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L’avertissement de La Capricieuse

L’avertissement de La Capricieuse

NDLR – À l’approche du 50e anniversaire de la création de la Délégation du Québec à Paris, nous vous proposons une relecture des tenants et aboutissants de la visite de La Capricieuse. Le texte présenté ci-dessous, permet, par l’analyse d’un événement, d’appréhender l’évolution des relations France-Québec à travers le temps.

par Jacques Portes
Professeur
Université de Paris-VIII, Saint-Denis
jacportes@orange.fr

 

La légende entourant la venue d’une corvette de la Marine Impériale dans le Saint-Laurent en 1855 ne se serait peut-être pas développée si le chef de la station navale de Terre-Neuve avait choisi son unité de commandement pour effectuer ce périple. Il s’agissait en effet du Gassendi1, un vapeur disgracieux et mal armé, peint de couleurs sombres, fait pour la surveillance des pêches et non pour le tourisme diplomatique. Mais les événements historiques tiennent à peu de choses — ici le bon goût du commandant Belvèze — car comment des poètes auraient-ils pu s’enflammer pour le Gassendi, comment des vignettes l’illustrant auraient-elles pu symboliser la reprise des relations entre la France et les Canadiens et être reprises dans des ouvrages scientifiques ?

 

Corvette : La capricieuse

Source : Archives nationales du Québec, Centre
d’archives de Québec (cote p 428,53,D7,P60)
Droit d’auteur : domaine public

Le commandant Belvèze avait le sens inné de la communication et s’est montré judicieux en choisissant La Capricieuse pour effectuer sa mémorable mission au Canada.

 

Le rôle de cet officier est essentiel, car il a pensé et su faire accepter cette mission peu ordinaire par ses supérieurs, d’abord au ministère de la Marine, puis aux Affaires étrangères et au Commerce. Une telle initiative est venue de la base et n’a pas été imposée par une autorité lointaine. Cela explique les très nombreuses discussions interministérielles qui ont précédé la décision favorable, car nombreux étaient les sous-entendus, mais l’empereur Napoléon III n’a jamais été mis au courant de la préparation d’une mission située en dehors de ses priorités stratégiques.2

 

 

L’arrière-plan de La Capricieuse

 

Depuis l’arrivée de Napoléon III au pouvoir, élu président de la République en 1848, qui s’est proclamé empereur en 1852, la priorité de sa politique étrangère a été le rapprochement avec la Grande-Bretagne, concrétisé en 1860 par un traité de libre-échange en bonne et due forme. Ce pays avait accueilli le prince Louis-Napoléon alors qu’il était chassé de France et celui-ci admirait particulièrement la stabilité institutionnelle de cette monarchie tempérée; l’avènement de l’empire libéral après 1860 confirme cette tendance puisqu’il prend la forme d’une monarchie constitutionnelle. De plus, les deux pays sont alliés dans la guerre de Crimée qui se déroule d’octobre 1853 au traité de Paris de mars 1856: ils sont alliés avec le royaume du Piémont contre les ambitions de l’empire russe à l’égard de l’empire turc. Les relations franco-britanniques sont dominées par ce conflit et, dans ces conditions, aucun des deux gouvernements ne cherche noise à l’autre3. Or Belvèze rédige son premier rapport au sujet d’une éventuelle mission au Canada dans les derniers mois de 1853 et les ministres en discutent jusqu’en mars 1855, alors que les opérations en Crimée atteignaient leur paroxysme. En conséquence, la conception de la mission se situe en dehors de toute arrière-pensée d’une provocation à l’égard des intérêts et des susceptibilités britanniques.

 

Cette alliance ne signifie pas que France et Grande-Bretagne soient d’accord sur tout; les rivalités commerciales existent, leurs visions européennes ne sont pas similaires, mais ces tensions n’existent pas en Amérique du Nord. Là les menaces peuvent venir de deux directions : les États-Unis et la Russie. Les rodomontades nationalistes américaines visent parfois le Canada, d’autant que ces colonies britanniques ont considérablement accru leurs échanges commerciaux avec le grand voisin et que des Canadiens français surtout dans les milieux aisés de Montréal, à l’instar de Papineau, manifestent des sympathies à l’égard d’une éventuelle annexion aux États-Unis, ce qui provoque l’irritation de Londres. Toutefois, à l’été 1855, le gouvernement français n’écarte pas une attaque de diversion de la flotte russe sur Saint-Pierre et Miquelon.

 

Depuis la loi du 26 juin 1849 qui abroge les actes de navigation, la Grande-Bretagne a mis fin au système mercantiliste qui organisait ses relations avec ses colonies. En conséquence, le Canada peut commercer avec d’autres pays que sa métropole, comme la France. Jusque-là, les relations commerciales entre la France et le Canada étaient nécessairement réduites en raison du pacte colonial et ne portaient que sur des produits qui ne pouvaient se trouver en Grande-Bretagne et qui étaient lourdement taxés : livres, certains articles de mode. La France n’était reliée au Canada par aucun câble ni ligne transatlantique directe, tous les échanges transitaient par Londres, que ce soit les dépêches d’agence, les informations politiques et commerciales, les marchandises ou les voyageurs.

