Bulletin n°41, janvier 2016
Bulletin n°41, janvier 2016
Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC)
Par Roger Barrette et Gilles Durand
Aux lecteurs et lectrices de Mémoires vives, j’offre mes meilleurs vœux pour une BONNE ET HEUREUSE ANNÉE !
Que 2016 vous apporte SANTÉ et JOIE et qu’ensemble nous réalisions de nouveaux projets mémoriels franco-québécois ! Denis Racine, coprésident québécois de la CFQLMC |
DÉCÈS DE MONSIEUR HENRI RÉTHORÉ, COFONDATEUR DE LA COMMISSION
Le cofondateur français de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), monsieur Henri Réthoré, est décédé en novembre dernier à l’âge de 87 ans. Ses funérailles ont eu lieu le 18 novembre en l’église Saint-Ferdinand-des-Ternes dans le XVIIe arrondissement de Paris.
Une impressionnante carrière diplomatique
Diplômé de l’École Nationale de la France d’Outre-Mer, monsieur Réthoré connaît une brillante carrière diplomatique. Après avoir occupé plusieurs postes en Afrique, il devient sous-directeur de la coopération technique au Quai d’Orsay. À ce titre, il participe à toutes les commissions permanentes de coopération franco-québécoise de 1971 à 1978.
Monsieur Réthoré est nommé Consul général de France à Québec en novembre 1979 et il reçoit directement du ministre Alain Peyrefitte, Garde des Sceaux et ancien proche collaborateur du général de Gaulle, les instructions de maintenir les prérogatives spéciales du consulat général de Québec par rapport à l’ambassade française à Ottawa, de mettre l’accent sur le développement des relations économiques et de tenir la ligne politique française résumée par la formule : «Non-ingérence, non-indifférence».
Il occupe ce poste névralgique du triangle Québec-France-Canada durant une période particulièrement intense sur le plan politique et dans les relations franco-québécoises. Celle-ci est marquée par la tenue du référendum sur la souveraineté du Québec et ses suites, l’arrivée des socialistes au pouvoir en France, la rencontre Mitterrand–Lévesque en 1981 et la visite du premier ministre Pierre Mauroy d’avril 1982.
M. Henri Réthoré, consul général à Québec, salue le premier ministre René Lévesque à son arrivée à une réception officielle donnée par le Québec, vers 1981
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Fête nationale du 14 juillet 1982 à Québec : Henri Réthoré, consul général, Jean Pelletier, maire de Québec, dame non-identifiée, Jacques-Yvan Morin, ministre des Affaires intergouvernementales du Québec.
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Après 4 ans d’un travail intensif, Henri Réthoré quitte Québec en décembre 1983 pour devenir ambassadeur de France en Guinée-Conakry (1984-1988), puis au Zaïre (1989-1992).
Un bénévole très engagé dans la relation franco-québécoise
À titre de consul général, Henri Réthoré s’était distingué en faisant une large place aux bénévoles de l’Association Québec-France présidée par Roger Barrette et en leur manifestant son appréciation pour leurs réalisations. Devenu retraité, il s’implique lui-même dans la vie associative franco-québécoise (CFQLMC). Ainsi, de 1995 à 1998, il préside le bureau de direction de Paris-Québec et il est aussi administrateur national de l’Association France-Québec.
En 1996, conjointement avec le regretté Marcel Masse, il fonde la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. Tous les deux coprésident aux destinées de la Commission pendant dix ans (1996-2006).
Le délégué général du Québec à Paris, M. Marcel Masse, et M. Henri Réthoré à l’occasion de la Fête nationale du Québec en 1996
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Décembre 2006, retrouvailles de deux proches collaborateurs des années ’80 au Québec: Roger Barrette, président national de l’Association Québec-France, et Henri Réthoré, consul général de France à Québec. Photo prise à Trappes (département des Yvelines) lors du séminaire organisé par la CFQLMC donnant le coup d’envoi de la collection de douze ouvrages présentant des «Lieux de mémoire communs» entre la France et l’Amérique française.
