Bulletin n°36, juin 2013
Nouvelle exposition au Musée Stewart : 20 000 lieux sur la terre : Six siècles de cartographie à explorer, par le Musée Stewart
Nouvelle exposition au Musée Stewart!
20 000 LIEUX SUR LA TERRE
Six siècles de cartographie à explorer
Montréal, 26 février 2013 – Du 12 juin 2013 au 13 avril 2014, le Musée Stewart présentera l’exposition 20 000 lieux sur la Terre – Six siècles de cartographie à explorer. À découvrir : une centaine de cartes tirées de la collection du Musée Stewart. Cette collection est la plus importante, la plus cohérente et la plus complète en matière de cartographie et de cosmographie ancienne conservée par un musée privé au Québec.
À l’affiche : mappemondes, cartes continentales, cartes de pays, cartes maritimes, cartes polaires, cartes célestes et plans de villes. Une sélection d’instruments de navigation, d’astronomie, d’arpentage, de même que de globes terrestres et célestes, tous issus de la collection du Musée Stewart, complètera l’exposition. Plus de six siècles de cartographie à explorer, la période des grandes découvertes en vedette, soit du 15e au 18e siècle. Une occasion exceptionnelle de découvrir l’univers méconnu, et pourtant si riche, de la cartographie ancienne*.
L’importance de la cartographie
Le métier de cartographe, tel qu’il est apparu et s’est développé aux 16e et 17e siècles, est rapidement devenu essentiel aux activités du marin, de l’explorateur et de l’administrateur, allant de pair avec la conduite d’un vaisseau, le commandement des hommes et la gouvernance d’un territoire.
Depuis toujours, la carte signifie beaucoup plus que la simple représentation graphique d’un espace géographique. C’est pourquoi la cartographie ancienne nous permet d’accéder à un univers si passionnant, situé au carrefour de la science, de la politique et de l’esthétique.
Intégration des nouvelles technologies
Les cartes géographiques de nos jours? Elles se trouvent partout et sur une multitude de supports grâce aux nouvelles technologies : GPS en voiture, Google Maps à la maison, géolocalisation sur le téléphone intelligent. À la fin de l’exposition 20 000 lieux sur la Terre, on comprend donc un peu plus l’importance de la cartographie au quotidien. Il est aussi possible de vivre une expérience de « lecture augmentée ». À l’aide d’un écran tactile de grande dimension, les visiteurs pourront explorer une vingtaine de cartes anciennes numérisées en haute définition pour mieux apprécier le détail, la richesse, la beauté et la complexité de celles-ci, et découvrir… 20 000 lieux sur la Terre !
Informations générales
Musée Stewart
20, chemin du Tour-de-l’Isle, Parc Jean-Drapeau
www.stewart-museum.org
Renseignements généraux : 514 861-6701 Réservation de groupes : 514 861-6701, poste 227
Source : Musée Stewart
*NDLR – Par exemple des cartes des géographes français Guillaume Delisle et alii (Mappemonde à l’usage du Roy 1742), Nicolas de Fer (Carte générale de toutes les costes de France tant de la mer océane que méditerranée 1690, L’America 1700), Guillaume Danet (L’Amérique méridionale et septentrionale 1731), Jacques-Nicolas Bellin (L’isle de Montréal et ses environs 1761).
« Le 1er juillet 1867 – L’Acte de l’Amérique du Nord britannique : la fondation d’un pays en devenir » Conférence par Eugénie Brouillet, professeure à la Faculté de droit de l’Université Laval
« Le 1er juillet 1867 – L’Acte de l’Amérique du Nord britannique :
la fondation d’un pays en devenir »
Conférence par Eugénie Brouillet, professeure à la Faculté de droit de l’Université Laval
Par Gilles Durand
La sixième conférence d’une série de dix consacrées à autant de journées qui ont fait le Québec, organisée par la Fondation Lionel-Groulx en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec et MATV (anciennement Vox), a lieu le 4 décembre 2012. Pour l’occasion, la conférencière invitée, Eugénie Brouillet, professeure de droit constitutionnel et doyenne de la Faculté de droit de l’Université Laval, traite de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867 comme la constitution fondatrice d’un pays en devenir. En quel sens, la conférencière présente-t-elle le Canada comme une nouvelle entité politique en devenir?
Le projet de partage fédératif des compétences législatives résulte d’un compromis entre deux groupes nationaux différents, Canadiens français et Canadiens anglais, répartis dans les trois colonies britanniques qui y adhèrent au point de départ, le Canada-Uni – composé de deux sections, le Canada-Est et le Canada-Ouest correspondant au Québec et à l’Ontario d’aujourd’hui –, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Les préoccupations des deux groupes culturels ne sont partagées qu’en partie : si la défense et le développement économique les mobilisent pour une approche commune, ce n’est pas le cas des matières liées à leur identité particulière. À l’époque, les Canadiens français ne sont majoritaires que dans la section est du Canada-Uni, le Québec actuel marqué par l’héritage de Champlain et de ses descendants.
Sous la période de l’Union, se crée l’habitude du compromis pour permettre à chacun des deux groupes nationaux de pouvoir décider et de s’administrer lui-même. Sur les matières reliées aux préoccupations identitaires, les représentants de chacune des deux sections, Canada-Est et Canada-Ouest, s’entendent pour que les décisions soient prises à la double majorité, celle des députés de la section d’abord, ensuite celle de l’ensemble des membres du Parlement du Canada-Uni. De plus, au cours des années 1850, l’idée d’une fédération commence à s’imposer dans les milieux politiques, projet auquel le médecin canadien-français et fondateur du Courrier du Canada, Jean-Charles Taché, donne forme en 1858. De leur côté, les provinces atlantiques sentent aussi de plus en plus le besoin d’un rapprochement plus étroit, entre autres en matière de commerce et de défense. Il n’en faut pas plus pour que les hommes politiques du Canada-Uni profitent du contexte favorable et s’inspirent du projet mis sur papier par Taché, pour faire adopter l’Acte de 1867.
Comme tous les régimes fédératifs, le système canadien est soumis à des tensions continuelles découlant de préoccupations communes et spécifiques aux entités fédérées, dans ce dernier cas celle de pouvoir se développer et s’épanouir comme groupe distinct selon sa culture propre. Cette forme de gouvernement n’est pas une structure statique, figée dans le temps une fois pour toute. La question du devenir du Canada continue toujours de se poser. Pour connaître le point de vue de la conférencière, les intéressés sont invités à consulter le texte de la communication, accessible en ligne sur le site de la Fondation Lionel-Groulx
Colloque international sur l’Acte de Québec de 1774 Contextes transnationaux, interprétations et héritages Montréal, Grande Bibliothèque de BAnQ 3 au 5 octobre 2013
Colloque international sur l’Acte de Québec de 1774
Contextes transnationaux, interprétations et héritages Montréal,
Grande Bibliothèque de BAnQ
3 au 5 octobre 2013
Les organisateurs du colloque, Omohundro Institute of Early American History and Culture et le Groupe d’histoire de l’Atlantique français en partenariat avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), annoncent la tenue d’un colloque portant sur l’Acte de Québec de 1774 dans ses multiples dimensions.
Un acte intolérable
Inscrit dans la mémoire historique états-unienne comme étant l’un des « Actes intolérables » qui déclenchèrent la Révolution américaine, l’Acte de Québec scandalisa les colons britanniques de l’Amérique du Nord pour deux raisons. En premier lieu, la nouvelle constitution concédait aux Canadiens, sujets catholiques, certaines libertés civiles. Plus choquant encore, elle annexait la vallée de l’Ohio à la nouvelle Province of Quebec. Les Canadiens, récents ennemis défaits dans un conflit long et éprouvant, semblaient ainsi regagner un accès privilégié à un territoire pour le contrôle duquel les colons anglo-américains venaient de consentir d’importants sacrifices.
Une solution pragmatique à la question de l’administration de la province de Québec
Aux yeux des autorités coloniales du Canada, l’Acte de Québec apparaissait comme une solution pragmatique à la question de l’administration de la province de Québec. Malgré les vives protestations de quelques marchands anglophones, il était évident qu’un gouvernement britannique du Canada, s’il voulait se perpétuer, devait pouvoir compter sur l’appui des élites francophones en place. La nouvelle constitution organisait cette alliance et, de ce point de vue, l’Acte de Québec se révèle avant tout comme le produit d’un contexte local : ce fut le premier des nombreux compromis, toujours instables, qui permirent à une population franco-catholique de se développer à l’intérieur d’institutions britanniques. Il s’agit également de la première grande occasion de voir se manifester, au sein de la société coloniale, les tensions religieuses, sociales, ethniques et politiques qui définiront l’histoire du Québec dans les décennies qui suivront.
Une innovation considérable
Dans le cadre politique plus large du monde britannique, l’Acte de Québec représentait une innovation considérable : jamais encore une population catholique d’importance n’avait reçu une telle marque de reconnaissance officielle dans un empire qui se considérait comme protestant. Les catholiques du Royaume-Uni devront du reste attendre plus d’un demi-siècle avant de gagner leur émancipation. Quant aux catholiques irlandais, ils ne l’obtinrent jamais entièrement. Même s’il convient sans doute de signaler certaines limites imposées par l’Acte de Québec à la pleine égalité, est-il possible de l’analyser comme un élément fondateur de l’idéologie impériale britannique du XIXe siècle? Doit-il être envisagé comme la préfiguration d’un empire qui se penserait multiethnique et universel plutôt que protestant et anglo-saxon?