 

Afin de profiter des nouvelles dispositions légales, des agences consulaires françaises ont été ouvertes en 1850 à Québec et à Sydney (Nouvelle-Écosse), puis en 1854 à Saint-Jean de Terre-Neuve et à Halifax et l’année suivante à Montréal. À l’exception de ce dernier et de celui de Québec, ces postes correspondent à des initiatives du commandant de la station navale de Terre-Neuve : ils sont destinés à s’occuper de toutes les questions liées aux pêcheries du grand banc. Depuis qu’un vapeur est affecté là-bas, il doit s’approvisionner en charbon en Nouvelle-Écosse, et d’autres navires français peuvent parfois subir une réparation dans ses ports, des matelots y être soignés ou recouvrés après un naufrage, car une collision peut prendre des proportions gênantes qui demandent un intermédiaire qualifié. Dans les deux grandes villes du Bas-Canada, les agents consulaires se tiennent informés d’un commerce en plein développement, mais dans lequel la part de la France est dérisoire.

 

Une fois approuvée par le Quai d’Orsay, la proposition de création de ces agences est transmise, avant la nomination d’un consul à Montréal, au consul général de France à Londres chargé d’obtenir l’accord du gouvernement britannique : en 1850, celui-ci est donné sans réserve par lord Palmerston lui-même4, alors ministre titulaire du Foreign Office.

 

Les agents consulaires ne sont pas des fonctionnaires du Quai d’Orsay et ne sont pas payés, ce sont des notables locaux connaissant les autorités et bien au courant des pratiques commerciales ; la plupart représentent plusieurs pays en même temps et, parfois, ont même des contacts d’affaires avec des intérêts français, comme J. Bourinot de Sydney qui détient le marché du charbon pour les navires français (il deviendra sénateur lors de la réunion du premier Sénat canadien en 1867). À Halifax, l’agent est un membre de la famille Cunard propriétaire de la grande compagnie transatlantique ; à Terre-Neuve, l’hôtelier J. Toussaint est un négociant français ; à Québec, Edward Ryan, armateur et participant au commerce international, anglophone et futur député — dont la nomination a été proposée par le consul général de Londres —représente d’autres pays et suggérera son frère Thomas pour le poste de Montréal. Les deux hommes ne parlent pas français, mais le consul de Londres a été averti par les autorités locales qu’il n’y avait aucun personnage canadien-français de cette envergure, ce qui en dit long sur leurs sentiments à l’égard de ceux qui ne s’appelaient pas encore Québécois.

 

Le réseau d’agences veille à la défense et à la représentation des intérêts français, certains agents s’en acquittent mieux que d’autres. Au Québec, les frères Ryan donnent toute satisfaction ; ils se gardent de prendre la moindre initiative, mais transmettent à Paris, via Londres, des coupures de presse et des textes officiels au sujet des droits de douane et de la réglementation commerciale. Le Quai d’Orsay s’estime très convenablement informé par les rapports qui lui parviennent et peut attribuer le titre de vice-consul — purement honorifique — ou la Légion d’honneur à l’un de ses hommes pour lui manifester sa satisfaction.

 

Aucune intention politique dans la mise en place de ces agences — et la nomination d’un consul à Montréal n’y changera rien — qui doivent seulement donner à la France un œil sur le pays où ils se trouvent. Début juin 1855, E. Ryan est ainsi passablement surpris d’apprendre par la presse l’arrivée prochaine de La Capricieuse à Montréal : personne n’avait jugé bon de l’avertir.

 

En dépit de leur rôle réduit, ces agents consulaires diffusent régulièrement une information solide sur le Canada et les ouvertures possibles pour le commerce français.

 

Commandant Paul-Henri Belvèze

Portrait du commandant Paul Henry de Belvèze
Source : Archives nationales du Québec, Centre
d’archives de Québec (cote p 6000, S5,PDEN73)
Droit d’auteur : Domaine public

Le capitaine de vaisseau Paul-Henri Belvèze est nommé le 8 janvier 1853 commandant de la division navale de Terre-Neuve5. Cet officier, originaire du Quercy, a 52 ans et aspire à être vite nommé contre-amiral, mais sa carrière rapide sous la monarchie (il est alors aide de camp du ministre de la Marine, puis diplomate dans des missions difficiles) ralentit sous l’Empire : il est capitaine depuis 1846. De ce fait, il aurait préféré avoir un commandement au combat plutôt que devoir surveiller les zones de la grande pêche, mais son ministre lui fait comprendre avec vigueur son devoir d’obéissance. Quand il n’est pas en mer, cet homme est un habitué à la vie parisienne et George Sand, dans un article du Diable à Paris, remarque même sa présence dans les salons6; mais l’affectation à Terre-Neuve n’a rien de réjouissant. Sans doute le commandant de la station navale a-t-il une certaine autorité sur l’île, où un gouvernement autonome n’apparaît qu’en 1855, mais la population est fruste, composée de colons restés à terre après être arrivés comme pêcheurs ; toute l’activité est dominée par la morue dont l’odeur envahit vêtements et bateaux, dont les résidus servent d’engrais et les arêtes de pavements des rues. À l’époque de Belvèze, aucune occasion de mondanité, mais une vigilance de tous les instants sur près de 10 000 pêcheurs venus de France, car les accidents ne sont pas rares avec des naufrages, la présence tardive des icebergs et l’observation de la chasse aux phoques, qui ensanglantent la glace.7