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HOMMAGE À M. HENRI RÉTHORÉ ET CONDOLÉANCES AUX MEMBRES DE SA FAMILLEDès le lendemain du décès du cofondateur, les coprésidents de la Commission, M. Denis Racine et M. Gilbert Pilleul, ont exprimé publiquement leurs condoléances. «C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès, dans la nuit du 11 au 12 novembre à Paris, d’Henri Réthoré, coprésident fondateur de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (1998-2006). Le Québec perd un grand ami. […] Son passage au Québec a été très remarqué. Le caractère affable et chaleureux de M. Réthoré et son amour inconditionnel du Québec lui ont attiré l’amitié de nombreuses personnes qui lui ont voué une grande admiration et ont vu en lui un grand représentant de la France. […] À l’occasion de la rencontre de la Commission permanente de coopération franco- québécoise à Paris en 1996, Marcel Masse, alors Délégué général du Québec à Paris, lance l’idée de la création d’un organisme voué à identifier et mettre en valeur les lieux de mémoire de notre histoire commune. L’année suivante, l’idée prend forme et la Commission est fondée sous la coprésidence de Marcel Masse et d’Henri Réthoré. Ce tandem dirige la Commission jusqu’en 2006. Durant ces années, ils ont organisé et tenu diverses activités dont, notamment, les journées d’échanges en 1998 à Québec avec l’historien Pierre Nora sur la notion de lieu de mémoire et en 2004 à Trois-Rivières sur le même thème, en 2001 avec les journées d’études à Poitiers et à La Rochelle concernant le portrait de la France et des pionniers partis pour la Nouvelle-France et en 2003 à La Flèche pour commémorer le 350e anniversaire de la Grande Recrue. Les travaux de la Commission lors de cette période ont donné lieu aux livres remarquables, Les Traces de la Nouvelle-France en Poitou-Charentes et Ces villes et villages de France, berceau de l’Amérique française. Dans l’entente de coopération en matière culturelle signée en 2003 par les gouvernements de France et du Québec, MM. Masse et Réthoré ont réussi à y faire inscrire que la Commission joue un rôle majeur dans la mise en valeur de notre mémoire commune. Henri Réthoré nous quitte à peine un an après le départ de son complice, Marcel Masse, et ces deux géants laissent derrière eux un grand vide difficile à combler. Ils ont été pour plusieurs d’entre nous, des guides et des mentors remarquables. Nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille de M. Réthoré en les assurant de notre amitié et de notre respect pour celui dont nous pleurons aujourd’hui le départ. » |
LA COMMISSION BIEN PRÉSENTE AU 23e CONGRÈS DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE GÉNÉALOGIE, À POITIERS
Sous le thème « Le Poitou et la Nouvelle-France», le XXIIIe congrès biennal de la Fédération française de généalogie tenu à Poitiers du 2 au 4 octobre 2015, a connu un franc succès.
Environ 500 participants, dont plus d’une centaine de Québécois, ont été présents comme conférenciers, participants à des ateliers de travail, exposants au salon de l’histoire et de la généalogie ou comme auditeurs. Parmi ces derniers, mentionnons le nouveau rédacteur en chef du bulletin électronique Mémoires vives, Roger Barrette, membre associé de la CFQLMC et ancien président national de l’Association Québec-France.
Quelle que soit l’implication des participants au congrès, le but est toujours le même : exprimer leur amitié et partager leur expertise à des amis du pays d’en face. Comptant plusieurs adhérents experts en histoire et en généalogie tant dans la section québécoise que française, la CFQLM ne peut manquer d’y jouer un rôle actif.
Un atelier sur le tourisme culturel
Les conférences, les échanges et les publications permettent d’en apprendre davantage, parfois de faire des découvertes, sur la situation des Français au moment de leur départ de la mère patrie et sur leur enracinement dans leur nouveau pays d’adoption. Là ne se restreint pas leur intérêt. Comme ils donnent aussi le goût du voyage pour le pays d’en face afin de parcourir le lieu de départ ou d’enracinement de l’ancêtre et de se retremper dans le quotidien de l’époque, un atelier sur le tourisme de mémoire ne peut manquer d’être au programme du congrès.
Comme la relation franco-québécoise se traduit pour beaucoup par des voyages et des échanges entre Québécois et Français, la généalogie et le tourisme culturel ne manquent pas d’occuper une place toute particulière parmi les interventions de la CFQLMC.
Les coprésidents de la Commission, Gilbert Pilleul et Denis Racine ont animé un intéressant atelier intitulé : Généalogie et tourisme culturel. Ils ont présenté les initiatives prises par la Commission et les projets en préparation. Ils ont fait un plaidoyer pour la généalogie, l’histoire et le tourisme culturel.
