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Historique

Près de 30 ans au service de la promotion de la relation entre deux peuples

Une Commission de la mémoire : une idée lancée en 1996

La Commission, organisme binational, est née dans un contexte de rapprochement grandissant entre le Québec et la France. À compter du début des années 1960, les échanges s’accélèrent : ouverture en 1961 d’une Maison du Québec à Paris qui devient en 1964 la Délégation générale du Québec à Paris, nomination d’un délégué du Québec dès 1961, signature en 1965 d’ententes en matière d’éducation qui iront se multipliant et se diversifiant, mise sur pied d’une Commission permanente de coopération franco-québécoise (CPCFQ) pour coordonner les projets d’échanges entre les deux pays, visite du président de Gaulle en 1967 qui consolide la coopération.

Député et ministre, au cours de la décennie 1960, dans le gouvernement de l’Union nationale, un parti dirigé par Daniel Johnson, engagé à préserver les caractères identitaires des Québécois sur le continent nord-américain, Marcel Masse devient en 1996 délégué général du Québec à Paris. Il arrive en poste, bien conscient de la force du sentiment d’appartenance pour vivifier, élargir et solidifier les relations France-Québec. En décembre 1996, il lance l’idée d’une commission binationale pour identifier et mettre en valeur les lieux qui témoignent de l’aventure commune des Français et de ceux qui deviennent en majorité des Québécois, à l’occasion de la 55e session de la Commission de coopération. La proposition est acceptée comme nouveau champ de coopération. En 1997, Marcel Masse et Henri Réthoré, ancien consul général de France au Québec, sont désignés par leur gouvernement respectif, comme coprésidents d’un organisme appelé Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs.

Les deux coprésidents choisissent leurs collaborateurs immédiats : pour le Québec, Francine Lelièvre, fondatrice du musée d’archéologie et d’histoire Pointe-à-Callière, une institution d’attraction majeure dans la métropole, comme vice-présidente, Yves Bergeron, alliant connaissances et expérience approfondies du milieu acquises au Musée du Séminaire de Québec, aujourd’hui intégré au complexe des Musées de la civilisation, comme secrétaire général. Pour la France, Gilbert Pilleul, vice-président de l’Association France-Québec, professeur, historien et directeur Études et recherches à l’Institut Charles-de-Gaulle, ami de longue date des milieux associatifs du Québec et fin connaisseur de son histoire – il dirige le collectif Les Premiers Français au Québec publié en 2008 aux Éditions Archives & Culture –, comme secrétaire général.

De 2006 à 2012, de nouvelles recrues font leur entrée dans les équipes de direction : pour le Québec, André Dorval, directeur des services culturels à la Délégation du Québec à Paris, prenant la coprésidence, et Robert Garon, conservateur des Archives nationales du Québec, maintenant intégré à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au poste de secrétaire général, remplacé par Yves Laliberté, secrétaire général du ministère de la Culture et des Communications; pour la France, Pierre-André Wiltzer, ministre de la Coopération dans le gouvernement du premier ministre Jean-Pierre Raffarin, toujours assisté de Gilbert Pilleul comme secrétaire général. En 2012, les administrateurs de la Commission étaient: pour le Québec, Denis Racine, avocat et homme de terrain s’étant démarqué comme président dans les milieux associatifs de la généalogie et de l’histoire, comme coprésident, et Yves Laliberté, auquel succède, en 2014, Robert Trudel, conseiller principal dans les délégations du Québec en Europe, comme secrétaire général; pour la France, Gilbert Pilleul comme coprésident, et Monique Pontault, possédant une vaste expérience à l’Organisation de la francophonie, comme secrétaire générale.

Le Québec et la France célèbrent ensemble le 150e anniversaire du Consulat de France à Québec au Musée de la civilisation en septembre 2009 : de g. à d. André Dorval, Hélène Le Gal, consule générale de France à Québec, et Pierre-André Wiltzer
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand

Une structure à l'image de la coopération franco-québécoise : binationale

La Commission, en tant qu’organisme binational, se caractérise, comme il est mentionné ci-dessus, par une double structure : deux conseils d’administration comprenant chacun au minimum le coprésident et le secrétaire général, lequel peut cumuler la fonction de trésorier.

Les administrateurs s’appuient sur les assemblées de leurs membres, à titre individuel ou comme représentants d’organisme, tous ayant en commun d’être des passionnés inconditionnels du pays d’en face. Les assemblées constituent des lieux de proposition, de concertation et de coordination. Les projets prennent naissance à leur niveau. Leur réalisation est confiée à des directeurs, coordonnateurs et autres experts, qui se chargent de recruter des collaborateurs ayant fait leur marque dans leur spécialité. Les équipes sur le terrain peuvent être alimentées par des comités, présidés et composés de membres largement reconnus dans leur discipline, tels les archives, la généalogie, l’histoire, la muséologie, le patrimoine et la toponymie.

La Commission est de nature non gouvernementale, tout en étant officiellement opératrice et actrice majeures dans la coopération culturelle entre les gouvernements québécois et français. L’entente en matière culturelle, signée par les ministres français et québécois de la Culture le 3 septembre 2003, le reconnaît. Elle est chapeautée par la Commission permanente de coopération pour le choix des projets à subventionner par les gouvernements. La section québécoise est supportée financièrement par les ministères des Relations internationales et de la Francophonie de même que de la Culture et des Communications. La section française reçoit des fonds des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de la Culture et de la Communication, de même que du Consulat général de France à Québec.