 

Dans ce contexte, Belvèze profite de sa position à proximité de Terre-Neuve pour observer le mouvement des navires dans le golfe du Saint-Laurent qui repartent chargés de bois; il est frappé par l’intensité du trafic et découvre une voie commerciale qu’il juge prometteuse. Aussi, en décembre 1853, une fois rentré en France, il rédige un rapport pour ses supérieurs sur les perspectives du commerce canadien et propose une mission d’exploration dans ce pays nouvellement ouvert :

 

« …il serait possible de combiner le service de la station avec une excursion dans le fleuve dont le but serait de connaître les ressources, les besoins et la condition commerciale de ce grand pays. Je serais pour mon compte fort heureux, si je retourne à Terre-Neuve, que le bureau des mouvements m’ouvrît dans ses instructions la joie de ces utiles investigations. »8

 

Ce faisant, Belvèze agit en bon officier de marine, dont c’est le devoir de présenter des initiatives susceptibles d’ajouter au prestige de la France ; d’ailleurs c’est l’un de ses prédécesseurs qui avait proposé la création des agences consulaires en Nouvelle-Écosse. La proposition de Belvèze est transmise au ministre de la Marine, qui la juge très intéressante, mais ce dernier demande au commandant de la station de ne pas s’en éloigner durant la campagne de 1854 en raison de la tension internationale liée à la guerre de Crimée, en revanche il mettra à profit cette période pour pousser ses observations sur les côtes voisines et préparer un rapport complet sur le Canada.

 

En octobre 1854, Belvèze remet au ministre le rapport demandé sur « le commerce de la France dans le golfe du Saint-Laurent », qui est transmis par la suite aux ministres des affaires étrangères et du commerce.9 Ce document très complet, outre des considérations historiques et culturelles sur lesquelles nous reviendrons, part de l’observation suivante : les bateaux de la grande pêche venus des ports normands et bretons arrivent presque vides à Terre-Neuve, avec seulement un peu de sel, aussi pourraient-ils être chargés de produits français pour lesquels Saint-Pierre et Miquelon constitueraient un entrepôt. De là, d’autres navires les achemineraient au Canada suivant la demande et le fret de retour serait composé de bois et de farine, dont l’approvisionnement en provenance de la mer Noire est alors interrompu en raison de la guerre. De surcroît, Belvèze réitère ses observations sur l’intensité du commerce dans cette zone, favorisé par la faiblesse des droits de douane canadiens méconnus des négociants français, qui donneraient toute sa justification à une mission d’exploration.

 

Les observations de Belvèze ne révélaient pas un réel esprit pratique, car les morutiers de Fécamp ou de Saint-Malo ne pouvaient se transformer à loisir en agents du commerce international —d’autant moins qu’ils recevaient une prime du gouvernement pour la pêche— et l’archipel français isolé en hiver n’est pas très bien placé pour avoir des relations directes avec la partie la plus riche des colonies canadiennes de la Grande-Bretagne.10 Pourtant le ministre de la Marine Théodore Ducos en est enchanté, car il démontre le sens de l’initiative de ses marins, qui sont les premiers à montrer le drapeau et à aller toujours de l’avant ; il propose d’ailleurs à ses collègues une mission de Belvèze dans le Saint-Laurent durant la saison de pêche de 1855, qui serait facilitée à la suite des « témoignages de sympathie votés par le Parlement canadien à l’armée de Crimée ».

Le ministre Ducos, puis Ferdinand Hamelin son successeur (le premier meurt le 18 avril 1855), attendent une réponse rapide, mais ils sont déçus, car Édouard Drouyn de Lhuys, ministre des Affaires étrangères, doute fort de la nécessité d’une telle mission et son collègue du Commerce Eugène Rouher n’est pas beaucoup plus enthousiaste.

