C’est devant un public de 125 personnes que la Commission et ses partenaires ont présenté le 10 mai dernier, dans le cadre du festival d’histoire de Montréal, à l’auditorium de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, son colloque international dont le thème était « cinq siècles de navigation transatlantique– France-Nouvelle-France-Québec ».
Animé par l’historien bien connu, M. Éric Bédard, l’activité a réuni huit conférenciers qui ont offert autant de communications sur une variété de sujet en rapport avec ce thème. Il a souhaité la bienvenue et remercié les conférenciers et notamment ceux qui avaient fait le voyage depuis la France, les membres du public et notre photographe officiel, M. Jacques Landry.
Par la suite, le président d’honneur et les représentants des organismes organisateurs ont pris la parole. Le président de la Société historique de Montréal, M. Mario Robert, indiquant que les billets s’étant envolés en trois jours seulement, s’est félicité de la réponse enthousiaste du public et des membres de sa Société à l’égard de l’initiative, soulignant également qu’il est fier du fruit de cette collaboration avec les divers partenaires.
Le président de la section québécoise de la Commission, M. Denis Racine, a mentionné que ce colloque était le fruit d’une réflexion tenue avant la pandémie, qui a retardé sa mise en œuvre, et qu’aujourd’hui, après tout ce temps, le produit n’en est que de plus grande qualité. Il a remercié les partenaires de la Commission qui se sont impliqués dans sa réalisation : la Société historique de Montréal, le Consulat général de France à Québec, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, la Fondation Lionel-Groulx, la Fédération Histoire-Québec, l’Institut généalogique Drouin, les Éditions du Septentrion, la Société de recherche historique Archiv-Histo et l’Association des familles Lussier, de même que les conférenciers et les organisateurs, MM. Marcel Fournier et Mario Robert.
La présidente de la section française de la Commission, Mme Chantal Moreno, ayant fait la traversée spécifiquement pour le colloque, s’est dite heureuse de participer à cette activité de la section québécoise et a discuté des principaux défis qui attendent sa section dans la prochaine année après quelques années d’inactivité. Parmi les projets qu’elle a évoqués, deux colloques en vue, en octobre 2024 à Angoulême sous le thème « Histoire, patrimoine et tourisme : la Nouvelle-France, atout majeur des stratégies et initiatives touristiques des territoires » et les 14 et 16 novembre 2024 à Bordeaux, concernant le père Lafitau et son œuvre. Le père Lafitau, originaire de Bordeaux, a passé huit ans avec les Iroquoiens à Sault-Saint-Louis et a écrit un livre publié en 1724, qui a été rapidement traduit en plusieurs langues et fait de son auteur, le père de l’ethnologie moderne, tandis que son œuvre est aujourd’hui enseigné dans plusieurs universités à travers le monde.
Enfin, le président d’honneur du colloque et Consul général de France à Québec, M. Éric Lamouroux, a transmis les salutations de la France aux participants et a insisté sur les liens solides, nombreux, originaux et souvent inédits entre la France et le Québec et dont la Commission et le colloque est une manifestation éclatante.
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Présentation du colloque
Depuis la fin du 15e siècle, les Basques et les Bretons fréquentaient l’estuaire du Saint-Laurent pour y faire la chasse à la baleine ou la pêche à la morue. Ils ont été les précurseurs des explorateurs tels que Verrazzano, Cartier, Roberval, Champlain et même Radisson. À la suite de leurs découvertes, les traversées transatlantiques sont devenues plus fréquentes et des milliers de vaisseaux, construits en France et en Nouvelle-France ont permis à des milliers de Français de séjourner ou de s’établir au Canada au cours du Régime français. Après la signature du traité de Paris de 1763, il faudra attendre en 1855, pour que la Capricieuse retrouve la voie du Saint-Laurent et marque ainsi un retour de la France au Canada. À partir de 1865 et jusqu’à la fin des années 1940, des lignes transatlantiques ont permis à des milliers d’émigrants européens de se rendre à Montréal et à Québec dont plusieurs sont partis du Havre. Au début des années 1950, l’avènement de l’aviation a mis fin à plus de cinq siècles de voyages de passagers par mer entre la France et le Canada. Toutefois des liaisons maritimes demeurent, notamment la très médiatisée Transat Québec-Saint-Malo. Le 30 juin prochain, à Québec, le coup d’envoi sera donné pour la 10e édition(40e anniversaire). Cette course perpétue de belle façon les 500 ans de liaisons transatlantiques franco-québécoises.
