de Gaulle cherche un représentant de la France Libre en Amérique du Nord, c’est elle qu’il invite à venir le rejoindre en Algérie. Marthe Simard part donc de Québec, traverse à nouveau les États-Unis où elle avait étendu son action, prend un navire de guerre canadien, passe par la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique), séjourne en Haïti – où elle reçoit une statue d’un certain Duvalier (respectivement frère et oncle des deux autres) – traverse l’Atlantique, qui est alors un champ de bataille meurtrier, avant de débarquer à Alger.
Elle y retrouve une partie de la famille de son père comme elle retrouvera plus tard en France, de façon inattendue, un jeune cousin de sa mère, Alain Rougeot, qui, lui, avait fait partie du Mouvement de libération nationale au Puy-en-Velay. Elle est l’une des cinq personnes représentant le mouvement de résistance à l’étranger à l’Assemblée nationale consultative, créée par le Général de Gaulle. Elle est aussi la première et la seule femme, parmi les 83 membres, à siéger à cette Assemblée du parlement français en exil. Il est clair que sa présence a joué un rôle-clé dans la décision du Général de Gaulle en 1944, d’instituer l’égalité politique des hommes et des femmes (loi du 5 octobre 1944).
Marthe Simard accompagnée de femmes soldats et
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L’Assemblée regagne Paris à la Libération en 1944, augmente le nombre de ses membres. Marthe Simard est alors l’une des dix femmes parmi les 248 membres; elle est la première femme parlementaire à s’adresser à l’Assemblée nationale, le 15 juin, appuyant le projet de loi visant à donner le droit de vote aux femmes et demandant que l’on renforce le Consulat général de France à Québec, en particulier dans le domaine culturel.
En 1944, le père de Marthe Simard était mort à Douai pendant le bombardement des Alliés. L’occupant allemand avait réquisitionné sa maison, mais lui avait laissé le troisième étage et sa vieille servante, une Juive qu’il avait su soustraire aux rafles.
Le Québec, une patrie qu’on n’oublie pas
Marthe Simard revient à Québec pour retrouver son mari, complice et intensément coopératif, que la France honora de la Légion d’Honneur; elle avait sacrifié une vie confortable, intéressante et tranquille à la certitude que sa patrie d’origine méritait mieux que le statut de pays occupé. Devenue veuve à nouveau, Marthe Simard épousera en 1957 le Dr Léo Reid, participera tous les ans aux Cours d’été de l’Université Laval à l’intention des étudiants états-uniens et canadiens anglophones. Nous avons pu admirer dans les années 1960-1970 sa grande culture, son esprit brillant, parfois caustique, son sens de la communication. Restée épanouie et lumineuse jusque dans son grand âge, elle s’est éteinte en 1993.
La France lui a remis les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur, la Médaille de la Résistance et la Médaille des Services volontaires.
Françoise Tétu de Labsade
Élue à l’Assemblée des Français de l’étranger
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Joëlle Garriaud-Meylam, Lettre du 23 mai 2004
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Joëlle Garriaud-Meylam, Revue politique et parlementaire, Paris, 2004
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Dominicain, le célèbre fondateur de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval
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Cité par son arrière-petit-fils, Éric Audet, Le Devoir, mercredi 27 juin 1990
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Auguste Viatte , dans D’un monde à l’autre, note au hasard des pages de son Journal d’un intellectuel jurassien à Québec, le nombre et le nom des personnes en question. C’est d’ailleurs lui qui remplacera Marthe Simard à la tête du Comité France Libre quand elle partira pour Alger. Presses de l’Université Laval, 2003.
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Alain Rougeot, Fonctionnaire de la Résistance, Saint-Germain-en-Laye, 1997
Note tirée du site Web de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) : L’AFE, dont les conseillers sont élus au suffrage universel, succède au Conseil supérieur des Français de l’étranger (CSFE). Elle est l’Assemblée représentative des quelque deux millions de Français établis à l’étranger, le porte-parole des Français de l’étranger, le défenseur attentif de leurs droits et intérêts de même que l’interlocuteur du gouvernement, des ambassadeurs et des consuls sur les questions relatives à l’expatriation.
Où s’en va notre mémoire ? En marge de la publication des actes du colloque de Poitiers-La Rochelle sur les Mémoires de Nouvelle-France
Où s’en va notre mémoire commune?
En marge de la publication des actes du colloque
de Poitiers-La Rochelle
sur les Mémoires de Nouvelle-France
Un rappel de la mémoire commune
En 2001, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), sections française et québécoise, organise en Poitou-Charentes un colloque sur la mémoire que Français et Québécois partagent. Tour à tour, y sont présentées, pour la période de la Nouvelle-France, des études et des activités d’inventaires et d’expositions qui rappellent notre héritage commun.
Philippe Joutard, Thomas Wien, comme directeurs et Didier Poton, à titre de collaborateur, ont droit aujourd’hui à toute notre reconnaissance pour la publication en 2005 des actes de ce colloque sous le titre Mémoires de Nouvelle-France. De France en Nouvelle-France. Ils ont réussi à surmonter des difficultés d’ordre financier pour trouver finalement éditeur en la maison des Presses universitaires de Rennes. De plus, ils permettent la mise à la disposition du public d’un ouvrage de marque : près de 400 pages, 34 articles, plus de 33 auteurs.
La publication débute en présentant la responsabilité de la CFQLMC dans l’organisation et la tenue du colloque de même que ses objectifs (Philippe Joutard, Marcel Masse, Henri Réthoré, Clément Duhaime et Didier Poton). En conclusion, Jacques Mathieu et Thomas Wien dégagent les grandes idées de l’ensemble des conférences aux préoccupations diverses. Le corps principal de l’ouvrage comprend quatre grandes parties : les migrants au point de départ, les migrants au point d’arrivée, les traits culturels de la nouvelle société en formation constitués d’emprunts et d’adaptations, enfin une annexe renfermant des communications sur des activités d’expositions et d’inventaires de même que sur l’émigration hispanique vers le Nouveau-Monde.
De l’intérieur de l’Hexagone aux quais d’embarquement
La première partie fait le point sur le bilan quantitatif le plus récent des déplacements vers le premier empire colonial français (Leslie Choquette, Yves Landry).
La rochelle – quai DuperréCrédit |
Elle multiplie les angles d’observation et les présente en tenant compte des dernières découvertes. L’État intervient sur plusieurs plans : il oblige les armateurs à transporter des engagés pour 36 mois; il supporte les « Filles du Roy » destinées à rétablir l’équilibre des sexes dans la colonie; il recrute et envoie des soldats pour la défendre. Les migrants eux-mêmes demeurent des acteurs importants. Loin d’être tous des pauvres et des paysans exclus de la terre paternelle par la force des choses (Claire Lambert), en majorité d’origine urbaine, ils peuvent être en quête d’un lieu pour exercer un métier ou être attirés par le désir d’améliorer leur existence. Informés et supportés pour la traversée et l’établissement en Amérique par un parent y ayant déjà émigré, ils n’hésitent pas à se déplacer sur le continent de ville en ville, devenues autant de relais, et à prolonger leur mobilité Outre-Atlantique, au-delà des ports d’embarquement (Jean-Pierre Poussou, Christian Huetz de Lemps). Les réseaux à caractère économique ne sont pas sans faire sentir leur influence : financiers et négociants métropolitains supportent financièrement les armateurs et les marchands coloniaux, bien au-delà des appartenances religieuses, catholique ou protestante (Michaël Augeron et Didier Poton). Les réseaux religieux sont loin d’être absents : ils forment les futurs missionnaires et assurent leur soutien une fois sur place dans la colonie; ils accompagnent leurs efforts d’une publicité soutenue comme les Relations, et par l’acquisition de biens matériels pour soutenir leur œuvre pastorale, éducative et d’assistance sociale (Gilbert Pilleul).
Les migrations sont également envisagées selon une approche comparative (Bertrand Van Ruymbeke), dans le cadre du premier empire colonial français (Christian Huetz de Lemps), de même que sous leur aspect temporaire ou définitif (Robert Larin). Les Français se sont dirigés en plus grand nombre que les Britanniques vers les Antilles, à l’inverse de ces derniers qui ont choisi le territoire des treize colonies, au climat plus clément que celui de la vallée du Saint-Laurent. Même si les couronnes britannique et française n’ont pas favorisé le départ de dissidents en Amérique, ces derniers sont tolérés au sud en raison de leur capacité d’adaptation à la religion anglicane et de l’attitude ouverte, pour ne pas dire proactive, des propriétaires de plantations. Une fois sur place, les Français sont loin de s’être tous établis et enracinés. Un grand nombre de migrants, parmi les administrateurs coloniaux, les engagés pour 36 mois et les soldats, sont retournés en France. À l’inverse, les émigrants britanniques ont peu regagné la métropole. Bref, un ensemble de constats expliquant la situation minoritaire des Français en Amérique du Nord. À la toute fin du volume en annexe, un texte de Thomas Calvo poursuit un questionnement de Thomas Wien (en conclusion) sur l’impact négatif que pouvaient avoir les coûts de la traversée sur des navires remplis à pleine capacité de marchandises destinées au Nouveau-Monde.
Le vécu dans la colonie, un nouveau questionnement, des mythes
La seconde partie de l’ouvrage jette un regard novateur et comparatif sur le parcours des Français, cette fois en Amérique du Nord. Avec le support d’un parent, les migrants trouvent plus facilement terre et épouse; ils deviennent des immigrants, ils s’établissent et s’enracinent sur la terre paternelle pour un grand nombre d’entre eux; une cohésion sociale naît, facilitée par la communauté environnante (Jacques Mathieu). Pour d’autres, l’établissement ne met pas fin à la migration. Celle-ci peut revêtir deux formes, mais de courte distance l’une et l’autre : soit que le chef de famille quitte avec toute la maisonnée pour prendre une terre dans l’arrière-pays, suffisamment grande cette fois pour établir tous les garçons, soit qu’il laisse à un de ses fils le vieux bien, qui ne peut être subdivisé davantage, et aille construire un nouveau patrimoine sur le front pionnier, probablement le dernier qu’il occupera jusqu’à son décès (Alain Laberge). D’autres enfin, une minorité, n’hésiteront pas à se déplacer sur des espaces aux horizons illimités, jusque dans la région des Grands Lacs, pour compenser le déséquilibre des sexes et faire fortune dans le commerce des fourrures; sur place, ils trouveront épouse dans les communautés amérindiennes et s’adapteront à leurs coutumes (Gilles Havard). À la différence des habitants des autres possessions françaises, Antilles, Guyane, Louisiane et vallée du Mississippi, ceux de la vallée du Saint-Laurent n’auront pas besoin d’intégrer une main-d’œuvre esclave pour s’adonner à l’agriculture, leur activité principale au 18e siècle; leur recours aux esclaves noirs ne dépasse pas l’univers de la famille (Allan Greer).