 

Les deux ministres s’étonnent d’abord de la naïveté de Belvèze, qui a ignoré la régularité des informations commerciales transmises par les agents consulaires sur le Canada, car ils n’ont rien appris d’important dans son ambitieux rapport. Pourtant, la réticence de Drouyn de Lhuys est essentiellement politique, car il pose le problème de l’opportunité d’un tel déplacement d’un navire français. Le 6 mars, le ministre des Affaires étrangères répond à son collègue de la Marine : il reconnaît la valeur de son projet, il sait que « ce n’est pas de nous que l’Angleterre se préoccupe pour l’avenir du Canada » et que l’accueil de la population serait « excellent », mais il ne voit pas de raison suffisante pour « montrer notre pavillon au Canada pour la première fois depuis que nous avons perdu ce pays à la suite d’une guerre malheureuse et mal conduite ». Les motifs et les intérêts pour expliquer qu’un bateau de guerre apparaisse à Québec et Montréal devraient être « aussi évidents que considérables », or l’insignifiant commerce de la France dans la vallée du Saint-Laurent ne nécessite ni la protection ni la surveillance d’un bâtiment de la marine impériale, donc la mission paraît pour le moins prématurée.11

 

La politique définie par Drouyn de Lhuys révèle le poids de l’histoire, qui pèse sur tout gouvernement : la perte d’une colonie n’est pas chose anodine et la France ne doit pas risquer sans véritable raison la moindre atteinte à son prestige.12

 

Finalement, le ministre de la Marine emporte la décision, en insistant sur la portée strictement commerciale d’une mission destinée seulement à l’ouverture d’un nouveau marché, et sur la nécessité de profiter de la bonne entente entre la France et l’Angleterre. Drouyn de Lhuys compte sur « le tact et le bon esprit » de Belvèze pour que l’apparition du pavillon français à Québec ne justifie « aucune des appréhensions qu’il était de mon devoir de ne pas vous dissimuler ». La politique est soigneusement écartée, pourtant la venue d’un bâtiment français à Québec et Montréal est considérée comme exceptionnelle ; il y a là une contradiction difficile à résoudre.

 

Il reste désormais à obtenir l’accord d’Eugène Rouher, dont les services se moquent des idées avancées par Belvèze sur l’utilisation des navires de pêche pour le commerce, d’autant qu’ils connaissent le détail du tarif douanier canadien. Pourtant, le ministre du Commerce se rallie à la mission et fixe trois objectifs précis à Belvèze : l’établissement d’un consulat à Montréal, l’allégement des droits de douane sur certaines exportations françaises, et l’entrée en franchise au Canada des morues françaises. Il précise bien que le capitaine de vaisseau n’aura aucune attribution diplomatique.

 

La feuille de route définitive du 28 avril, dont Belvèze ne prend connaissance qu’une fois arrivé à Terre-Neuve13, reprend les opinions avancées par les trois ministres avec insistance sur le seul commerce : « il convient, vous le comprendrez sans peine, que vous conserviez une attitude pleine de réserve et que vous vous teniez en garde contre toute manifestation à laquelle les autorités britanniques ne devraient prendre aucune part. »

 

Le Foreign Office n’est pas averti de cette décision par le Quai d’Orsay, car sa portée reste locale et sa signification n’a rien de politique. Le consul général de France à Londres se dit surpris de n’avoir pas été tenu au courant de la mission, mais il transmet à Paris des coupures de presse canadiennes, qui expriment « les sentiments que notre ancienne colonie conserve pour la France et son gouvernement » et indiquent que l’arrivée prochaine de La Capricieuse a « déjà donné lieu à des démonstrations qui promettent à M. Belvèze un accueil sympathique ».

 

 

La réalité de la mission

 

La Capricieuse à son départ du port de Québec, le 27 aout 1855

La Capricieuse à son départ du port de Québec,
le 27 aout 1855
Division des Archives de l’université
de Montréal (1FP,6348)
Droit d’auteur : Domaine public 

Du 13 juillet au 25 août, le séjour de Belvèze au Bas-Canada et au Haut-Canada s’est remarquablement déroulé ; aucune anicroche, aucun incident diplomatique n’est survenu, en dépit des tensions internes de la société canadienne. Comment ce capitaine de vaisseau, excédé des brumes de Terre-Neuve, ne serait-il pas séduit et enchanté par l’accueil que lui réserve la population canadienne-française ? Le drapeau tricolore flotte sur tous les édifices et les maisons, les habitants de Québec se précipitent pour parler aux marins de La Capricieuse, alors que leur commandant va de bals en réceptions, de cérémonies officielles — banquet du gouverneur-général — en inauguration — celle du monument des Braves sur les Plaines d’Abraham, en l’honneur de Montcalm et de Wolfe, retardée pour que Belvèze puisse y participer.

 

La presse est pour une fois unanime à célébrer l’élégance et la haute tenue des multiples discours de Belvèze ; tout au plus, à Montréal, les partisans « rouges » de l’annexion aux États-Unis interpellent les « Bleus » à propos des éloges adressés à la sagesse britannique par une France dictatoriale, mais cette controverse reste cantonnée dans de rares journaux.

