Le 50e anniversaire du ministère des Affaires culturelles
par Gilles Durand
La ministre de la CCCF, Christine St-Pierre, |
Le ministère des Affaires culturelles, appelé aujourd’hui ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, fête 50 ans d’existence en 2011. Pour commémorer l’événement, la Fédération Histoire Québec et la Société du patrimoine politique du Québec ont organisé un colloque à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec le 15 septembre 2011. Des présentations des conférenciers et des échanges suscités se dégagent deux thèmes principaux : un engagement en matière culturelle constant et de longue date envers tous les Québécois, embrassant tous les domaines, et un souci constant d’élargir les frontières du Québec à la grandeur de la francophonie, tout particulièrement dans la mère patrie considérée comme source d’inspiration, auditoire et appui.
L’action culturelle du Québec avant 1960
Le ministère des Affaires culturelles est créé en mars 1961, mais les préoccupations du Québec pour la culture sont bien antérieures. En matière de politique intérieure, par exemple, Athanase David, secrétaire provincial de 1919 à 1936, laisse un héritage imposant : bourses d’études pour spécialisation en France et contribution au fonctionnement d’un lieu d’accueil, la Maison des étudiants canadiens à Paris; mise sur pied d’écoles de beaux-arts à Québec et à Montréal; sauvegarde et mise en valeur du patrimoine par la Loi sur les monuments historiques et les œuvres d’art de 1922 et par la création d’une Commission des monuments historiques; construction d’un musée d’État dans lequel emménagent les archives; utilisation de temps d’antenne à la radio pour diffuser de l’information éducative et culturelle. Au départ de David, d’autres mesures suivent encore, telle la création de conservatoires de musique à Montréal en 1942 et à Québec en 1944, avec ajout de volets d’art dramatique dans les années 1950.
Côté politique extérieure, l’engagement du Québec remonte à 1882 avec la nomination d’Hector Fabre comme agent de la province à Paris. Fabre assure une présence assidue auprès des cercles intéressés au Québec. Avec beaucoup d’habileté, il fait de ses bureaux une plaque tournante pour Québécois et Français, en particulier les artistes et les écrivains : lieu de rencontre, centre de documentation et d’information, rédaction d’un journal Paris-Canada. À la suite de son décès en 1910, le Québec ne lui donne pas de successeur, laissant plutôt au milieu associatif la prise en charge de la relation franco-québécoise.
L’accélération de la Révolution tranquille
Le ton est donné. La Révolution tranquille des années 1960 donne un nouvel élan dans tous les domaines. L’équipe libérale de Jean Lesage encadre davantage l’action culturelle du gouvernement en créant un ministère en mars 1961. Le premier titulaire, Georges-Émile Lapalme, s’inspire de l’expérience française et d’André Malraux, qui a mis sur pied une telle structure deux ans plus tôt. En matière de politique intérieure, le Ministère se révèle, au cours des années, un outil indispensable aux mains de l’État québécois pour poursuivre le travail commencé, le revitaliser, le bonifier et l’élargir aux nouveaux défis qui se présentent : qualité de la langue parlée et écrite, préservation et valorisation du patrimoine paysager et immatériel, bibliothèques publiques accessibles à tous, dynamisation de la vie culturelle en région par la présence de bureaux de développement et par la recherche de partenariats avec les municipalités et les commissions scolaires; soutien accru aux différents intervenants culturels impliqués tant dans la création que dans la publication et la diffusion; transfert de responsabilités à des sociétés d’État dont le Conseil des arts et des lettres du Québec créé en 1992.
Après 1960, le rayonnement au sein de la Francophonie constitue le second volet de la politique du ministère des Affaires culturelles. Celui-ci prend charge de la mission culturelle de la Délégation générale du Québec à Paris qui ouvre ses portes en octobre 1961 sous le nom de Maison du Québec à Paris. Il déploie son action dans la ligne tracée par Hector Fabre : plaque tournante pour les Québécois et les Français à la recherche d’information, d’inspiration et d’un auditoire élargi dans le pays d’en face; bibliothèque qui prend le nom de Bibliothèque Gaston-Miron; publication sur Internet d’un bulletin d’information qui informe sur la tournée des artistes québécois, etc.; porte-parole des aspirations du Québec auprès du gouvernement français, qui appuie sa participation aux organismes de la Francophonie dans ses champs de compétence et qui supporte des mesures à l’échelle internationale protégeant la culture française des effets négatifs de la mondialisation. En 1967, le volet international de tous les engagements du Québec passe sous la responsabilité du ministère des Relations internationales et le ministère des Affaires culturelles poursuit son action en collaboration avec ce dernier.
Quelques publications pour en savoir davantage sur le rôle du ministère des Affaires culturelles
Pour la période antérieure à la Révolution tranquille :
Pour les cinquante années à compter de 1960
Marcel Masse donne le coup d’envoi avec le rôle |
- Gérald Grandmont, « 50 ans de politique culturelle au Québec : 10 dates majeures qui ont marqué cette politique et questionnements pour l’avenir », communication présentée le 4 avril 2011
- Fernand Harvey, « Georges-Émile Lapalme et la politique culturelle du Québec : genèse, projet et désillusion », Les Cahiers des dix, no 64, 2010, p. 1-46
- Fernand Harvey, « La politique culturelle du Québec sous Georges-Émile Lapalme et après : la Révolution tranquille qui n’a pas eu lieu », communication présentée le 4 avril 2011
- Marcel Masse, « 50e anniversaire du ministère des Affaires culturelles », communication présentée le 15 septembre 2011