Cette même partie nous met en garde contre des déformations de la réalité par des contemporains; certaines d’entre elles ont été reprises par la suite par les historiens. D’abord le mythe du coureur de bois (Thomas Wien), une réalité au 17e siècle qui devient marginale au siècle suivant. Par crainte de perdre éventuellement le contrôle sur les zones périphériques de l’empire français, administrateurs coloniaux et membres de l’Église missionnaire perpétuent l’image du coureur de bois, cet aventurier des grands espaces aux mœurs déréglées faisant trop facilement fi des prescriptions de la moralité (voir aussi le texte de Gilbert Pilleul); en cela, ils agissent par sentiment d’insécurité non fondé sur la réalité, un peu comme les propriétaires des plantations du Sud l’ont fait en prônant la supériorité des blancs, sous la menace que constituait l’augmentation d’une population noire tenue en esclavage. De son côté, Catherine Desbarats met en garde contre une vision d’un État peu intéressé à sa colonie et dont les fondements sont loin d’être démontrés. Les études sont trop souvent restreintes à des groupes particuliers, par exemple les intendants à l’exclusion des commissaires-ordonnateurs. Réalisées sans toujours tenir compte de l’ensemble des contextes géographique, juridique, économique et culturel, elles pourraient être reprises sur une plus grande échelle,
Batiscan (Québec, Canada)Crédit photo |
en tenant compte de tous les intervenants impliqués dans le développement de la Nouvelle-France, de la disponibilité des ressources naturelles (par exemple l’éloignement progressif des sources d’approvisionnement en bois pour la construction des navires), des finances de l’État et de la nécessité par celui-ci de faire accepter ses politiques par les administrés. Enfin, Christophe Horguelin revoit l’éveil des paysans à une identité canadienne. Le terme Canadien n’est pas d’usage courant avant la Conquête. Les administrateurs coloniaux l’emploient à l’occasion dans leurs rapports destinés à la cour, mais il ne sort pas des filières administratives. À l’époque, l’habitant se définit comme colon au sens de résidant d’une colonie, d’une province de France un peu particulière où il n’y a pas d’impôt direct; ou encore comme habitant au sens d’habitué au pays ou propriétaire-exploitant par opposition au paysan français. Ce n’est qu’après 1763, que le terme Canadien devient d’usage courant, propagé par l’ancienne noblesse coloniale à la recherche d’emplois auprès du nouveau gouvernement de manière à échapper à la catégorisation «anciens et nouveaux sujets » et à éviter de passer pour un peu moins que British.
La religion, l’imprimé, la langue et l’histoire des femmes
La troisième partie nous introduit à l’héritage religieux et culturel apporté dans les bagages des migrants, mais par le biais d’une combinaison souvent inédite d’éléments qui nous sont plus ou moins familiers. Les principaux agents qui ont contribué à la propagation de la foi catholique nous sont bien connus, ordres religieux réguliers et séculiers, fondateurs et fondatrices, premiers évêques. Cette fois, les ordres missionnaires sont replacés dans le contexte prévalant en France, soit un mouvement de christianisation interne selon les idéaux rigoureux du concile de Trente, dont ils se font les promoteurs dans la colonie. Ils exercent d’abord leur apostolat auprès des Amérindiens, dans leur territoire de chasse et par la suite dans des réserves destinées à les sédentariser. À la suite de l’échec de l’entreprise, ils dirigent vers les colons français leurs ressources spirituelles et matérielles, les secondes servant de support aux premières (Dominique Deslandres). Les fondatrices sont présentées dans une perspective féministe, des femmes d’énergie et de convictions qui ne craignent pas d’arracher aux « hommes » leur part de liberté et de s’affirmer face à eux. L’éducation occupe une grande place dans l’entreprise d’évangélisation : Jésuites et pasteurs diocésains s’appuient sur des institutions d’enseignement qui nous sont bien connues, le Collège des Jésuites et le Séminaire de Québec. Par contre, fait à signaler, Mgr de Laval fait de cette institution un seul presbytère au sein d’une grande paroisse unique, rassemblant tous les curés, concentrant et distribuant les ressources destinées à les supporter. À l’inverse, son successeur, Mgr de Saint-Vallier, privilégie une relation plus directe avec les curés, sans passer par l’intermédiaire que constitue le Séminaire; il entreprend la multiplication des paroisses (Brigitte Caulier).
Tout au long de la période de la Nouvelle-France, l’Église exerce une grande influence. C’est par son intermédiaire que les idées nouvelles pénètrent, mais bien timidement. Les théories de Descartes sont mentionnées par des professeurs du Séminaire de Québec, mais les notes de cours révèlent que les mentions se limitent à des références critiques ou allusives (Jean-François de Raymond). L’absence d’imprimerie et de librairie spécialisée en Nouvelle-France n’empêche pas la consultation des livres comme le révèlent les inventaires après décès. Toutefois, le clergé joue encore un grand rôle dans leur circulation; les thèmes en lien avec la religion et la pratique religieuse dominent (François Mélançon).
La langue se révèle compagne de la foi. Les recherches réalisées jusqu’à maintenant dévoilent les traits originaux du parler franco-québécois. Formé à partir de 1700, celui-ci emprunte, pour les aspects morphologique et syntaxique, aux parlers populaires des régions d’où proviennent principalement nos ancêtres, soit les régions parisienne, Normandie-Perche et Poitou-Charentes. Par contre, l’usage graphophonétique relevé dans les écrits d’observateurs contemporains et de notaires natifs de la colonie ou émigrés de France permet une constatation originale : le parler s’aligne sur la norme parisienne pour la prononciation, une réalité qui présente de l’intérêt en regard du va-et-vient continuel de fonctionnaires, militaires, etc., entre la capitale, Paris, et la colonie (Marthe Faribault).
Des inventaires, des formes de rappel de la mémoire commune
En annexe sont insérés les textes de communications et les interventions présentées en ateliers et en table ronde. Ils traitent d’activités d’inventaires, d’expositions et de commémoration destinées à enrichir et à rappeler la mémoire franco-québécoise. L’inventaire des bâtiments dans lesquels ont habité les pionniers, des plaques et des monuments témoignant de leur présence en Poitou-Charentes (Georges Coste et Dominique Guillemet) constitue la première étape d’un projet majeur poursuivi à l’heure actuelle pour la Nouvelle-France (http://www.memoirenf.cieq.ulaval.ca/ ). Quant aux objets muséologiques intéressant à la fois la France et la Nouvelle-France, la préparation d’un inventaire est à l’état de projet. Yves Bergeron en précise les deux grandes étapes : le répertoire des institutions muséales et ensuite l’accès aux catalogues des collections de ces musées. Les activités d’expositions, accompagnées d’une mise en contexte appropriée des objets présentés, peuvent faire beaucoup pour sensibiliser et, si nécessaire, ranimer la mémoire d’un grand public qui a souvent besoin de supports; les objets en soi n’ont pas de mémoire, l’émotion naît de ce qui se dégage d’eux (Guy Martinière, Michel Colardelle). Bien planifiées, préparées en collaboration avec les publics visés, elles peuvent rejoindre un vaste public. C’est le cas de l’exposition et de la commémoration de la Grande Paix de 1701, qui ont rejoint un très grand nombre de visiteurs, habitants des Premières Nations et Québécois, classes autochtones et montréalaises jumelées (Francine Lelièvre). Elles peuvent même conduire à de nouvelles pistes de recherche sur l’architecture urbaine de même qu’à un examen attentif des documents écrits pour une interprétation plus juste de la réalité, comme dans le cas de l’exposition sur les villes des ingénieurs du roi en Amérique aux 17e et 18e siècles (Écho de table ronde, Laurent Vidal, modérateur).
Un aiguillon pour la recherche, un nouveau cadrage
L’ensemble de l’ouvrage constitue un outil de référence important; il sert d’aiguillon pour la recherche en histoire et oriente le généalogiste vers la localisation et l’identification de données sur les ancêtres. Les migrations sont quantifiées plus précisément. Elles sont tracées dans l’espace depuis l’intérieur de l’Hexagone français jusqu’en Louisiane en passant par les Pays d’en haut les Pays d’en Haut et la vallée du Mississippi. Elles sont présentées à travers les initiatives de leurs promoteurs : un État plus présent que ce que l’imaginaire québécois a retenu; des acteurs économiques qui ne tiennent pas toujours compte de la religion d’appartenance; des missionnaires qui n’hésitent pas à allier le spirituel et le matériel, la pastorale et la préparation du sol à la culture. Les réseaux de parenté sont réexaminés : transmission de la propriété familiale, aide et soutien au migrant qui en fera un immigrant prenant pied en permanence. Les bagages des immigrants sont déballés; leur lecture et leur parler sont revus. Les différentes formes que peuvent prendre les rappels de la mémoire sont présentées dans leur processus de réalisation. Enfin, la Nouvelle-France est relue dans son contexte global, européen et continental, celui de la Vieille Europe, celui de la Nouvelle-France des Amérindiens, de la fourrure, du froid, mais aussi celle du sucre, du bois de gaïac et des plantations. Les bases sont jetées, la comparaison pourrait être poursuivie sur une vaste échelle.
Tout n’est pas écrit
Bien évidemment, l’ouvrage n’a pas réponse à tout. De nouvelles recherches pourraient être effectuées dans les archives notariales françaises, innombrables il faut le reconnaître, pour enrichir nos connaissances sur les antécédents socioéconomiques des migrants : lieu de provenance et de départ, héritage familial anticipé, formation ou métier exercé, situation financière, réseau de parents et d’amis. Compte tenu du grand nombre de migrants mis en cause, la création de bases de données de nature prosoprographique à la fois réalisables et représentatives de la réalité, portant par exemple sur des communautés homogènes et complètes, pourrait faciliter le travail. Même la multiplication d’études de cas pourrait faire avancer les connaissances. Les travaux en cours sur les départs pour la France ou pour d’autres destinations comme la Guyane, etc., pourront être poursuivis avec profit en tenant compte d’un prix de passage probablement plus élevé à l’aller, sur des navires aux cales remplies de marchandises, qu’au retour, la charge pouvant se ramener à quelques ballots de fourrures. D’autres questions méritent d’être étudiées, par exemple l’impact des départs pour les Pays d’en haut sur les nouveaux arrivants dans la colonie, en quête de terre et d’épouse. La mobilité des colons avant et après le mariage pourrait constituer un sujet sur lequel s’arrêter. Au plan religieux, plusieurs pistes sont données : la religion à transmettre par les pasteurs telle que révélée par l’étude de l’iconographie et des arts sacrés dans une approche interdisciplinaire; la réception du message par les ouailles en faisant appel aux sermons et à la correspondance des curés de paroisses; la participation des fidèles à la vie paroissiale par le dépouillement des archives des confréries. Le questionnement de Catherine Desbarats sur le rôle de l’État en Nouvelle-France peut constituer un point de départ stimulant pour d’autres chantiers : influence des intervenants dans la vie coloniale, en matière d’urbanisme par exemple, impact de la disponibilité de ressources naturelles auxquelles les coloniaux recourent fréquemment. Un tel questionnement est de nature à créer un intérêt non seulement pour les archives privées, mais aussi pour une relecture des archives gouvernementales et pour l’examen de catégories de documents autres que les documents écrits, tels les cartes et plans de territoires et de bâtiments.