 

Le 2 août 1855, le Times de Londres donne sa version de l’évènement, en tant que quotidien britannique semi-officiel, avec en titre : « Réception d’une frégate française à Québec » :

 

« Les historiens du Canada placeront les événements d’hier parmi les faits mémorables des annales de ce pays. Depuis la Conquête, il y a 96 ans, aucun navire de guerre français n’avait jeté l’ancre sous les fortifications de Québec, et certainement aucun n’avait jamais été reçu avec plus d’enthousiasme que La Capricieuse l’a été ; elle est arrivée un peu avant 7 heures hier soir, après une navigation de 9 jours depuis Sydney… »14 

 

L’article poursuit sur la réception du navire et de son équipage sous une pluie battante : il est salué par 21 coups de canon alors que le drapeau français a été hissé sur la citadelle de Québec ; le gouverneur-général a reçu en personne le commandant Belvèze, comme le maire de la ville l’a fait et la municipalité avait voté un budget de 1000 $ pour les festivités auxquelles les habitants ont été conviés en grand nombre. Un bal respectant la tempérance a eu lieu sur la terrasse Durham, pour un ticket d’entrée de 10 cents.

 

Ces quelques développements sont significatifs : les autorités canadiennes étaient très conscientes du caractère exceptionnel de l’événement, mais l’ont relégué sur un plan historique, bien révolu. Elles ont pris les devants et ont fait les choses en grand pour la réception du navire et des officiers d’un pays allié de la métropole, en prenant bien soin d’y associer la population. Comme pour désamorcer les risques d’explosion populaire ou d’échauffourées et, finalement, ces efforts n’ont pas si mal réussi, au moins sur le moment. Les troubles révolutionnaires de 1837 étaient dans toutes les mémoires, comme les émeutes de 1849, à propos des relations avec les États-Unis, mais, cette fois, les citoyens ne peuvent rien reprocher à un gouvernement qui fait si bien les choses.

 

La période est d’ailleurs à l’apaisement des tensions tant au Canada que dans les rapports franco-britanniques et tous les éditoriaux célèbrent les deux mères patries de la population ; la France pour le passé, l’Angleterre pour le présent.

 

Belvèze est rapidement conscient de l’extraordinaire événement dont il est l’involontaire héros, reçu « non comme un simple capitaine de vaisseau de la marine impériale, mais comme le représentant de l’alliée de l’Angleterre », d’ailleurs sa mission a obtenu « l’approbation franche et cordiale des autorités anglaises ». Dans toutes ses interventions, il prend soin d’honorer les vertus du régime britannique au Canada, même quand il s’adresse aux membres de l’Institut canadien, alors qu’il est de retour à Montréal après sa tournée dans le Haut-Canada : « Les Canadiens, Messieurs, seuls dans l’Amérique du Nord, ont toujours prétendu à une nationalité distincte, ils ont soutenu pour elle une glorieuse lutte, ils ont senti, à bon droit selon moi, que la destinée des peuples n’était pas tout entière dans le perfectionnement de la vie matérielle et qu’elle se manifestait aussi par les travaux de l’esprit.

 

L’institut canadien a la mission de conserver cette tendance toute française, et de l’autre côté de l’Atlantique, dans la patrie de Descartes, de Racine, de Bossuet, comme dans celle de Milton, Shakespeare, de Newton, on y applaudit et on vous y encourage. »15

 

Les rapports intérimaires que Belvèze adresse au ministre de la Marine sont très bien reçus et des extraits du premier d’entre eux en sont publiés dans le Moniteur universel (journal officiel de l’Empire) : « La ville de Québec vient d’assister à l’un de ces étonnants spectacles qui signalent une époque et dont l’histoire conserve un impérissable souvenir. »16 Le rapport consacré au passage dans le Haut-Canada est très optimiste, car l’alliance entre les deux grands pays a été célébrée là sans aucune ambiguïté : « Aux citoyens de Toronto, Une des plus précieuses conséquences de cette politique doit être de rendre plus actifs et plus utiles les rapports entre les peuples soumis aux deux couronnes. C’est la pensée qui a inspiré à l’Empereur la mission que je remplis. Il a voulu, malgré les préoccupations de la guerre, rétablir entre les deux pays, autrefois unis par d’autres liens, des relations commerciales directes, libres et spontanées, et c’est pour préparer ces relations que je suis venu au Canada. J’ai suivi avec soin les belles lignes de navigation qui rattachent à la mer les parties les plus éloignées de votre vaste contrée, et, dans cette visite, je me suis convaincu que dans ce beau pays, habité par les fils des nations les plus industrieuses du monde, des progrès immenses s’étaient accomplis sans que l’Europe en eût connaissance exacte ; entre le Canada et la France l’échange se fait, mais par des intermédiaires… Faisons directement cet échange, il deviendra aussi profitable pour les deux nations…. »17

 

Le capitaine de vaisseau s’est montré beaucoup plus intéressé par les réalisations modernes du pays — chemins de fer, ponts, canaux — que par le pittoresque d’un village indien et de la descente en canot d’écorce d’une portion du Saint-Maurice et il prend soin de célébrer les progrès industriels du pays.