Denis Racine, co-président – Commission de la mémoire franco-québécoise
Mario Robert, président – Société historique de Montréal
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CONFÉRENCES ET LES CONFÉRENCIERS
Bloc A – Président de séance : Éric Bédard, historien.
Navires et navigations transatlantiques basques à l’époque de la Nouvelle-France
Cette communication vise à faire mieux connaître les types de navires basques et leurs navigations en Atlantique Nord du XVIe au XVIIe siècle, notamment en Nouvelle-France. Il s’agit de navires qui pratiquaient esssentiellement la pêche à la morue sur les côtes de Terre-Neuve et du golfe du Saint-Laurent et la chasse à la baleine sur les côtes du Labrador et du Groënland. Les archives notariales et les archives de la Marine permettent d’identifier les types de navires et leur évolution dans le temps, leurs caractéristiques nautiques, et leur efficacité économique.
Laurier Turgeon, professeur titulaire d’ethnologie et d’histoire, et directeur de l’Institut du patrimoine culturel à l’Université Laval, Québec, Canada. Ses travaux sont consacrés à la transmission et à la construction du patrimoine immatériel et matériel dans les contextes coloniaux et postcoloniaux. Il a publié une dizaine de livres, une quarantaine d’articles dans des revues avec comité de lecture et une quarantaine de chapitres de livres et articles dans des ouvrages collectifs. Parmi ses travaux les plus importants, citons : Une histoire de la Nouvelle-France : Français et Amérindiens au XVIe siècle, Paris, Belin, 2019.
Les explorateurs français de l’Amérique du nord (XVIe-XVIIIe siècles) : à la recherche du chemin de la chine
Du XVIe au XVIIIe siècle, les explorateurs français de l’Amérique du Nord ont surtout recherché le chemin de la Chine. Verrazano, Cartier et Ribault ont tenté de trouver un accès au Pacifique par un détroit traversant le continent nord-américain. Puis, Champlain a pensé pouvoir atteindre la Chine en accédant à la « mer du Nord » par le Saguenay ou la rivière des Outaouais, ou en atteignant le golfe de Californie par un fleuve venant des Grands Lacs. Enfin, partis à la recherche de la « mer de l’Ouest », Jolliet, Marquette et Cavelier de La Salle ont descendu le Mississippi, Radisson et Des Groseilliers sont allés jusque dans la baie d’Hudson et les frères La Vérendrye ont atteint les Rocheuses.
Éric Thiery, historien français, spécialiste de l’histoire de la Nouvelle-France et de la littérature des voyages. Il est l’auteur d’une biographie de Marc Lescarbot (Champion, 2001) et de La France de Henri IV en Amérique du Nord (Champion, 2008). Il a publié chez Septentrion en 2019 Les Œuvres complètes de Champlain et en 2024 une biographie de ce dernier intitulée Samuel de Champlain. Aux origines de l’Amérique française. L’Académie française lui a décerné le Prix Monseigneur Marcel en 2002 et le Prix du rayonnement de la langue et de la littérature française en 2020.
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Bloc B – Présidente de séance : Catherine Ferland, historienne.
Cartographier la route atlantique entre la France et la Nouvelle-France
Cette conférence est un survol consacré à ceux qui ont participé à la cartographie de la route transatlantique reliant la France et la Nouvelle-France. À quels défis les hydrographes ont-ils été confrontés? Quels techniques et instruments ont-ils utilisés? Quel rôle l’État français a-t-il joué dans la production de telles connaissances hydrographiques?