Des perspectives encourageantes pour les nations autochtones
A priori, l’Acte de Québec offrait aux nations autochtones des perspectives encourageantes, car il témoignait d’une volonté de la Couronne de défendre la vallée de l’Ohio et ses occupants contre la poussée de colons blancs venus des colonies atlantiques. Certaines mesures, en particulier celle qui consistait à placer la vallée de l’Ohio sous la gouverne des autorités impériales basées à Québec plutôt que d’en confier l’administration à des gouvernements coloniaux particuliers, visaient à renforcer les liens commerciaux et culturels entre les autochtones de l’Ohio et les marchands du Saint-Laurent. L’Acte de Québec offrait ainsi aux autochtones des atouts bien réels qui se prolongeront après la guerre de l’Indépendance américaine, dans le soutien des autorités impériales aux nations de l’Ohio et des Grands Lacs. L’Acte de Québec témoigne ainsi d’une politique amérindienne qui mérite l’attention des chercheurs, même si les moyens déployés par l’Empire britannique afin de soutenir ses alliés autochtones se révélèrent insuffisants pour contrer l’expansion américaine.
Un événement structurant pour l’avenir des populations concernées
Sous ces aspects et beaucoup d’autres encore, l’Acte de Québec apparaît comme un événement structurant pour l’avenir des populations concernées. L’objectif essentiel de ce colloque est de revisiter l’Acte de Québec par une approche d’histoires croisées, en l’examinant à l’aune des contextes transnationaux qui l’expliquent, des interprétations diverses qu’il a pu susciter par le passé et de ses conséquences à court, moyen et long terme.
Pour en savoir davantage, consulter la source de l’information : Site Web de BAnQ
Jeanne Mance, Paul de Chomedey de Maisonneuve et Jacques Viger inscrits dans la mémoire collective
Jeanne Mance, Paul de Chomedey de Maisonneuve et
Jacques Viger
inscrits dans la mémoire collective
Par Gilles Durand
Collaboration : Claude Jean
De gauche à droite: Mario Robert, chef de la section des Archives de Montréal, Laurent Blanchard, président du Comité exécutif de la Ville de Montréal et Maka Kotto, ministre de la Culture et des Communications du QuébecCrédit : Ville de Montréal |
Le 17 mai 1642, Jeanne Mance et Paul de Chomedey de Maisonneuve jettent les bases de la future métropole à l’endroit connu aujourd’hui sous le nom de Pointe-à-Callière. Ils jouent un rôle crucial pour son développement futur. Le 17 mai 2013, jour anniversaire, le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, et le président du Comité exécutif de la Ville de Montréal, Laurent Blanchard, rappellent l’importance de cet événement.
Pour l’occasion, conformément à la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel, le ministre Kotto désigne Jeanne Mance et de Maisonneuve à titre de personnages historiques. « Documenter notre histoire est un geste de reconnaissance responsable qui s’inscrit dans une perspective de continuité. Je profite donc de l’anniversaire de la fondation de Montréal pour désigner les personnages emblématiques de la fondation de la ville, soit Jeanne Mance et Paul de Chomedey de Maisonneuve. Par leurs actions, ils ont contribué à l’essor de la ville de Montréal et de toute la nation québécoise », a déclaré le ministre Kotto.
L’année 2013 marque aussi le 100e anniversaire de la création des Archives de la Ville de Montréal, mises sur pied en 1913. Pour souligner cet événement, le ministre annonce son intention de classer des documents manuscrits de Jacques Viger, premier maire de Montréal (1833-1836) et mémorialiste important. De son côté, le président du Comité exécutif rappelle que « Ces archives, ce sont nos mémoires vives qui nous permettent de refaire le chemin parcouru de l’histoire de Montréal. Sans archives, on n’a pas de trace ou de balise pour nous guider vers l’avenir. » Il informe aussi de la mise en ligne de 100 000 pages de documents numérisées sur le site internet des Archives.
Le Fichier Origine fête ses 15 ans
Le Fichier Origine fête ses 15 ans
Par Marcel Fournier
Québec, le 15 avril 2013 – La version 42 du Fichier Origine marque le 15e anniversaire de sa création. Depuis 1998, les responsables du projet offrent aux historiens et aux généalogistes du Canada, d’Europe et des États-Unis une formidable base de données sur les pionniers de la Nouvelle-France et du Québec ancien. Grâce au soutien de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie et au partenariat avec la Fédération française de généalogie, le Fichier Origine est toujours disponible gratuitement dans Internet. Avec ses 5 700 fiches, regroupant quelque 150 000 informations nominatives, le Fichier Origine est aujourd’hui considéré comme la plus importante base de données sur les origines familiales des émigrants français et étrangers du Québec ancien.
La version 42 compte 66 nouvelles fiches dont 41 actes de baptême de pionniers et pionnières dont plusieurs sont originaires des départements de la Manche, de la Dordogne, du Cantal et de la Haute-Loire. Plus de 148 fiches ont été modifiées pour ajouter des dates de naissance ou le mariage des parents des pionniers. En raison d’un problème technique, la présente version ne comprend pas de nouveaux actes de baptême numérisés Les quelque 100 actes que nous avons en archives seront progressivement mis sur le site du Fichier Origine d’ici l’été prochain.
Le coordonnateur du Fichier Origine a participé au congrès de la Fédération Histoire-Québec à Saguenay le samedi 18 mai 2013 et au congrès de la Fédération française de généalogie à Marseille, les 31 mai, 1er et 2 juin 2013. Le Fichier Origine contribue aussi à une meilleure connaissance des Filles du Roy à l’occasion du 375e anniversaire de l’arrivée en Nouvelle-France du premier contingent en 1663. Le Fichier Origine comprend des informations sur 221 Filles du Roy dont 16 arrivées de La Rochelle en 1663.
Le Fichier Origine s’inscrit dans le cadre d’une entente de coopération, signée en mars 1998, renouvelée en mai 2010 entre la Fédération québécoise des sociétés de généalogie et la Fédération française de généalogie. Le projet est financé par la Fédération québécoise des sociétés de généalogie qui reçoit une aide financière du ministère de la Culture et des Communications du Québec ainsi que des commandites de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, des Éditions du Septentrion, du Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal (PRDH) et de l’Institut généalogique Drouin. Le Fichier Origine est accessible gratuitement dans Internet depuis 1998 à l’adresse suivante : http://www.fichierorigine.com/
Consulter une vitrine accrocheuse en France pour le Fichier Origine
Source: Marcel Fournier
Coordonnateur du Fichier Origine
Téléphone et télécopie : 450 647-1240
Courriel : marcel.fournier@sympatico.ca
Dévoilement d’une Rue du Québec à Tourouvre
Dévoilement d’une Rue du Québec à Tourouvre
Le maire de la commune de Tourouvre, Guy Monhé, et le délégué général du Québec à Paris, Michel Robitaille. |
Le délégué général du Québec à Paris, Michel Robitaille, a été accueilli à Tourouvre par le maire, président de la Communauté de communes du Haut Perche et vice-président du Conseil général de l’Orne, Guy Monhée, samedi 6 avril 2013, pour le dévoilement d’une plaque inaugurant la Rue du Québec, en compagnie de nombreux élus de l’Orne et des communes voisines.
Cette journée a également été l’occasion pour le délégué général de rencontrer des descendants de la famille de l’ancêtre Jean Trudel Tisserand, unique source des descendants Trudel (le) au Québec.
Tourouvre fut, avec Mortagne-au-Perche, Saint-Cosme-en-Vairais et une trentaine d’autres paroisses de la province du Perche, l’un des premiers et des plus actifs foyers d’émigration, au XVIIe siècle, à peupler le Québec et les rives du fleuve Saint-Laurent. Dans l’état actuel des recherches, il semblerait qu’environ 250 personnes auraient quitté la petite province du Perche pour s’établir en Nouvelle-France à partir de 1634. Le nombre des descendants directs de ces pionniers est évalué aujourd’hui à plus d’un million et demi d’individus, sans compter l’important essaimage à travers l’Amérique du Nord. C’est de cette région que proviennent les patronymes les plus populaires comme : Gagnon, Mercier, Pelletier, Bouchard, Tremblay.
Devant la Mairie de la commune de Tourouvre où flottent les drapeaux québécois et français. |
De ces premiers colons français, il faut mentionner des personnages marquants de l’histoire du Québec, tel que Robert Giffard, considéré comme un pionnier de la médecine en Nouvelle-France et le fondateur de la ville de Beauport, ainsi que Marie-Madeleine de La Peltrie, qui consacra sa vie et sa fortune à l’œuvre de mère Marie de l’Incarnation et qui fonda le couvant des Ursulines.
La commune de Tourouvre abrite depuis 2006 les Muséales qui accueillent le Musée de l’Émigration française au Canada, lieu dédié à l’histoire de l’émigration du Perche en Nouvelle-France, que plusieurs amateurs québécois de généalogie et d’histoire ont élu comme endroit de pèlerinage en France, ainsi que le Musée du commerce et des marques, qui accueille différentes expositions temporaires
Source :
Ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur
Collaboration : Josée-Anne Labrie
Les cimetières catholiques euroquébécois et leur évolution : Saint-Augustin-de-Desmaures à titre d’exemple
Les cimetières catholiques euroquébécois et leur évolution :
Saint-Augustin-de-Desmaures à titre d’exemple
dans le cadre d’une activité de la Société d’histoire de Saint-Augustin-de-Desmaures,
« Visiter un cimetière, ça ne fait pas mourir… »
Par Caroline Arpin,
archéologue spécialisée dans l’analyse des restes humains
Les cimetières euroquébécois sont les témoins de nos croyances, de nos rituels, mais surtout de notre perception et de notre rapport avec la mort. Dans un premier temps, nous présentons brièvement les différentes époques d’aménagement des cimetières euroquébécois catholiques et, dans un deuxième temps, leur évolution, de la fondation de la paroisse de Saint-Augustin à la fin du XVIIe siècle à l’actuelle ville de Saint-Augustin-de-Desmaures.
