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France, Amérique française des Lieux de mémoire communs vers un tourisme culturel

France, Amérique française des Lieux de mémoire communs vers un tourisme culturel

Par Monique Pontault
Secrétaire générale CFQLMC-France

Les 26 et 27 octobre s’est tenu à la Maison méditerranéenne des Sciences de l’Homme, à Aix-en-Provence, le colloque France, Amérique française : des Lieux de mémoire communs vers un tourisme culturel

Ce colloque, organisé magistralement par Janine Giraud-Héraud, administratrice de la CFQLMC et Présidente de Terres de Provence-Québec, marquait l’achèvement de la collection Ces villes & villages de France, berceau de l’Amérique française. On retiendra ici quelques moments forts de ces journées qui ont réuni près de 150 personnes.

Gilbert Pilleul et Denis Racine, co-président Quebec et co-président France de la CFQLMC.

Gilbert Pilleul et Denis Racine, coprésident Québec et coprésident France de la CFQLMC
Crédit photo : Georges Poirier

 En introduction
– Janine Giraud-Héraud rappelle la genèse du projet: « Une idée de Gilbert Pilleul, alors secrétaire général de la CFQLMC, de dresser une carte des 101 lieux de mémoire communs franco-québécois. Quand celle-ci fut achevée en 2002, il apparut nécessaire de la compléter par des livrets présentant les personnages majeurs de la Nouvelle-France. D’enrichissement en enrichissement, les livrets sont devenus de vrais ouvrages nécessitant un travail de dix années ». 
– Gilbert Pilleul, co-président de la CFQLMC, souligne à la fois la dimension humaine de cette saga des pionniers, le militantisme associatif des chercheurs et la valeur pédagogique du projet qui devrait redonner, notamment aux jeunes, le goût de l’Histoire.
 
Des tables rondes et des exposés
– La première table ronde a réuni les chercheurs et rédacteurs bénévoles des douze volumes de la collection. Ils ont exprimé très librement leur enthousiasme mais aussi leurs difficultés et leurs doutes durant ces longues années de recherches et d’écriture.
 
– Philippe Joutard, Historien (Recteur, Université de Provence; EHESS/Paris, directeur scientifique du Comité Archives) est revenu sur ces définitions essentielles que sont celle de mémoire– « passé vivant dans le présent », inséparable de l’oubli- et Histoire qui nécessite une distance avec son objet et ne doit rien négliger. Le Québec, selon Philippe Joutard, est « une société-mémoire » qui s’est constituée à partir de la langue et des mémoires familiales. La France, au contraire, s’est constituée sur un « roman national ». D’où certains malentendus qu’une langue commune peut masquer parce qu’elle véhicule parfois des symboles qui ne sont pas les mêmes des deux côtés de l’Atlantique.
 
– Jacques Mathieu, Historien (Doyen Université Laval/Québec) s’est penché sur la notion de patrimoine qui est un « un capital culturel, légué – régional, familial et national ». De ce qui, au départ, touchait le représentatif, le « bâti », on en est arrivé à l’immatériel, dont la langue, les coutumes, les croyances. Le patrimoine agit sur les individus car il touche les sensibilités. Il constitue la mémoire des appartenances. Il y a d’ailleurs un rapport très fort entre patrimoine, identité et tourisme. Celui-ci exige à la fois une mise en valeur du patrimoine et une expérience à partager.
 
Dans une perspective de regards croisés, une seconde table ronde a réuni Pierre Nora (Historien, Académicien, Editeur/Directeur de collection chez Gallimard), Marcel Masse, ancien Ministre du Canada et du gouvernement du Québec, coprésident fondateur de la CFQLMC, section Québec, Henri Rethoré, ancien Ambassadeur de France, ancien Consul général de France au Québec, coprésident fondateur de la CFQLMC, section France, avec pour modérateur Philippe Joutard. Marcel Masse y évoque le contexte dans lequel est née l’idée de Commission sur les Lieux de mémoire communs en 1999. Contexte d’une coopération franco-québécoise ayant quelque peu oublié ses fondamentaux culturels pour s’attacher à l’économie, et contexte intellectuel dans lequel Pierre Nora lance le concept de « Lieux de mémoire ».

Des inquiétudes pointent cependant au cours du débat : « En cinquante ans, nos deux sociétés, française et québécoise, ont changé », explique Marcel Masse. Aujourd’hui, le gouvernement canadien se tourne manifestement vers l’Asie et l’Amérique latine, le nombre d’étudiants québécois en France a fortement diminué et les Français qui partent étudier au Québec ne le font pas toujours pour de bonnes raisons (la pratique de l’anglais…). « La haute administration française ne voit pas l’intérêt du Québec… », ajoute Philippe Joutard. « Il y a un risque de banalisation de cette coopération franco-québécoise. », renchérit Henri Rethoré. Denis Racine, co-président de la CFQLMC, section Québec, prend alors la parole : « La France, c’était une référence pour moi, quand j’étais jeune. Aujourd’hui, les choses changent… Elles se dégradent, sur le plan linguistique et dans l’enseignement totalement négligé de l’Histoire. ».

De g. à d. Marcel Masse, Henri Réthoré, 1er coprésident français de la CFQLMC, Pierre Nora, historien et membre de l'Académie française, Georges Poirier, directeur de France-Québec Magazine, Michel Robitaille, délégué général du Québec à Paris, Janine Giraud-Héraud, Philippe Joutard, historien, Denis Racine et Pierre-André Wiltzer, 2e coprésident de la CFQLMC

De g. à d. Marcel Masse, Henri Réthoré, 1er coprésident français de la CFQLMC, Pierre Nora, historien et membre de l’Académie française, Georges Poirier, directeur de France-Québec Magazine, Michel Robitaille, délégué général du Québec à Paris, Janine Giraud-Héraud, Philippe Joutard, historien, Denis Racine et Pierre-André Wiltzer, 2e coprésident de la CFQLMC
Crédit photo : Denis Racine

Pierre Nora, qui se dit « fier d’être, indirectement, le père-fondateur de cette initiative de création de la CFQLMC», préconise l’exploitation des nouvelles technologies et en appelle aux initiatives culturelles tandis que Gilbert Pilleul revient pour finir au rôle crucial des associations bien distinctes de l’Etat et des administrations.
 
Un projet de tourisme culturel en perspective
Mais ce colloque n’est surtout pas une fin. Un projet de tourisme culturel fait suite à la création des 78 Chemins de la Mémoire proposés dans chacun des volumes de la collection, chemins qui sillonnent toutes les régions de France, reliant entre eux villes et villages d’où sont natifs (ou partis), les 11 000 pionniers présentés dans l’ensemble des ouvrages. Il s’agit, dès à présent, de développer des circuits originaux en les adaptant au public à venir. Déjà le département de l’Université de Toulon envisage de mettre des étudiants en master tourisme, à la disposition de Terres de Provence-Québec pour créer ces nouveaux circuits touristiques à partir des Chemins de la Mémoire proposés dans le volume n° 9 PACA, Languedoc-Roussillon. Des propositions de collaboration ont été avancées par des intervenants universitaires québécois au colloque, notamment de Pascale Marcotte de l’Université du Québec à Trois-Rivières, et de Marc Saint-Hilaire de l’Université Laval. A moyen terme, des “Ponts” seraient jetés par dessus l’Atlantique pour relier ces chemins en France à ceux du Québec, et, pourquoi pas, d’Acadie et de Louisiane.

Une autre aventure commence donc !
 
Un article à paraître en dans le prochain numéro de France-Québec mag, rendra compte en détail du colloque.

Avec le soutien du gouvernement du Québec
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