Jean-François Palomino. Après plus de vingt ans à Bibliothèque et Archives nationales du Québec comme cartographe il s’est joint en 2023 au département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal à titre de professeur. Ses travaux portent sur la constitution, la circulation et la réutilisation des savoirs géographiques en Nouvelle-France. Il est entre autres co-auteur du livre La mesure d’un continent : atlas historique de l’Amérique du Nord, 1492-1814.
La Rochelle et le monde atlantique (XVIe-XVIIIe siècles)
Née de la mer, la ville de La Rochelle participe activement à l’expansion maritime et coloniale française. Présente sur les scènes africaine et américaine dès la première moitié du XVIe siècle, elle conforte sa présence dans les eaux atlantiques au cours des décennies suivantes. Les navigateurs rochelais pratiquent la pêche à Terre-Neuve et trafiquent avec les autochtones du Brésil, de Floride et du golfe du Saint-Laurent. Au siècle suivant, elle soutient le développement de la Nouvelle-France et investit également dans l’économie de plantation aux Antilles. Au XVIIIe siècle, elle figure toujours parmi les principaux ports de France, avec une prédominance dans le grand commerce canadien et dans le trafic négrier. L’insurrection des Noirs de Saint-Domingue (1791) et les guerres de la Révolution et de l’Empire mettent à mal sa prospérité et l’entraînent temporairement sur la voie du déclin économique.
Mickael Augeron, maître de conférences à l’Université de La Rochelle. Ses travaux portent sur l’histoire maritime et coloniale européenne. Il est l’auteur d’une centaine d’articles et de chapitres de livres, publiés en France et à l’étranger. Il a rédigé ou coordonné une quinzaine d’ouvrages, dont plusieurs sont liés à l’histoire de la Nouvelle-France. Il est co-auteur de l’ouvrage Les traces de la Nouvelle-France au Québec et en Poitou-Charentes publié aux Presses de l’Université Laval en 2006.
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Bloc C – Présidente de séance : Josée Tétreault, maître généalogiste agréé.
Une aventure scientifique : la construction navale royale en Nouvelle-France 1739-1760
Sous la gouverne du maître constructeur René-Nicolas Levasseur envoyé spécialement de France, le chantier naval royal de Québec construit à partir de 1739 une dizaine de navires de guerre. L’Abénaquise, une frégate exceptionnelle en avance sur son temps, a été conçue par le sous-constructeur canadien Louis-Pierre Poulin de Courval-Cressé. Exceptionnelle par sa taille, ses lignes, sa puissance de feu et sa vitesse, elle a attiré l’attention des lords de l’Amirauté britannique qui ont cherché à s’en inspirer. Le développement d’une expertise a permis la construction d’une « petite marine » sur les lacs Ontario et Champlain, permettant ainsi aux forces militaires de la Nouvelle-France d’avoir un avantage stratégique face aux Britanniques durant la guerre de la Conquête.
Rénald Lessard, archiviste aux Archives nationales à Québec (Bibliothèque et Archives nationales du Québec) depuis 1984. Il exerce les fonctions de coordonnateur responsable de Section de la diffusion des archives de Québec depuis 2006. Titulaire d’un doctorat en histoire (Université Laval, Québec), il a poursuivi des recherches dans les archives historiques, créant, alimentant et diffusant plusieurs banques de données. En mettant à profit les approches prosopographiques et généalogiques notamment, il a documenté l’histoire de la Nouvelle-France – surtout entre 1740 et 1760 – dans ses dimensions socio-sanitaires, économiques et militaires.