Gilles Durand
Crédits
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Rochelle
http://www.batiscan.ca/histoireBatiscan.php
Les morts de la Guerre de Sept Ans au Cimetière de l’Hôpital-Général de Québec
Les morts de la guerre de Sept Ans au cimetière
de l’Hôpital-Général de Québec
Le 11 octobre 2001, par une splendide journée, une émouvante cérémonie commémorative s’est déroulée au cimetière de l’Hôpital-Général de Québec, situé face au monastère des Augustines dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Il s’agit de l’endroit où furent inhumés les soldats de l’armée de Montcalm et de Wolfe morts de maladie ou des suites de blessures reçues lors de la guerre de Sept Ans. Ce lieu avait complètement disparu de notre mémoire collective. Pendant 240 ans, les Augustines de l’Hôpital Général de Québec ont préservé, dans l’indifférence générale et l’anonymat absolu, ce petit cimetière privé. Elles ont aussi conservé pour les générations futures les fameux registres mortuaires.
Ces cérémonies, initiatives de la Commission de la capitale nationale (CCNQ) du ministère de la Culture et des Communications (MCC) et du Souvenir Français1, ont réuni le premier ministre du Québec de l’époque, monsieur Bernard Landry, accompagné des ministres Louise Beaudoin (Relations Internationales) et Diane Lemieux (Culture et Communications). Parmi les autres dignitaires, se trouvaient l’évêque de Québec, Mgr Maurice Couture, les consuls généraux de France et de Grande-Bretagne, le délégué général du Souvenir Français au Canada, monsieur Jean Bodo, le maire de Québec d’alors, monsieur Jean-Paul L’Allier, ainsi que la comtesse Robert de Montcalm et son fils, le marquis Guy Bertrand de Montcalm, descendants de l’illustre personnage.
Les cérémonies se sont déroulées en deux temps :
1- La translation des restes de Louis-Joseph marquis de Montcalm dans un mausolée spécialement aménagé.
Montcalm, mortellement blessé à la bataille des plaines d’Abraham, est mort le lendemain et fut inhumé dans la chapelle des Ursulines à Québec. Après les prières d’usage par Mgr Couture dans la chapelle des Ursulines, rue Donnacona, le cercueil de Montcalm, recouvert du drapeau blanc à fleurdelisés dorés de la monarchie française, a été placé sur un chariot funéraire tiré par quatre magnifiques percherons noirs. Le convoi funèbre semblable à ceux du XVIIIe siècle, s’est ébranlé à seize heures et s’est dirigé vers le cimetière de l’Hôpital-Général de Québec au son du fifre et du tambour, à la grande surprise des milliers de spectateurs sur les trottoirs.
Les drapeaux des régiments de Montcalm battaient fièrement au vent. Des reconstitueurs historiques représentant les régiments de Montcalm, les miliciens canadiens et la population de Nouvelle-France, recréaient l’atmosphère de l’époque. Même les Ursulines, les Augustines et l’évêque de Québec avaient revêtu leurs costumes traditionnels. La dépouille de Montcalm, flanquée de sa garde d’honneur (dix soldats des Compagnies franches de la marine), arriva au cimetière au son de la musique de circonstance du Royal 22e Régiment. L’émotion atteignit son sommet alors que plusieurs personnes pleuraient en silence. Après les mots d’usage de la ministre des Relations internationales et du Délégué général du Souvenir Français, les restes de Montcalm ont alors été placés dans un sarcophage à l’intérieur du mausolée. Il fallut 242 ans pour que le lieutenant général soit à nouveau réuni avec ses soldats.
2- L’inauguration du Mémorial de la guerre de Sept Ans.
Le mémorial
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Les noms de plus d’un millier de soldats, marins et miliciens inhumés ici, sont inscrits sur le mémorial et classés par régiment selon les années de la guerre de 1755 à 1760. Cependant, dans le cimetière, les troupes françaises comprenant les miliciens canadiens sont au nombre d’au moins 1 237 dont 1 025 officiers et soldats ont été enregistrés (1 058 avec les Anglais). La différence fait état de soldats inconnus des batailles des plaines d’Abraham et de Sainte-Foy. Le tumulte et l’affluence des blessés et des mourants suivant ces batailles n’ont pas permis l’enregistrement de tout le monde; à défaut, les religieuses les ont comptés. La majorité des inconnus sont des miliciens et des Amérindiens.
Les troupes de Wolfe et de Murray inhumées par les Augustines reposent également en grand nombre dans ce cimetière et aux alentours. Dans leurs Annales, les religieuses nous indiquent qu’elles ont inhumé collectivement des centaines de soldats britanniques de 1759-1760 dans de larges fosses à quelques dizaines de pieds au nord-est et à l’est de l’enceinte du cimetière. Cependant, jusqu’à présent, nous ne connaissons ni leur nombre exact, ni leurs noms. Les Augustines ont cessé d’enregistrer le décès des Anglais à partir de l’arrivée de la flotte de Wolfe devant Québec, le 27 juin 1759. Nous possédons par contre les noms des prisonniers anglais qui décédèrent à l’Hôpital Général entre 1755 et 1758.
Par la suite, la ministre de la Culture et des Communications, procéda au dévoilement de la magnifique sculpture qui rehausse le mémorial. Le Mémorial des morts de la guerre de Sept Ans fut inauguré par le premier ministre qui, devoir de mémoire oblige, prononça un poignant discours. Son discours fut suivi par une allocution du consul général de France, M. Jacques Audibert, rendant l’hommage de la France aux défenseurs de Québec.
Clôturant les cérémonies, M. Marcel Robidas, ex-maire de Longueuil et vétéran de la bataille de Normandie (1944) lut avec émotion l’Acte du Souvenir suivant : « Officiers aristocrates et humbles soldats, marins et miliciens, vous reposez ici côte à côte, sans distinction. Jeunes gens moissonnés par la guerre, vous avez vécu en Nouvelle-France l’aventure de votre vie en défendant votre patrie. Vos noms désormais immortalisés dans la pierre, notre mémoire ne faillira plus. Nous nous souviendrons de vous ». 2
Vitrine de l’histoire militaire québécoise du XVIIIe siècle, en voici les principales caractéristiques :
1– Il s’agit du seul cimetière dans le monde qui témoigne de la guerre de Sept Ans (les autres ont disparu), la véritable première guerre mondiale de l’humanité avec ses 550 000 morts. Les combats se sont déroulés sur quatre continents, de la Baltique à la Méditerranée, de la Manche à la Russie, aux Antilles, sur la côte africaine (bataille de Lagos), dans les lointains comptoirs commerciaux des Indes, aux Philippines et bien entendu en Amérique du Nord.
Cette guerre met en scène la France et ses alliés, l’Autriche, la Russie, la Suède et l’Espagne (à partir de 1761), en opposition à l’Angleterre, le Royaume de Hanovre, la Prusse et le Portugal (à partir de 1762).
2– Le cimetière HGQ renferme dans ses entrailles la plus importante concentration connue de chevaliers de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis au monde : 18 chevaliers avec Montcalm.
3- Le cimetière HGQ est le plus ancien cimetière de Québec encore visible. Ouvert en 1710, il est de petite dimension soit 150 pi. X 250 pi. (45 m X 76 m).
4- L’enregistrement des morts de guerre, la conservation des registres mortuaires et la préservation perpétuelle du site de leur sépulture par les Augustines, furent une première dans l’histoire de l’humanité. Il faudra attendre à la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918) pour que systématiquement les morts de guerre soient commémorés individuellement.
5- La dimension internationale du cimetière inscrite sur le Mémorial aux morts de la guerre de Sept ans : soldats et marins français, miliciens canadiens, alliés amérindiens, soldats britanniques, écossais et miliciens anglo-américains (en nombre indéterminé).
6- Ses principaux éléments en font un cimetière-musée :
le Mausolée de Montcalm;
le Mémorial de la guerre de Sept Ans;
la magnifique sculpture de Pascale Archambault Traversée sans retour évoquant le destin tragique de ces soldats et symbolisant l’entraide et le réconfort dans le malheur partagé;
ses panneaux d’interprétations historiques;
ses plaques commémoratives;
son aménagement paysager et ses vieilles stèles créant un îlot champêtre au cœur d’un quartier ouvrier (St-Roch);
sur le plan pédagogique, un ouvrage de référence relate son histoire et ses locataires perpétuels : Les morts de la guerre de Sept Ans au Cimetière de l’Hôpital-Général de Québec, par Jean-Yves Bronze, publié par Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2001, 190 p.
7– Sa composante commémorative fait que des cérémonies s’y tiennent régulièrement, le lieu étant rattaché à des anniversaires et à des personnages historiques.
8– L’endroit est classé par la Commission des biens culturels du Québec (CBC). Par ailleurs, le cimetière HGQ a été reconnu « Lieu historique national » en 1999 par le gouvernement fédéral (Commission des lieux et monuments historiques du Canada) et officialisé le 14 septembre 2005 par
Lorsque vous irez à Québec cet été, prenez le temps de visiter le Ccimetière de l’Hôpital-Général de Québec, question d’apprécier par vous-même la beauté du site; il est situé au 260, boulevard Langelier. Puisque vous êtes sur place, profitez-en pour voir la chapelle du monastère (tombeau de Mgr de Saint-Vallier) ainsi que les collections uniques du musée des Augustines datant de l’époque de la Nouvelle-France.
Dans le cimetière, ayez conscience que vous déambulez au-dessus des restes des valeureux combattants des batailles des plaines d’Abraham, de Sainte-Foy et du siège de Québec. Ici, officiers aristocrates et simples soldats du Roi reposent côte à côte. 3
Classification des morts identifiés de la guerre de Sept Ans. 1755-1760
Ó bataille des plaines d’Abraham, 13 septembre 1759.
† bataille de Sainte-Foy, 28 avril 1760.
? nombre incertain
Régiments |
Officiers |
Hommes |
Total |
Ó |
† |
|
|
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Béarn |
5 |
29 |
34 |
7 |
20 |
|
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|
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Berry |
7 |
217 |
224 |
– |
46 |
|
|
|
|
|
|
Guyenne |
5 |
43 |
48 |
10 |
13 |
|
|
|
|
|
|
Languedoc |
2 |
40 |
42 |
9 |
7 |
|
|
|
|
|
|
La Reine |
1 |
38 |
39 |
– |
7 |
|
|
|
|
|
|
La Sarre |
5 |
42 |
47 |
11 |
16 |
|
|
|
|
|
|
Royal Artillerie |
– |
6 |
6 |
– |
1 |
|
|
|
|
|
|
Royal-Roussillon |
1 |
38 |
39 |
3 |
20 |
|
|
|
|
|
|
Compagnies franches de la Marine |
6 |
06 |
112 |
4 |
25 |
|
|
|
|
|
|
Marine française |
7 |
290 |
297 |
9 |
1 |
|
|
|
|
|
|
Miliciens canadiens |
4 |
88 |
92 |
37 |
19 |
|
|
|
|
|
|
Autres régiments |
– |
5 |
5 |
– |
– |
|
|
|
|
|
|
Régiments non identifiés |
1 |
34 |
35 |
– |
– |
|
|
|
|
|
|
Soldats anonymes |
– |
5 |
5 + ? |
? |
2 +? |
|
|
|
|
|
|
Sous-total |
44 |
981 |
1 025 +? |
100 +? |
177 +? |
|
|
|
|
|
|
Britanniques |
2 |
31 |
33 +? |
? |
? |
|
|
|
|
|
|
Total |
46 |
1 012 |
1 058 +?
|
100 +? |
177 +? |
© Jean-Yves Bronze 2001
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Le Souvenir Français est un organisme privé né en 1872 après la guerre franco-prussienne en Alsace et en Lorraine occupée et fondée officiellement en 1887. Placé sous le haut patronage du président de la République, le Souvenir Français a pour mission de conserver la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France, peu importe le lieu ou l’époque. C’est lui qui veille et qui participe à l’entretien de leurs tombes (3 000 carrés militaires) ainsi que des monuments élevés à leur gloire, visibles dans toutes les communes de France. Observant la plus stricte neutralité politique, confessionnelle ou philosophique, Le Souvenir Français a pour devise À nous le Souvenir. À eux l’éternité! Site web : www.souvenir-francais.com
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Les cérémonies commémoratives militaires ont l’habitude de se terminer par l’Acte du Souvenir lequel est lu par un ancien combattant. Ce petit texte composé par Jean-Yves Bronze, constitue l’Acte du Souvenir officiel du cimetière de l’Hôpital- Général de Québec. © Jean-Yves Bronze, 2001
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On trouvera des photos du cimetière, du Mémorial de la guerre de Sept Ans et du Mausolée de Montcalm sur le site de la Commission de la capitale nationale du Québec : http://www.capitale.gouv.qc.ca/souvenir/monuments/guerre.html
Crédit: http://www.capitale.gouv.qc.ca/souvenir/monuments/guerre.html
Les relations du Québec avec la France ont-elles changé au cours du second empire colonial français? Actes du colloque sur La Capricieuse
Les relations du Québec avec la France ont-elles changé au cours du second empire colonial français?