De g. à d. Gilbert Pilleul, coprésident français, et Denis Racine, coprésident québécois.
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Durant les échanges, madame Janine Giraud-Héraud a pris la parole pour rappeler tout l’intérêt de la collection de douze guides des régions de France – en fait des volumes – préparés par des équipes de bénévoles de l’Association France-Québec sous la coordination d’elle-même et de Gilbert Pilleul, l’actuel coprésident français de la CFQLMC. L’intervenante a souhaité ardemment que des suites soient données sous forme d’itinéraires mémoriels pour d’autres régions de France telle la Normandie, à l’exemple de l’itinéraire touristique de la région Poitou-Charentes.
Le coprésident québécois de la CFQLMC et président de l’atelier, monsieur Denis Racine, a abondé dans le même sens et souligné l’intérêt d’itinéraires mémoriels. Au Québec, l’un est déjà préparé pour le parcours de Trois-Rivières à Neuville, et d’autres sont en voie de l’être pour les régions de Québec et de Charlevoix.
Le micro en main, l’instigatrice et coordonnatrice de la collection «Ces villes et villages de France, berceau de l’Amérique française», madame Janine Giraud-Heraud, représentante de l’Association France-Québec.
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Une conférence sur le régiment de Carignan-Salières
Monsieur Marcel Fournier, coauteur avec Michel Langlois d’une récente publication sur le régiment de Carignan-Salières, a entretenu son auditoire du thème : Le régiment de Carignan-Salières 1665-1668.
La présence des militaires en Nouvelle-France entre 1665 et 1668 constitue un événement fondateur : la paix est ramenée dans la colonie, plusieurs militaires demeurent au pays à la suite de leur licenciement, contractant alliance avec des « filles du Roy » et jouant un rôle important dans le peuplement de la Nouvelle-France.
L’arrivée du régiment de Carignan-Salières en 1665, un événement fondateur : Marcel Fournier
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Les autres conférenciers québécois
Quatre autres conférenciers ont présenté leurs travaux à Poitiers :
- M. Rénald Lessard a traité de l’apport inédit des papiers d’Acadie 1750-1760
- Mme Jeannine Ouellet a présenté l’histoire de la famille de François Houallet
- M. Louis Richer a fait une communication sur les registres paroissiaux au Québec 1620-1994
- Mme Marie Royale a prononcé une conférence sur l’alimentation en Nouvelle-France.
Cocktail offert par la Commission à l’occasion du lancement de deux ouvrages de M. Marcel Fournier
Le samedi soir 3 octobre, les coprésidents de la CFQLMC ont offert une réception pour souligner le lancement des deux nouveaux livres de M. Marcel Fournier dont les couvertures sont présentées ci-dessous.
L’événement s’est déroulé en présence du Délégué général du Québec en France, monsieur Michel Robitaille, du président de la Fédération française de généalogie, M. Jean-François Pellan et de nombreuses autres personnalités.
Dans l’ordre habituel : Mme Marie-Dominique Decninck, épouse du délégué général du Québec, M. Gilbert Pilleul coprésident français de la Commission, M. Michel Robitaille, délégué général du Québec en France, M. Denis Racine, coprésident québécois de la Commission, M. Jean-François Pellan, président de la Fédération française de généalogie.
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Le prochain congrès biennal de la Fédération française de généalogie aura lieu en Normandie, au Havre, du 8 au 10 septembre 2017.
MADAME FRANCINE LELIÈVRE, VICE-PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION, LAURÉATE DU PRIX DU GESTIONNAIRE CULTUREL 2015
Dans l’ordre habituel : M. François Colbert, titulaire de la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de HEC Montréal, M. Rémi Marcoux, président du conseil d’administration de Transcontinental, Mme Francine Lelièvre, fondatrice et directrice générale du Musée Pointe-à-Callière, et Mme Diane Giard, première vice-présidente à la direction, Banque Nationale.
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Madame Francine Lelièvre, fondatrice et directrice générale du Musée d’archéologie et d’histoire Pointe-à-Callière à Montréal, a reçu en novembre dernier le Prix du gestionnaire culturel 2015. Ce prix est décerné par la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de l’École des Hautes Études commerciales de Montréal. Il souligne l’excellence d’une carrière en marketing et en management des arts, fait la promotion du rôle des gestionnaires dans le milieu culturel et veut mieux faire reconnaître leurs accomplissements et l’importance de leur apport au milieu. Il est doté d’une bourse de 5 000$.