Un site Web pour cimenter l'amitié entre ses membres et pour se faire connaître du grand public

Pour cimenter et maintenir le feu sacré de ses troupes, de même que pour informer le grand public, tant au Québec qu’en France, la Commission se construit une résidence virtuelle à compter de 2002. Elle fait appel à des ouvriers, ceux de la première heure, Madeleine Côté, présidente du comité des communications, comme édimestre et Gaétan Chouinard, chargé des communications aux Archives nationales du Québec, comme webmestre, qui mettent à son service leur énergie et leurs connaissances du Web. D’autres suivent comme webmestre, Marc Falla et, à l’heure actuelle, Raynald Lemieux, faisant évoluer le site en fonction des nouveaux besoins. Les intéressés à la Commission et à ses activités peuvent y trouver sa structure, ses bilans et ses publications, entre autres, la chronique des dernières nouvelles Quoi de neuf et un bulletin électronique périodique Mémoires vives, diffusé également à ceux qui s’inscrivent sur la liste d’envoi. Par ces deux outils placés sous la responsabilité de Gilles Durand avec l’aide de collaborateurs, l’information est toujours tenue à jour sur les projets en cours, leurs avancées et leurs résultats, de même que sur les derniers développements en matière de relation franco-québécoise. 

Penser les lieux de mémoire au cœur de la mission de la CMFQ

Aussitôt mise sur pied en 1997 – en fait les lettres patentes sont émises le 6 avril 1999 –, la Commission fait connaître l’objet sur lequel porte son action. Une première journée d’échanges avec le père du concept des lieux de mémoire lui-même, Pierre Nora, tenue le 5 octobre 1998 au Musée de la civilisation de Québec, donne l’occasion de rappeler les notions de base. Les lieux de mémoire sont des éléments du patrimoine culturel, tant matériels, bâtiments, paysages, objets, qu’immatériels, savoirs, savoir-faire, coutumes, auxquels peuvent être rattachés des événements et des personnages. De tels lieux sont fondateurs, investis par la collectivité qui les porte, et constituent des phares dans le cheminement commun des Québécois et des Français.

Six années plus tard, en 2004, les membres de la Commission reviennent sur cette notion de lieux de mémoire. Marcel Fournier, président du comité de commémoration, généalogie et toponymie, et Margot Bolduc, chargée du dossier des lieux de mémoire à l’Association Québec-France, organisent un séminaire d’une journée et demie, les 17 et 18 septembre 2004, à Trois-Rivières au Musée québécois de culture populaire. La rencontre se révèle un succès : 59 participants, individus et représentants du milieu associatif, sont au rendez-vous.

Des points forts émergent, dont la notion de « petit patrimoine ». Ses éléments sont liés au quotidien de nos ancêtres : habitat, paysages qu’ils ont vus, bâtiments utilisés pour la production de biens et services, savoirs et savoir-faire transmis de génération en génération jusqu’à aujourd’hui. Ils doivent leur charge émotive non pas à des personnages ou à des événements d’exception, mais au vécu des pionniers. Le « petit patrimoine » n’est pas flamboyant, mais les généalogistes le font découvrir dans toute son importance par les lignées qu’ils dressent, permettant de remonter jusqu’au lieu de résidence de l’ancêtre qui quitte son village natal au 17e siècle pour l’Amérique. Dans un tel contexte, l’occasion est bien choisie pour le coordonnateur du Fichier Origine, Marcel Fournier, de nous entretenir de cette base de données qui confirme l’identité et l’origine des Premiers Français par leurs actes de baptême ou d’autres actes concernant leur famille. Nul besoin de la notoriété de l’ancêtre pour faire naître l’émotion lors d’une visite : la découverte du lieu qui l’a vu naître et évoluer durant une partie de son existence, parfois très brève, suffit.

Autre constatation qui émerge. La diffusion des lieux de mémoire ne doit pas se limiter aux spécialistes de l’histoire et du patrimoine. Les colloques, conférences, célébrations d’anniversaire, pose de plaques, expositions, sont là pour rejoindre le grand public, de façon à s’assurer que le patrimoine trouve toujours preneur parmi les générations futures. Les participants s’entendent aussi sur un élargissement de la clientèle aux vacanciers, pour amener un plus grand nombre à concilier dépaysement dans une nature verdoyante et parsemée d’étendues d’eau, et contemplation du vécu des ancêtres.

Le séminaire de Trois-Rivières permet enfin de dégager la nécessité de la concertation. Beaucoup d’organismes et d’associations, tant du côté québécois que français, ont à leur crédit des activités de commémoration : commissions de toponymie, municipalités et communes, sociétés d’histoire et de généalogie, sans compter les associations Québec-France et France-Québec tournées vers le présent de la relation franco-québécoise, soit les échanges de jeunes et de travailleurs, les visites dans le pays d’en face, etc. La commémoration donne tous ses fruits dans la mesure où les organismes mettent en commun leur expertise et travaillent en concertation.

Semer avant de récolter : l'inventaire des traces matérielles

La commémoration des lieux de mémoire présuppose leur connaissance. De 2002 à 2005, la Commission initie et réalise en partenariat un inventaire des traces matérielles de la Nouvelle-France. Le projet ratisse large : couvrant les deux côtés de l’Atlantique, il retient à la fois les lieux géographiques, les sites archéologiques, les bâtiments, les paysages, les monuments, les plaques, etc. Deux équipes en assurent la direction scientifique et la coordination : pour le Québec, Marc St-Hilaire et Alain Roy de l’Université Laval; pour la région-pilote Poitou-Charentes, le regretté Dominique Guillemet de l’Université de Poitiers et Mickaël Augeron de l’Université de La Rochelle, de même que le personnel de la Direction régionale des Affaires culturelles. Les données recueillies pour le Québec et le Canada sont rendues disponibles sur un site hébergé par le Centre interuniversitaire d’études québécoises à l’Université Laval; celles pour le Poitou-Charentes sont accessibles sur le site du Service régional de l’inventaire. Ces données sont accompagnées d’un atlas, avec édition québécoise sous la direction de Marc St-Hilaire, Alain Roy, Mickaël Augeron et Dominique Guillemet publié en 2008 par les Presses de l’Université Laval sous le titre Les traces de la Nouvelle-France au Québec et en Poitou-Charentes, et avec édition française sous la direction de Serge Bouffange et de Georges Coste, publié la même année par Geste Éditions dans les « Cahiers du patrimoine no 90 » sous le titre Sur les traces de la Nouvelle-France : en Poitou-Charentes et au Québec.