Quelques réflexions suscitées par le colloque sur La Capricieuse et les actes qui viennent d’en être publiés.
L’année 2005 marque le 150e anniversaire de la venue de la corvette La Capricieuse dans le port de Québec et des visites effectuées par son commandant, Paul-Henri Belvèze, dans le Bas-Canada et le Haut-Canada. La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs a profité de l’occasion pour organiser un colloque en vue d’expliquer et de faire connaître les différentes facettes de cette visite, ses causes immédiates et aussi lointaines que la Conquête, les suites qui en ont découlé jusqu’à la Première Guerre mondiale. Dix-sept chercheurs de part et d’autre de l’Atlantique ont été invités à présenter des communications. Deux de ceux-ci, Yvan Lamonde et Didier Poton, en ont dirigé la publication dans un ouvrage de 400 pages récemment paru (2006) aux Presses de l’Université Laval sous le titre La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914).
Pour bien comprendre les relations de la France et du Québec, le lecteur doit parcourir l’ouvrage en gardant en mémoire les deux périodes de l’expansion coloniale française. La première, celle du premier empire colonial français, est principalement orientée vers l’Amérique du Nord, et surtout vers les Antilles pour l’obtention de sucre, d’épices et de bois d’ébène. Elle est ponctuée de deux grandes dates qui conduisent à sa liquidation : 1763 avec la signature du Traité de Paris et 1803 avec la vente par Napoléon I de la Louisiane aux Américains, une surface plus grande que celle des États-Unis de l’époque. La deuxième période, celle du second empire colonial, commence en 1830 avec la conquête d’Alger. Cette fois, la France regardera en direction de l’Afrique occidentale et équatoriale, de l’Asie et de l’Océanie. L’ennemi sera dorénavant l’Allemagne. L’orientation, donnée en 1830, se fait d’abord plus discrète sous le Second Empire (1852-1870) avec l’empereur Napoléon III. Elle prend son envol à partir de la Troisième République (1870-1940), à la chute de ce dernier, qui correspond aussi, aux plus grands déshonneur et malheur des Français, à la perte de l’Alsace-Lorraine aux mains d’une Allemagne montante et menaçante. Le gouvernement français voit dans la colonisation un moyen de redonner puissance et prestige à la France humiliée par la défaite de 1870, et aussi, dans le court terme, pour le cas de l’Algérie, un exutoire pour les populations d’Alsace-Lorraine désireuses de rester sous la tutelle française. Mais tout au long de cette période, comme au temps de la Nouvelle-France, le Québec et le Canada ne seront pas les principaux partenaires économiques de la France (Bruno Marnot, Didier Poton). Les relations entre la France et le Québec continuent, mais elles sont surtout de nature privée, en ce qui concerne les individus et les organisations.
L’événement de juillet-août 1855. D’où vient la corvette La Capricieuse? Quel sens donner à sa visite?
Autant de questions étudiées par cinq des auteurs (Robert Pichette, Jean-François de Raymond, Jacques Porte, Patrice Groulx, Jean-Marie Huille). La corvette La Capricieuse fait partie de la Station navale de Terre-Neuve, composée à l’époque de quelques navires de guerre, stationnés dans les eaux du golfe Saint-Laurent avec pied-à-terre aux îles Saint-Pierre et Miquelon. La corvette a pour mandat d’apporter du support aux pêcheurs français sur les Bancs de Terre-Neuve. En juillet 1855, la corvette n’arrive pas à Québec en direct d’un port de la côte de l’Hexagone. Elle naviguait déjà dans les eaux du golfe. Elle s’est engagée dans le fleuve après avoir fait un arrêt à Sydney, Cap-Breton, pour se ravitailler. Son entrée dans le port de Québec découle d’une initiative personnelle de son commandant, Paul-Henri Belvèze, désireux de développer les relations commerciales entre la France et la Province du Canada de l’époque, des relations bien en dessous de celles que la France entretient avec l’Empire britannique et les États-Unis. Belvèze accomplit un mandat approuvé par les ministères des Affaires étrangères, de la Marine, et du Commerce, mais il n’est pas en mission diplomatique. La France ne veut pas amener la Grande-Bretagne à douter de sa fidélité.
Deux des maillons de la chaîne qui relie la France et le Québec, le livre et la librairie
Les Français n’ont pas oublié les Québécois. La réciproque est également vraie. « La page avant la voile » comme l’écrit Gilles Gallichan. Les imprimés circulent au Bas-Canada et au Québec sous l’Union. Les journaux français jouent le rôle d’agences de presse pour la presse québécoise. Les individus traversent l’Atlantique (Anthony Grolleau-Fricard). Martin Bossange, libraire parisien, envoie son fils Hector apprendre le métier à New York. Hector traverse ensuite la frontière canadienne et lance un commerce du livre à Montréal en louant des espaces à Louis-Joseph Papineau, dont le coût peut être défrayé par des publications remises au locateur. En mars 1819, Hector repasse en France pour poursuivre le commerce du livre. Marié à Julie Fabre, Hector est le beau-frère d’Édouard-Raymond Fabre, qui apprend le commerce du livre à Paris auprès de celui qui est son beau-père, Martin. Le fils d’Édouard-Raymond fera aussi des études à Paris, Charles-Édouard, le futur évêque et archevêque de Montréal. Hector Bossange reste aussi en contact avec les libraires québécois pour les alimenter. Les Bossange et les Fabre jettent les bases d’un réseau qui dépasse le commerce du livre.
Les troubles de 1837-1838, la même approche de la France que lors de la rébellion des Treize Colonies au 18e siècle?
À la suite des troubles de 1837, Louis-Joseph Papineau se réfugie aux États-Unis, mais ses positions modérées et son refus de l’abolition du régime seigneurial divisent le groupe des patriotes qui se sont réfugiés avec lui aux États-Unis. Ne pouvant les rallier à lui ni compter sur une aide quelconque du gouvernement américain, Papineau s’exile en France de 1839 à 1845. Là encore, son séjour à Paris ne peut lui obtenir aucun soutien du gouvernement français. Les insurrections de 1837-1838 sont plus ou moins bien vues des journaux français, en fonction des intérêts des partis politiques qu’ils desservent : Papineau doit s’en remettre à son vieil ami, le libraire Hector Bossange, sur qui il peut compter. Ce dernier profite d’un voyage d’affaires en Amérique à l’automne 1841 pour essayer de lever, auprès de l’élite politique canadienne-française, un tribut en faveur du chef patriote. Mais déjà, l’élite ne le reconnaît plus comme chef; Papineau n’aura d’autre choix que de mettre en valeur sa seigneurie en bordure de la rivière Outaouais (François Labonté, Françoise Le Jeune, Yvan Lamonde).
L’école, les livres de lecture scolaires sous la Troisième République
Pour rappeler les grandeurs de la France, l’Hexagone, mais aussi la France d’outre-mer et la France passée, pour inculquer le sentiment colonial et donner le goût d’aller aux colonies, le milieu scolaire demeure une clientèle à privilégier et le manuel de lecture scolaire un moyen à retenir. Patrick Cabanel le démontre dans son étude sur les livres de lecture scolaires qui circulent en France sous la Troisième République. Destinés à l’usage des enfants, ces ouvrages présentent les péripéties de jeunes voyageurs à travers la France et l’empire colonial français tel qu’il existe alors et tel qu’il a existé avant 1830. En traçant les frontières d’une patrie qui tiennent compte des pertes récentes et des gloires passées, ils développent le sentiment patriotique et donnent une direction migratoire. Ils gardent aussi vivant dans la mémoire le souvenir de l’Alsace-Lorraine, cette autre province perdue, comme le Québec en 1763, dont l’amputation au profit de l’Allemagne n’a jamais été acceptée et connaîtra un heureux dénouement à la suite de la Première Guerre mondiale. Il est difficile d’évaluer l’impact de ces manuels scolaires sur ceux qui en ont fait la lecture en classe ou même près de leur bibliothèque personnelle, mais il semble certain, par l’importance des tirages et les nombreuses réimpressions, qu’ils ont joué un rôle non négligeable pour garder vivante la mémoire des grandeurs passées de la France.
La France, plus qu’un souvenir, une mère patrie dont on attend le retour
C’est tout le sens de l’article de Yolande Grisé sur la poétique de la corvette La Capricieuse. La corvette a été source d’inspiration de nouveaux venus comme de Québécois bien enracinés. Le poète et chansonnier Jacques-Adolphe Marsais fait partie du premier groupe. Marchand de vin originaire d’Angoulême, il profite de la visite de Belvèze pour mettre à profit son talent de compositeur et de chanteur; peu connu de la postérité, il n’en multiplie pas moins les occasions de chanter ses sentiments d’affection à l’égard de la France et sa fierté de ses origines françaises. Dans le deuxième groupe, le poète du cru, Octave Crémazie, propriétaire à Québec d’une librairie prospère avec ses deux frères, emprunte une voie qui le mènera à la notoriété. Il se laisse inspirer par la venue de La Capricieuse pour composer un poème, le « Vieux soldat canadien ». Vétéran de la victoire française de Carillon, celui-ci surveille sur les remparts de Québec le retour de la mère patrie. Ce poème et d’autres qui suivent ne laissent pas indifférents ses compatriotes. Tout en entretenant la mémoire et l’amour de cette France glorieuse, ils valent à Crémazie d’être considéré comme notre premier poète national.