 

Belvèze est satisfait d’avoir réussi à désamorcer les effets de «  l’esprit d’antagonisme toujours existant entre les races, les intérêts et les religions différents du Haut et Bas-Canada » et d’avoir résisté à son succès, sans succomber à la vanité, parfois avec l’adresse d’un « équilibriste ». Dans sa correspondance privée, il ne cache pas son émotion devant une société de langue française seule capable de résister à l’américanisation rampante, mais il ne s’agit en rien de l’ébauche d’un projet politique. D’ailleurs sur le fond, il tient à peu près le même discours dans les deux régions du Canada avec toujours le rappel de l’alliance anglaise.

 

Son analyse finale évoque les promesses qui lui ont été faites de faciliter le commerce avec la France, le Parlement canadien pourrait accéder aux demandes françaises d’abaissement des droits et envisager même un véritable traité de réciprocité, analogue à celui qui a été signé avec les États-Unis l’année précédente, à condition que la France fasse un effort au sujet des bois et navires canadiens. Le ministre Rouher est enchanté de ces perspectives et juge que « le commerce français pourrait utilement établir des relations directes avec cette possession anglaise ».

 

Toutefois, ces progrès ne se réalisent pas, comme si la mission de La Capricieuse avait été un coup pour rien : le consulat de Montréal n’est pas créé aussitôt, il faut attendre quatre ans, et les promesses commerciales ne sont suivies d’aucun effet concret. Les rares avancées ne se produisent qu’après 1860, à la suite des efforts acharnés du consul Gauldrée-Boilleau.

 

Les contacts noués par Belvèze n’ont sans doute pas été inutiles, mais, par rapport aux buts initiaux uniquement commerciaux, les résultats atteints par cette mission ne pèsent pas lourd et auraient pu être oubliés. Pourtant, dans la mémoire populaire au Québec et dans les ouvrages historiques, la première apparition du drapeau français dans le Saint-Laurent depuis 1759 marque la réelle reprise des relations entre la France et le Canada.

 

 

Une première leçon de la mission de La Capricieuse

 

Un paradoxe apparaît clairement entre le succès immédiat obtenu par Belvèze, et sur lequel lui-même n’a jamais eu le moindre doute, et les très grandes précautions prises par les ministres des Affaires étrangères, qui ont succédé à Drouyn de Lhuys, en adoptant exactement les mêmes positions que ce dernier.

 

Alors que les ministres Hamelin et Rouher n’ont pas tari d’éloges sur les résultats de la mission et ont souhaité que ces fruits soient confirmés rapidement par de nouvelles initiatives, Drouyn de Lhuys est resté totalement muet et s’est bien gardé d’accélérer le dossier canadien.

 

La responsabilité du capitaine de vaisseau Belvèze n’est nullement en cause. Rentré à Sydney, le 29 août 1855, il écrit à l’un de ses amis : « Nul n’est prophète en son pays et pendant que l’on crie ici « heureuse la France qui possède de tels hommes », chez nous on fait des fournées de contre-amiraux et on me laisse de côté… Qu’y faire ? » 18 Une fois de retour en France, il peste contre l’injustice qui lui est faite en lui refusant sa promotion et met dans la balance son succès de l’été. Le gouverneur-général Head transmet à Londres ses très bonnes impressions sur cet officier — il l’a jugé intelligent, fin parleur et sincère admirateur du régime britannique — ; le Colonial Office ne manifeste pas plus son sentiment qu’il ne l’avait fait lors de la genèse de la mission de La Capricieuse. Le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté n’a jamais redouté les initiatives françaises au Canada, qui demeure d’un intérêt très secondaire dans les relations entre les deux pays. Belvèze n’a pas eu d’avancement en raison de ses convictions royalistes et de ses constantes récriminations transmises souvent directement à l’empereur en court-circuitant ses supérieurs — ce qui ne plaît guère dans l’armée — et il est mis à la retraite à la limite d’âge de son grade en 1861, sans avoir obtenu le grade convoité de contre-amiral.19

 

Le gouvernement britannique, comme les autorités canadiennes, souhaitent que la mission de Belvèze débouche sur des résultats concrets, que ce soit la création d’un consulat ou le traité de commerce et ils le font savoir. Or la France ne bouge pas et, quelques années plus tard, la conjoncture internationale n’est plus aussi favorable qu’elle aurait pu l’être durant la guerre de Crimée.

 

Quand en 1859, le consul Henri-Philippe Gauldrée-Boilleau arrive à Québec comme premier consul de France, il exprime l’intention de « consolider les bonnes impressions qui dataient de la mission du commandant Belvèze, que sa présence a réveillées », mais le ministère lui recommande « la plus extrême circonspection » et ne lui donne aucune réponse à sa proposition d’une importante réception d’accueil pour rendre celle qui avait été réservée en 1855 à La Capricieuse. Dans les mois qui suivent, le consul parvient à trouver son équilibre en définissant soigneusement son statut, dans les aléas de la politique canadienne et britannique.