Du cimetière anonyme au cimetière discret
Rares sont aujourd’hui les témoins des premiers cimetières de l’époque de la Nouvelle-France. Ces premiers cimetières, de type paroissial, étaient involontairement voués à rapidement disparaître à cause des matériaux utilisés. Les cimetières de cette période, s’étalant grossièrement entre le XVIIe siècle et la moitié du XIXe siècle, sont ceinturés d’une clôture de bois ou d’un muret. La présence des défunts est soulignée par des croix de bois souvent sans inscription, qui sont disposées dans le plus grand fatras, au hasard des décès et sans réelle distinction entre les individus. Le cimetière est alors un espace anonyme contenant majoritairement des fosses communes et comprenant un secteur béni et un secteur profane. Ce dernier était réservé aux exclus, notamment les excommuniés, les hérétiques, les gens d’autres religions, les suicidés, les enfants non baptisés et les gens de mauvaises mœurs.
Un peu plus tard, une pratique particulière provenant de l’Europe traverse l’Atlantique : les inhumations de type « ad sanctos » c’est-à-dire sous l’église. Les membres du clergé, les nobles, les seigneurs et les membres de leur famille, les plus fortunés pouvant payer pour y être inhumés, et ceux qui ont rendu des services à l’église ou au curé bénéficient de ce type d’inhumation qui devait rapprocher les défunts du paradis. Cette pratique va perdurer jusqu’à la fin du XIXe siècle, voir même dans certains cas jusqu’au début du XXe siècle.
Au cours du XIXe siècle, une forte mortalité engendrée par une hausse démographique – plus il y a de naissances, plus il y a de décès – et par de nombreuses épidémies provoquera des problèmes d’espace dans les cimetières et forcera les autorités à repenser leur aménagement. En parallèle, les premiers signes de l’individualisation de la mort apparaissent dans les cimetières avec les premières concessions de lots et les grands monuments.
Le manque d’espace dans les cimetières au XIXe siècle oblige des agrandissements horizontal et vertical. En annexant des lots voisins pour le premier et en ajoutant de la terre au cimetière pour le second. Cette seconde option favorisera la surexploitation du cimetière. Les odeurs qui s’en dégageront ainsi que les eaux usées qui s’en échapperont provoqueront une prise de conscience sanitaire et, ensuite, la fermeture (voir le déplacement) de certains cimetières. Les autorités ordonnent que les cimetières soient dorénavant aménagés à l’extérieur des limites de la ville afin d’éviter le côtoiement des morts et des vivants. À l’extérieur des limites de la ville, l’espace disponible est vaste, les monuments peuvent être plus imposants et les sépultures deviennent individuelles.
Cette époque décrite comme celle des cimetières jardin, s’étalant de la moitié du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, se caractérise par des aménagements paysagers et des allées. Les monuments plus imposants, s’élevant vers le paradis, sont fabriqués en matériaux durables et présentent des formes variées ainsi que des textes de plus en plus élaborés sur le défunt et sa famille, mettant l’accent sur le statut social. On voit apparaître les caveaux familiaux et les mausolées. Avec cette individualisation de la mort, on se retrouve complètement à l’opposé de ce qu’était le cimetière anonyme du début de la colonie, le champ des morts. Des sommes importantes sont investies pour le souvenir de l’être cher. Et qui dit sommes importantes, dit commercialisation des cimetières.
Au cours du XXe siècle, cette commercialisation s’impose et est favorisée par le désintéressement des gens envers l’Église, les cimetières catholiques et le lieu de sépulture de leurs ancêtres. Les monuments redeviennent moins imposants. Leur particularité repose maintenant non pas sur leur hauteur, mais sur leurs formes, couleurs, symboles et images. Au chapitre de la pierre tombale, les possibilités sont maintenant pratiquement infinies. Également, l’arrivée de la crémation a obligé les cimetières à s’adapter. Des secteurs pour les urnes et des columbariums côtoient maintenant les pierres tombales « conventionnelles ». Dans ce même mouvement, des parcs commémoratifs se développent au Québec. Tournés vers la beauté du lieu et de la nature, ces parcs accueillent des columbariums ainsi que des plaques au sol. Le cimetière n’a jamais été aussi discret.
Les cimetières de Saint-Augustin-de-Desmaures
Les premiers cimetières de la paroisse de Saint-Augustin étaient aménagés sur le bord du fleuve. D’abord sur la terre d’Ambroise Tinon Desroches (aujourd’hui la terre de la famille Racette) où une chapelle en bois servait au culte entre 1694 et 1713. Ensuite, à l’Anse-à-Maheu lorsque la vie religieuse s’y est déplacée (chapelle, église et presbytère) entre 1713 et 1816. Nous ne possédons pas de description de ces cimetières, mais les informations historiques nous portent à croire qu’il s’agirait de cimetières paroissiaux comme d’autres de la même époque en Nouvelle-France : cimetières entourés d’une clôture de bois, abritant des croix de bois anonymes. À noter qu’il y a eu trois religieux et un laïc inhumés sous l’église de l’Anse-à-Maheu entre 1748 et 1809.
Photo : Originale au Royal Ontario MuseumFigure 1: Aquarelle de Cockburn (vers 1830) montrant les ruines de l’église de l’Anse-à-Maheu, au pied de la côte Gagnon, fermée au culte en 1816. La clôture ceinturant l’église rappelle la présence d’un cimetière. |
À la suite des problèmes reliés à la localisation de l’église à proximité du fleuve et le développement de la paroisse dans les terres, une nouvelle église est ouverte au culte en 1816 sur le rang 2, aujourd’hui la route 138. Cette église, toujours utilisée aujourd’hui, et son cimetière (voir figure 2) sont les témoins des pratiques d’inhumations courantes depuis le XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui.
Photo : SHSAD
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Non seulement y a-t-il eu plusieurs inhumations « ad sanctos » (sept religieux entre 1856 et 1914 et 95 laïcs entre 1820 et 1874 – voir figure 3), mais le cimetière en pourtour de l’église présente une grande variété, allant des monuments modestes aux grands monuments typiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, en passant par un secteur pour les cendres déposées dans une urne. Par contre, cet aspect actuel du cimetière n’est pas celui des premières années, alors qu’il y avait autrefois un secteur pour les enfants, des secteurs de fosses communes et un secteur pour les enfants non baptisés notamment. Un fait intéressant à noter est que plusieurs ossements provenant du cimetière de l’Anse-à-Maheu et rapportés par les paroissiens en 1857 se retrouvent aujourd’hui dans ce cimetière (voir figure 4).
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Photo : SHSADFigure 3: Mémorial à l’intérieur de l’église,
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Photo : SHSADFigure 4: Mémorial dévoilé en novembre 2012. Il y est écrit:“« Saint-Augustin-de-Desmaures se souvient. À la mémoire des habitants de la seigneurie de Demaure décédés entre la fondation de la paroisse sur le bord du fleuve Saint-Laurent, dans les années 1690, et l’ouverture en 1816 du cimetière actuel. Le cimetière de l’Anse-à-Maheu a été définitivement fermé à la suite de la translation des ossements, le 27 juillet 1857, dans une fosse commune située sous cet emplacement. » |
En 1966, alors que ce cimetière se remplit et qu’il n’y a plus de possibilité de l’agrandir, un autre secteur est ouvert un peu en retrait de l’église (voir figure 5). Ce cimetière présente une grande uniformité avec ses pierres tombales semblables en hauteur et en forme, mais présentant une certaine variété de couleur et d’image. Il s’agit d’un exemple parfait de cimetière catholique placé en retrait de l’église moderne, où peu de grands monuments se démarquent.
Au chapitre des retraits de l’église, il existe un dernier cimetière sur le territoire appartenant à une entreprise privée. Le cimetière Jardins Québec a été inauguré en 1973 (voir figure 6). Il s’agit d’un parc commémoratif privé situé sur la route 138, à environ deux kilomètres à l’ouest de l’église actuelle. Ce cimetière offre des services personnalisés de type « clé en main » avec une chapelle d’accueil, des columbariums vitrés, un crématorium, des niches sous et hors terre. L’accent est mis sur la beauté du paysage et non sur le cimetière dont on voit à peine quelques fleurs et des columbariums discrets.
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Photo : Caroline Arpin
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Photo : Caroline Arpin
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NDLR – Voir aussi un texte de Bertrand Juneau, « Saint-Augustin-de-Desmaures se souvient… Dévoilement de deux mémoriaux rappelant un patrimoine qui remonte au 17e siècle » dans Mémoires vives, n° 35, décembre 2012
Les archives des francophones en Amérique du Nord : mise en réseau et numérisation
Les archives des francophones en Amérique du Nord :
mise en réseau et numérisation
Par Gilles Durand
Mettre en réseau, identifier, localiser
La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) a donné à un comité le mandat de regrouper les services d’archives qui conservent des documents sur le fait français des deux côtés de l’Atlantique. Elle assure aussi une résidence virtuelle au Réseau constitué en vue de le faire connaître aux chercheurs et à la population. « Le Réseau présente, à toutes personnes qui s’intéressent aux francophonies nord-américaines de 1604 à nos jours, des pistes pour repérer les documents d’archives qui témoignent des activités des populations de langue française en Amérique du Nord. Au cours des quatre derniers siècles, des Français, des Acadiens, des Canadiens français, des Métis et d’autres immigrants francophones ont laissé des traces documentaires recouvrant des réalités multiformes et des identités culturelles en évolution tant au Canada qu’aux États-Unis… Une de nos visées est d’identifier et rassembler des centres d’archives d’Amérique du Nord, qui conservent et qui rendent accessibles des archives témoignant de cette présence francophone… » souligne Hélène Cadieux, présidente du Comité archives de la CFQLMC. Source : CFQLMC, Comité archives
Numériser
En une ère de mondialisation, les francophones ont besoin d’ancrage. Il faut assurer « une place au passé dans le culte de l’instant présent… [si on ne veut pas] finir par se retrouver dans le vide ». Les représentants d’institutions, assurant la mise en valeur de documents relatifs aux faits et gestes des francophones, se sont réunis à la Grande Bibliothèque le 17 septembre 2012 pour jeter les bases d’un projet de numérisation des archives coloniales en Amérique du Nord. « Le projet, créé à l’initiative de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et de l’Université Harvard, qui en est l’animatrice, vise la mise en commun des fonds archivistiques de grandes institutions de la côte Est grâce à la numérisation. Les représentants ont étudié des lignes directrices définissant les objectifs et les modalités du projet, de même que différents modèles technologiques qui permettront d’atteindre les objectifs poursuivis. »
Fonder un monde meilleur en Nouvelle-France : Marc Lescarbot (vers 1570-1641)
Fonder un monde meilleur en Nouvelle-France :
Marc Lescarbot
(vers 1570-1641)
Par Éric Thierry
Très marqué par les guerres de Religion, Marc Lescarbot est un Thiérachien devenu avocat au parlement de Paris qui est parti, en 1606, outre-Atlantique pour fonder un monde meilleur. Il a participé à la naissance de l’Acadie, mais n’a pu y rester qu’un an. De retour en France, il est devenu un habile propagandiste de la colonisation française de l’Amérique du Nord.