L’Acadie et le Québec, un observatoire pour tester la viabilité du second empire colonial français
Dans la seconde moitié du 19e siècle, le sociologue Edme Rameau de Saint-Père, un Français établi à Alger, donne son appui à la colonisation de l’Algérie, les débuts de la construction du second empire colonial français. Partisan de l’expansion de la race française par le biais de la colonisation, il publie, en 1859, La France aux colonies. Études sur le développement de la race française hors de l’Europe. Les Français en Amérique, Acadiens et Canadiens. Pour lui, la colonisation française réussira en autant qu’elle reste fidèle à la langue, aux valeurs intellectuelles, aux traditions, au catholicisme et à la justice sociale. Rameau partage les idées du mouvement leplaysien, insistant sur la liberté, la responsabilité et la propriété individuelles, en particulier celle du sol, le rôle des organisations professionnelles à base confessionnelle. Il ne refuse pas l’industrialisation et le commerce, mais ceux-ci ne doivent pas se faire au détriment de la vie intellectuelle de la nation. Il voit dans la résistance des populations de l’Acadie et du Québec à l’américanisme une confirmation de ses idées procoloniales. Une telle résistance se maintiendra en autant que le mouvement colonisateur sera dirigé vers le nord et l’ouest du Québec et sera encadré par l’école et la paroisse. Toutefois, vers la fin de sa vie, survenue en 1899, Rameau commence à douter de la fidélité à la tradition française comme force suffisante pour résister au matérialisme qui a cours au sud de la frontière. Ce doute donne en même temps naissance à un autre, le poids des Canadiens français dans la fédération canadienne. Rameau exerce une influence plus grande au Québec qu’en France; ici, ses idées ont un certain impact sur le mouvement de colonisation. Il propage aussi les notions de liberté et de responsabilité individuelles, telles que répandues par les disciples de Frédéric Le Play, apportant par là une contribution à la mise sur pied en 1911 de l’École sociale populaire. Enfin, sa croyance en la mission intellectuelle française en Amérique trouve écho auprès d’intellectuels québécois comme l’historien nationaliste Lionel Groulx (Pierre Trépanier).
Quand les intérêts politiques et économiques se mêlent aux préoccupations culturelles. Le Canada français, non plus seulement un laboratoire d’observation de la bonne entente entre deux races, mais aussi une force sur laquelle il faut compter
Délégation générale
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Tel apparaît le sens qu’il faut donner à la pensée de ce Français issu d’une vieille famille protestante de souche alsacienne, André Siegfried, et à l’un de ses ouvrages paru en 1906, Le Canada, les deux races. Au tournant du 19e siècle, les idées d’expansion coloniale, de mission de la France dans le monde ont toujours cours. Toutefois, le contexte n’est plus le même que celui dans lequel a évolué Edme Rameau de Saint-Père. L’Allemagne se fait plus menaçante, la France sent davantage le besoin de se ménager l’amitié de la Grande-Bretagne; en 1907, c’est la signature de la Triple Entente. Les préoccupations économiques occupent une plus grande place, tarif préférentiel pour la France et augmentation des exportations canadiennes de ce côté-ci. Le monde politique est plus présent : Laurier se rend à trois reprises en France entre 1897 et 1907; le Canada acquiert une personnalité internationale. Inspiré par une vision unitaire et fédéraliste du Canada, Siegfried est séduit par la coopération entre les deux races. Il travaille à la développer, le Canada étant rattaché à la couronne britannique. Siegfried participe au conseil de direction du Comité France-Amérique fondé en 1911, un organisme chargé de coopération économique et culturelle entre la France et le Canada. Il n’apparaît pas accorder beaucoup d’importance à la balance du pouvoir dans la fédération canadienne, non plus qu’au nouveau nationalisme qui se répand sous l’influence de Lionel Groulx (Gérard Fabre).
Des maillons de cette chaîne qui relie la France et le Québec, les communautés religieuses, les prêtres séculiers
La venue au Québec de nombreuses communautés religieuses et de prêtres séculiers à vocation enseignante et pastorale, s’explique par deux facteurs principaux : leurs motivations religieuses de même que des initiatives individuelles ou reliées à un ordre religieux en particulier. Entrent dans la première catégorie, les conséquences de la Révolution de 1789 de même que les mesures républicaines anticongréganistes votées en France entre 1880 et 1914 : service militaire obligatoire, interdiction aux congrégations d’enseigner. À la deuxième catégorie se rattachent les démarches de l’archevêque de Montréal pour recruter en France de même que l’invitation des Sulpiciens faite aux Frères des Écoles chrétiennes de venir enseigner à Montréal. Il ne faut cependant pas sous-estimer la communauté de langue qui donnait entre autres la possibilité aux ordres religieux de faire du recrutement au Québec et de se développer. L’implantation au Québec d’un grand nombre de communautés religieuses françaises dont les membres sont formés Outre-Atlantique n’est pas sans avoir joué un rôle considérable dans la formation des jeunes, dans le contenu des sermons et du message livré en regard des autorités britanniques, et même dans la diffusion des arts. Mentionnons à ce chapitre des contributions : celle de l’abbé Philippe-Jean-Louis Desjardins du Séminaire des missions étrangères de Paris qui envoie, dans les années 1810, 200 tableaux religieux au Séminaire de Québec pour distribution aux paroisses et communautés religieuses du diocèse; celle du frère des Écoles chrétiennes, Marie-Victorin, fondateur du Jardin botanique de Montréal et auteur de la Flore laurentienne; et, d’une façon plus générale, toutes celles des communautés religieuses enseignantes à la préparation, à l’adaptation et à l’édition de manuels scolaires pour les écoles du Québec (Guy Laperrière).
La présence de l’État, des individus et des organisations au cours de la période qui a précédé et suivi la visite de La Capricieuse. Des pistes de recherche et de rapprochement entre la France et le Québec
En conclusion, Yvan Lamonde et Didier Poton rassemblent les grands éléments qui se dégagent des relations France-Québec entre 1760 et 1914. Le contexte international et les intérêts de la France, désireuse de se ménager l’appui de la Grande-Bretagne, jouent un rôle important. Les relations protéiformes aux niveaux économique, social et culturel, découlant de l’activité des individus et des réseaux à caractère familial, amical, culturel et religieux, ouvrent la porte à plusieurs projets de recherche : à titre d’exemples, l’aide apportée par l’empereur Napoléon III à diverses sociétés de colonisation du Québec; les origines de l’École sociale populaire en regard de son prédécesseur, la Société canadienne d’économie sociale de Montréal, et du mouvement leplaysien en France; le Comité France-Amérique de Paris et sa filiale de Montréal à la base, entre autres, de la création de la Maison des étudiants canadiens à Paris; la pêche française sur les Bancs de Terre-Neuve, la Station navale française en opération du 18e siècle jusqu’à tout récemment, le pied-à-terre que constituaient et constituent toujours les îles Saint-Pierre et Miquelon, etc.
Gilles Durand
Crédit photo : http://www.mri.gouv.qc.ca/paris/index.asp
Une visite que les Québécois ne sont pas prêts d’oublier!
Une visite que les Québécois ne sont pas prêts d’oublier,
La Capricieuse
BAnQ et CFQLMC partenaires dans la commémoration
Crédit : Bulletin de la CFQLMC, no 16 – juin 2005, p. 1, Colloque sur la régate La Capricieuse |
L’année 2005 a marqué le 150e anniversaire de la visite de la corvette La Capricieuse au port de Québec et de celle de son commandant, Henri Belvèze, dans la Province du Canada d’alors. Pour l’occasion, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) ont joint leurs efforts à ceux de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) pour commémorer l’événement. La Commission a assumé la responsabilité d’un colloque de deux jours et la publication, en 2006, de ses actes sous le titre La Capricieuse (1855) : Poupe et proue, par les soins de Yvan Lamonde et de Didier Poton; l’occasion a permis d’analyser en profondeur et de présenter les causes et les retombées dans le court et le long terme de cette visite à caractère avant tout commercial. BAnQ de son côté consacre un espace de son site Web (http://www.banq.qc.ca/histoire_quebec/parcours_thematiques/capricieuse/index.html — également accessible dans la section du portail intitulée Branché sur notre histoire, catégorie « Parcours thématiques ») à ce sujet, qui complète la contribution de la Commission, c’est-à-dire qu’il présente le voyage de la corvette et de son capitaine au jour le jour à partir du récit de Belvèze lui-même.
L’événement mérite un pareil traitement de la part de BAnQ en raison de son importance. Depuis 1760, un seul navire français, l’Édouard, avait remonté le Saint-Laurent, en 1854 sans avoir soulevé le débat des relations du Québec avec son ancienne mère patrie. Cette fois, en 1855, La Capricieuse, dirigée par le commandant Henri Belvèze, ne passe pas inaperçue, bien qu’elle soit chargée d’une mission avant tout commerciale, mais des plus délicates. Prendre connaissance de l’état des ressources de la Province du Canada, une colonie rattachée à l’Empire britannique; rechercher des moyens d’intensifier les échanges commerciaux avec la France tout en évitant d’éveiller chez la couronne britannique des soupçons de velléité de reconquête par l’ancienne mère patrie. Nous sommes à une époque où la France a besoin de l’Angleterre et veut demeurer alliée à celle-ci.
Un site Web convivial
Le site Web conçu et réalisé par BAnQ se caractérise par sa convivialité. La page d’accueil situe l’internaute de façon concise et précise relativement au sujet traité : « La Capricieuse. Voilà nos gens revenus? Le voyage d’Henri Belvèze, commandant de La Capricieuse, dans la Province du Canada en 1855 ». Elle indique par le biais de cinq grandes parties la composition du site : « Orientations, Itinéraire, Épilogue, Bibliographies, Crédits ».
La première partie, les Orientations, introduit au cœur du sujet : une colonie devenue britannique en 1763, visitée par un navire de guerre français; la recherche de relations commerciales en droite ligne entre la France et une Province dont l’appartenance à la couronne britannique a tracé autrement les circuits d’échanges. Elle donne l’itinéraire suivi par Belvèze, soit de Québec à Toronto en passant par Montréal, Kingston, Ottawa et Trois-Rivières. Elle indique les sources utilisées : le rapport rédigé par le capitaine de vaisseau lui-même et des pièces de sa correspondance (publiés en 1882 dans Henri Belvèze, Lettres choisies dans sa correspondance 1824-1875); des comptes rendus d’allocutions prononcées par les hôtes de Belvèze ou par le commandant lui-même, parus dans les journaux de l’époque; des cartes géographiques, des daguerréotypes, des gravures, des œuvres d’art et même des documents sonores pour situer et rendre concrets les propos de Belvèze de même que pour recréer l’atmosphère de l’époque. L’ensemble est complété par des contenus encyclopédiques divers : lieux, personnages, événements, contexte international, découvertes technologiques qui révolutionnent les transports, tels le passage de la voile à la vapeur, le chemin de fer, le télégraphe. L’ensemble des données permettent à l’internaute d’exercer son jugement critique en même temps qu’elles témoignent des richesses documentaires de BAnQ. L’approche privilégiée pour transmettre l’information est le passage du général au particulier par le biais de liens hypertextes : leur présence est signalée par des ancres, c’est-à-dire des parties de phrases et surtout des mots de couleur différente de celle du texte.