Ce prix prestigieux lui a été remis parce que, sous son impulsion, le musée est devenu une véritable cité muséale, comprenant une dizaine de bâtiments et lieux historiques du Vieux-Montréal, formant un ensemble intégré et réhabilité au besoin, qui fait l’orgueil de la métropole québécoise et des Montréalais.
Grâce à ses talents de rassembleuse, madame Lelièvre a su s’entourer d’une équipe des plus compétentes. Celle-ci assure une programmation variée et riche d’enseignements, expositions d’envergure internationale, visites d’écoliers, activités culturelles à l’intention du grand public, faisant passer l’achalandage du musée de 150 000 à 400 000 visiteurs par an à l’heure actuelle.
Un des points forts reconnu à madame Lelièvre, c’est de diriger une institution culturelle en étroite collaboration avec le milieu muséal québécois et international, au premier chef, dans ce dernier cas, les musées français. Le partage d’expertise permet d’assurer le rayonnement du fait français dans la métropole, au Québec et, d’une façon plus générale, en Amérique du Nord et au niveau international.
Félicitations à madame Lelièvre ! Rappelons qu’elle est également vice-présidente de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC).
Pour en savoir davantage sur le parcours exceptionnel de madame Lelièvre, consultez le site du Musée Pointe-à-Callière.
COLLOQUE MARQUANT LE 350e ANNIVERSAIRE DE L’ARRIVÉE DU RÉGIMENT CARIGNAN-SALIÈRES EN NOUVELLE-FRANCE
Le samedi 7 novembre 2015, dans l’auditorium de l’édifice Gilles-Hocquart de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, s’est déroulé le colloque clôturant les activités* entourant le 350e anniversaire de l’arrivée en 1665 du régiment de Carignan-Salières et des compagnies de Tracy en Nouvelle-France (désormais mentionné uniquement sous l’appellation de régiment de Carignan-Salières). Les troupes comptaient quelque 1 300 militaires.
L’événement était organisé par la Fédération Histoire Québec (FHQ) dont le président est monsieur Richard M. Bégin. Les partenaires impliqués dans la tenue de ce colloque étaient la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), le Château Ramezay – Musée et site historique de Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec et le ministère de la Culture et des Communications du Québec.
Une participation nombreuse et un programme varié, faisant appel à des conférenciers experts dans leur discipline, en ont été les facteurs clés du succès de ce colloque.
Le coprésident de la CFQLMC, Denis Racine, s’est adressé aux participants en rappelant la mission de l’organisme et en soulignant que la Commission favorisait les partenariats avec différents organismes permettant des synergies avantageuses pour tous et facilitant la concrétisation de plusieurs commémorations. «Les différentes activités réalisées pour le 350e anniversaire de l’arrivée du régiment de Carignan-Salières en sont une démonstration éloquente», a-t-il dit.
Commémorer en partenariat est une condition de succès : Denis Racine, coprésident de la CFQLMC
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La recherche en généalogie pour découvrir ses racines
La discipline généalogique a été mise en valeur par M. Marcel Fournier, M.Jean-Pierre Chartier et M. Louis Richer (nous reviendrons sur ce dernier dans le cadre du paragraphe consacré aux traces matérielles ci-dessous).
Nulle surprise que le coup d’envoi ait été donné par monsieur Marcel Fournier, coauteur d’une publication à caractère historique et biographique sur les soldats et officiers du régiment de Carignan-Salières, mariés en Nouvelle-France ou avant leur venue au pays.
Une fois de plus, il a démontré qu’il est un fin connaisseur des bases de données et qu’il sait en tirer des statistiques fort éclairantes sur les impacts du régiment de Carignan-Salières sur la démographie et l’occupation du territoire.
Pour sa part, monsieur Jean-Pierre Chartier, président de la Société historique de Champlain, a rappelé la commémoration récente, en 2013, du 350e anniversaire de l’arrivée des filles du Roy en Nouvelle-France en 1663, dont quelque 170 d’entre elles ont marié un militaire du régiment de Carignan-Salières.
Ces deux conférences ont constitué une source d’inspiration pour entreprendre des recherches sur ses ancêtres et peut-être, en bout de piste, découvrir l’un d’eux parmi les militaires ou les Filles du Roy.