 

En 1868 pourtant, le commandant Desvarannes, qui commande Le D’Estrées dans sa mission dans le Saint-Laurent — la première depuis 1855 — , à la mémoire longue :

 

« Je partais pour Québec plein d’inquiétude sur la réception que les Canadiens feraient au D’Estrées. Je craignais l’enthousiasme irréfléchi des habitants. Je me reportais naturellement au voyage de la Capricieuse en 1855 sous le commandant Belvèze et je savais qu’à cette époque l’arrivée d’un bâtiment de guerre français, le premier depuis la cession, avait causé une émotion embarrassante pour les deux nations. »20

 

L’officier de marine, fort de la tradition hostile à la « perfide Albion », voit la main de Londres dans le retard pris dans l’envoi d’un nouveau navire. Sur ce point, il se trompe car c’est au Quai d’Orsay que règne un sentiment d’inquiétude et non sur les bords de la Tamise : le ministre Drouyn de Lhuys et ses successeurs n’ont absolument rien à reprocher à Belvèze, mais ils ont tiré de son rapport de mission la conviction que l’accueil qu’il a reçu — et dont il n’était nullement responsable — a été celui d’un représentant officiel de la France et non d’un capitaine de vaisseau chargé d’une mission uniquement commerciale. Les preuves abondent : des milliers de spectateurs quand il prend la parole, le drapeau tricolore qui est partout arboré, La Capricieuse à quai à Québec a été visitée sans discontinuité, les plus hautes autorités civiles et religieuses ont fastueusement invité Belvèze, l’armateur Baby a refusé tout paiement pour l’acheminer avec son entourage jusqu’à Montréal et retour. Dans le Haut-Canada, des officiels peu au fait du protocole officiel et qui suivent ce qui s’est passé à Québec et Montréal l’ont reçu comme le véritable ambassadeur d’un pays allié.

 

Devant ces débordements d’enthousiasme, Belvèze est resté serein et a su garder sa place, mais que se serait-il passé s’il avait cédé à l’ambiance et proclamé des promesses intenables au regard de la politique française, ou si un improbable meneur canadien-français s’était levé pour enflammer un peu plus la foule autour du drapeau français. De tels éclats ont peu de chance de se produire, en raison de la discipline des visiteurs et de l’état de l’esprit public canadien, mais ne peuvent être totalement écartés, tellement sont puissants et imprévisibles les mouvements d’une foule enthousiaste.

 

Le ministère sait très bien que l’Angleterre n’a aucune crainte à l’égard de la position canadienne de la France, mais si des manifestations nationalistes se produisaient de façon récurrente, si la France y était associée, si un officier de marine ou un consul se laissait emporter, comment les « susceptibilités britanniques » ne seraient-elles pas éveillées de manière dommageable. Aussi, la consigne permanente du ministère des Affaires étrangères est d’éviter que soit tendu à nouveau ce piège, d’autant que la France n’a pas la moindre intention politique envers le Canada : elle y a renoncé depuis son alliance avec les États-Unis en 1778.

 

Dans ce contexte, la mission de La Capricieuse sonne comme un avertissement, qui explique que le Quai d’Orsay ait décidé de freiner l’enthousiasme des Canadiens francais en retardant la nomination d’un consul — en dépit de l’approbation des autorités coloniales exprimée à Québec comme à Londres dès 1855 — , puis en lui réitérant avec insistance des consignes explicites de prudence, en demandant la plus grande circonspection aux officiers de marine — souvent poussés dans le dos par leurs supérieurs moins diplomates — et à tous les visiteurs. En 1862, la promotion de Gauldrée-Boilleau au rang de consul général de France est l’occasion de renouveler ces appels modérateurs :

 

« Le cabinet de Londres y a mis cette condition qu’il n’en résulterait en aucune façon pour vous le droit d’exercer d’autres fonctions que celles qui entrent dans les attributions ordinaires d’un consul dans les possessions britanniques. Cet indice de la facilité avec laquelle peuvent être éveillées les susceptibilités du gouvernement de la Reine vous fera comprendre la nécessité de vous écarter d’autant moins dans vos rapports avec les autorités coloniales, de la ligne de conduite prudente et réservée qui vous a été tracée par mon département. »21

 

Le gouverneur-général remercie même le consul de sa réserve, car il lui a ainsi évité des « embarras » et, en 1860, le représentant de la France n’obtient pas l’autorisation du Quai d’Orsay d’inaugurer un monument de la Société Saint-Jean-Baptiste sur les Plaines d’Abraham, simple complément à celui des Braves.

 

La mission de Belvèze ne marque pas tant la reprise des relations officielles entre la France et le Canada qu’elle ne manifeste l’extrême prudence du Quai d’Orsay dans leur mise en œuvre et dans leur développement ; car, de 1855 à 1960, la priorité de la France a été l’alliance avec la Grande-Bretagne. Par ailleurs, si la perte de la Nouvelle-France par la France ne pouvait pas être oubliée, elle ne pouvait pas donner lieu à une quelconque célébration, bien qu’elle ait été vengée par l’humiliation de la Grande-Bretagne lors de la naissance des États-Unis, à laquelle la France a prêté la main.

