Fonder un monde meilleur en Nouvelle-France :
Marc Lescarbot
(vers 1570-1641)
Par Éric Thierry
Très marqué par les guerres de Religion, Marc Lescarbot est un Thiérachien devenu avocat au parlement de Paris qui est parti, en 1606, outre-Atlantique pour fonder un monde meilleur. Il a participé à la naissance de l’Acadie, mais n’a pu y rester qu’un an. De retour en France, il est devenu un habile propagandiste de la colonisation française de l’Amérique du Nord.
Face aux malheurs de la guerre
Né à Vervins vers 1570 dans une famille de petits notables, Marc Lescarbot a tout d’abord fréquenté le collège de sa ville natale. Puis, recommandé par l’évêque de Laon, il a été admis comme boursier dans l’établissement secondaire possédé par la cité laonnoise à Paris depuis 1314. Là, il a acquis de solides connaissances grammaticales et a pu étudier la rhétorique.
En 1585, Marc Lescarbot a entrepris des études juridiques dans la Faculté de droit de la capitale. Dès l’obtention de sa licence en 1587, il est rentré à Vervins. C’est en Thiérache qu’il a appris la fuite d’Henri III hors de Paris lors de la journée des Barricades le 12 mai 1588, ainsi que l’exécution du duc de Guise sur ordre du roi à Blois le 23 décembre suivant.
Profondément choqués par le meurtre du chef de la Ligue, les Vervinois, comme la plupart des habitants du diocèse de Laon, se sont ralliés à celle-ci, mais ils n’ont pas tardé à connaître les malheurs de la guerre civile. Vervins a été pris par les partisans du roi en janvier 1590, par les ligueurs en août 1591 et par Henri IV en personne en octobre de la même année. La petite ville a connu la ruine et la désolation.
Comme ses concitoyens, Marc Lescarbot s’est réjoui de voir revenir, à la fin du printemps ou au début de l’été 1592, son coseigneur Guillemette de Coucy. Cette jeune femme particulièrement énergique a su négocier une trêve faisant de Vervins une cité neutre. L’espoir qu’elle a suscité chez les habitants a été lyriquement exprimé par Marc Lescarbot dans sa première œuvre connue, un poème épique intitulé A Madame de Coucy. Sur la Tréve par elle traitée.
C’est toutefois seulement après la reddition de Paris à Henri IV devenu catholique que notre jeune Vervinois a pu envisager de poursuivre ses études juridiques. Être licencié à la fois en droit canon et en droit romain était une nécessité pour quiconque rêvait de réussite sociale par un passage dans le monde de la Justice. Il est parti à Toulouse, probablement dès l’été 1594, et y a séjourné jusqu’à l’obtention de la licence convoitée, vraisemblablement en 1597.
Dès son retour en Thiérache, Marc Lescarbot a été confronté aux souffrances endurées par les habitants de Vervins depuis la prise de la citadelle voisine de La Capelle par les Espagnols le 12 mai 1594. Les Vervinois avaient pu résister à l’assaut du 4 décembre 1594 en négociant une nouvelle neutralité, mais ils se lamentaient sur l’insécurité qui régnait dans le plat pays : ne recevant pas de solde à cause de la pénurie du trésor de Philippe II, les soldats de celui-ci menaient des raids incessants pour rançonner les audacieux qui sortaient hors des remparts.
Les espoirs déçus
Le sauveur des Vervinois a été cette fois-ci le légat Alexandre de Médicis, envoyé par le pape Clément VIII pour mettre fin à la guerre sévissant officiellement entre la France et l’Espagne depuis le 17 janvier 1595. Les deux parties avaient choisi la petite ville de Thiérache pour la réunion de leur congrès, en raison de sa neutralité et de l’énergie de Guillemette de Coucy qui la rendait capable de recevoir dignement les négociateurs. Commencées le 9 février 1598, les discussions ont abouti à la signature du traité de Vervins le 2 mai 1598.