L’histoire pour compenser les failles d’une mémoire sélective ou oublieuse
Messieurs Louis Gagnon, Denys Delage, Alain Laberge et Gilles Tremblay ont démontré que tout n’a pas été dit et écrit sur le régiment de Carignan-Salières. L’arrivée du régiment en Nouvelle-France en 1665 a eu des répercussions importantes sur le développement de la Nouvelle-France, tant pour l’établissement d’un climat de paix dans la colonie que pour son peuplement, plus de 400 militaires prenant racine dans la colonie et, pour plusieurs, donnant naissance à une descendance nombreuse.
Ceci dit, Louis Gagnon a mis en garde contre l’idée d’un grand intérêt de Louis XIV pour sa colonie, celui-ci utilisant prioritairement ses ressources pour guerroyer sur le continent européen.
M. Denys Delage, quant à lui, ne met pas les traités de paix de 1666 et de 1667 uniquement au crédit des militaires de Carignan-Salières, ceux-ci ne parvenant en définitive qu’à brûler quatre villages agniers (Iroquois). Il a rappelé que la paix s’explique aussi par un nouvel équilibre des forces, d’une part, entre les Iroquois, alliés des Hollandais et, d’autre part, les nations amérindiennes du nord, alliées des Français ; les premiers étant affaiblis par la variole. D’ailleurs, dit-il, «les guerres entre les Amérindiens vont se poursuivre jusqu’à la Grande Paix de 1701».
De son côté, M. Alain Laberge a revu le portrait idyllique de l’officier du régiment qui se métamorphose en seigneur à la suite du démembrement du régiment en 1668. Des officiers demeurent au pays, mais pour plusieurs par désir de poursuivre une carrière militaire en Nouvelle-France et de faire le commerce des fourrures, comme le démontrent ses recherches.
Il a conclu sa présentation par la question suivante : «Pouvons-nous leur reprocher de faire ce commerce, lorsque l’on sait que la fourrure était le principal moyen de se procurer un peu d’argent compte tenu de la faiblesse des marchés?» Voilà une bonne question, mais qui n’enlève rien de la bravoure et de l’endurance des militaires du régiment, si la durée et les difficultés de la traversée sont considérées.
Par sa conférence abondamment illustrée sur les conditions de la navigation subies par les soldats en 1665, M. Gilles Tremblay, chercheur à la retraite, a démontré avec éloquence le courage des membres du régiment de Carignan-Salières.
Des traces matérielles pour mieux se souvenir du régiment de Carignan-Salières
Le souvenir du régiment ne peut-être dissocié de repères sur le terrain et d’autres preuves tangibles, pas plus qu’il ne peut être séparé de la généalogie et de l’histoire.
Monsieur Réal Fortin, enseignant à la retraite et cofondateur du Musée régional du Haut-Richelieu, a entretenu l’auditoire des recherches faites sur le terrain qui permettent de découvrir plusieurs vestiges des forts construits le long du Richelieu par des militaires de Carignan-Salières en vue de leur campagne contre les Iroquois. Ces informations mettront en appétit aujourd’hui une clientèle intéressée par le tourisme de mémoire.
M. Louis Richer, directeur du service de la recherche et secrétaire de la Société de généalogie de Québec, a fait revivre une activité commémorative couvrant les trois grands établissements de la vallée du Saint-Laurent d’alors.
Ainsi, au cours de l’été dernier, les sociétés de généalogie de Montréal, de Trois-Rivières et de Québec se sont concertées pour remettre des certificats généalogiques à cent descendants en ligne directe patrilinéaire de militaires du régiment de Carignan-Salières.
Cette opération a été menée à bien avec le concours de la CFQLMC et du Château Ramezay.
Dans le cadre du colloque tenue le 7 novembre dernier, l’occasion était bien choisie pour remettre un tel certificat à monsieur Pierre Karl Péladeau, dont l’ancêtre Jean Péladeau dit Saint-Jean, charpentier, compte parmi les soldats du régiment.
Cette remise-surprise et l’allocution de monsieur Péladeau ont été le clou de la journée.