L'inventaire est élargi : le portail numérique des objets muséologiques «  Mémoires-Amérique française »

Les objets muséologiques occupent une place importante parmi les éléments du patrimoine culturel partagés par les Québécois et les Français. En avril 2003, il y a signature, pour le Québec, d’un protocole de collaboration entre la Société des musées québécois et la Commission, pour l’établissement d’un portail du patrimoine mobilier muséal de la Nouvelle-France. En 2004, la Commission annonce officiellement, par la voix de Guy Vadeboncoeur, directeur du Musée Stewart et président du comité musées, le projet de recension, de documentation et d’accès aux collections des musées datant de la Nouvelle-France, quelle que soit l’institution d’appartenance au Québec et en France. En 2013, 15 musées québécois, par l’intermédiaire de la Société des musées québécois qui gère la banque de données Info-Muse, et 40 musées français, soutenus par l’École du Louvre et la base informatique Joconde, ont répondu à l’appel. La base de données Mémoires Amérique française, appelée à prendre de l’envergure, renferme plus de 800 notices d’objets évocateurs, illustrés par des images. Les descriptions constituent un témoignage éloquent des emprunts faits aux Premières Nations par les Premiers Français, tout comme de leur créativité et de leur capacité d’adapter les objets apportés de France aux contraintes du nouveau continent. La bonne marche des travaux permet, en octobre 2013, aux coprésidents québécois et français, Denis Racine et Gilbert Pilleul, de procéder au lancement officiel du portail numérique « Mémoires-Amérique française » et de rappeler le travail commun des deux sections de la Commission.

L'Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française

La notion de patrimoine évolue : elle couvre non plus seulement les bâtiments et les objets, mais les paysages, savoirs, savoir-faire, coutumes; elle porte aussi plus d’attention au phénomène de patrimonialisation, c’est-à-dire aux modifications que les générations qui se succèdent lui font subir en fonction de leur vision du monde et de leurs préoccupations, de même qu’aux pressions que la modernité apporte à leur physionomie. En 2001, le coprésident québécois, Marcel Masse, assisté, entre autres, de Jacques Mathieu, professeur d’histoire à l’Université Laval, juge le moment venu de dresser un bilan du patrimoine culturel sous la forme d’une encyclopédie, tenant compte de ces nouvelles réalités. En septembre 2002, le projet est exposé publiquement à Paris. En février 2005, Laurier Turgeon, titulaire de la chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique de l’Université Laval, reçoit le mandat de diriger les travaux avec Yves Bergeron comme codirecteur. Martin Fournier assure la coordination. En février 2013, les résultats sont impressionnants : plus de 320 contributions d’auteurs québécois et français accompagnées de plus de 6 000 illustrations et 175 vidéos permettant d’approfondir les thèmes traités. L’ouvrage s’adresse aux historiens spécialisés et au grand public, mais elle accorde aussi de l’attention à la clientèle des 10-14 ans, par quatre modules interactifs entremêlant connaissances et jeux de questions-réponses. L’Encyclopédie peut être considérée comme une grande réussite, l’Office québécois de la langue française et l’industrie québécoise des technologies de l’information lui décernant la mention Coup de cœur pour la richesse et la qualité de son site Internet. L’hébergement du site est assuré par la Chaire de recherche en patrimoine ethnologique de l’Université Laval. 

Les archives de l'Amérique française : travailler en réseau pour une présence accrue sur la toile

Les témoignages de la présence française en Amérique du Nord sont nombreux et multiformes : bâtiments, sites archéologiques, objets, savoir-faire transmis de génération en génération. Malgré ce fait, les archives demeurent d’un grand secours. Ce sont elles qui expliquent le patrimoine visible, qui peuvent prendre la place d’objets manquants pour entretenir du vécu des ancêtres. Pour pallier aux inconvénients de leur dispersion de part et d’autre de l’Atlantique, Robert Garon, président du comité archives, entreprend, en 2001, la mise sur pied d’un réseau de services d’archives. Le réseau jouerait ainsi un rôle rassembleur d’inventaires et de documentation. En 2007, Hélène Cadieux, directrice aux services aux usagers et aux partenaires à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, prend la relève à la présidence du comité archives. Dès son entrée en fonction, elle est en mesure de faire profiter la clientèle de la Commission d’une vaste enquête réalisée sous sa direction et celle d’un collègue, Michel Lalonde responsable du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa, sur les archives des francophonies nord-américaines. Publié d’abord en 2004-2005 dans la revue Archives (vol. 36, 1 et 2) de l’Association des archivistes du Québec, le bilan-synthèse est maintenant accessible sur le site Internet de la Commission. Il constitue une esquisse panoramique imposante, embrassant plus de quatre siècles. Il couvre le Québec, principal pôle de développement du fait français en Amérique du nord, de même que l’Acadie, l’Ontario, l’Ouest canadien, la Louisiane et la Nouvelle-Angleterre, sans oublier les documents relatifs à l’administration royale de la colonie, conservés au Centre des archives d’Outre-Mer d’Aix-en-Provence.

De leur côté, les Archives de France réactualisent à l’heure actuelle et mettent à jour le répertoire des sources archivistiques qu’elles conservent sur l’histoire commune France-Québec-Canada. Le projet est sous la responsabilité de Geneviève Étienne, inspectrice générale des Archives de France.