Face aux malheurs de la guerre
Né à Vervins vers 1570 dans une famille de petits notables, Marc Lescarbot a tout d’abord fréquenté le collège de sa ville natale. Puis, recommandé par l’évêque de Laon, il a été admis comme boursier dans l’établissement secondaire possédé par la cité laonnoise à Paris depuis 1314. Là, il a acquis de solides connaissances grammaticales et a pu étudier la rhétorique.
En 1585, Marc Lescarbot a entrepris des études juridiques dans la Faculté de droit de la capitale. Dès l’obtention de sa licence en 1587, il est rentré à Vervins. C’est en Thiérache qu’il a appris la fuite d’Henri III hors de Paris lors de la journée des Barricades le 12 mai 1588, ainsi que l’exécution du duc de Guise sur ordre du roi à Blois le 23 décembre suivant.
Profondément choqués par le meurtre du chef de la Ligue, les Vervinois, comme la plupart des habitants du diocèse de Laon, se sont ralliés à celle-ci, mais ils n’ont pas tardé à connaître les malheurs de la guerre civile. Vervins a été pris par les partisans du roi en janvier 1590, par les ligueurs en août 1591 et par Henri IV en personne en octobre de la même année. La petite ville a connu la ruine et la désolation.
Comme ses concitoyens, Marc Lescarbot s’est réjoui de voir revenir, à la fin du printemps ou au début de l’été 1592, son coseigneur Guillemette de Coucy. Cette jeune femme particulièrement énergique a su négocier une trêve faisant de Vervins une cité neutre. L’espoir qu’elle a suscité chez les habitants a été lyriquement exprimé par Marc Lescarbot dans sa première œuvre connue, un poème épique intitulé A Madame de Coucy. Sur la Tréve par elle traitée.
C’est toutefois seulement après la reddition de Paris à Henri IV devenu catholique que notre jeune Vervinois a pu envisager de poursuivre ses études juridiques. Être licencié à la fois en droit canon et en droit romain était une nécessité pour quiconque rêvait de réussite sociale par un passage dans le monde de la Justice. Il est parti à Toulouse, probablement dès l’été 1594, et y a séjourné jusqu’à l’obtention de la licence convoitée, vraisemblablement en 1597.
Dès son retour en Thiérache, Marc Lescarbot a été confronté aux souffrances endurées par les habitants de Vervins depuis la prise de la citadelle voisine de La Capelle par les Espagnols le 12 mai 1594. Les Vervinois avaient pu résister à l’assaut du 4 décembre 1594 en négociant une nouvelle neutralité, mais ils se lamentaient sur l’insécurité qui régnait dans le plat pays : ne recevant pas de solde à cause de la pénurie du trésor de Philippe II, les soldats de celui-ci menaient des raids incessants pour rançonner les audacieux qui sortaient hors des remparts.
Les espoirs déçus
Le sauveur des Vervinois a été cette fois-ci le légat Alexandre de Médicis, envoyé par le pape Clément VIII pour mettre fin à la guerre sévissant officiellement entre la France et l’Espagne depuis le 17 janvier 1595. Les deux parties avaient choisi la petite ville de Thiérache pour la réunion de leur congrès, en raison de sa neutralité et de l’énergie de Guillemette de Coucy qui la rendait capable de recevoir dignement les négociateurs. Commencées le 9 février 1598, les discussions ont abouti à la signature du traité de Vervins le 2 mai 1598.
Marc Lescarbot a été choisi à deux reprises par ses concitoyens pour haranguer en latin le légat Alexandre de Médicis. Il l’a fait le 14 mai 1598 pour le remercier d’avoir offert le remplacement des vitres de l’église, ainsi que divers ornements pour celle-ci, et le 31, pour rendre hommage à son rôle décisif dans le retour de la paix en France. La conclusion du traité franco-espagnol lui apparaissait comme une victoire de Dieu et de l’Église catholique. Il y voyait le début d’une restauration de l’unité de la Chrétienté qui avait volé en éclats avec l’essor du protestantisme.
Devenu avocat au parlement de Paris grâce aux relations de Guillemette de Coucy, Marc Lescarbot a utilisé son temps libre pour traduire des œuvres latines de grands artisans de la Contre-Réforme. Sa première traduction, publiée en 1599, a été celle de la relation écrite par le cardinal Baronius des soumissions des Coptes et des Ruthènes au pape Clément VIII en 1595. Notre Vervinois y a dit espérer voir bientôt les protestants faire de même, une fois éclairés sur leurs erreurs, et pour hâter leur retour dans le giron de l’Église de Rome, il a encouragé la formation d’un clergé digne de sa mission pastorale, en traduisant en 1600 La Guide des Curez et Instructions des Pasteurs de saint Charles Borromée.
Grande a été cependant sa déception face à l’inertie du clergé et à la poursuite de la coexistence des protestants et des catholiques dans la France de l’édit de Nantes voulu par Henri IV À cela se sont ajoutées ses frustrations d’avocat. Devant se contenter de petites causes et obligé de loger à bon compte au collège de Laon à Paris, moyennant la défense des intérêts de l’établissement, Marc Lescarbot a été confronté à l’avilissement de son métier. Celui-ci était dû au durcissement de la hiérarchie interne du Palais provoqué par le repliement des familles de Grande Robe sur les offices de magistrats devenus héréditaires par le mécanisme de la vénalité des charges.
Déprimé, et en difficulté avec Geoffroy de Billy, nouvel évêque de Laon, il a accepté la proposition que lui a faite, en mars 1606, Jean de Poutrincourt de l’accompagner en Amérique du Nord. Ce seigneur du Vimeu venait d’être chargé par Pierre Dugua de Mons, lieutenant général en la Nouvelle-France, d’aller prendre le commandement de la colonie du port Royal créée en 1605 en Acadie. Il avait besoin d’un lettré capable de servir de mémorialiste à son expédition. Aussi avait-il pensé à Lescarbot qu’il avait connu en Picardie avant 1604, lors de séjours de l’avocat chez un ami commun.
Une année en Acadie
Le 13 mai 1606, leur bateau est parti de La Rochelle et, le 30 juillet, il est arrivé à Port-Royal. Lescarbot s’est vite enthousiasmé pour la beauté du lieu : “Ceditport est environné de montagnes du côté du Nord. Vers le Sud, ce sont des coteaux, lesquels (avec lesdites montagnes) versent mille ruisseaux qui rendent le lieu agréable plus que nul autre du monde […}. A l’Est est une rivière entre lesdits coteaux et montagnes, dans laquelle les navires peuvent faire voile jusqu’à quinze lieues ou plus, et durant cet espace, ce ne sont que des prairies de part et d’autre de ladite rivière […] Il ya deux îles dedans fort belles et agréables” 1.
En jardinant, en péchant et en chassant, il s’est aussi enthousiasmé pour la fertilité du sol, la diversité de la flore et l’abondance de la faune. L’ingénieux castor l’a laissé admiratif et l’imposant orignal l’a vivement impressionné : “C’est un animal le plus haut qui soit après le dromadaire et le chameau, car il est plus haut que le cheval, il a le poil ordinairement grison, et quelquefois fauve, long quasi comme les doigts de la main. Sa tête est fort longue et a un ordre presque infini de dents. Il porte son bois double comme le cerf, mais large comme une planche, et long de trois pieds, garni de cornichons d’un côté de sa longueur et au-dessus. Le pied en est fourchu comme celui du cerf, mais beaucoup plus plantureux.” 2
Lescarbot a aussi côtoyé les indigènes micmacs. Il a noté leurs chants, recueilli leurs réflexions et observé leur vie quotidienne. Parfois même, il n’a pas hésité à vivre avec eux. Ainsi, durant l’hiver 1606-1607, il en a suivi certains pour récupérer la viande d’un orignal tué “sur le bord d’un grand ruisseau à environ deux lieues et demie dans les terres”, et là, ses compagnons et lui ont passé une très agréable soirée : “Nous y fîmes la tabagie [festin] fort voluptueuse avec cette venaison si tendre qu’il ne se peut rien dire de plus, et après le rôti, nous eûmes du bouilli et du potage abondamment apprêtés en un instant par un Sauvage qui façonna avec sa hache un bac, ou auge, d’un tronc d’arbre, dans lequel il fit bouillir sa chair.” 3
Conscient que l’Acadie était une terre nouvelle ayant un avenir, qu’elle n’était pas encore un nouveau jardin d’Éden, mais qu’elle pouvait le devenir, Lescarbot a veillé au règne de l’harmonie dans la colonie du port Royal. Faute de prêtre, il s’est occupé de l’instruction religieuse des colons : “Ayant été prié par le sieur de Poutrincourt, notre chef, de donner quelques heures de mon industrie à enseigner chrétiennement notre petit peuple, pour ne pas vivre en bêtes, et pour donner exemple de notre façon de vivre aux Sauvages, je l’ai fait en la nécessité, et en étant requis, chaque dimanche, et quelquefois extraordinairement, presque tout le temps que nous y avons été.” 4 Pendant un voyage de reconnaissance de Poutrincourt, il l’a même remplacé comme chef de poste.