Marc Lescarbot a été choisi à deux reprises par ses concitoyens pour haranguer en latin le légat Alexandre de Médicis. Il l’a fait le 14 mai 1598 pour le remercier d’avoir offert le remplacement des vitres de l’église, ainsi que divers ornements pour celle-ci, et le 31, pour rendre hommage à son rôle décisif dans le retour de la paix en France. La conclusion du traité franco-espagnol lui apparaissait comme une victoire de Dieu et de l’Église catholique. Il y voyait le début d’une restauration de l’unité de la Chrétienté qui avait volé en éclats avec l’essor du protestantisme.
Devenu avocat au parlement de Paris grâce aux relations de Guillemette de Coucy, Marc Lescarbot a utilisé son temps libre pour traduire des œuvres latines de grands artisans de la Contre-Réforme. Sa première traduction, publiée en 1599, a été celle de la relation écrite par le cardinal Baronius des soumissions des Coptes et des Ruthènes au pape Clément VIII en 1595. Notre Vervinois y a dit espérer voir bientôt les protestants faire de même, une fois éclairés sur leurs erreurs, et pour hâter leur retour dans le giron de l’Église de Rome, il a encouragé la formation d’un clergé digne de sa mission pastorale, en traduisant en 1600 La Guide des Curez et Instructions des Pasteurs de saint Charles Borromée.
Grande a été cependant sa déception face à l’inertie du clergé et à la poursuite de la coexistence des protestants et des catholiques dans la France de l’édit de Nantes voulu par Henri IV À cela se sont ajoutées ses frustrations d’avocat. Devant se contenter de petites causes et obligé de loger à bon compte au collège de Laon à Paris, moyennant la défense des intérêts de l’établissement, Marc Lescarbot a été confronté à l’avilissement de son métier. Celui-ci était dû au durcissement de la hiérarchie interne du Palais provoqué par le repliement des familles de Grande Robe sur les offices de magistrats devenus héréditaires par le mécanisme de la vénalité des charges.
Déprimé, et en difficulté avec Geoffroy de Billy, nouvel évêque de Laon, il a accepté la proposition que lui a faite, en mars 1606, Jean de Poutrincourt de l’accompagner en Amérique du Nord. Ce seigneur du Vimeu venait d’être chargé par Pierre Dugua de Mons, lieutenant général en la Nouvelle-France, d’aller prendre le commandement de la colonie du port Royal créée en 1605 en Acadie. Il avait besoin d’un lettré capable de servir de mémorialiste à son expédition. Aussi avait-il pensé à Lescarbot qu’il avait connu en Picardie avant 1604, lors de séjours de l’avocat chez un ami commun.
Une année en Acadie
Le 13 mai 1606, leur bateau est parti de La Rochelle et, le 30 juillet, il est arrivé à Port-Royal. Lescarbot s’est vite enthousiasmé pour la beauté du lieu : “Ceditport est environné de montagnes du côté du Nord. Vers le Sud, ce sont des coteaux, lesquels (avec lesdites montagnes) versent mille ruisseaux qui rendent le lieu agréable plus que nul autre du monde […}. A l’Est est une rivière entre lesdits coteaux et montagnes, dans laquelle les navires peuvent faire voile jusqu’à quinze lieues ou plus, et durant cet espace, ce ne sont que des prairies de part et d’autre de ladite rivière […] Il ya deux îles dedans fort belles et agréables” 1.
En jardinant, en péchant et en chassant, il s’est aussi enthousiasmé pour la fertilité du sol, la diversité de la flore et l’abondance de la faune. L’ingénieux castor l’a laissé admiratif et l’imposant orignal l’a vivement impressionné : “C’est un animal le plus haut qui soit après le dromadaire et le chameau, car il est plus haut que le cheval, il a le poil ordinairement grison, et quelquefois fauve, long quasi comme les doigts de la main. Sa tête est fort longue et a un ordre presque infini de dents. Il porte son bois double comme le cerf, mais large comme une planche, et long de trois pieds, garni de cornichons d’un côté de sa longueur et au-dessus. Le pied en est fourchu comme celui du cerf, mais beaucoup plus plantureux.” 2
Lescarbot a aussi côtoyé les indigènes micmacs. Il a noté leurs chants, recueilli leurs réflexions et observé leur vie quotidienne. Parfois même, il n’a pas hésité à vivre avec eux. Ainsi, durant l’hiver 1606-1607, il en a suivi certains pour récupérer la viande d’un orignal tué “sur le bord d’un grand ruisseau à environ deux lieues et demie dans les terres”, et là, ses compagnons et lui ont passé une très agréable soirée : “Nous y fîmes la tabagie [festin] fort voluptueuse avec cette venaison si tendre qu’il ne se peut rien dire de plus, et après le rôti, nous eûmes du bouilli et du potage abondamment apprêtés en un instant par un Sauvage qui façonna avec sa hache un bac, ou auge, d’un tronc d’arbre, dans lequel il fit bouillir sa chair.” 3
Conscient que l’Acadie était une terre nouvelle ayant un avenir, qu’elle n’était pas encore un nouveau jardin d’Éden, mais qu’elle pouvait le devenir, Lescarbot a veillé au règne de l’harmonie dans la colonie du port Royal. Faute de prêtre, il s’est occupé de l’instruction religieuse des colons : “Ayant été prié par le sieur de Poutrincourt, notre chef, de donner quelques heures de mon industrie à enseigner chrétiennement notre petit peuple, pour ne pas vivre en bêtes, et pour donner exemple de notre façon de vivre aux Sauvages, je l’ai fait en la nécessité, et en étant requis, chaque dimanche, et quelquefois extraordinairement, presque tout le temps que nous y avons été.” 4 Pendant un voyage de reconnaissance de Poutrincourt, il l’a même remplacé comme chef de poste.
Son Théâtre de Neptune, la première œuvre théâtrale composée et représentée en Amérique du Nord, a été le moment fort de la réception qu’il a offerte, à la manière d’une entrée royale, pour le retour de l’hardi explorateur le 14 novembre 1606. Comme des magistrats municipaux allant au-devant du souverain hors des murs de leur ville, des colons déguisés en Neptune, en Tritons et en Sauvages sont venus sur l’eau pour saluer et haranguer Poutrincourt, afin de l’assurer de leur loyauté. Puis a été reproduit, avec des chants, de la trompette et des coups de canons, le défilé du roi et des édiles s’acheminant sous les acclamations de la foule vers la cathédrale, ou l’église principale du lieu, pour un Te Deum suivi par un grand banquet, et c’est Marc Lescarbot en personne qui a accueilli tout le monde à l’entrée de l’habitation, en demandant “qu’avant boire chacun hautement éternue/Afin de décharger toutes froides humeurs.” 5
Il a aussi participé, avec Samuel de Champlain, à la création de l’ordre de Bon-Temps destiné à maintenir la cohésion de l’état-major de la colonie et à le préserver du scorbut en lui assurant une bonne nourriture. À tour de rôle, c’est-à-dire un jour sur quinze, un des hommes qui mangeaient à la table de Poutrincourt devait chasser et pêcher pour nourrir les autres. Puis, lors du repas du soir, le maître d’hôtel du moment arrivait suivi des autres membres de l’ordre portant chacun un plat et, après le dessert, il remettait à son successeur l’insigne de sa charge, un collier, avant de trinquer avec lui.
Le 24 mai 1607, une mauvaise nouvelle est parvenue aux colons : en raison de la rupture de la société constituée par Dugua de Mons pour financer la colonie grâce à l’exploitation du monopole de la traite des fourrures accordé par Henri IV en 1603, tous devaient rentrer en France. Ils ont débarqué à Roscoff le 28 septembre. Après une visite du Mont-Saint-Michel, Marc Lescarbot a pris le chemin de Paris et n’a pas tardé à reprendre ses activités d’avocat au Parlement.
L’historien de la Nouvelle-France
Photo de la page de titre de l’Histoire de la Nouvelle-France de Marc Lescarbot |
II n’a pas pour autant cessé ses amicales relations avec les colonisateurs acadiens. Pour inciter le roi à les soutenir énergiquement, il s’est résolu à faire apprécier leurs efforts en rédigeant, pendant les vacances judiciaires de 1608, une Histoire de la Nouvelle-France. Il a voulu montrer que les Français avaient autant de droits à la possession des pays d’outre-mer que les Espagnols et les Portugais, d’où son rappel des tentatives de colonisation faites au nom du roi de France en Amérique au XVIe siècle. Il a ensuite tenu à prouver que Dugua de Mons et Poutrincourt ne commettaient pas les erreurs de leurs prédécesseurs et qu’ils avaient donc les qualités nécessaires pour réussir. Enfin, il s’est efforcé de persuader les éventuels immigrants français que la fertilité de la Nouvelle-France pouvait leur apporter le bonheur.
L’Histoire de la Nouvelle-France, avec en annexe un recueil de poèmes intitulé Les Muses de la Nouvelle-France, est parue en 1609. Elle a eu du succès grâce au mélange de souvenirs personnels et de comptes rendus de lectures faits par son auteur avec beaucoup de bonne humeur, mais elle n’a pas influencé la politique royale : le monopole de Dugua de Mons a été définitivement révoqué par Henri IV quelques mois plus tard. Marc Lescarbot ne s’est pas découragé et le retour de Poutrincourt à Port-Royal lui a donné l’occasion de continuer à se battre la plume à la main.
L’un des motifs de la révocation du monopole de Dugua de Mons étant son incapacité à convertir des indigènes, Poutrincourt a pensé pouvoir en obtenir un pour lui-même en baptisant beaucoup de Micmacs. Dès son arrivée à Port-Royal, le 17 juin 1610, il est parti en chercher, mais n’a pu réunir que les vingt et un membres de la famille du chef Membertou. Le 24, le prêtre Jessé Fléché les a tous baptisés et deux semaines plus tard, Poutrincourt a renvoyé son fils en France pour annoncer la nouvelle.
Au secours de Poutrincourt
Marc Lescarbot a rencontré le jeune messager, Charles de Biencourt, à la fin d’août ou au début de septembre 1610. Il s’est aussitôt mis à rédiger un mémoire dans lequel il a suggéré à Marie de Médicis de soutenir l’évangélisation commencée à Port-Royal. La régente a reçu le fils de Poutrincourt le 1er octobre 1610, mais elle lui a donné l’ordre de repartir en Nouvelle-France avec deux jésuites, les Pères Biard et Massé.
Soucieux de laisser Poutrincourt maître de Port-Royal, Marc Lescarbot a ajouté une suite à son mémoire. Il l’a consacrée à l’inutilité d’envoyer des missionnaires, tout en sachant qu’il n’y avait qu’un seul prêtre en Acadie… Le 7 octobre 1610, Marie de Médicis a renouvelé son ordre. Les deux parties de la Conversion des Sauvages n’ont pas empêché la première mission des jésuites en Nouvelle-France. Cette polémique a tout de même eu le mérite d’attiser la curiosité du public pour le Canada. Les éditeurs ont su en profiter. En 1611, alors que la première livraison du Mercure français relatait les expéditions menées en Nouvelle-France de 1604 à 1608, une deuxième édition de l’Histoire de Marc Lescarbot a été publiée. Elle était augmentée du récit des entreprises menées par Champlain, pour le compte de Dugua de Mons, dans la vallée du Saint-Laurent depuis 1608, et de celui du retour de Poutrincourt en Acadie en 1610. Son succès a été tel qu’elle a été réimprimée dès 1612, mais elle n’a pas encore influencé la régente : cette année-là, Marc Lescarbot a fait paraître sa Relation dernière de ce qui s’est passé au voyage du sieur de Poutrincourt, en la Nouvelle-France depuis 20 mois en ça, à la demande de son ami qui espérait toujours recevoir un témoignage royal de reconnaissance.
Marc Lescarbot est resté ensuite silencieux jusqu’en 1617, en raison de son séjour en Suisse. De retour à Paris, il a défendu Biencourt, successeur en Acadie de Poutrincourt après la mort de celui-ci en 1615, contre le Père Biard qu’il accusait d’être responsable de la destruction de l’habitation de Port-Royal par l’Anglais Argall en 1613. Pour répondre à la Relation du jésuite parue en 1616 et pour compléter le Factum publié par ses amis en 1614, il a fait sortir en 1617 une troisième édition de son Histoire de la Nouvelle-France qui contenait aussi la suite des explorations de Champlain dans la région du Saint-Laurent. Elle a eu un tel succès qu’elle a dû être réimprimée dès 1618.
Marc Lescarbot ne croyait cependant plus aux possibilités de quelques élus de créer outre-Atlantique une nouvelle France exempte des corruptions de l’ancienne. Il a préféré se tourner vers le jeune Louis XIII qui venait de conquérir son trône en éliminant Concini. Dans son Bout de l’an publié en 1618, il l’a félicité d’avoir eu le courage de faire exécuter le favori de sa mère et la même année, dans son Tableau de la Suisse, il l’a encouragé à user des Suisses pour rétablir la domination de la France sur le nord de l’Italie. Cela a plu au roi qui lui a fait remettre, peu de temps après, la somme de trois cents livres.
Un gentilhomme campagnard
Petit avocat au parlement de Paris, mais auteur enfin reconnu par le pouvoir royal, Marc Lescarbot a pu envisager sérieusement de faire un beau mariage. En 1619, il a épousé Françoise de Valpergue, une veuve issue d’une famille de la noblesse d’épée. Françoise de Valpergue s’est vite révélée n’être qu’une fausse riche héritière. Certes, elle pouvait prétendre à la propriété de la maison familiale de Presles-et-Boves et à celle de la ferme de Saint-Audebert, mais elle ne pouvait pas en jouir : un quart de la première et la totalité de la seconde avaient été saisis, en 1586-1587, pour des dettes non payées par un oncle. Marc Lescarbot s’est donc trouvé obligé de rassembler comme il pouvait les pièces de la succession de sa belle-famille égarées sur un “océan de procès” 6. Il n’a vu la fin de ses démêlés judiciaires qu’en 1625.
N’ayant plus les moyens de vivre à Paris, il s’est alors installé avec sa femme dans la propriété familiale de Presles-et-Boves. C’était un vaste domaine composé de vergers, de potagers, d’une cour, d’une basse-cour, d’étables, d’une grange et d’un manoir contenant des chambres, une cuisine, un fournil et un grenier. Cette bâtisse s’est dressée en face de l’église du village jusqu’à sa destruction pendant la Première Guerre mondiale, lors de l’offensive menée par les Allemands à partir du Chemin des Dames à la fin du mois de mai 1918. Des photographies prises à la veille du conflit montrent un pignon à gradins, le fameux “pas de moineau” du Soissonnais, et une tourelle d’escalier à plan circulaire couverte d’une coupole de pierre avec lanterne, dont la construction semble remonter au XVe siècle ou au-delà.
Marc Lescarbot ne s’est pas complètement désintéressé de la Nouvelle-France, car il a correspondu avec Isaac de Razilly, le fondateur de la colonie acadienne de La Hève. Une lettre écrite par celui-ci en 1634 est parvenue jusqu’à nous. Il y évoque ses premiers succès et invite Marc Lescarbot et sa femme à venir le rejoindre, tout en se plaignant de ne pas disposer de moyens nécessaires pour hâter la colonisation.
Trop âgé, notre vétéran de la Nouvelle-France a décliné l’invitation. Il a préféré essayer d’attirer à nouveau l’attention de Louis XIII, en composant en 1628 un vaste poème épique chantant les exploits de l’armée royale lors de la reconquête de l’île de Ré sur les Anglais et du siège de la cité protestante de La Rochelle. Il s’est aussi consacré à la sage gestion du patrimoine de sa femme. En se faisant payer les fermages en nature, en les stockant pour les vendre lors des hausses de prix et en choisissant avec soin les fermiers, la situation matérielle du couple s’est nettement améliorée pendant les années 1630.
Marc Lescarbot est décédé à Presles-et-Boves entre le 29 avril et le 29 mai 1641. Le premier historien de la Nouvelle-France repose probablement encore sous le pavé de l’église du village.
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NOTES