Mettre en contexte : faire ressortir la pleine portée des lieux de mémoire par des colloques et des conférences sur une histoire partagée

Pour donner aux éléments du patrimoine toute leur portée et leur signification, la Commission organise en partenariat des colloques et des conférences axés sur l’histoire de la période à laquelle ils se rattachent ou sur des événements marquants, fondateurs.

La période de la Nouvelle-France fait l’objet de deux rencontres. En septembre 2001, trois journées d’études à Poitiers et à La Rochelle tracent le portrait de la France et des Français au moment du départ des migrants pour l’Amérique. Philippe Joutard, Thomas Wien et Didier Poton prennent en charge la publication des actes en 2005 aux Presses universitaires de Rennes sous le titre Mémoires de Nouvelle-France : de France en Nouvelle-France. Deux ans plus tard, en 2003, une seconde rencontre de trois jours au Musée de la civilisation à Québec suit la trace des Premiers Français sur le continent nord-américain. Les actes du colloque sont publiés en 2006 sous la direction de Thomas Wien, Cécile Vidal et Yves Frenette aux Presses de l’Université Laval, coiffés du titre De Québec à l’Amérique française : histoire et mémoire.

Les 19e et 20e siècles inspirent aussi la tenue de colloques sur des périodes d’ensemble. En 2005, le 150e anniversaire de l’arrivée du patrouilleur La Capricieuse au port de Québec, une première depuis la cession du Canada à la Grande-Bretagne en 1763, est souligné par un colloque sur les relations France-Québec de 1760 à 1914 au Parlement de Québec. Les échanges donnent lieu à une publication, en 2006, aux Presses de l’Université Laval, dirigée par Yvan Lamonde et Didier Poton sous le titre La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914). En septembre 2009, le 150e anniversaire de l’installation du Consulat de France à Québec, quatre ans après la venue de La Capricieuse, fait l’objet d’une journée d’échanges sur la marge de manœuvre et le rôle joué par les consuls de 1859 à 2009. Historiens, anciens consuls et hauts fonctionnaires sont invités à présenter leur point de vue dont rend compte la publication aux Éditions MultiMondes, en 2010, coordonnée par Robert Trudel sous le titre 150 ans de relations France-Québec. Le Consulat général de France à Québec (1859-2009). La France resserre les liens avec le Québec, mais celui-ci se rapproche également de la mère patrie. En octobre 2011, le 50e anniversaire de l’ouverture de la Maison du Québec à Paris, devenue la Délégation générale du Québec, amène la tenue à Paris d’un colloque. L’occasion se prête bien au bilan de 50 années de coopération et au dégagement des perspectives d’avenir. La publication des actes, en 2012 aux Éditions Privat, est coordonnée par Gilbert Pilleul, coprésident français, et Adrien Leroux, coordinateur de la section française de la Commission, sous le titre La coopération franco-québécoise : hier, aujourd’hui, demain. L’ouvrage a une contrepartie au Québec, le coprésident québécois, André Dorval, prenant l’initiative de réunir avec quatre collaborateurs, pour ces 50 années, Les textes marquants des relations franco-québécoises (1861-1911) dans un ouvrage paru en 2011 aux Éditions MultiMondes. En 2013, à l’occasion du 250e anniversaire de la signature du traité de Paris de 1763, la Commission apporte son soutien à une table ronde au musée Pointe-à-Callière à Montréal et à une conférence au Musée de la civilisation à Québec; à Paris, la section française profite du support des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de la Culture pour organiser un colloque plus large, englobant à la fois les deux traités de Paris, celui de 1763 cédant le Canada à l’Angleterre et celui de 1783 reconnaissant l’indépendance des États-Unis et donnant naissance à un monde atlantique nouveau. Philippe Joutard, Didier Poton et Laurent Veyssière se consacrent actuellement à l’harmonisation et à la mise en forme des actes pour publication en 2015 aux Presses universitaires de Rennes.

Une coopération toujours réactualisée : de g. à d. André Dorval, Gilbert Pilleul en arrière-plan, Pierre-André Wiltzer, 4 octobre 2011, Centre de conférences du ministère des Affaires étrangères à Paris
Crédit : CFQLMC

D’autres activités de même nature, plaques, colloques, conférences, publications, sont inspirées par des événements ponctuels. En 1999, au Musée national d’histoire naturelle de Paris, la CFQLMC prend part à la tenue d’une conférence, donnée par Jacques Mathieu, pour souligner le tricentenaire de la nomination du chirurgien et naturaliste de la Nouvelle-France, Michel Sarrazin, comme membre correspondant de l’Académie des sciences de Paris. En 2003, c’est la commémoration du 350e anniversaire de l’arrivée de la Grande Recrue à Montréal avec cérémonies à La Flèche et à Montréal : érection de monument et pose de plaque, rassemblement des descendants à la Basilique Notre-Dame de Montréal, mise à jour par Michel Langlois et réédition par Septentrion d’un ouvrage sur le sujet intitulé Montréal 1653 : la Grande Recrue, etc.; le président du comité de commémoration, Marcel Fournier, prend une part active à l’événement. En 2006, la CFQLMC installe en partenariat une plaque commémorative à la mémoire de Gaspard Chaussegros de Léry, sur la maison du Jardin du Roi construite par l’ingénieur à Toulon. En septembre 2009, le 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham inspire à Marcel Fournier la préparation, sous sa direction, d’un dictionnaire des soldats des troupes françaises venus combattre en Amérique et, pour certains, « prendre terre et femme ». Coiffée du titre Combattre pour la France en Amérique : les soldats de la guerre de Sept Ans en Nouvelle-France, 1755-1760, la publication accompagne un colloque au Musée de l’Amérique française à Québec, dont les actes sont publiés sous les soins de la Société généalogique canadienne-française. Un colloque-miroir se tient également à Paris au château de Vincennes en octobre de la même année. En 2010, le 400e anniversaire de la mort du roi Henri IV amène la tenue d’une journée commémorative à Québec. Dévoilement d’une plaque par la Ville de Québec, lancement d’une publication, conférences rappellent la contribution du roi à la fondation de la Nouvelle-France. Ils se veulent aussi la justification de la dénomination d’une voie de communication à son nom. La Commission apporte sa contribution à la Société historique de Québec, à la Ville de Québec, au Département des sciences historiques de l’Université Laval et à la Commission de la capitale nationale du Québec, en assumant les frais de la venue à Québec d’un conférencier français, le professeur et historien français Éric Thierry. En 2013, le rappel du 350e anniversaire du départ de France et de l’arrivée en Nouvelle-France du premier contingent de Filles du Roy, amène un partenariat entre les sections française et québécoise de la Commission et le milieu : du côté français, le départ est souligné dans quatre villes, Paris, Rouen, Dieppe et La Rochelle par des conférences et par des publications; au Québec, conférences, publications et exposition sont à l’ordre du jour pour souligner cette fois l’arrivée des premières Filles.