Un itinéraire captivant
La deuxième partie, l’Itinéraire, forme le corps du site. Elle se subdivise en dix étapes : la première rappelle la situation internationale, soit La France et le monde en 1855; les neuf autres décrivent le parcours de Belvèze d’une durée de près de deux mois à travers le récit du commandant lui-même. Les étapes retenues pour regrouper l’information sont les suivantes : De Sidney (Nouvelle-Écosse) à Québec, 5 au 13 juillet; Québec et ses alentours, 13 au 25 juillet; En route pour Montréal, 26 juillet; Montréal, 27 juillet au 2 août; De Montréal vers Kingston, 3 août; Kingston, Toronto et Ottawa, 4 au 12 août; Retour à Montréal et visite des environs, 13 au 15 août; Sur le chemin de Québec, un arrêt en Mauricie, 15 au 18 août; Retour à Québec et départ pour Terre-Neuve, 25 août. L’approche retenue pour faire revivre le voyage à l’internaute est la division de l’image qui apparaît à l’écran. Dans la moitié droite, la plume est laissée à Belvèze : celui-ci fait état des lieux qu’il visite, des réceptions dont il est l’objet et des discours et allocutions auxquels elles donnent lieu. L’autre moitié, celle de gauche, peut renfermer des documents d’époque, cartes géographiques, daguerréotypes, gravures, œuvres d’art, etc. donnant la juste mesure des lieux, personnages et événements mentionnés par Belvèze dans la partie droite; au besoin, des mises en contexte permettent à l’internaute de faire plus facilement un bond de 150 ans en arrière.
Le parcours de l’itinéraire de Belvèze en sa propre compagnie constitue autant de rappels et, peut-être pour plusieurs, de découvertes d’un événement passé et du contexte de son époque. Quels produits la France envisage-t-elle d’importer du Canada? D’où arrive La Capricieuse en juillet 1855, d’un port français comme Brest pour apparaître dans toute sa majesté à l’entrée du golfe ou bien encore « des régions hyperboréennes de la morue… [à la température] archi-brumeuse accompagnée de vents furibonds »? L’arrivée de la corvette est-elle connue à l’avance? Quelle innovation technologique en permet l’annonce préalable? Comment expliquer le touage depuis le Bic jusqu’au port de Québec par le vapeur l’Advance de l’armateur Charles-François-Xavier Baby? Belvèze remonte-t-il le fleuve jusqu’au port de Montréal avec son propre voilier? Existe-t-il à l’époque des ponts pour relier l’île de Montréal à la région environnante? Quelles sont les activités économiques dominantes à l’époque? Sommes-nous bien assurés de connaître l’importance du secteur de la construction des navires; ou bien encore le mode de transport du bois sur les voies fluviales, par trains ou cajeux, dans les slides, au moyen de radeau? Dans le Haut-Canada, qu’en est-il des travaux relatifs à la construction du canal Rideau pour relier la région de l’Outaouais à Kingston; quelle est la place occupée par Toronto, après l’ouverture, en 1851, du chemin de fer Northern relativement aux marchandises en provenance du Nord-Ouest?
Le récit de Belvèze présente aussi du piquant par l’information transmise sur l’attitude et l’accueil des contemporains : réactions du grand public au sujet de l’arrivée du navire de guerre et de son capitaine; réserves dont font montre Belvèze et ses hôtes, entre autres les élus des municipalités bordant la voie fluviale et le lac Ontario, dans les allocutions qu’ils prononcent. D’un côté, l’internaute peut constater l’attention portée par Belvèze à ne pas froisser la couronne britannique en mentionnant le désir de la France, alliée à l’Angleterre, d’établir des relations directes avec une de ses colonies. De l’autre, il peut lire en filigrane le soin porté par les dirigeants des municipalités visitées à ne pas éveiller les susceptibilités des compatriotes originaires de l’autre mère patrie; également à ne pas porter atteinte à leur obligation d’allégeance envers la couronne britannique, tout en ne cachant pas leur intérêt à développer les échanges commerciaux.
Un voyage qui a des suites
La troisième partie du site, l’Épilogue, joue plusieurs rôles. Il avertit l’internaute que le récit de Belvèze retenu ne constitue que le premier volet d’un rapport plus détaillé accessible en ligne. Il attire l’attention sur l’une des solutions avancées par Belvèze pour accroître les échanges commerciaux entre la France et le Canada, soit l’achat par les armateurs français de navires canadiens pour compenser le prix élevé des bâtiments en France. Il nuance le jugement d’ensemble du capitaine de vaisseau que « tout a réussi » par la citation d’extraits de journaux contemporains, : dont celui du Moniteur canadien soupçonnant à l’époque Belvèze d’espionnage dans une colonie d’origine française maintenant rattachée à l’Empire britannique. L’épilogue aborde aussi les retombées du voyage sur le plan culturel : maintes fois source d’inspiration pour les poètes et les écrivains canadiens-français; dans le cadre du centième anniversaire de la visite, présentation d’une exposition à La Rochelle accompagnée d’un catalogue publié, France et Canada. Catalogue de l’exposition, de même que l’émission par la Poste française d’un timbre commémoratif. Pour cette même année 1955, il serait bon de mentionner aussi (voir les actes du colloque sur La Capricieuse) les visites aux ports de Québec et de Montréal de la frégate L’Aventure, qui se sont ajoutées au programme régulier d’activités de soutien aux chalutiers français dans le golfe Saint-Laurent.
Pour en savoir plus
Les deux dernières parties du site sont constituées des Bibliographies et des Crédits. La bibliographie présentée fait état des dernières publications sur le sujet. Elle se signale tant par l’abondance d’ouvrages et d’articles de journaux cités et à l’occasion commentés que par son appartenance plus large à un projet bibliographique sur les relations France-Québec, accessible en ligne. Les crédits quant à eux répartissent les responsabilités pour la conception, la recherche et la réalisation du site entre le personnel de BAnQ, soit la Direction de la recherche et de l’édition, et des collaborateurs de l’extérieur, responsabilités qui font honneur à ceux qui les ont assumées. Par le biais d’un site Web qui se caractérise par la qualité de la recherche, de la présentation des résultats et du montage, BAnQ donne aujourd’hui à l’internaute l’occasion de faire un court voyage dans le temps en partageant les préoccupations de notre ancienne mère patrie et, partant, de prendre connaissance en des raccourcis parfois étonnants de ce que sont le Québec et l’Ontario d’alors et le contexte dans lequel ils baignent. Tous y trouveront leur intérêt. Le grand public préoccupé d’enrichir et de garder vivante la mémoire commune franco-québécoise. Également les professeurs et étudiants à la recherche d’information à caractère historique sur les relations France-Québec, de synthèses faciles d’accès et d’utilisation ou bien encore d’illustrations pour la leçon d’histoire au moyen de cartes géographiques, de photographies, de gravures, d’œuvres d’art et même de pièces musicales.
Gilles Durand
Le patrimoine religieux du Québec, éducation et transmission du sens
Le patrimoine religieux du Québec
Éducation et transmission du sens
Le patrimoine religieux du Québec – Éducation et transmission du sens, colloque organisé à Montréal en novembre
L’église de
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2006, a soulevé des questions directement reliées aux lieux de mémoire. Les multiples manifestations du patrimoine religieux ne constituent-elles pas des lieux de mémoire, dans une société qui était encore très majoritairement pratiquante, voilà deux générations? La pérennité de ces lieux ne dépend-elle pas de l’aptitude et de la volonté de leurs détenteurs de les transmettre, c’est-à-dire de les faire partager par d’autres, dont ils enrichiront la mémoire personnelle? La commémoration d’une célébration ou la mise en valeur d’une église ancienne constituent-elles la célébration d’un souvenir religieux ou d’un héritage culturel? Pourquoi conserver et gérer le patrimoine, si ce n’est pour le transmettre, pour en partager la richesse et le sens avec des personnes qu’on veut sensibiliser à la valeur de l’héritage que nous laisserons?
Voilà quelques-unes des questions qui, pendant deux jours, ont interpellé défenseurs et promoteurs des lieux de mémoire, dont l’identification est nécessairement précédée d’un questionnement sur leur signification. Or, quelle est la signification du patrimoine religieux? Est-elle surtout religieuse ou culturelle?
Dès la séance d’ouverture, un conférencier a entraîné les auditeurs dans une réflexion sur la signification culturelle du patrimoine religieux. Si le patrimoine évoque un héritage qu’on veut conserver et transmettre, en est-il ainsi de son « identité » religieuse? Comment et pourquoi s’approprier un lieu dont on apprécie la valeur culturelle seule et non la raison d’être première? Ou pourquoi sauver le patrimoine religieux si sa dimension religieuse – essentielle aux yeux de ceux et celles qui l’ont constitué – nous est indifférente?
Une autre question soulevée par ce colloque porte sur l’appropriation du patrimoine d’une collectivité par des étrangers. Notre patrimoine peut-il devenir lieu de mémoire pour d’autres, immigrants ou visiteurs? Les touristes qui visitent Notre-Dame y trouvent-ils un écho à leurs préoccupations religieuses ou à leurs intérêts culturels ou, au contraire, ne la voient-ils que comme une attraction touristique? Des enfants qui grandissent dans un milieu majoritairement non pratiquant, auxquels on fait découvrir les églises de leur quartier et qui s’y intéressent, s’approprient-ils des lieux de mémoire?
En marge de ces questions, des conférences faisaient découvrir aux visiteurs des lieux de mémoire authentiques, tels que l’œuvre d’éducation et d’enseignement des Sœurs de Sainte-Anne et le Musée des Ursulines de Québec; mais lieux de mémoire pour qui?
Ce colloque s’inscrivait dans le sillage des audiences publiques tenues par la Commission de la culture de l’Assemblée nationale qui a parcouru le Québec de septembre 2005 à janvier 2006. Organisé par la Chaire religion, culture et société de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal et la Fondation du patrimoine religieux du Québec, il s’est tenu les 23 et 24 novembre 2006 au Gesù, lieu de mémoire pour les anciens du collège Sainte-Marie de Montréal, dont seule la chapelle subsiste.
Les actes de ce colloque seront publiés en novembre 2007.
Robert Garon
Plus de détails : www.colloquepatrimoinereligieux.qc.ca
Le Fichier Origine, une ressource incontournable pour les historiens et les généalogistes d’Amérique et d’Europe.
Le Fichier Origine, une ressource incontournable pour les historiens
et les généalogistes d’Amérique et d’Europe.
Québec, le 6 février 2007 – La consultation du Fichier Origine dans Internet a atteint un sommet inégalé lundi 5
février 2007. En effet, 576 personnes ont consulté le site web du Fichier Origine en l’espace de 24 heures.
Les données statistiques permettent de constater que 210 internautes proviennent du Canada, 175 des États-Unis, 171 de la France et 20 de différents autres pays. Depuis la mise en ondes du Fichier Origine en 1998, jamais un nombre aussi élevé de consultations n’a été atteint, ce qui témoigne de l’intérêt du Fichier Origine auprès des chercheurs et internautes en histoire et en généalogie d’Europe et d’Amérique du Nord. Les statistiques quotidiennes sont habituellement de 400 accès par jour.
La prochaine version qui sera diffusée vers le 15 avril prochain contiendra près de 150 nouvelles fiches de pionniers et pionnières principalement des départements de la Seine-Maritime, de la Charente-Maritime et de la ville de Paris. Les informations concernant les origines familiales de plusieurs Québécois seront dévoilées grâce aux recherches de nos collaborateurs Éric Mardoc et Jean-Paul Macouin. De plus, quelque 200 nouveaux actes numérisés seront disponibles sur le site du Fichier Origine grâce aux recherches de Guy Desjardins et à la mise en page des actes par Micheline Perreault. Enfin, plus de 50 % des fiches contiendront des informations concernant les décès des pionniers, résultat des compilations de Josée Tétreault.
