Le Conseil supérieur de la langue française
procède à une troisième édition
du Français au Québec : 400 ans d’histoire et de vie
par Gilles Durand
Crédit: Les Éditions Fides |
En cette année du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, le Conseil supérieur de la langue française a préparé, aux éditions Fides (http://www.fides.qc.ca/livre.php?id=280 ), une troisième édition du Français au Québec : 400 ans d’histoire et de vie. Cette publication est la réédition intégrale du texte original, auquel on a ajouté une cinquième section pour tenir compte de la situation et des orientations depuis le début du 21e siècle, mais qu’on a dépouillé de son iconographie pour permettre un prix de vente accessible à tous.
Faisant appel à plus de 80 spécialistes, le présent ouvrage renferme 62 études – sans compter les 105 encadrés –, réparties dans 15 chapitres regroupés sous cinq sections – la cinquième section étant un ajout comme indiqué ci-dessus –, au total 680 pages. Chacune des cinq sections correspond à une période du parcours de la langue française considérée comme entité linguistique, milieu de vie et fondement de l’identité collective.
La première section est consacrée à la Nouvelle-France. C’est l’époque des conquêtes faites par la langue. Au cours de ce siècle et demi, le français est véhiculé par une population de même origine. Il s’impose à tous sous l’autorité du roi. Il est à la fois langue de l’administration royale, langue des affaires, langue commune à tous. Peu à peu, il se libère des parlers régionaux qui ont encore cours dans l’Hexagone pour se calquer sur celui de Paris. Les voyageurs constatent la qualité de la langue des Canadiens au milieu du 18e siècle.
La deuxième section dresse le tableau des 100 années qui suivent la conquête britannique de 1760. Le français est remplacé par l’anglais comme langue du pouvoir politique, de l’administration et des affaires. Il est banni de la chambre d’assemblée en 1840, mais les parlementaires continuent la lutte pour pouvoir s’exprimer en français. Par contre, dans la vie réelle, les Canadiens – ainsi appelés par opposition aux Français et aux Britanniques – sont majoritaires au pays et l’usage de la langue l’emporte sur son statut. Le pouvoir colonial n’a d’autre choix que de communiquer avec ses nouveaux sujets, les Canadiens, dans leur langue pour éviter qu’ils se joignent à leurs voisins américains ou qu’ils se rallient aux idées révolutionnaires de la mère patrie, la France. Progressivement, le français intègre un nouveau vocabulaire pour désigner des réalités nord-américaines, non sans subir cependant l’influence de l’anglais. Des linguistes commencent à se lever pour déprécier la langue, les anglicismes comme les mots de bon aloi qui y sont entrés pour désigner des réalités nord-américaines; pour eux, les Canadiens doivent s’aligner sur le français de Paris. Le mouvement se poursuit dans la deuxième moitié du 19e siècle.
La troisième section aborde principalement la période de la Confédération, soit les années 1850-1960. Le français acquiert un statut, mais il est placé sur le même pied que l’anglais dans l’ensemble canadien. Au fur et à mesure de l’accroissement de la population de langue anglaise, le français devient langue minoritaire dans l’ensemble canadien. Les Canadiens deviennent alors des Canadiens français, par opposition aux Canadiens anglais. Ils prennent graduellement conscience de leur infériorité. Les différents gouvernements québécois s’intéressent peu à la langue. Cependant, du côté des linguistes, de nouvelles voix s’élèvent pour ne plus souligner seulement la dégradation de la langue, mais aussi le côté positif de certains particularismes canadiens. La langue refait progressivement ses forces à travers les oeuvres littéraires, les maisons d’édition et les grands journaux.
La reconquête de la langue au cours des années 1960-2000 fait l’objet de la 4e section. Poètes et écrivains contribuent à faire apprécier davantage le français. Les Québécois deviennent de plus en plus convaincus que l’avenir de la langue s’inscrit à l’intérieur des frontières du Québec. Une attention est portée à la fois au statut et à la qualité de la langue. L’État réalise sa responsabilité en matière de langage : il ne peut s’en remettre au seul choix et à la seule initiative des citoyens. Il adopte en 1977 la Charte de la langue française ou Loi 101. Celle-ci donne au français le statut de langue officielle du Québec, elle en fait la langue de l’administration publique, la langue normale et habituelle du travail, de l’enseignement, des communications, du commerce et des affaires. Le français est la langue de tous les Québécois, les immigrants doivent inscrire leurs enfants à l’école française; par contre, la Loi concilie la primauté au français avec le respect des droits acquis de la minorité anglophone du Québec. C’est l’époque d’un retournement; la langue française sort de son état de dépréciation et s’affirme par la production d’œuvres littéraires, de lexiques, de dictionnaires, etc.
La cinquième section, un ajout pour la période 2000-2007, traite du nouveau défi qui se pose face à la mondialisation et à la venue d’une immigration nombreuse : l’unité de langue dans la diversité des cultures. Le français ne doit pas pouvoir compter uniquement sur les locuteurs nés dans cette langue et être réduit à une dimension ethnique. Il doit devenir la langue de tous les Québécois, ceux de souche comme les nouveaux venus. Il doit être non seulement langue d’usage public, mais aussi langue parlée à la maison, les deux usages étant de nature à se renforcer mutuellement et à assurer l’épanouissement du français. