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vendredi 29 mars 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

memoires vives

Champlain en français moderne
Eric Thierry

Par Gilbert Pilleul
Secrétaire général - France
CFQLMC


Mémoires vives a présenté dans ses précédents numéros les publications d’Éric Thierry. Celui-ci entreprend, pour le compte de l’éditeur québécois Septentrion, de publier en français moderne, avec de copieuses introductions, des notes, des bibliographies et des chronologies, les œuvres de Samuel de Champlain. Deux volumes sont déjà parus : Les Fondations de l’Acadie et de Québec en 2008 et A la rencontre des Algonquins et des Hurons en 2009. Un troisième sortira à la fin de 2011. Gilbert Pilleul, secrétaire général de la section française de la CFQLMC, l’a interrogé sur cette vaste entreprise éditoriale.

 

Samuel de Champlain : Livres de Éric Thierry

 

Gilbert Pilleul : Quels sont les ouvrages de Champlain concernés ? Avez-vous l’intention de publier en français moderne ses œuvres complètes ?

Éric Thierry : Nous avons déjà publié les Voyages de 1613 et ceux de 1619, c’est-à-dire les récits de Champlain couvrant la période 1604-1618. Les Voyages de 1632 sortiront à la fin de cette année. Il s’agit du livre le plus important puisque Champlain y dresse le bilan de sa vie d’explorateur et d’administrateur en Nouvelle-France. Resteront à publier le Brief Discours, dans lequel Champlain raconte son périple aux Indes occidentales de 1599 à 1601, ainsi que les Sauvages, qui contiennent le récit de sa première remontée du Saint-Laurent, celle de 1603. D’ici quelques années, ce seront les œuvres complètes de Champlain qui seront disponibles en français moderne, dans des éditions annotées.

Gilbert Pilleul : Les textes de Champlain sont disponibles depuis longtemps, en particulier depuis l’édition faite par l’abbé Laverdière à Québec en 1870. Une édition en français moderne est-elle bien utile ?

Éric Thierry : Ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’Amérique française – ils sont nombreux – se heurtent à la difficulté de lire le français du début du XVIIe siècle. Ils sont vite rebutés par l’orthographe et la syntaxe en usage à l’époque et finissent par renoncer. Mon objectif est de leur permettre de découvrir l’intégralité de ces textes fondateurs et de s’approprier ainsi ces premières pages de l’histoire de la présence française en Amérique du Nord. J’essaie de rendre les œuvres de Champlain accessibles au plus grand nombre. Pour cela, je normalise la ponctuation, je modernise l’orthographe, je remplace les mots trop désuets et j’apporte au lecteur toutes les informations nécessaires à la compréhension du texte. Les iconographies des éditions originales sont intégralement reproduites avec soin. Ces livres peuvent être aussi très utiles aux chercheurs, grâce aux bibliographies et aux index détaillés.

Gilbert Pilleul : Vous avez déjà publié, en France chez Honoré Champion, une biographie du pionnier et premier écrivain de l’Acadie Marc Lescarbot, ainsi qu’une histoire des entreprises françaises en Amérique du Nord pendant le règne du roi Henri IV. Vous fréquentez donc Champlain depuis longtemps. Votre vision de ce personnage a-t-elle évolué à l’occasion de votre travail d’édition de ses œuvres en français moderne ?

Éric Thierry : Bien sûr. Je mesure tout d’abord la différence entre le style de Lescarbot et celui de Champlain. Lescarbot est un très bon écrivain. C’est moins le cas de Champlain. Ses phrases sont lourdes et parfois interminables, mais il a fait des progrès. Alors que le récit de son séjour en Acadie, de 1604 à 1607, est plutôt sec, la suite est plus vivante. Les anecdotes et les dialogues se multiplient. Champlain se livre peu. Il ne révèle pas grand-chose sur ses sentiments, mais ses préoccupations religieuses sont de plus en plus apparentes. Ses écrits nous apprennent aussi beaucoup sur les personnes qu’il fréquentait lors de ses retours en France, sur les réseaux auxquels il a appartenu, celui des dévots en particulier, ce qui lui a coûté très cher lors de la Journée des Dupes en 1630. Ils nous montrent aussi les difficultés qu’il a rencontrées avec les autochtones. Les alliances franco-amérindiennes ont connu des crises, surtout avec les Montagnais, mais aussi avec les Algonquins et les Hurons. Il y a encore beaucoup d’aspects de la vie et des œuvres de Champlain à étudier.

Les lecteurs peuvent consulter le site des éditions du Septentrion

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