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La Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants : deux nouvelles contributions aux lieux de mémoire franco-québécois, des choix pertinents

La Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants : deux nouvelles
contributions aux lieux de mémoire franco-québécois,
des choix pertinents

 

par Gilles Durand

 

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La Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants peut être fière de la contribution qu’elle a apportée avec ses deux dernières parutions soignées et abondamment illustrées, l’une consacrée aux lieux de mémoire (no 93), l’autre aux 400 ans d’histoire politique du Québec. À son invitation, plusieurs auteurs chevronnés de différents milieux, institutions, universités, bibliothèques, archives, musées, patrimoine, ont pris la plume pour célébrer à leur manière le 400e anniversaire de la fondation de Québec.

 

Pour demeurer vivante, la mémoire d’un peuple a besoin de repères. Grâce aux inventaires, le lecteur visite les vestiges archéologiques des édifices qui ont logé une des principales institutions de la Nouvelle-France, les châteaux Saint-Louis (no 93, p. 15-20). Il peut apprécier davantage l’hôtel du Parlement et les bâtiments qui l’entourent, le patrimoine bâti de la haute-ville entourée de remparts, celui de la basse-ville avec sa place du marché. Il peut apprivoiser le « génie du lieu » (no 93, p. 25-43), l’adaptation de ses habitants aux impératifs de la géographie, de la défense et de la disponibilité des ressources naturelles pour l’organisation de l’espace et l’habitat. Le lecteur ainsi se familiarise davantage avec des lieux de mémoire à caractère identitaire fort, en saisit le sens et peut scruter le processus, parfois échelonné sur plusieurs années, qui a conduit à leur création.

 

Le lecteur peut peut-être redécouvrir un projet en cours qui déjà présente plus d’un intérêt, celui des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec. Remémorant des activités liées à leur vie monastique et à l’exercice de leur profession auprès des malades, les religieuses témoignent, à travers leur couvent, leur hôpital, leur mobilier et leurs objets muséologiques, de leur implication soutenue dans le soulagement de la maladie à l’intérieur des murs de la ville (no 93, p. 21-24).

 

De même, le parc Montmorency, créé d’abord sous le nom de parc Frontenac et inauguré à l’occasion du 3e centenaire de Québec en 1908, renferme des repères, plaques, croix et monument, qui reflètent nos origines : Louis Hébert et la première concession de terre, l’ancien palais épiscopal qui fut aussi le siège de l’Assemblée législative, le cimetière des premières familles pionnières (no 93, p. 45-48). Sur les plaines d’Abraham, la création du parc des Champs-de-Bataille, issue du besoin de se souvenir des combattants de 1759 et de 1760, se signale par un long processus de négociations, par des ententes avec des parties enracinées depuis les tout premiers débuts de la Nouvelle-France et par des repères mémoriels (no 93, p. 49-51).

 

À l’été 2008, la promenade Samuel-De Champlain, nouveau boulevard au cœur d’un parc linéaire de 2,5 kilomètres, est inaugurée. L’aménagement, redevable à une initiative de la Commission de la capitale nationale du Québec, fait appel à la toponymie et à l’odonymie pour rappeler la présence des Amérindiens sur les berges du Saint-Laurent, l’entreprise missionnaire des Jésuites à Sillery et l’importance du fleuve dans la construction de l’empire français en Amérique du Nord (no 93, p. 52-55).

 

Outre les biens mobiliers et immobiliers, les œuvres d’art font partie des chaînons reliant le Québec à la France. La décoration de l’hôtel du Parlement l’illustre bien sur le plan religieux : sur la façade sept statues de bronze sur 26 représentant des religieux, sur les boiseries intérieures blasons et armoiries portant trace de congrégations religieuses, de prélats ou de membres du clergé, tableau au plafond de la salle de l’Assemblée et vitrail dans la salle des drapeaux au pied de la tour sur lesquels la croix est bien présente, crucifix au-dessus du trône de l’orateur. L’ensemble constitue un bel alliage de la représentation du développement du Québec ancien, incluant un rappel éloquent du lien entre la réalité religieuse et la réalité politique pendant une longue partie de notre histoire (no 94, p. 61-64).

 

Le lecteur s’enrichit aussi à décrypter d’autres messages, entre autres ceux du patrimoine immatériel. Le moment de retrouvaille de la France et de son ancienne colonie, vécu lors des célébrations, en 1934, du 400e anniversaire de l’arrivée de Jacques Cartier, a donné lieu à l’expression d’une identité ambigüe, caractérisée par un attachement à la France et par un loyalisme envers l’empire britannique (no 94, p. 28-30). De même, l’expression langagière, la « vieille capitale », a longtemps perpétué le souvenir du temps où Québec était la capitale d’un empire mis sur pied à compter du 17e siècle (no 94, p. 20-22). De son côté, l’Assemblée nationale a reconstitué, édité, enregistré et déposé sur son site Internet, des débats qui témoignent, à travers les préoccupations de ses membres face au devenir de la société québécoise, d’un attachement profond à l’héritage français (no 94, p. 52-60).

 

Cette brève présentation des deux derniers numéros de Cap-aux-Diamants, qui ouvrent à l’occasion la porte à un parcours imaginaire, n’entend pas épuiser l’intérêt des études qu’ils renferment. Nos lieux de mémoire, l’emplacement de la capitale, l’histoire politique du Québec, la vision de nos dirigeants sur le rôle de l’État remémorent autant de sujets à apprivoiser davantage.

 

Visitez le site Web de la Revue d’histoire du Québec Cap-aux-Diamants

 

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