L’année 2014 se révèle particulièrement féconde. Le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale suscite l’organisation de deux colloques sur la participation du Québec et des Canadiens-français. L’un est organisé à Paris, l’autre à Saint-Jean-sur-Richelieu en partenariat avec le Collège militaire et la Fédération Histoire-Québec. L’année 2014 offre aussi l’occasion de faire connaître l’ordonnance de Villers-Cotterêts dans le cadre du 475e anniversaire de sa signature. La Commission organise à l’Université Laval, en partenariat avec la Société de généalogie de Québec, un colloque traitant de ses prescriptions en matière de langue et d’enregistrement des baptêmes, mariages et sépultures. En cette même année 2014, la Commission profite de l’opportunité qui se présente pour signer une entente de partenariat avec le Musée du Château Ramezay afin d’encadrer les activités de commémoration du 350e anniversaire de l’arrivée en Nouvelle-France des soldats du Régiment Carignan-Salières. Plus de 43 événements sont prévus au Québec et en France, sans compter le lancement en novembre d’une publication par Marcel Fournier et Michel Langlois sous le titre Le régiment de Carignan-Salières. Les premières troupes françaises de la Nouvelle-France 1665-1668 aux Éditions Histoire Québec. Enfin la Commission planifie l’organisation en partenariat d’un colloque sur le 400e anniversaire de l’arrivée des Récollets, prévu pour juin 2015 à Québec et elle apporte une aide financière à Septentrion pour une nouvelle édition de l’ouvrage de Pierre Boucher, Histoire véritable et naturelle du pays de la Nouvelle-France, présenté par Pierre Benoît en français moderne, dans le cadre du 350e anniversaire de sa parution à Paris en 1664.

Mettre en lumière les lieux de mémoire par le patrimoine immatériel : la littérature et la chanson

Les témoignages de la relation franco-québécoise ne sont pas seulement de nature matérielle. Le patrimoine a aussi une dimension immatérielle très évocatrice du sujet. À trois reprises, la Commission le démontre en commémorant des événements importants de la vie de créateurs et interprètes. Les 31 octobre et 1er novembre 2013, elle se joint à la Société historique de Montréal, à l’Écomusée du fier monde, au Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises, à l’UQÀM et à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, pour offrir un colloque à l’occasion du 100e anniversaire du décès de Louis Hémon, écrivain de grand talent, né en France et désigné personnage historique du Québec le 4 juillet 2013. Parmi l’œuvre écrite qu’il laisse, le roman Maria Chapdelaine, « image poétique » de la vie des pionniers du Lac-Saint-Jean au début du 20e siècle, occupe une place à part dans l’héritage littéraire du Québec. Le 10 novembre 2013, la Commission se joint à l’Association Québec-France et à deux de ses régionales, Québec et Seigneuries-La Capitale, de même qu’à la Société historique de Québec, pour souligner de différentes façons, le 50e anniversaire du décès de la grande chanteuse qu’est Édith Piaf. Mini-colloque sur la chanson aux pays de Trenet et de Vigneault, concert au Théâtre Petit Champlain de Québec, dépôt à Paris sur la tombe de l’artiste d’une gerbe de fleurs par le coprésident québécois Denis Racine, autant d’événements pour rappeler que la Môme fait partie du paysage culturel français et québécois. Le 19 octobre 2014, c’est le rappel à Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans du 100e anniversaire de la naissance d’un grand écrivain et chansonnier québécois, Félix Leclerc, désigné personnage historique du Québec le 30 janvier 2014. Pour l’occasion, la Commission entre en partenariat avec l’Association Québec-France et trois de ses régionales, Rive-Droite-de-Québec, Québec et Seigneuries-La Capitale, de même qu’avec la Société historique de Québec pour tenir un colloque sur la carrière et l’œuvre de l’artiste. Celles-ci ne peuvent s’expliquer sans tenir compte à la fois des publics français et québécois du chanteur devant lesquels il s’est produit ou auxquels il s’est adressé, une belle occasion de rappeler des maillons de cette chaîne qui relient Québécois et Français.