Un grand honneur d’avoir un ancêtre dans le régiment : de g. à d. Michel Pratt, secrétaire exécutif de la FHQ, Gisèle Monarque, administratrice de la Société généalogique canadienne-française (SGCF), Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois, Micheline Perreault, chargée de mission de la SGCF, Richard Masson, président de la SGCF
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Des publications pour pérenniser les retombées du colloque
La Fédération Histoire Québec par la voix de son président, monsieur Richard M. Bégin, et de sa directrice générale, madame MariFrance Charette, ont signalé à l’auditoire deux publications de sa maison d’édition, consacrées en tout ou en partie au régiment :
- Le régiment de Carignan-Salières. Les premières troupes françaises de la Nouvelle-France 1665-1668 par Marcel Fournier et Michel Langlois, Éditions Histoire Québec, 2014, 127 p.
- Revue Histoire Québec, vol. 21, no 2, 2015 : le numéro renferme des textes de quatre des conférenciers, Marcel Fournier, Gilles Tremblay, Louis Richer et Réal Fortin, rattachés au sujet qu’ils ont traité lors du colloque.
* N.B.: L’exposition sur le régiment de Carignan-Salières, présentée actuellement au Château Ramezay, se poursuivra jusqu’au 10 octobre 2016.
12 septembre 2015
CÉLÉBRATION À QUÉBEC DU 350e DU RÉGIMENT DE CARIGNAN-SALIÈRES
Une délégation de la régionale Bordeaux-Gironde de France-Québec comprenant un descendant du gouverneur Daniel de Rémy de Courcelle (Courcelles), Stanilas de Courcelles, a rendu visite aux Québécois en septembre dernier. La Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) s’est jointe à ses partenaires québécois, la Société historique de Québec, la régionale Les Seigneuries-La Capitale de Québec-France et le Château Ramezay de Montréal, pour donner une réception en l’honneur de la délégation française, et ce, après une enrichissante table ronde réunissant le vice-président de la régionale Bordeaux-Gironde, monsieur William Biard, l’historien Jean-Marie Lebel de Québec, et l’un des descendants du gouverneur d’alors, monsieur Stanislas de Courcelles. |
PLAQUE DE COMMÉMORATION DU 350e ANNIVERSAIRE DE LA CONSTRUCTION DU CHEMIN DE CHAMBLY
Le 8 novembre 2015, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) s’est jointe joint aux organismes intéressés à la mise en valeur du patrimoine culturel à l’occasion de l’inauguration d’une plaque rappelant le début de la construction, en 1665, du chemin de Chambly reliant le fort du même nom à Longueuil.
De g. à d. Marcel Fournier, représentant de la CFQLMC, Mme Louise Levac, présidente et directrice générale de la Société historique et culturelle du Marigot, Mme Anne-Marie Charuest, représentante de la Fédération Histoire Québec, Mme Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil, M. Michel Pratt, historien et initiateur du projet, M. André Delisle, directeur général du Château Ramezay.
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La plaque commémorative, dont l’initiative revient à l’historien Michel Pratt, spécialiste de l’histoire de la Rive-Sud de Montréal et membre associé de la CFQLMC, a été installée sur le terrain du CEGEP Édouard-Montpetit à Longueui.
Le dévoilement a été fait par la mairesse de Longueuil, madame Caroline St-Hilaire, en présence de dignitaires et de promoteurs de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine culturel.
Au cours de son allocution, la mairesse Caroline St-Hilaire a déclaré : «Je crois sincèrement que le retour dans le passé que nous effectuons ensemble aujourd’hui nous permettra de mieux comprendre nos origines et de mieux apprécier notre présent. Cette plaque didactique vient souligner l’importance historique, culturelle, militaire et économique du chemin de Chambly, en plus d’immortaliser l’arrivée du régiment de Carignan-Salières chez nous. Il s’agit d’un bel exemple qui illustre la volonté de la Ville de Longueuil de mettre en valeur l’héritage de celles et ceux qui nous ont précédés». (Tiré de MediaSud).
350e ANNIVERSAIRE DU PREMIER RECENSEMENT EN AMÉRIQUE DU NORD
À l’approche du prochain recensement qui se tiendra en 2016, le coprésident québécois de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, monsieur Denis Racine, a tenu à souligner, le 19 novembre dernier, le grand intérêt des recensements. Il a rappelé que le premier recensement en Amérique du nord a eu lieu il y a 350 ans en Nouvelle-France, à l’initiative de l’intendant Jean Talon, responsable de la justice, de la police et des finances.
Ce dénombrement a permis de connaître l’état de la colonie en 1666 et de dresser un portrait concernant la population, les bâtiments, le bétail, les ressources naturelles, les activités économiques, etc.