Le Fichier Origine s’inscrit dans le cadre d’une entente de coopération, signée en mars 1998, renouvelée en mai 2001 et en avril 2004, entre la Fédération québécoise des sociétés de généalogie et la Fédération française de généalogie. Le projet est financé par la Fédération québécoise des sociétés de généalogie qui reçoit une aide financière du ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC), de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), du ministère des Relations internationales du Québec (MRI), des Éditions du Septentrion et du Programme de recherche en démographie historique (PRDH). Le Fichier Origine est accessible gratuitement à l’adresse suivante : http://www.fichierorigine.com/
Marcel Fournier
Coordonnateur du Fichier Origine
Téléphone et télécopie : (450) 647-1240
marcel.fournier@sympatico.ca
Les manuels scolaires du Québec oublient-ils la France?
Les manuels scolaires du Québec oublient-ils la France?
Élèves et professeurs
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Jusqu’au 27 mai prochain , Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) présente l’exposition, 300 ans de manuels scolaires au Québec. Annoncé dans le bulletin de liaison À rayons ouverts (no 69, automne 2006), l’événement est accompagné d’un catalogue publié sous le même titre, qui tout en se signalant par la qualité de la recherche effectuée et de sa mise en forme assure la mise en contexte des 319 artefacts exposés. Douze auteurs nous font revivre en 180 pages les grandes lignes de l’histoire du manuel scolaire québécois.
Une réflexion en partenariat
Le catalogue arrive à point. La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) entame la réflexion sur une catégorie particulière de manuels scolaires, le livre de lecture, lors de son dernier colloque sur La Capricieuse organisé en octobre 2005. Patrick Cabanel fait une communication sur ce thème, dont le texte est publié sous le titre L’autre province perdue : le Canada dans les livres de lecture scolaires sous la Troisième République dans les actes du colloque (La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec 1760-1914). L’auteur y démontre que le livre de lecture scolaire véhicule à l’époque un attachement aux grandeurs de la France contemporaine, sur le continent et outre-mer, comme aux gloires de la France passée, sur le continent, les provinces maintenant perdues d’Alsace-Lorraine, et outre-mer, le premier empire colonial en Amérique du Nord. La publication présentée aujourd’hui par BAnQ permet d’approfondir cette fois nos connaissances, sur nos propres manuels scolaires, et de poursuivre la réflexion sur leur rôle à partir de l’expérience vécue en France.
Le manuel scolaire vu sous plusieurs angles
Par le biais de 11 chapitres, le catalogue aborde les différentes dimensions des manuels scolaires québécois depuis la Nouvelle-France jusqu’à nos jours : la problématique générale (en introduction, chapitre 1, Michel Allard, Paul Aubin, Soraya Bassil et Monique Lebrun) ; les deux organismes détenteurs des principales collections, l’Université Laval et BAnQ (chap. 2, Claude Bonnelly) ; les clientèles auxquelles les manuels s’adressent, les élèves de religion catholique et de langue française bien évidemment, sans pour autant que ceux-ci soient toujours la priorité dans l’ensemble du système scolaire, mais aussi les groupes minoritaires, autochtones (chap. 4, Anne-Marie Baraby) et anglo-catholiques (chap. 5, Mélanie Lanouette), ces derniers plus attachés aux valeurs anglo-saxonnes, enfin les maîtres eux-mêmes (chap. 9, Marcel Lajeunesse) qui peuvent compter dans le passé sur un manuel de pédagogie genre « de marque, unique pour une période donnée »; les formes de manuels (chap. 3, Paul Aubin), c’est-à-dire les manuels eux-mêmes et les outils complémentaires, tels les cartes murales de type géographique et informatif, les affiches, les tableaux, etc. ; trois des matières dont ils ont pour but d’assurer l’apprentissage, la lecture (chap. 6, Monique Lebrun), celle à haute voix, compréhensive, etc. ; le dessin (chap. 7, Suzanne Lemerise avec la collaboration de Soraya Bassil) sous son angle utilitaire, c’est-à-dire géométrique, et artistique, dans ce dernier cas faisant plus de place à la créativité de l’élève; le catéchisme ou message religieux (chap. 8, Brigitte Caulier), autant sous sa forme plutôt rébarbative, de type « mémorisation, questions et réponses » que sous une apparence plus séduisante pour l’élève; les exportations et les emprunts (chap. 10, Paul Aubin), c’est-à-dire les importations pures et simples, les traductions, les adaptations, les emprunts partiels, le manuel étranger considéré comme une source d’inspiration; enfin, le manuel comme véhicule (chap. 11, Alain Choppin) pour transmettre les valeurs de la société québécoise, aussi bien religieuses que morales ou nationales.
Les emprunts
À travers l’ouvrage que nous présente BAnQ, l’influence de la France est présente d’une façon soutenue quel que soit l’angle d’observation. Tout en gardant à l’esprit au point de départ la communauté de langue et de culture, d’autres motifs interviennent. Pour combler les carences de la production québécoise, par exemple le premier manuel québécois, un catéchisme, étant une réimpression en 1765 d’un titre paru en France. En raison de la présence en sol québécois de Français immigrés qui mettent leur motivation, leurs connaissances et leur savoir-faire au service de l’enseignement et de la pédagogie. De même, par la présence de nombreuses communautés religieuses enseignantes masculines qui peuvent négocier plus facilement des ententes avec leurs confrères d’outre-mer; fondés en France, ces ordres religieux ont quitté leur pays à la suite de la Révolution française et des mesures anticongréganistes dont ils ont été l’objet.
Le catalogue présente aussi les types d’emprunt fait : une importation de France pure et simple; une reprise intégrale après avoir remplacé le lieu d’édition et le nom de l’éditeur ou bien encore la couverture ou la page titre; une réimpression de manuels ayant déjà traversé la frontière pour combler l’impossibilité d’acheter les manuels français à jour en raison des guerres coupant les approvisionnements; une réimpression avec adaptations pour « québéciser », par exemple pour passer des mesures métriques aux mesures anglaises utilisées à l’époque, pour remplacer les plantes qui ne croissent qu’en France par celles qui poussent en sol québécois, ou bien encore pour ajouter des chansons d’artistes québécois à des recueils français; des modifications pour « catholiciser » en faisant disparaître le vocabulaire correspondant à la montée du laïcisme en France. Les manuels français peuvent être aussi une source d’inspiration pour les auteurs québécois qui ont l’occasion de visiter les expositions universelles, de prendre connaissance ainsi d’ouvrages français et de s’en inspirer.
L’image de la France dans le manuel scolaire québécois
Enseignants et pédagogues québécois ont emprunté, mais ils ont aussi créé et laissé aux jeunes générations des produits du cru. Le catalogue introduit sur la vision de l’étranger transmise, par exemple cette correspondance au printemps 1838 du directeur des Frères des Écoles chrétiennes de Montréal avec son supérieur de Paris :
J’ai fait part à Mr le Supérieur de St Sulpice, des raisons qui vous empêchaient de nous envoyer la Géographie; il ne les trouve pas suffisantes pour priver nos jeunes Canadiens d’un aussi précieux livre; en conséquence, il m’a prié de faire une nouvelle demande en feuilles, on supprimera avant de la faire relier, ce qui regarde la France et il fera imprimer une ou deux feuilles pour le remplacer, où il sera parlé avec développement de l’Angleterre et de ses possessions Américaines, Africaines, etc., ainsi que des États-Unis voisins du Canada (Catalogue, p. 122-123).
Une vision qui ne surprend pas de la part de communautés qui dans le passé doivent émigrer en passant par l’Angleterre et qui sont laissées en pleine possession de leurs biens en Amérique du Nord par la couronne britannique. Mais qu’en est-il de l’image de la France elle-même transmise, au-delà des emprunts de textes d’auteurs français dans les manuels d’apprentissage québécois? Un ouvrage qui se veut un tour d’horizon complet sur une période de 300 ans ne peut tout donner, mais il faut reconnaître qu’il présente le grand mérite de poser avec clarté la dimension de la transmission des valeurs identitaires aux jeunes générations et de nous fournir la matière pour aller plus loin. En plus de la liste des artefacts en montre actuellement à la Grande Bibliothèque, il renferme une bibliographie des manuels scolaires et une bibliographie générale d’études déjà réalisées sur ceux-ci. Il nous donne d’autres pistes pour aller plus loin, entre autres la banque de données MANSCOL hébergée sur le serveur de l’Université Laval. La recherche et la réflexion méritent d’être poursuivies sur la vision de la France et la fierté d’être ses descendants, présentées par les manuels scolaires dans le contexte québécois, mais aussi dans une approche plus large en partenariat avec nos compatriotes du pays d’en face.
Gilles Durand
Crédit : |
Conrad Poirier
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À la recherche de collaborateurs pour un projet d’édition: La Vie quotidienne au Québec autrefois. La raquette et la charrue. Des origines à la révolution tranquille
À la recherche de collaborateurs.
Projet d’édition La Vie quotidienne au Québec autrefois.
La raquette et la charrue : Des origines à la Révolution tranquille
Les Éditions Archives et culture dont le siège est à Paris possèdent une collection sur La Vie quotidienne autrefois. Ont été ainsi publiés des ouvrages sur :
Amours et mariages en France d’autrefois
Bébés d’hier à aujourd’hui
Les écoliers et leurs maîtres en France d’autrefois
Les métiers d’autrefois
Mers et marins en France d’autrefois Etc.
A la veille du 400e anniversaire de la fondation de Québec par Champlain, il est apparu utile et opportun de faire appel à la mémoire des Français pour leur présenter une histoire de la vie quotidienne au Québec des origines à la Révolution tranquille.
Laissant de côté, le Québec d’aujourd’hui, l’ouvrage présentera la vie quotidienne au Québec autrefois en regroupant les thèmes en six chapitres :
L’histoireLes lieux majeurs
Les Indiens
La colonisation
Un nouveau pays
La Vie quotidienne
Cette approche offre un double intérêt :
- mettre à la disposition de tous ceux qui pour des raisons diverses font des recherches généalogiques un ouvrage qui leur permettra de mieux connaître et imaginer le vécu des hommes et des femmes qui sont partis peupler le Québec et participer à la fondation d’un nouveau pays ;
- à partir des images traditionnelles connues des Français sur le Québec, en faire le rappel en s’inspirant des travaux des historiens pour aboutir à la prise de conscience que le dynamisme du Québec est un héritage et qu’il demeure une constante de ce pays qui par l’esprit d’entreprise de ses habitants est toujours parvenu à maîtriser son destin.
Madame Marie-Odile Merniac, qui dirige cette maison d’édition m’a demandé de prendre la direction de cet ouvrage. Professeur d’histoire à Paris en retraite, ancien attaché culturel, je suis toujours activement investi dans le renforcement de la relation franco-québécoise, renforcement où l’histoire et la mémoire ont une place et un rôle qu’on ne peut ignorer.
Je recherche donc des collaborateurs qui accepteraient de rédiger un ou plusieurs mini-chapitres sur des thèmes très précis. Chaque mini-chapitre comprend une double-page du livre imprimé avec :
à gauche, 300 signes d’introduction et un texte traitant du thème avec 3400 signes,
à droite, approfondissement sur des points précis, images, photos, gravures, brefs extraits d’ouvrages, le tout sur 3200 signes avec une gravure, 2500 avec deux gravures,
exemples de thèmes précis : le commerce des fourrures, le Saint-Laurent, les Iroquois, les familles souches, le castor, etc.
