Colloque sur les relations France – Canada – Québec depuis 1760
par Gilles Durand
Le second volet d’un colloque sur les relations entre la France, le Canada et le Québec
Les 14 et 15 novembre 2008 un colloque sur les relations entre la France, le Québec et le Canada a eu lieu à Ottawa, au Sénat du Canada. En fait, l’événement constituait la seconde partie d’un colloque à deux volets, le premier ayant déjà eu lieu à Paris, au Palais du Luxembourg, en mars 2008. Les deux organisateurs du colloque, Serge Joyal, sénateur, comme coordonnateur, et Paul-André Linteau, professeur à l’Université du Québec à Montréal, comme conseiller scientifique, se sont beaucoup investis dans la tenue de l’événement, en particulier parce le programme des fêtes du 400e anniversaire de la fondation de Québec faisait peu de place à la connaissance de l’évolution du pays.
Les conférenciers au colloque
De g. à d. le professeur Paul-André Linteau,
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La conférence d’ouverture a été prononcée par Michel Bastarache, ancien juge de la Cour suprême du Canada. Elle avait trait aux liens entre le droit pancanadien et le droit français. Sept conférenciers se sont par la suite succédés pour présenter les relations entre la France, le Canada et le Québec sous différents angles :
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De nouvelles explications sur l’attitude de la France à l’égard du Québec et du Canada
Le colloque a été vivement apprécié des participants. Il a permis de mieux comprendre la complexité des relations entre la France, le Québec et le Canada. Parmi les principales idées énoncées, mentionnons :
- Le legs de la France, ou plutôt la parenté de langue, de droit civil et de religion, transcende tous les motifs qui expliquent l’attitude de la France à l’égard du Québec et du Canada. Il constitue autant de maillons de la chaîne entre les deux territoires que les événements de l’histoire n’ont pu briser. Comme l’a bien souligné Jacques Palard, « on choisit ses amis, mais on ne choisit pas ses frères et sœurs »;
- L’immigration française, comme l’a rappelé Paul-André Linteau et qualifié John A. Dickinson1 – pour ce dernier, le premier des legs de la France au Québec et à l’Amérique –, n’a pas cessé complètement après 1760. Elle ira s’accentuant jusqu’à aujourd’hui;
- Du côté de l’économie, Didier Poton et François Souty ont souligné l’intérêt des entrepreneurs, financiers et exportateurs français pour les ressources naturelles et le marché québécois. Le Québec constitue, pour sa mère patrie, une porte d’entrée en Amérique du Nord vers le marché canadien et américain – tout comme la France constitue pour le Québec une porte d’entrée en direction du marché de l’Union européenne;
- Sous l’angle politique, le Canada représente pour la France un contrepoids à la puissance états-unienne. Le contexte change au cours des années, le rapprochement de la France et du Québec dans les années 1960 doit tenir compte de la période antérieure, par exemple le refus du gouvernement canadien de vendre sans condition à la France de l’uranium enrichi – les négociations achoppent en 1957 au moment où la France cherchait à se doter de l’arme atomique. La bonne entente entre le Québec et la France profite également de la montée concomitante du régionalisme et de la mondialisation : la France entretient des relations avec le Québec, un pays fédéré non souverain, tout comme certaines régions françaises le font directement avec ce dernier;
- Du point de vue culturel, les échanges n’ont pas attendu la venue de La Capricieuse en 1855. Depuis toujours, intellectuels québécois et français ont partagé, comme l’a bien rappelé Fernand Harvey : importation de livres, copies de documents originaux, voyages et rencontres, etc. Pour la période très contemporaine, Yannick Gasquy-Resch a mentionné, entre autres, le rôle important joué par la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs de même que par les réseaux France-Québec et Québec-France – à ce chapitre, le conférencier et la conférencière ont su faire une démonstration éloquente que les exemples ne manquent pas.
Une publication pour revenir sur le sujet
Le colloque a été clôturé par le lancement de la publication France – Canada – Québec. 400 ans de relations d’exception (Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2008 – http://www.pum.umontreal.ca/ca/nouveau.htm ), et par une conférence d’Alain Juppé, maire de Bordeaux, sur les impacts de la mondialisation et la protection de l’environnement, lors du déjeuner de clôture. La publication renferme les textes des conférences prononcées durant les deux jours du colloque de même qu’à l’occasion du premier volet du colloque qui s’est déroulé à Paris. Le lecteur y trouvera les contributions enrichissantes d’auteurs qui avaient prononcé des conférences à Paris, Alain Beaulieu, John A. Dickinson, Françoise Le Jeune, Guy Martinière et Yves Frenette.
Consultez également le site Web du Sénat pour un communiqué de presse http://sen.parl.gc.ca/nkinsella/PDF/NewsRelease12nov08-f.pdf , et celui de l’ambassade de France pour l’intervention de l’ambassadeur de France au Canada, François Delattre
http://www.ambafrance-ca.org/spip.php?article2488 .