Son Théâtre de Neptune, la première œuvre théâtrale composée et représentée en Amérique du Nord, a été le moment fort de la réception qu’il a offerte, à la manière d’une entrée royale, pour le retour de l’hardi explorateur le 14 novembre 1606. Comme des magistrats municipaux allant au-devant du souverain hors des murs de leur ville, des colons déguisés en Neptune, en Tritons et en Sauvages sont venus sur l’eau pour saluer et haranguer Poutrincourt, afin de l’assurer de leur loyauté. Puis a été reproduit, avec des chants, de la trompette et des coups de canons, le défilé du roi et des édiles s’acheminant sous les acclamations de la foule vers la cathédrale, ou l’église principale du lieu, pour un Te Deum suivi par un grand banquet, et c’est Marc Lescarbot en personne qui a accueilli tout le monde à l’entrée de l’habitation, en demandant “qu’avant boire chacun hautement éternue/Afin de décharger toutes froides humeurs.” 5
Il a aussi participé, avec Samuel de Champlain, à la création de l’ordre de Bon-Temps destiné à maintenir la cohésion de l’état-major de la colonie et à le préserver du scorbut en lui assurant une bonne nourriture. À tour de rôle, c’est-à-dire un jour sur quinze, un des hommes qui mangeaient à la table de Poutrincourt devait chasser et pêcher pour nourrir les autres. Puis, lors du repas du soir, le maître d’hôtel du moment arrivait suivi des autres membres de l’ordre portant chacun un plat et, après le dessert, il remettait à son successeur l’insigne de sa charge, un collier, avant de trinquer avec lui.
Le 24 mai 1607, une mauvaise nouvelle est parvenue aux colons : en raison de la rupture de la société constituée par Dugua de Mons pour financer la colonie grâce à l’exploitation du monopole de la traite des fourrures accordé par Henri IV en 1603, tous devaient rentrer en France. Ils ont débarqué à Roscoff le 28 septembre. Après une visite du Mont-Saint-Michel, Marc Lescarbot a pris le chemin de Paris et n’a pas tardé à reprendre ses activités d’avocat au Parlement.
L’historien de la Nouvelle-France
Photo de la page de titre de l’Histoire de la Nouvelle-France de Marc Lescarbot |
II n’a pas pour autant cessé ses amicales relations avec les colonisateurs acadiens. Pour inciter le roi à les soutenir énergiquement, il s’est résolu à faire apprécier leurs efforts en rédigeant, pendant les vacances judiciaires de 1608, une Histoire de la Nouvelle-France. Il a voulu montrer que les Français avaient autant de droits à la possession des pays d’outre-mer que les Espagnols et les Portugais, d’où son rappel des tentatives de colonisation faites au nom du roi de France en Amérique au XVIe siècle. Il a ensuite tenu à prouver que Dugua de Mons et Poutrincourt ne commettaient pas les erreurs de leurs prédécesseurs et qu’ils avaient donc les qualités nécessaires pour réussir. Enfin, il s’est efforcé de persuader les éventuels immigrants français que la fertilité de la Nouvelle-France pouvait leur apporter le bonheur.
L’Histoire de la Nouvelle-France, avec en annexe un recueil de poèmes intitulé Les Muses de la Nouvelle-France, est parue en 1609. Elle a eu du succès grâce au mélange de souvenirs personnels et de comptes rendus de lectures faits par son auteur avec beaucoup de bonne humeur, mais elle n’a pas influencé la politique royale : le monopole de Dugua de Mons a été définitivement révoqué par Henri IV quelques mois plus tard. Marc Lescarbot ne s’est pas découragé et le retour de Poutrincourt à Port-Royal lui a donné l’occasion de continuer à se battre la plume à la main.
L’un des motifs de la révocation du monopole de Dugua de Mons étant son incapacité à convertir des indigènes, Poutrincourt a pensé pouvoir en obtenir un pour lui-même en baptisant beaucoup de Micmacs. Dès son arrivée à Port-Royal, le 17 juin 1610, il est parti en chercher, mais n’a pu réunir que les vingt et un membres de la famille du chef Membertou. Le 24, le prêtre Jessé Fléché les a tous baptisés et deux semaines plus tard, Poutrincourt a renvoyé son fils en France pour annoncer la nouvelle.
Au secours de Poutrincourt
Marc Lescarbot a rencontré le jeune messager, Charles de Biencourt, à la fin d’août ou au début de septembre 1610. Il s’est aussitôt mis à rédiger un mémoire dans lequel il a suggéré à Marie de Médicis de soutenir l’évangélisation commencée à Port-Royal. La régente a reçu le fils de Poutrincourt le 1er octobre 1610, mais elle lui a donné l’ordre de repartir en Nouvelle-France avec deux jésuites, les Pères Biard et Massé.
Soucieux de laisser Poutrincourt maître de Port-Royal, Marc Lescarbot a ajouté une suite à son mémoire. Il l’a consacrée à l’inutilité d’envoyer des missionnaires, tout en sachant qu’il n’y avait qu’un seul prêtre en Acadie… Le 7 octobre 1610, Marie de Médicis a renouvelé son ordre. Les deux parties de la Conversion des Sauvages n’ont pas empêché la première mission des jésuites en Nouvelle-France. Cette polémique a tout de même eu le mérite d’attiser la curiosité du public pour le Canada. Les éditeurs ont su en profiter. En 1611, alors que la première livraison du Mercure français relatait les expéditions menées en Nouvelle-France de 1604 à 1608, une deuxième édition de l’Histoire de Marc Lescarbot a été publiée. Elle était augmentée du récit des entreprises menées par Champlain, pour le compte de Dugua de Mons, dans la vallée du Saint-Laurent depuis 1608, et de celui du retour de Poutrincourt en Acadie en 1610. Son succès a été tel qu’elle a été réimprimée dès 1612, mais elle n’a pas encore influencé la régente : cette année-là, Marc Lescarbot a fait paraître sa Relation dernière de ce qui s’est passé au voyage du sieur de Poutrincourt, en la Nouvelle-France depuis 20 mois en ça, à la demande de son ami qui espérait toujours recevoir un témoignage royal de reconnaissance.
Marc Lescarbot est resté ensuite silencieux jusqu’en 1617, en raison de son séjour en Suisse. De retour à Paris, il a défendu Biencourt, successeur en Acadie de Poutrincourt après la mort de celui-ci en 1615, contre le Père Biard qu’il accusait d’être responsable de la destruction de l’habitation de Port-Royal par l’Anglais Argall en 1613. Pour répondre à la Relation du jésuite parue en 1616 et pour compléter le Factum publié par ses amis en 1614, il a fait sortir en 1617 une troisième édition de son Histoire de la Nouvelle-France qui contenait aussi la suite des explorations de Champlain dans la région du Saint-Laurent. Elle a eu un tel succès qu’elle a dû être réimprimée dès 1618.
Marc Lescarbot ne croyait cependant plus aux possibilités de quelques élus de créer outre-Atlantique une nouvelle France exempte des corruptions de l’ancienne. Il a préféré se tourner vers le jeune Louis XIII qui venait de conquérir son trône en éliminant Concini. Dans son Bout de l’an publié en 1618, il l’a félicité d’avoir eu le courage de faire exécuter le favori de sa mère et la même année, dans son Tableau de la Suisse, il l’a encouragé à user des Suisses pour rétablir la domination de la France sur le nord de l’Italie. Cela a plu au roi qui lui a fait remettre, peu de temps après, la somme de trois cents livres.
Un gentilhomme campagnard
Petit avocat au parlement de Paris, mais auteur enfin reconnu par le pouvoir royal, Marc Lescarbot a pu envisager sérieusement de faire un beau mariage. En 1619, il a épousé Françoise de Valpergue, une veuve issue d’une famille de la noblesse d’épée. Françoise de Valpergue s’est vite révélée n’être qu’une fausse riche héritière. Certes, elle pouvait prétendre à la propriété de la maison familiale de Presles-et-Boves et à celle de la ferme de Saint-Audebert, mais elle ne pouvait pas en jouir : un quart de la première et la totalité de la seconde avaient été saisis, en 1586-1587, pour des dettes non payées par un oncle. Marc Lescarbot s’est donc trouvé obligé de rassembler comme il pouvait les pièces de la succession de sa belle-famille égarées sur un “océan de procès” 6. Il n’a vu la fin de ses démêlés judiciaires qu’en 1625.
N’ayant plus les moyens de vivre à Paris, il s’est alors installé avec sa femme dans la propriété familiale de Presles-et-Boves. C’était un vaste domaine composé de vergers, de potagers, d’une cour, d’une basse-cour, d’étables, d’une grange et d’un manoir contenant des chambres, une cuisine, un fournil et un grenier. Cette bâtisse s’est dressée en face de l’église du village jusqu’à sa destruction pendant la Première Guerre mondiale, lors de l’offensive menée par les Allemands à partir du Chemin des Dames à la fin du mois de mai 1918. Des photographies prises à la veille du conflit montrent un pignon à gradins, le fameux “pas de moineau” du Soissonnais, et une tourelle d’escalier à plan circulaire couverte d’une coupole de pierre avec lanterne, dont la construction semble remonter au XVe siècle ou au-delà.