 

Et cette prudence a été transmise de régime en régime : les Troisième et Quatrième Républiques se sont comportées comme le Second Empire au sujet du Canada.

 

 

Notes

  1.  Du nom de Pierre Gassend, dit Gassendi (1592-1655), mathématicien et astronome, critique de Descartes, il tente de concilier la morale épicurienne avec le christianisme. Il est renommé dans la marine pour son expérience de 1642 qui vérifie la notion d’inertie en faisant tomber un boulet du haut du mat d’une galère lancée à pleine vitesse dans la baie de Marseille.
  2.  Jacques Portes, « La Capricieuse au Canada », RHAF, vol. 31, n°3, décembre 1977, 351-370.
  3.  Les archives du Foreign Office sont très claires sur ce point : le Canada n’y tient aucune place, alors que les échanges entre la France et la Grande-Bretagne sont quotidiens au sujet de la Crimée.
  4.  Lord Palmerston (1748-1865) a été ministre des affaires étrangères de la Grande-Bretagne de 1830 à 1841, puis de 1846 à 1851, avant d’être Premier ministre de 1855 à 1858, et de 1859 à 1865.
  5.  Le dossier personnel de Belvèze au ministère de la Marine précise clairement qu’il n’a pas la particule que beaucoup d’auteurs lui attribuent, pour lui donner meilleure allure. Né en 1801 à Montauban, Belvèze vient d’une vieille famille languedocienne, l’un de ses ancêtres a été au XIVe siècle sergent d’arme à Montréal d’Aude.
  6.  Cité par Virginie Adane, « La Galerie Indienne de George Catlin en France en 1845», mémoire de maîtrise sous la direction de Jacques Portes, université Paris 8, 2004.
  7.  Ronald Rompkey, Terre-Neuve. Anthologie des voyageurs français, 1814-1914, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004.
  8.  Archives nationales (A.N.), Marine BB4 685, Belvèze à Daries (sans date). Daries est chef du 2ème bureau du ministre chargé du mouvement des forces navales, des opérations maritimes, des instructions aux officiers.
  9.  Conservé aux A.N., ce rapport a également été publié à partir du 4 septembre 1855 dans la Minerve de Montréal.
  10.  Saint-Pierre et Miquelon connaîtront une brève période de prospérité dans les années 1920, en temps qu’entrepôts des vins et alcools français que les contrebandiers américains venaient chercher, tellement la demande était forte en raison de la prohibition qui régnait aux États-Unis.
  11.  A.N. – Marine BB3 690, f° 69-71, 6 mars 1855, Drouyn de Lhuys à Ducos.
  12.  Le ministre évoque une autre colonie perdue, Saint-Domingue, visitée par des navires français : ils s’y rendent « non sans inconvénient », mais l’importance du commerce justifie leur présence.
  13.  C’est de là qu’il demande et obtient l’autorisation de substituer La Capricieuse au Gassendi, initialement prévu.
  14.  La traduction est de J. Portes : le distingué journaliste ne connaît pas les types de navire et prend une corvette, même mot en anglais, pour une frégate ; il s’agit d’un article du Québec Morning Chronicle choisi au milieu de beaucoup d’autres par le grand quotidien londonien, qui n’a pas de correspondant sur place.
  15.  Belvèze est particulièrement satisfait de cette intervention, car il la redoutait : « j’ai dû accepter un banquet de l’institut canadien que j’avais une première fois refusé ; je craignais de trouver dans cette nombreuse réunion d’hommes jeunes et ardents des tendances à aborder des questions politiques, et je n’ai voulu accepter qu’à la condition qu’on resterait dans les limites des idées littéraires et artistiques qui sont le but ostensible de l’institution. Tout a été parfait et convenable, et le gouverneur général m’a même su gré d’avoir saisi l’occasion de ramener cette institution à son véritable caractère. » Commandant de Belvèze, Lettres choisies dans sa correspondance, 1824-1875. (Bourges : Pigelet et fils & Tardy, 1882,133)Le Moniteur universel, 19 août 1855.
  16.  Le Moniteur universel, 19 août 1855.
  17.  Commandant de Belvèze, Ibidem, 145
  18.  Commandant de Belvèze, Ibidem, 151.
  19.  Le dossier personnel de l’officier est sans aucune ambiguïté sur la fin de sa carrière. Il meurt en 1875 à Toulon, sans avoir été promu amiral.
  20.  A.N. – Marine BB4 877, 15 septembre 1868, Rapport de Desvarannes.
  21.  Archives du ministère des Affaires étrangères, C.C.Q. 1, f° 460, 9 juin 1862. En l’occurrence, le ministre évoque l’interprétation ambiguë du statut de consul par les autorités anglaises, car pour elles les consuls ne sont pas fonctionnaires d’état, mais le statut précis de Belvèze avait été discuté lors de sa mission.

Les lecteurs peuvent également consulter l’article de cet auteur consacré à La Capricieuse dans l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.

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