Monsieur Racine a conclu en déclarant que: « […] le premier recensement a constitué un élément phare permettant à l’intendant Talon de planifier le développement de la Nouvelle-France au niveau démographique, économique, social et culturel.»
L’Intendant Jean Talon est né le 8 janvier 1626 à Châlons-en-Champagne et décédé à Paris le 23 novembre 1694, à l’âge de 68 ans. Louis XIV lui a accordé les litres de baron des Ilets et de comte d’Orsainville. Talon a fait deux séjours en Nouvelle-France : 1665 à 1668, puis 1670 à 1672
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Le recensement de 1666 a permis de dénombrer 3 215 habitants d’ascendance européenne (2 034 hommes et 1 181 femmes). Parmi ceux-ci on comptait 3 notaires, 3 instituteurs, 3 serruriers, 4 huissiers, 5 chirurgiens, 5 boulangers, 8 fabricants de tonneaux, 9 meuniers, 18 marchands, 27 menuisiers et 36 charpentiers.
La colonie se composait principalement de trois établissements, où habitaient 528 familles. Québec et les environs avaient une population de plus de 2 100 personnes, alors que Montréal comptait 635 habitants et Trois-Rivières, 455 habitants. (Source : site de Statistique Canada)
Pour plus de renseignements, consultez la page: 350e anniversaire du premier recensement.
LES ÉPHÉMÉRIDES FRANCO-QUÉBÉCOISES EN 2016
La nouvelle année sera l’occasion de célébrer plusieurs évènements qui ont eu une influence sur notre histoire et qui ont marqué, dans plusieurs domaines, les relations entre les Québécois et les Français. Voici les quinze principaux évènements à se remémorer et à célébrer :
- 950e anniversaire de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant et ses troupes normandes (Bataille d’Hasting, 14 octobre 1066 ; couronnement à l’Abbaye de Westminster, 25 décembre 1066)
- 475e anniversaire de la première colonie française d’Amérique (Des centaines de colons transportés sur 8 navires par Jacques Cartier et le Sieur de Roberval. Le Musée de l’Amérique francophone, à Québec, commémore les évènements de 1541 à 1543 par l’exposition intitulée : «La colonie retrouvée» (jusqu’au 5 septembre 2016)
- 350e anniversaire du premier recensement en Nouvelle-France par l’intendant Jean Talon (Hiver 1665-1666)
- 100e anniversaire de la bataille de Courcelette, au milieu de la Première Guerre mondiale (15 septembre 1916)
- 65e anniversaire – Air Canada inaugure son service transatlantique Montréal-Paris (30 mars 1951)
- 65e anniversaire – Félix Leclerc reçoit à Paris le Grand prix du disque de l’Académie Charles-Cros pour sa chanson Moi mes souliers (21 février 1951)
- 60e anniversaire – Inauguration du service télégraphique express entre Montréal et Paris (22 mai 1956)
- 55e anniversaire – Inauguration de la maison du Québec à Paris et dîner de gala au Palais de l’Élysée avec 300 invités du président Charles De Gaulle (5 octobre 1961)
- 50e anniversaire du métro de Montréal, construit avec l’aide de la technologie française (14 octobre 1966)
- 30e anniversaire – Félix Leclerc est fait Chevalier de la Légion d’honneur française (1986)
- 30e anniversaire – Le film de Denys Arcand, Le Déclin de l’empire américain, remporte le prix de la critique internationale au 39e Festival de Cannes (19 mai 1986)
- 30e anniversaire – Québec devient la première ville en Amérique du nord inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (dont le siège est à Paris)
- 20e anniversaire – La chanteuse Céline Dion est reçue Chevalier de l’ordre des Arts et des lettres des mains du ministre français de la culture (22 janvier 1996)
- 20e anniversaire – Devant des millions de téléspectateurs français, Céline Dion reçoit le Prix Victoire de l’artiste-interprète de l’année 1995 ainsi que le prix de la meilleure chanson de l’année : «Pour que tu m’aimes encore» (12 février 1996)
- 20e anniversaire – L’Académie française décerne à Robert Charlebois sa Grande médaille de la chanson française pour l’ensemble de son œuvre. Il est le premier chanteur québécois honoré de la sorte par les Immortels de l’Académie.
Pour rester à la fine pointe de l’information, consultez quotidiennement la page Quoi de neuf ? du site de la Commission : www.cfqlmc.org