Marc Lescarbot ne s’est pas complètement désintéressé de la Nouvelle-France, car il a correspondu avec Isaac de Razilly, le fondateur de la colonie acadienne de La Hève. Une lettre écrite par celui-ci en 1634 est parvenue jusqu’à nous. Il y évoque ses premiers succès et invite Marc Lescarbot et sa femme à venir le rejoindre, tout en se plaignant de ne pas disposer de moyens nécessaires pour hâter la colonisation.
Trop âgé, notre vétéran de la Nouvelle-France a décliné l’invitation. Il a préféré essayer d’attirer à nouveau l’attention de Louis XIII, en composant en 1628 un vaste poème épique chantant les exploits de l’armée royale lors de la reconquête de l’île de Ré sur les Anglais et du siège de la cité protestante de La Rochelle. Il s’est aussi consacré à la sage gestion du patrimoine de sa femme. En se faisant payer les fermages en nature, en les stockant pour les vendre lors des hausses de prix et en choisissant avec soin les fermiers, la situation matérielle du couple s’est nettement améliorée pendant les années 1630.
Marc Lescarbot est décédé à Presles-et-Boves entre le 29 avril et le 29 mai 1641. Le premier historien de la Nouvelle-France repose probablement encore sous le pavé de l’église du village.
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NOTES
(1) Marc Lescarbot, Histoire de la Nouvelle-France, Paris, Jean Millot, 1612, p. 454-455.
(2) Ibid., p. 803.
(3) Ibid., p. 805.
(4) Ibid., p. 490.
(5) M. Lescarbot, Le Théâtre de Neptune, dans id., Les Muses de la Nouvelle-France, Paris, Jean Millot, 1609, p. 21.
(6) M. Lescarbot, La Chasse aux Anglois, Paris, François et Julien Jacquin, 1629, fol. *ijv.
Quand les États-Unis parlaient français
Quand les États-Unis parlaient français
Journal Forum, Université de Montréal, 21 janvier 2013
Par Dominique Nancy
«Peu de gens le savent, mais dans les années 1790, au moins 10 % de la population de Philadelphie parlait français. Il y avait beaucoup d’immigrants originaires de Saint-Domingue et de Paris en raison des révolutions française et haïtienne. L’élite philadelphienne s’était alors tournée vers la France pour les vêtements, l’architecture, la danse et la musique.
Image de la Library Company of Philadelphia
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Même image sur photo quelques années plus tard.
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L’ancienne capitale des États-Unis était à cette époque une véritable ville française», affirme l’historien François Furstenberg, dont le nouvel ouvrage propose une perspective européenne de l’histoire américaine.
Dans When the United States Spoke French, que Forum a pu consulter en primeur, M. Furstenberg présente l’histoire romancée de cinq nobles français qui ont habité Philadelphie entre 1793 et 1796, grosso modo entre le début de la Révolution française et l’acquisition de la Louisiane par les États-Unis: Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry; Charles Maurice de Talleyrand-Périgord; Constantin François de Chassebœuf, comte de Volney; Louis Marie, vicomte de Noailles; et le cousin du duc de La Rochefoucauld-d’Enville, François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt. «À travers eux, je dépeins le contexte historique ainsi que les enjeux diplomatiques et politiques des révolutions française et haïtienne. J’observe aussi leur rôle dans la spéculation sur les terres et l’intérêt de la France pour la Louisiane. Ce sont de vieilles questions, mais cette fois elles sont vues avec un regard différent.»
Le résultat de cette approche originale est à la fois instructif et passionnant. Allant au-delà des faits historiques, le professeur du Département d’histoire de l’Université de Montréal, auquel il est rattaché depuis 2003, donne vie à ces aristocrates qui se sont retrouvés au cœur des grands débats de l’heure, ce qui lui permet de rapporter diverses anecdotes. L’ouvrage lui donne aussi l’occasion de repousser quelques idées reçues, notamment quant à l’expansion américaine vers l’Ouest et aux idéologies des partis politiques. «Les causes américaine et française étaient intimement liées, dit François Furstenberg. Les grandes divisions politiques aux États-Unis tournaient autour de la Révolution française.»
Bref, l’auteur réussit le tour de force d’exposer en quelque 250 pages une facette méconnue de l’histoire américaine. Le livre, qui sera publié sous peu par The Penguin Press, a nécessité l’analyse de milliers de documents et de lettres aux Archives nationales à Paris, ainsi qu’à celles du ministère français des Affaires étrangères. Les archives de la Library Compagny of Philadelphia, une bibliothèque fondée par Benjamin Franklin à Philadelphie, ont également été dépouillées. «Un travail qui aura pris près de 10 années pour être complété», note le professeur.
Spéculation sur les terres
Marqué par le multiculturalisme bien avant que le mot devienne à la mode, François Furstenberg, dont le père est américain, la mère française et la conjointe dominicaine d’origine, a grandi à Boston et vécu à New York avant de s’installer à Montréal. Son enseignement et ses travaux s’appuient sur la conviction qu’aucun savoir scientifique n’avance en s’isolant. L’historien s’amuse ainsi dans When the United States Spoke French (le titre est provisoire) à faire ressortir les liens économiques et politiques entre les cultures.
«La révolution haïtienne, qui bat son plein en 1793, en est un bel exemple, explique en entrevue le spécialiste de l’histoire américaine qui a collaboré au jeu vidéo Assassin’s Creed III (voir l’article de Forum du 3 décembre 2012). Haïti est au cœur de l’Empire français à l’époque et les États-Unis sont liés à la France dans la bataille à Saint-Domingue. C’est d’ailleurs grâce au succès des affranchis contre les armées de Napoléon que celui-ci a été obligé d’abandonner son projet de reprendre la Louisiane et qu’il l’a vendue aux États-Unis. Il avait perdu à Saint-Domingue tous les soldats qu’il y avait envoyés.»
Autre exemple: la ruée vers les terres des États-Unis. Après la révolution américaine, le peuple commence à s’étendre vers l’Ouest. Les terres, situées au bord des frontières et peuplées par des Amérindiens qui continuent à résister à cette expansion, sont accordées par le gouvernement des États-Unis au moyen de traités de paix. Elles suscitent aussi les convoitises étrangères, relate le professeur Furstenberg. Convaincus de pouvoir réaliser d’importants profits, de nombreux Européens sont intéressés par l’achat de terres agricoles dans un pays qui dispose de millions d’hectares de terre arable. Pas étonnant, les prix sont modiques pour eux. «Les gens qui ont de l’argent ou qui ont accès à du capital comme les Français, les Anglais et les Hollandais commencent à investir massivement, indique M. Furstenberg. Certains achetaient l’acre 15 sous et le revendaient ensuite le double.»
Selon le professeur Furstenberg, Moreau de Saint-Méry, Talleyrand, Volney, Noailles et La Rochefoucauld-Liancourt auraient créé des réseaux pour des investissements de capital européen aux États-Unis. Ils seraient de même impliqués dans la tentative de Napoléon de récupérer la Louisiane. «À son retour en France, c’est Talleyrand, devenu ministre des Relations extérieures et convaincu par ses expériences aux États-Unis de la nécessité d’une colonie française sur le continent, qui négociera la restitution de la Louisiane par l’Espagne à la France, signale M. Furstenberg. Plus tard, l’achat de la Louisiane par les États-Unis sera financé par les mêmes investisseurs qui achetaient des terres américaines et avec qui les Français avaient collaboré.»
L’origine d’une idée
Mais d’où vient l’idée de cet ouvrage? «Lorsque j’ai été engagé par l’Université de Montréal, je terminais ma thèse et je cherchais un nouveau sujet d’étude, raconte M. Furstenberg. Je pensais que quelque chose de franco-américain serait pertinent étant donné notre regard francophone sur l’Amérique ici au Québec et les liens institutionnels que nous avons avec la France. Puis, je me suis souvenu de ces cinq personnages sur lesquels j’avais lu au cours de mes études doctorales. J’ai eu envie d’en apprendre davantage sur leur rôle dans le développement de l’idéologie américaine. Si j’étais resté dans une université américaine, je n’aurais probablement pas eu l’idée de travailler sur un tel projet. Comme j’étais dans un milieu francophone, je trouvais intéressant d’essayer de voir les États-Unis de l’extérieur.»
L’art de la prière au 15e siècle
L’art de la prière au 15e siècle
Les livres d’heures manuscrits des collections publiques
du Québec nous font entrer dans la culture religieuse
de la fin du Moyen Âge
Lefil, Le journal de la communauté universitaire, Université Laval
Par Yvon Larose
Le Musée d’art de Joliette contient un objet ancien très particulier: un livre de prières de 264 pages écrit à la main et confectionné au 15e siècle en France. Le livre d’heures à l’usage de Rouen fait 11 centimètres de large par 18 centimètres de haut. « Ce manuscrit se distingue par sa structure bien définie et sa grande cohérence », affirme Maria Allen Demers, étudiante à la maîtrise en histoire.
Le samedi 1er décembre [2012] au pavillon Charles-De Koninck, l’étudiante a fait un exposé sur l’ouvrage en question lors d’une journée d’étude sur les livres d’heures manuscrits conservés dans les collections publiques du Québec. « L’ensemble de ce livre est en latin, sauf le calendrier avec les fêtes des saints et deux prières en français vers le milieu de l’ouvrage, explique Maria Allen Demers. On suppose que ces pages étaient davantage lues. Elles sont plus ornées. On trouve davantage de fleurs dans les marges. »
Une des illustrations les plus intéressantes du livre montre l’évangéliste Luc transcrivant la parole de Dieu. « Le saint est assis près d’une fontaine. Cette eau symbolise la source de vie ainsi que le verbe divin. À l’arrière, les arcades rappellent une église. Le bœuf couché aux pieds de Luc est son animal symbolique.» Sous l’image, on peut lire le début d’un extrait en latin de l’Évangile de saint Luc qui signifie «L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth ».