Ouvrage collectif. Chaque auteur touchera par contrat 40 € pour chaque double page soit un mini-chapitre et recevra un ouvrage à sa publication (ou bien huit livres à parution sans autre indemnité).
Ouvrage en quelque sorte militant au service de la relation franco-québécoise.
Pour toute information complémentaire, pour proposer un thème, écrivez par Internet à :
archivesetculture@hotmail.com
ou bien à
contact@archivesetculture.fr
ou bien à
gilbert.pilleul@orange.fr
Gilbert Pilleul
Paris le 14 février 2007
L’Association Québec-France : 35 ans d’implication pour faire connaître et apprécier la France
L’Association Québec-France : 35 ans d’engagement pour faire connaître et apprécier la France
Page couverture du magazine
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L’Association Québec-France vient de profiter de la dernière livraison (vol. 30, no 5, automne 2006) de son magazine trimestriel pour souligner sa 35e année d’engagement pour rapprocher la France du Québec. Au cours de cette période, elle a cheminé avec sa jumelle d’Outre-Atlantique, l’Association France-Québec. Cette dernière poursuit des objectifs similaires, mais à l’inverse cette fois, c’est-à-dire faire connaître et aimer le Québec et les Québécois des Français, deux communautés partageant de chaque côté de l’Atlantique une langue et des valeurs communes.
Au fait, êtes-vous sûrs de bien connaître l’Association Québec-France et sa jumelle?
La dernière livraison du magazine livre tous les secrets dans un cahier détachable ayant pour titre : tout savoir sur Québec-France. Spécial 35e anniversaire.
Dirigées chacune par un bureau national et un conseil d’administration et supportées par un secrétariat national, les deux associations prennent appui sur un vaste réseau d’au-delà de 7 000 adhérents et adhérentes répartis dans 91 associations régionales : Québec-France compte 25 régionales regroupant 3 000 membres, France-Québec, 66 régionales totalisant au-delà de 4 000 membres. Forte du soutien des gouvernements de France et du Québec dans le cadre de la Commission permanente de la coopération franco-québécoise, chacune des deux associations met en œuvre des programmes destinés à rapprocher davantage les populations de part et d’autre de l’Atlantique.
Du côté québécois, l’Association Québec-France élabore et administre des programmes qui tiennent compte de l’évolution et des besoins de la société québécoise. Auprès des jeunes, les citoyens de demain, elle tente de créer un engouement pour la France par diverses mesures, depuis l’échange de correspondance jusqu’à l’organisation de voyages pour occuper un emploi saisonnier, effectuer un stage rémunéré ou bien encore découvrir plus intimement un coin du pays des ancêtres. Sur un plan culturel plus général, elle s’implique dans l’attribution de prix littéraire, dans la tenue de concours et d’autres activités, à l’occasion en concertation avec d’autres organismes, tel l’Office québécois de la langue française. Les adultes ne sont pas laissés pour compte, ayant la possibilité de participer à des voyages de découverte ou, dans un avenir rapproché, axés sur un thème particulier.
L’Association Québec-France, une partenaire indispensable de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs
L’Association Québec-France, tout comme sa jumelle France-Québec, est devenue une partenaire indispensable de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, mise sur pied à la fin de l’année 1996. Le président de Québec-France, Jacques Racine, le rappelle en éditorial (p. 3) :
Si nous avons raison d’être fiers de nos actions passées, il est certainement très sage, et c’est là notre devoir, de ne pas perdre de vue l’avenir. En effet, ce qui reste à faire est encore plus important que ce qui a déjà été fait. C’est imprégné de cet axiome que l’Association Québec-France établit ses politiques et propose divers programmes et activités à ses adhérents. Je pense ici notamment à notre implication dans les lieux de mémoire communs…
Le cahier détachable central du magazine en fait mention également par le biais du rappel d’une méthodologie de la commémoration (voir le site Web de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs ). En fait, cette méthodologie fait partie d’une publication plus large produite par l’Association Québec-France et le Comité de commémoration de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. L’ouvrage, intitulé Synthèse du Séminaire de Trois-Rivières sur les notions de lieux de mémoire franco-québécois, présente les actes d’un colloque tenu en septembre 2004 en vue de rappeler des notions de base et replacer la commémoration dans son contexte plus large :
L’importance d’un lieu pour la mémoire collective ne repose pas sur sa localisation ou sur son importance géographiques actuelles, mais est fonction de ce qu’il représente pour l’histoire collective;
Les grandes étapes opératoires de la commémoration sont a) l’inventaire des lieux de mémoire pour ne rien oublier et établir un ordre de priorité; b) leur approfondissement, c’est-à-dire leur mise en contexte à partir des connaissances mises au jour par les chercheurs scientifiques et aussi par tous ceux qui sont détenteurs d’un savoir collectif, qui peut apporter beaucoup et sans qui les spécialistes ne pourraient faire l’histoire — il ne faut pas l’oublier, un lieu ne renferme pas de mémoire en soi, il faut la ressussupr et la réactiver dans le présent —; c) la mise en valeur par une action ponctuelle bien préparée en concertation avec le milieu de même que par des actions répétitives, car la mémoire est une faculté qui oublie — Il est essentiel de remettre le passé au présent, de sussupr et d’entretenir l’émotion. Le lieu de mémoire doit être bien intégré au milieu, il doit être approprié ou réapproprié collectivement, pour qu’il puisse perdurer — ;
Le travail en concertation et en partenariat, car les lieux retenus pour commémoration n’ont pas de mémoire en soi; il importe de la reconstituer à partir de celle que détiennent les chercheurs universitaires, le grand public, les mouvements associatifs, telles les sociétés d’histoire et de généalogie, les organismes gouvernementaux et municipaux — ces derniers ayant des ressources supérieures aux associations fonctionnant sur une base de volontariat —.
Des nouvelles de France qui intéressent la mémoire des Québécois
La mémoire commune franco-québécoise, c’est celle qui rappelle le souvenir de la France passée et actuelle au Québec de même que celle de la Nouvelle-France et de l’Amérique française d’aujourd’hui en France. La dernière livraison du magazine y consacre un article sous la plume de René Cloutier intitulé « Un ingénieur provençal à Québec ».
En juin 2006, la présidente de la régionale Terres de Provence-Québec de l’Association France-Québec, Janine Giraud-Héraud, organise une activité pour célébrer le 250e anniversaire de la mort de Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, ingénieur en chef du roi en Nouvelle-France, né à Toulon en 1682. L’activité donne lieu à un colloque à l’Université de Toulon, centré sur l’œuvre accomplie par celui-ci, et à l’apposition d’une plaque sur la résidence des jardiniers de Versailles à Toulon, la Maison des Jardins du Roy, construite en 1681 sous les soins du père de Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry. L’événement présente de l’importance pour les Toulonnais, mais aussi pour les Québécois et pour la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. Au Québec, Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry laisse un riche héritage : on lui doit plusieurs ouvrages de fortifications de même que des interventions sur des édifices religieux et civils. Par son œuvre, l’ingénieur du roi remporte des honneurs de son vivant de même que la concession par le pouvoir royal d’une seigneurie en bordure du Richelieu. Il décède à Québec en 1756 et ses restes reposent toujours dans la crypte de la basilique. Le coprésident français de la Commission franco-québécoise, Pierre-André Wiltzer, entre autres, est du groupe des participants à cet événement.
Vous voulez faire le lien entre les villages d’Ancien Régime de vos ancêtres et les communes françaises actuelles
Dans un article du magazine, intitulé «L’organisation administrative de la France et la décentralisation», Armelle Datin, rédactrice en chef, initie aux structures administratives actuelles. En France, le pouvoir politique se répartit entre l’État et différentes collectivités territoriales :
au sommet, les trois pouvoirs de gouvernement, législatif, exécutif et judiciaire. L’État français est centralisé (ne pas confondre centralisation et déconcentration) : il n’y a pas, aux niveaux inférieurs, délégation du pouvoir législatif et exécutif (c’est-à-dire, dans ce dernier cas, d’échelon gouvernemental en région);
la région — au nombre de 26 —, collectivité territoriale formée de départements, dirigée par un conseil régional avec président, exerçant des pouvoirs, entre autres en matière de santé, d’enseignement (lycées et établissements d’enseignement spécialisé), de formation professionnelle, de développement économique et de transport. La région n’exerce pas de tutelle sur les départements;
le département — au nombre de 100 —, autre collectivité territoriale ayant à sa tête un conseil général et un président, exerçant des responsabilités, entre autres en matière de solidarité sociale, d’enseignement (collèges), d’aide aux entreprises, de voirie départementale et de logement. Le département n’exerce pas de tutelle sur les communes;
le préfet, représentant de l’État central au niveau du département, ayant autorité sur les services déconcentrés de l’État (pouvoir exécutif). Il n’autorise pas au préalable les actes posés par les élus locaux, mais il a le devoir de veiller après l’expérience à ce qu’ils soient conformes à la législation;
la commune — au nombre de 37 000, dont 80 % de moins de 1 000 habitants —, collectivité territoriale locale remplaçant les bourgs, villages et paroisses de l’Ancien régime, ayant à sa tête un conseil municipal et un maire, dont les responsabilités peuvent se comparer à celles de nos municipalités actuelles;
l’arrondissement et le canton ne sont pas des collectivités territoriales; le premier est une circonscription administrative supervisée par un sous-préfet, le second, une circonscription aux fins électorales.
Par là, généalogistes et chercheurs peuvent faire plus facilement la correspondance avec les villages et paroisses de l’Ancien régime; quant aux visiteurs et aux touristes québécois, ils peuvent mieux se situer face à leurs propres structures.
La langue française, un véhicule de communication entre Québécois et Français, et une de ses ressources documentaires. Pouvez-vous différencier Le Petit Larousse illustré du Petit Robert?
Dans la livraison mentionnée, la rédactrice en chef présente une entrevue avec Yves Garnier, directeur du département Petit Larousse et encyclopédies de la maison Larousse. Le Petit Larousse illustré, en l’occurrence l’édition 2007, constitue un instantané de la langue française correspondant à l’année de publication. Destiné à un large public et devant présenter une facilité de manipulation, c’est-à-dire tenir en un seul volume, il intègre les mots nouveaux, tels « barboteuse », « Télé-université », « courriel », « logiciel », tout en évacuant le vocabulaire devenu obsolète, reflétant des réalités périmées. Cet ouvrage de base se veut concret, renfermant des illustrations. Il se veut aussi pratique, évitant que l’utilisateur ait à référer à d’autres ouvrages : c’est ce qui explique son contenu encyclopédique, ajoutant au lexique des noms communs les noms propres de personnes, lieux, événements, choses. Pour Yves Garnier, Le Petit Larousse n’entre pas en concurrence avec Le Petit Robert, le second s’en tenant uniquement aux noms communs et étant destiné davantage aux professionnels de l’écrit.
Le magazine Québec-France, un outil indispensable
Pour tous ceux qui projettent une visite en France ou bien encore l’accueil de visiteurs «du pays d’en face», Le magazine Québec-France est un document d’information à garder à portée de la main.
Visitez le site Web : http://www.quebecfrance.qc.ca/
Gilles Durand