Prendre fait et cause pour la protection du patrimoine : des mesures législatives et de valorisation

Les inventaires et les colloques révèlent les lieux de mémoire sous tous leurs angles et enrichissent leur signification. Ils permettent également de les hiérarchiser les uns par rapport aux autres, de découvrir les catégories patrimoniales sous-représentées et de pointer les éléments qui devraient faire l’objet d’une protection juridique prioritaire de la part du gouvernement. En 2005, la Commission prend l’initiative d’une publication rassemblant les interventions récentes faites dans les champs du patrimoine naturel et matériel. L’ouvrage, Pour assurer un avenir au passéDes lieux de mémoire communs au Québec et à la France, dirigé par André Gaulin, président du comité de mise en valeur, et coordonné par Claude Paulette, propose la protection juridique d’éléments patrimoniaux phare et incontournables, représentatifs de la période de la Nouvelle-France : archives, bâtiments, constructions militaires, édifices religieux, lieux et milieux naturels, sites archéologiques, mobilier et vêtements religieux, œuvres picturales. La même année, la Commission se joint aussi à la Société québécoise d’ethnologie pour présenter un mémoire conjoint à la Commission de la culture de l’Assemblée nationale du Québec. Intitulé L’avenir du patrimoine religieux, le mémoire présente ce dernier comme le grand héritage des Québécois. Le document rappelle la priorité, qualifiée de « nationale », que le ministère de la Culture et des Communications doit lui accorder en matière de protection juridique. Depuis lors, la Commission n’a pas été sans réponse positive de la part du Ministère, comme le démontrent les entrées au Registre du patrimoine culturel, accessible sur Internet par le biais du Répertoire du patrimoine culturel.
 
En 2008, la Commission intervient à nouveau dans le cadre de la consultation publique tenue par la ministre de la Culture et des Communications en vue de la révision de la Loi sur les biens culturels. Dans le mémoire qu’elle dépose sous le titre Un regard neuf sur le patrimoine culturel… et la mémoire, elle fait valoir un aspect peu abordé jusqu’alors : les lieux de mémoire franco-québécois peuvent comprendre plus d’un type d’éléments reliés entre eux. Cette caractéristique leur confère une valeur de témoignage ajoutée. C’est le cas du patrimoine des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec, classé juridiquement en vertu de la Loi sur les biens culturels, en raison de la diversité et de l’interdépendance des éléments dont il se compose : bâtiments, jardins, objets muséologiques, manuscrits et imprimés. Pour cette raison, le mémoire propose que la nouvelle loi, à être adoptée, accorde aux lieux de mémoire un statut supérieur. La question avait déjà été abordée en France dans le passé. Cette nouvelle recommandation faite en 2008 n’a pas de suite positive dans la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel entrée en vigueur en octobre 2012. Elle n’en conserve pas moins le mérite de susciter la réflexion sur la valeur identitaire par rapport à la valeur culturelle des lieux de mémoire franco-québécois. La valeur culturelle du patrimoine réfère à des éléments, lieux, bâtiments, objets, etc., plus ciblés d’un point de vue disciplinaire, par contre la valeur identitaire reflète davantage la complexité de la vie des populations. Elle découle de l’interrelation d’un ensemble d’éléments comme il est mentionné à propos des Augustines. De là à déboucher sur la création d’itinéraires mémoriels, la marge est mince. Mettre en lien des lieux de mémoire pour une région donnée dans le cadre d’un parcours thématique contribue à les valoriser davantage, à leur donner une plus-value, s’il est vrai que le tout est plus grand que ses parties. Une telle approche démontre ainsi la transcendance de certains lieux.

Mettre les lieux de mémoire en contact avec le public le plus large possible : des expositions accompagnées de publications

Les expositions ne manquent pas de permettre des regards croisés et de vivifier la mémoire collective des origines. Depuis sa mise sur pied, la Commission donne son appui à plusieurs dont le montage est redevable à ses membres. En voici quelques-unes à titre d’exemple. En 2002, à la Délégation du Québec à Paris, lancement du catalogue d’une exposition permanente, présentée au Musée de l’Amérique française à Québec, sous le titre Amérique française : l’Aventure, par Alain Beaulieu et Yves Bergeron. En 2007, le musée du quai Branly présente, à Paris et à Pointe-à-Callière, « Premières Nations : Collections royales », une exposition d’objets chargés de signification ethnographique sur les liens entre Amérindiens et habitants de la Nouvelle-France, préparée sous la responsabilité scientifique de Christian Feest. En 2008, l’exposition « France, Nouvelle-France. Naissance d’un peuple français en Amérique », coproduite par Pointe-à-Callière avec le Musée d’histoire de Nantes et Château des ducs de Bretagne, est présentée à Pointe-à-Callière avec catalogue sous la direction de Bertrand Guillet et de Louise Pothier – après avoir voyagé en France. En 2008 également, dans le cadre du 400e anniversaire de la fondation de la Ville de Québec, la Tour de la Chaîne de La Rochelle raconte le départ des migrants pour la Nouvelle-France, leur statut familial et social, les conditions de la traversée, à travers le parcours d’une exposition, intitulée « La Rochelle-Québec. Embarquement pour la Nouvelle-France », avec catalogue préparé par Yves Bergeron et Didier Poton sous le titre La Rochelle-Québec. Embarquement pour la Nouvelle-France. En 2009, le 250e anniversaire de la défaite des plaines d’Abraham est souligné au Musée de la civilisation à Québec par l’exposition « 1756-1763 : récit d’une guerre », préparée en collaboration par le Musée Stewart, sous la direction de Guy Vadeboncoeur, et par le Musée de la civilisation, avec prêt de documents par le musée de l’Armée de Paris et le château de Versailles.
 
Une autre exposition peut également être retenue pour son orientation du côté du patrimoine immatériel. En 2010, les « Cent des plus belles légendes francophones et amérindiennes » sont mises en montre par Pointe-à-Callière à l’aide de textes et d’illustrations de l’ethnologue Jean-Claude Dupont. La Commission montre d’autant plus d’empressement de s’associer à cet événement qu’elle avait soutenu financièrement, en 2008, la publication de deux fascicules du même auteur, soit Légendes de l’Amérique française et Légendes des ancêtres québécois.
 