Les collections publiques québécoises comptent 13 livres d’heures manuscrits. Ces ouvrages produits par des copistes, ornementistes et enlumineurs ont comme caractéristique commune d’avoir été composés au 15e siècle. Comme l’ensemble des livres d’heures médiévaux, ceux-ci étaient destinés aux fidèles catholiques laïcs. L’Université McGill, à elle seule, en a sept. Huit ont été confectionnés en France, trois en Flandre et deux en Angleterre.
« Ces livres servaient à la prière individuelle, indique Didier Méhu, professeur au Département d’histoire. Ils étaient commandés par des familles assez aisées, aristocrates, grands bourgeois ou notables. » Le livre d’heures permettait au laïc de prier jusqu’à huit fois par jour. Il ponctuait la journée.
Selon Didier Méhu, le livre d’heures s’inscrivait dans la volonté de l’Église catholique d’encadrer davantage les fidèles. « Il fait en sorte que la vie quotidienne des fidèles soit plus proche de la vie monacale, explique-t-il. Cela correspond à des demandes des laïcs eux-mêmes. À la fin du Moyen Âge, il y a un engouement à vouloir imiter les moines, le Christ. D’où le grand succès de ces manuscrits. » À cette époque, la question de croire ou de ne pas croire ne se pose pas. « Tous se définissent comme fidèles. Ce qui distingue les personnes est leur niveau de pratique religieuse. »
Malgré cela, les historiens d’aujourd’hui savent que les livres d’heures étaient d’abord prisés pour leurs images. « On les regardait davantage comme des livres d’images que comme des livres de prières, affirme-t-il. L’analyse des traces d’usure révèle que les pages illustrées sont plus salies que celles contenant des textes. Elles étaient donc plus souvent ouvertes. Si les fidèles récitaient une prière par jour, et pas tous les jours, je pense que c’était déjà pas mal. »
Les livres d’heures contiennent presque toujours des images montrant, entre autres, la vie du Christ et les évangélistes. « Au minimum 3 ou 4 images, et jusqu’à 100 pour les commanditaires les plus riches, précise Didier Méhu. On pouvait faire appel pour cela aux plus grands peintres. »
Le livre d’heures typique contient des psaumes, cantiques et hymnes à la Vierge, un calendrier permettant de suivre la liturgie au long de l’année, des psaumes pénitentiels et les Évangiles, ainsi que des offices particuliers. « Plus de la moitié du livre d’heures manuscrit contient les heures de la Vierge, indique le professeur. Les psaumes pénitentiels invitent le fidèle à réfléchir sur ses péchés. Quant à l’office des morts, il s’agit d’un ensemble de prières que l’on va réciter pour les proches décédés, pour faire en sorte que soit raccourci le temps qu’ils passent au purgatoire. »
Objet du patrimoine familial, le livre d’heures est légué de génération en génération. « Il devient un lieu de représentation pour la famille, souligne Didier Méhu. On y inscrit la généalogie de la famille à la fin. Parfois, le commanditaire se fait représenter aux pieds du Christ ou de la Vierge. Le livre d’heures représente le statut familial. Il est plus important en ce sens que comme support de la prière quotidienne. »
Le tourisme de mémoire au Québec
Le tourisme de mémoire au Québec
Par Jean-Yves Bronze
Pour beaucoup de gens, cimetière et tourisme, sont des mots et des réalités incompatibles. De la même façon, l’association « mémoire et tourisme » paraît antinomique. Et pourtant, nous assistons depuis quelques décennies à une tendance lourde, celle de visiteurs enthousiasmes qui fréquentent et arpentent les cimetières à la recherche de célébrités. D’autres, plus réservés, exercent tout simplement un devoir de mémoire envers leurs proches ou ceux qui sont morts à la guerre. Enfin, certaines personnes férues d’art et de patrimoine recherchent la sérénité et la beauté de ces lieux de mémoire.
Par ailleurs, les commémorations et les anniversaires d’événements bien médiatisés suscitent l’engouement de visiteurs nationaux et internationaux assurant ainsi la croissance du tourisme de mémoire. Qu’on pense au magistral succès populaire en terme touristique du 50e anniversaire du débarquement de Normandie en 1994 et celui qu’on prévoit l’an prochain pour le centième anniversaire de la Grande Guerre 1914-1918, non seulement en France mais chez tous les belligérants.
Le tourisme de mémoire
À l’origine le tourisme de mémoire s’est développé au Moyen Âge par le culte que l’on vouait aux saints et à leurs reliques. C’est le début des pèlerinages sanctificateurs à Jérusalem, à Saint-Jacques de Compostelle et en de nombreux autres lieux. Au XIXe siècle, Chateaubriand fut le précurseur de ce qui allait devenir une mode pour l’élite bien pensante européenne, le tourisme mortuaire : les tombes des pharaons en Égypte, les catacombes de Rome et de Naples, l’effroyable catacombe des capucins à Palerme, etc. En parallèle au développement de l’archéologie du XIXe siècle, le courant orientaliste donna un souffle nouveau au tourisme mémoriel. La fin de la Première Guerre mondiale démocratisa en quelque sorte le tourisme de mémoire, en donnant accès à des centaines de milliers de vétérans, tous belligérants confondus, aux premiers cimetières de guerre implantés partout sur les anciens champs de batailles, sur tous les continents.
Les morts n’ayant pu bénéficier d’une sépulture (marins, aviateurs, soldats non identifiés) ont eu droit à des mémoriaux sur lesquels sont inscrits leurs noms ; ceux-ci deviendront vite des lieux de mémoire tout autant fréquentés que les cimetières : Vimy, Beaumont-Hamel, Thiepval, la Porte de Menin à Ypres, etc.
Les États, répondant à la pression populaire, instituèrent à partir de 1920, les premières tombes de soldats inconnus. D’abord à Paris sous l’arc de Triomphe et à Londres dans l’abbaye de Westminster. D’un conflit à un autre, l’idée se répand. De sorte qu’on en retrouve aujourd’hui sur tous les continents : Alger, Buenos Aires, Canberra, Madrid, Moscou, Rome, Tokyo, Wellington (NZ). Les Américains ont même quatre tombes de soldats inconnus au cimetière national d’Arlington : Première et Seconde Guerres mondiales, Guerre de Corée et Guerre du Viêtnam. Plus près de nous à Ottawa, la Tombe d’un soldat canadien inconnu fut inaugurée le 28 mai 2000. Ces tombes de soldats inconnus représentent, pour chacun des États, un hommage à la mémoire de tous les morts de guerre par la patrie reconnaissante.
Depuis la fin de la Première Guerre mondiale avec les anciens combattants traumatisés par l’hécatombe et davantage depuis une quarantaine d’années, le tourisme de mémoire connaît un succès croissant partout dans le monde et particulièrement en Europe. Ce tourisme consiste à se rendre sur un lieu où l’histoire a laissé des empreintes. Cimetières et champs de bataille qui attiraient autrefois les vétérans, accueillent désormais les touristes soucieux de comprendre ou de transmettre l’histoire et le souvenir à leurs enfants. Le tourisme de mémoire représente le moyen par excellence d’apprivoiser l’histoire, de s’approprier un patrimoine, de se souvenir et de s’instruire.
Le tourisme de mémoire s’exerce à l’égard de toutes les périodes, de l’Antiquité au Moyen Âge, de la Renaissance aux événements contemporains (Ground Zero à New York). Musées, centres d’interprétation et cimetières se partagent chaque année des millions de visiteurs. Le magazine Le Point révélait qu’en 2010 pour la seule France, 6.2 millions de personnes ont visité 185 sites selon une étude commandée par le ministère de la Défense1. Pour la même année, une enquête réalisée par Atout France, une agence de développement touristique, indiquait que dix-sept des principaux sites historiques payants ont totalisé quatre millions d’entrées dans le nord de la France, de la Normandie à l’Alsace, là où sont concentrées les principales batailles des deux conflits mondiaux2.
D’autre part, les lieux de souffrance et leurs musées captivent des millions de visiteurs avides de comprendre. Pensons aux camps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, de Sobibor et de Treblinka en Pologne ; aux camps de concentration de Mauthausen en Autriche, de Buchenwald et Ravensbrück (camp des femmes) en Allemagne ; au massacre du ravin de Babi Yar perpétré par les Einsatzgruppen en Ukraine, à la prison sudiste d’Andersonville en Georgie, etc. Dans le même esprit, on visite la prison de Nelson Mandela en Afrique du Sud, l’île de Gorée (important centre pour la traite négrière) au Senégal, la Tour de Londres (lieu d’exécution), la prison d’Alcatraz à San Francisco, etc. À Montréal, le Centre commémoratif de l’Holocauste s’insère dans cette mouvance. On le voit, le tourisme de mémoire permet aussi de découvrir les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité.
Les cimetières, lieux de tourisme
La forme la plus pratiquée et la moins dispendieuse du tourisme de mémoire consiste à visiter les cimetières, qu’ils soient civils ou militaires, et les mémoriaux érigés en hommage aux morts de guerre.
L’Europe est parsemée de cimetières de guerre, de toutes nationalités. Ce déploiement de cimetières est parfois fort étonnant3.
En ce qui concerne les Canadiens, vous serez époustouflés d’apprendre qu’on retrouve des soldats canadiens inhumés en France dans 861 cimetières pour les Première et Seconde Guerres mondiales. Bien que la majorité soit regroupée dans des cimetières de la Commonwealth War Graves Commission, beaucoup de Canadiens sont inhumés individuellement ou par petits groupes, ici et là, dans de forts nombreux cimetières communaux à l’intérieur de carrés militaires français. Au Royaume-Uni, les Canadiens sont inhumés dans 524 cimetières alors qu’en Belgique, ils sont dans 196 cimetières et qu’aux Pays-Bas, on les retrouve enterrés dans 192 cimetières4.