Les contrats d’engagement et les listes de passagers pour le Canada 1608-1935
Les recherches concernant l’immigration française en Nouvelle-France mènent indéniablement les chercheurs à deux sources documentaires : les contrats d’engagement et les listes de passagers. Ces documents d’archives d’origine française, bien que considérés comme des documents connexes et souvent publiés ensemble, sont de nature bien différente dans les faits. Les contrats d’engagement, généralement d’une durée de trente-six mois, sont des actes légaux rédigés par des notaires avant le départ du migrant pour la Nouvelle-France. La conférence permettra de trouver les principales ressources concernant ces documents.
Marcel Fournier, historien, conférencier et généalogiste émérite. Il est l’auteur d’une quarantaine de publications et de 150 articles en histoire et en généalogie publiés dans différentes revues du Québec et de la France. Membre de l’Académie internationale de généalogie depuis 2003, il a reçu en 2010 les insignes d’officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française. En 2012, il recevait le prix des Dix de la Société des Dix et en 2021, la Médaille du Lieutenant-gouverneur du Québec pour souligner sa contribution à l’histoire et à la généalogie de l’Amérique française.
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Bloc D – Présidente de séance : Hélène-Louise Dupont-Élie, présidente de la Société historique de Montréal de 1997 à 2000.
Marguerite Bourgeoys et les voyages d’une femme dans l’espace atlantique français au XVIIe siècle
Marguerite Bourgeoys est venue au Canada dès 1653 dans le but d’enseigner aux enfants de la colonie montréalaise. Elle est aussi reconnue pour avoir fondé la Congrégation de Notre-Dame, une communauté de femmes enseignantes d’un genre nouveau. Elle a réalisé pas moins de sept traversées de l’océan Atlantique au cours de sa vie pour mettre en place et consolider sa congrégation naissante. Notre communication cherche à montrer que ses voyages atlantiques témoignent, à l’échelle d’une femme, de l’importance des connexions atlantiques entre la France et ses colonies dans la constitution d’un empire colonial et la diffusion du christianisme.
Stéphan Martel, titulaire d’un baccalauréat en histoire, d’une mineure en études classiques et d’une maîtrise en histoire religieuse de la Nouvelle-France à l’Université de Montréal. Il a complété sa scolarité au doctorat en histoire coloniale. En plus de cumuler vingt ans d’expérience de recherches en archives, il est l’auteur d’articles à caractère historique et prononce des conférences. De 2007 à 2018, il occupe le poste d’historien et de gestionnaire du Centre de documentation et archives au Musée Marguerite-Bourgeoys. Il est aujourd’hui directeur adjoint du Musée situé dans le Vieux-Montréal.
De l’entrepont à la 3e classe. L’ère des grands paquebots transatlantiques
L’ère des grands paquebots transatlantiques, entre 1880 et 1930, c’est l’histoire de deux phénomènes évolutifs qui s’alimentent l’un l’autre en parallèle : l’émigration massive d’Européens vers l’Amérique du Nord et les révolutions techniques qui changent radicalement les navires qui sillonnent l’Atlantique. Du bois à l’acier et de la voile à la vapeur, les paquebots du début de cette période ont peu en commun avec ceux de la fin et l’on pourrait croire que des siècles d’évolution les séparent. Montréal a joué un certain rôle dans cette évolution et le Saint-Laurent a été la porte d’entrée de dizaines de milliers de migrants pour lesquels les conditions de voyage ont également grandement changé au fil de cette période.
David Saint-Pierre, détenteur d’une maîtrise en histoire de l’Université Laval et a complété la scolarité du doctorat en histoire à l’Université du Québec à Montréal. Il a été chargé de cours en histoire maritime à l’Université du Québec à Rimouski et collabore depuis plus de 25 ans avec des musées maritimes et des institutions culturelles vouées à la diffusion des connaissances sur le patrimoine et l’histoire. Il siège sur le Conseil d’administration du Site historique maritime de la Pointe-au-Père. Il est régulièrement conférencier et a collaboré à des ouvrages et des documentaires en histoire maritime au Québec et à l’étranger.