La jeunesse : au cœur des préoccupations pour assurer la transmission du patrimoine culturel

La jeunesse est incontournable pour assurer la transmission du patrimoine, car c’est elle qui est preneur d’une génération à l’autre. Dès ses débuts, la Commission a porté beaucoup d’attention aux séminaires de formation appelés «université d’été franco-québécoise sur le patrimoine ». Elle s’est assurée d’une représentation d’un des acteurs importants du projet, l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ), au sein de l’assemblée générale. Cette activité estivale a pris naissance en 1998. Elle a bénéficié pour l’aspect financier et administratif, du soutien de l’OFQJ et du Conseil régional de Poitou-Charentes; pour l’aspect pédagogique, des universités de Poitiers, La Rochelle et Montréal. Chaque été, alternativement au Québec et en Poitou-Charentes, elle regroupait une trentaine d’étudiants en architecture, urbanisme, histoire, sociologie, tourisme, autour d’exposés, de tables rondes et de débats en matinée, suivis de visites en après-midi.

Le tourisme culturel : un moyen incontournable d'élargir la clientèle

Immédiatement après sa mise en place, la Commission attire tout naturellement une clientèle intéressée par l’histoire de l’aventure commune des Québécois et des Français. L’avant-scène est occupée par les professeurs et les chercheurs en histoire. Très vite, elle réalise le besoin de donner plus de retombées à ses travaux en s’ouvrant au tourisme culturel, une clientèle intéressée à concilier plaisirs et dépaysement avec connaissances et contemplation du patrimoine dans le cadre de ses loisirs.

La Commission prend l’initiative de relever le défi. En septembre 2001, Gilbert Pilleul, alors secrétaire général et vice-président de l’Association France-Québec, présente une première Carte de 101 lieux de mémoire correspondant aux lieux de départ des Français pour la Nouvelle-France. La carte suscite beaucoup d’intérêt. En novembre 2002, dans le cadre d’un séminaire de l’Association France-Québec, appuyé par la Commission, tenu à Aix-en-Provence, elle donne naissance à un projet plus vaste : une carte pour chacune des régions de France, accompagnée d’un livre recensant chacune des communes de France d’où sont partis les pionniers, renfermant pour chaque ville et village des notes sur leur géographie, leur évolution historique de même que sur chacun des migrants, nom, parents, profession. Chaque livre comprendra des itinéraires mémoriels que les touristes pourront emprunter selon une approche thématique ou généalogique, par exemple visiter un groupe de villages apparentés, pour une période donnée, par la présence sur leur territoire de bâtiments d’une architecture remarquable, d’un personnage hors du commun, etc. Chaque guide pourra servir à retracer le lieu de départ d’un ancêtre en autant que son nom est connu. Dès lors, la voie est tracée pour une visite des bâtiments que les ancêtres ont habités, des paysages faisant partie de leur quotidien, des traces laissées sur le terrain par les activités qu’ils ont exercées, de même que pour contempler les objets qu’ils ont pu manipuler au jour le jour.

Colloque, 26 et 27 octobre 2012, à Aix-en-Provence, pour souligner la réussite du projet Ces villes et villages de France …berceau de l’Amérique française : de g. à d. Marcel Masse, Henri Réthoré, Pierre Nora, historien et membre de l’Académie française, Georges Poirier, directeur de France-Québec Magazine, Michel Robitaille, délégué général du Québec à Paris, Janine Giraud-Héraud, Philippe Joutard, historien, Denis Racine et Pierre-André Wiltzer
Crédit photo : Denis Racine

Le secrétaire général de la Commission, poste alors occupé par Gilbert Pilleul, trouve en Janine Giraud-Héraud, présidente de la régionale Terres-de-Provence -Québec, une collaboratrice inconditionnelle pour mener à terme le nouveau projet. Sous leur houlette, une centaine de bénévoles des régionales de l’Association France-Québec se mettent à l’œuvre : recherches dans le Fichier Origine et dans d’autres bases de données, dans des dictionnaires généalogiques et biographiques, dans des histoires de communes, fréquentation de bibliothèques et de centres d’archives pour en savoir un peu plus sur le parcours du pionnier et établir ou confirmer le lieu de son départ pour l’Amérique, visites sur le terrain pour prises de photos. Des séminaires nationaux, 2002, 2004, 2006, 2008, 2012, et des rencontres de travail dans les grandes régions de France permettent d’uniformiser les façons de faire et de maintenir le feu sacré parmi un aussi grand nombre de participants. En bout de piste, toutes ces recherches redonnent vie aux personnages plus humbles qui ont quitté pour l’Amérique. Elles donnent accès à l’héritage qu’ils ont laissé, renfermant fort probablement une charge émotive aussi grande que celui de personnages trouvant place dans tous les livres d’histoire. Bref, s’il est pris en considération les réunions périodiques d’harmonisation des résultats, les séminaires de réflexion réunissant Français et Québécois, le temps pour la mise en forme des données et pour la recherche de financement pour leur publication, c’est un travail de plus de dix ans, mais largement récompensé. Douze livres sont produits, à compter de 2008, sous le titre Ces villes et villages de France …berceau de l’Amérique française aux Éditions LDMC – Publication, le dernier livre de la série étant lancé au printemps 2014.

La Commission s’engage aussi envers le tourisme culturel de ce côté-ci de l’Atlantique, par l’intermédiaire de l’un de ses membres, Marcel Fournier. Celui-ci apporte sa collaboration à l’Agence de développement touristique de la France, Atout France, pour le dépôt sur son site d’une base de données de 9 300 noms de pionniers partis pour l’Amérique. La base est en mesure de retourner le nom de la commune française où l’ancêtre a vécu, si les personnes projetant un voyage l’interrogent à partir du nom de famille du pionnier. Le site d’Atout France peut également fournir de l’information sur la physionomie actuelle de la ville ou du village à visiter comme sur les possibilités d’hébergement et de restauration.