Aux États-Unis, le Cimetière national d’Arlington et le Mémorial de la guerre du Viêtnam à Washington sont visités par des centaines de milliers de personnes annuellement. À Ottawa, la Tombe du soldat canadien inconnu, lieu des cérémonies commémoratives de l’armistice du 11 novembre 1918, est devenue, depuis son inauguration en 2000, un haut lieu de mémoire dédié au souvenir.
Cimetière de l’Hôpital-Général de Québec
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Cimetière de l’Hôpital-Général de Québec
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Plus près de chez nous au Québec, dans une moindre mesure, le petit cimetière de l’Hôpital-Général de Québec avec son mémorial de la guerre de Sept Ans et le mausolée de Montcalm, reçoit son lot de visiteurs intéressés par l’histoire et la commémoration envers le millier de défenseurs de la Nouvelle-France qui y reposent.
En ce qui concerne les cimetières civils, le souvenir des proches disparus et des ancêtres demeure la raison principale des visites de proximité. Lieux propices au repos et au recueillement, les cimetières attirent aussi les gens par l’esthétisme et l’architecture des lieux. Les amateurs d’art découvrent des sculptures, des monuments et des ornements dignes des grands musées. En fait, les cimetières sont des musées à ciel ouvert ; de plus, ils sont gratuits.
À Montréal, le Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, fondé en 1854, est le plus grand cimetière au Canada. Lieu de mémoire exceptionnel, ce cimetière renferme dans ses entrailles près d’un million d’individus, toutes classes sociales confondues. Notre-Dame-des-Neiges est à Montréal ce que le Père-Lachaise est à Paris. Une partie de ceux qui ont fait l’histoire du pays dorment sous nos pieds.
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Le Guide des cimetières du Québec
Crédit photo : La Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal |
Dans la perspective de l’éveil au tourisme de mémoire de proximité, la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal a édité, en 2012, le Guide des cimetières du Québec. Il s’agit d’un ouvrage de référence unique chez nous, une première dans ce domaine. À l’instigation de M. Yoland Tremblay, directeur général de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal, le projet a été habilement mené au cours des deux années précédentes par l’architecte Mario Brodeur, directeur du projet.
À l’exception des cimetières privés appartenant à des communautés religieuses, tous les autres cimetières du Québec, peu importe leurs confessionnalités, s’y retrouvent classés par régions administratives. Intercalées entre les régions et regroupées sous huit thématiques, une vingtaine de notices didactiques, témoignant ainsi de la richesse de nos cimetières, ont été rédigées par autant de spécialistes dans le domaine patrimonial et historique. Ces thématiques et les sujets abordés dans ces notices sont les suivants :
Comprendre l’aménagement des cimetières
- Ollivier Hubert : La régie des cimetières
- Pierrette Maurais : Les cimetières ad sanctos au Québec
- Mario Brodeur : Cimetières paroissiaux, cimetières ruraux…
- Bernard Genest : L’espace social du cimetière
- Jean-Yves Bronze : Les cimetières et la guerre
Interpréter les monuments
- Michel Lessard : Les matériaux de l’immortalité / Un langage d’éternité
- Thérèse Labbé : La statuaire funéraire
- Jacques Lachapelle : Les ouvrages funéraires : marquer, élever, abriter, contenir
- Raymond Lemieux : Là où repose la mémoire
Voir les ouvrages de dévotion
- Jean Simard : Croix, calvaires et chemins de croix
Apprécier les mausolées
- Mathieu Pomerleau : Une sépulture de prestige : le mausolée familial
Déchiffrer Montréal
- Louise Pothier : Le premier cimetière catholique de Montréal
- Mario Brodeur : Le plus grand cimetière
Saisir les différentes communautés
- Yves Chrétien : Les cimetières amérindiens
- Marie-Claude Rocher : Francophones protestants : quels cimetières ?
- Denise Caron : Les cimetières anglo-protestants en zone rurale
- Simon Jacobs : Les cimetières juifs
Traduire la géographie
- Lorraine Guay : Les cimetières du Saint-Laurent
Valoriser les cimetières
- Jacques Des Rochers : Cimetières en représentation
- René Bouchard : Des cimetières protégés
Caractéristiques du guide
Le livre présente un contenu détaillé de 1 800 cimetières dont plus de 400 sont illustrés et classés par régions administratives. Des adresses géo-référencées se pliant aux exigences modernes de la technologie du GPS et des cartes facilitent les futures visites. Cet ouvrage éducatif aborde les cimetières sous divers angles : histoire, ethnologie, géographie, art et symbolique, croyance religieuse, etc. Une intéressante bibliographie à la fin du livre permet au lecteur d’approfondir le sujet, s’il le désire.
Pour en simplifier l’usage, des pictogrammes introduisent le lecteur vers les éléments les plus significatifs de nos cimetières. Plus de 600 sont ainsi identifiés par la beauté de leur aménagement paysager, leur patrimoine historique, leurs monuments architecturaux, le spectacle qu’offre leur panorama, etc.
Voilà un livre raffiné de 335 pages en couleur, imprimé sur du papier couché avec une couverture veloutée. Commode, il est muni d’un signet attaché en soie rouge. À l’instar des guides Michelin, il s’insère dans le coffre à gants d’une auto grâce à son format pratique de 5 po X 10½ po
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Tous les cimetières, petits ou grands, ont intérêt à faire connaître au public les personnages qui reposent chez eux. C’est d’abord leur rendre hommage, mais c’est surtout la meilleure manière de promouvoir à la fois leur cimetière et le tourisme de mémoire. Les gens sont avides de voir et de se recueillir sur la tombe des célébrités significatives à leurs yeux. Ainsi, c’est par milliers que les visiteurs affluent chaque année au Père Lachaise à Paris, au Zentralfriedhoff à Vienne et dans les nombreux cimetières de guerre. En Europe surtout, mais aussi aux États-Unis, le tourisme de mémoire est fortement implanté5.
En conclusion, le tourisme de mémoire va s’accroître davantage dans les prochaines années. La facilité de voyager (coûts accessibles), le vieillissement de la population (plus de retraités), la recherche de sens et de nostalgie, la volonté de comprendre l’histoire, sont autant de facteurs positifs en faveur du tourisme de mémoire.
La visite des cimetières s’inscrit dans une démarche d’appropriation de son histoire familiale d’abord, chaque cimetière constituant un territoire de mémoire. Nous avons besoin de nous recueillir, de nous rassembler et d’évoquer le souvenir de nos chers disparus dans ces lieux de mémoire collectifs. Nous savons tous qu’un jour ce sera notre tour.
Le Guide des cimetières du Québec est un ouvrage de référence inédit d’une très grande qualité qui s’avère un objet de loisir des plus intéressants. Voilà un livre indispensable à conserver dans son auto lorsqu’on voyage au Québec. Les adeptes du tourisme de mémoire seront comblés par l’accompagnement que représente ce guide.
On notera que ce livre n’est pas vendu en librairie. On peut se le procurer en personne ou par téléphone au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges et à la boutique de la Basilique Notre-Dame de Montréal.
Cimetière Notre-Dame-des-Neiges
4601, chemin de la Côte-des-Neiges
Montréal, (Québec)
H3V 1E7
Tél.: 514 735-1361
Basilique Notre-Dame de Montréal
110, rue Notre-Dame Ouest
Montréal, (Québec)
H2Y 1T2
Ce livre exceptionnel est à la portée de tous par son prix : 25. $ (taxe incluse)
Pour faciliter vos transactions, il est possible de payer par carte de crédit (Visa ou Mastercard) lors d’une commande téléphonique. Des frais de manutention et de livraison s’appliquent.
Pour toutes autres informations, il faut s’adresser à madame Dominique Tremblay : dtremblay@cimetierenddn.org
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Le tourisme de mémoire permet de mieux comprendre le passé ; il participe à la formation de la conscience des citoyens. Par ailleurs, parce qu’il occasionne des flux touristiques, il participe, à sa manière, à la vitalité économique et culturelle des localités.
(1) Magazine Le Point (France), 27 mai 2011.
(2) Par exemple, le Mémorial de la Grande Guerre à Péronne, le Mémorial de Caen.
(3) Par exemple, on trouve deux cimetières de guerre chinois en France datant de la Première Guerre mondiale dont celui de Noyelles-sur-Mer dans l’estuaire de la Somme. À la fin de 1917, il y avait 54 000 soldats-travailleurs chinois en France et 96 000 à l’armistice du 11 novembre 1918. À Neuve-Chapelle située à 20 km au sud-ouest de Lille, un mémorial commémore la mémoire de 4 700 soldats indiens de l’Inde tués au cours de la Grande Guerre non loin de là… Respectant leur tradition, la Commonwealth War Graves Commission les a incinérés. Par ailleurs, aussi étonnant que cela puisse être, il y a cinq cimetières militaires russes en France datant principalement de la Grande Guerre. Quelque 50 000 soldats du Corps expéditionnaire russe ont combattu en France, notamment en Champagne. Encore plus surprenant, le Portugal, bien qu’officiellement neutre en 1914, dépêcha à la demande de Londres, un corps expéditionnaire de 56 500 hommes. Quelque 1 831 soldats portugais reposent à Richebourg (Pas-de-Calais) en France.
(4) Source : Jean-Yves Bronze, conférence intitulée Les morts de guerre du Canada, (2005).
(5) Voir le site de la compagnie britannique Holts Battlefield and History Tour
© Jean-Yves Bronze 2013