En 2009, la Commission s’associe avec Pascale Marcotte, professeure au Département d’études en loisir, tourisme et culture de l’Université du Québec à Trois-Rivières, pour la préparation et le dépôt sur son site d’un itinéraire mémoriel. Le parcours retenu, une centaine de kilomètres entre Trois-Rivières et Saint-Augustin-de-Desmaures, est à caractère thématique. Il propose 19 sites d’intérêt patrimonial : sites industriels historiques, lieux de prière et de pèlerinage, bâtiments qui se signalent par l’originalité de leur architecture ou l’importance de leur fonction, tels des églises, moulins, manoirs. Il tire avantage de toutes les potentialités du Web tant pour les cartes géographiques que pour les informations à caractère historique et patrimonial que l’utilisateur de l’itinéraire peut obtenir dans l’Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France accessible en ligne. Le visiteur peut consulter cette base de données pour juger de l’intérêt des lieux proposés, et revenir à cette base à la fin de la visite pour approfondir les connaissances acquises.

L’intérêt de cet itinéraire mémoriel, présenté à un colloque international tenu du 2 au 4 juin 2010 à Québec sur le thème « Sites du patrimoine et tourisme », ne tarde pas à ressortir. L’itinéraire permet de faire le lien entre les traces matérielles des ancêtres d’origine française sur le territoire et, à l’occasion, leur identité perceptible sur les plaques, noms de villages, de rues, etc., tout en conservant une valeur universelle pour les touristes étrangers à la recherche d’un monde différent. Il inspire l’organisation d’un second colloque international à Québec. En juin 2012, durant trois jours, la Commission se joint à l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’Université Laval, l’Université de Birmingham, ainsi que la Chaire UNESCO-UNITWIN sur le tourisme culturel et l’Université de Paris-1 La Sorbonne, afin d’accueillir plus de 200 participants, originaires de 33 pays différents, dans le cadre d’échanges sur le thème Routes touristiques et itinéraires culturels. Entre mémoire et développement.

Plus récemment, en 2013, une publication de la municipalité régionale de comté de Portneuf aux Éditions Varia, intitulée Portneuf de vert et d’eau va dans le même sens de concilier visite du patrimoine culturel avec activités sportives et de loisirs – avec contribution du coprésident québécois, Denis Racine, sur le tourisme. La voie à suivre pour la Commission est tout indiquée. Pour le coprésident québécois, Denis Racine, le tracé de routes mémorielles s’impose dans le plan de travail de la Commission pour l’année 2015 et les suivantes. Des régions-pilotes sont choisies de part et d’autre de l’Atlantique : en France, les régions de l’Aquitaine et du Poitou-Charentes, au Québec la région de Charlevoix, entre autres. Le thème à privilégier est retenu : c’est la vie et le destin des pionniers de la Nouvelle-France, en d’autres termes, leur lieu de vie et de départ et leur lieu d’enracinement en Amérique. Les partenaires sont identifiés : les comités Tourisme culturel des deux sections de la Commission; de plus, en France, l’Association France-Québec et sa Commission Patrimoine et Tourisme culturel ; au Québec, l’Office du tourisme de Québec et l’Association touristique régionale de Charlevoix. L’apport des autorités politiques locales et régionales, interlocutrices incontournables, est prévu. Les nouveaux moyens de communication, facebook, supports numériques, téléphones intelligents, etc. feront le reste. 

Un héritage en devenir

La Commission a fait connaître et mis en valeur le patrimoine de la Nouvelle-France, celui qui témoigne de la présence française et constitue la grande originalité du Québec sur le continent nord-américain, sans pour autant négliger des éléments évocateurs plus récents. Par des colloques, des expositions, des célébrations d’événements, des publications, elle a jeté plus de lumière sur le patrimoine fort riche que le Québec conserve, tout particulièrement celui des 17e et 18e siècles au cours desquels les deux peuples ne font qu’un. En 2015, après un peu plus de quinze années de réalisations, elle peut dresser un bilan imposant.
 
Pour quiconque se penche sur son parcours, c’est fort probablement son rôle rassembleur qui retient le plus l’attention. La Commission a amené les spécialistes et les praticiens de plusieurs disciplines à travailler ensemble : historiens, généalogistes, géographes, muséologues, ethnologues, archivistes de même que les passionnés d’aujourd’hui de la relation franco-québécoise. Elle leur offre une tribune pour proposer des projets et un cadre pour se concerter et travailler ensemble. Elle leur apporte ses encouragements et son support financier. Par son site Internet, elle diffuse leurs initiatives et leurs réalisations. Est-il besoin de le signaler, l’influence de la Commission est d’autant plus grande que ses deux sections, Québec et France, ont toujours mené en commun leurs projets, leur donnant ainsi une plus-value.
 
Beaucoup a été fait sans que pour autant le travail soit terminé. Afin de multiplier les retombées de son action, la Commission tente d’élargir sa clientèle : intégrer la connaissance des fondements de la relation franco-québécoise au plaisir de se dépayser. Il y a là un travail d’études, de recherches et de terrain avec le milieu associatif et les agences et offices de tourisme. Le travail est bien enclenché, mais il y a encore beaucoup à accomplir, sans compter d’autres recherches sur l’histoire commune vécue par les Français et ceux qui deviennent des Québécois. Compte tenu de l’amitié et de l’entraide qui se sont développées entre les deux peuples, il est plus que permis de demeurer optimiste pour le futur.

 

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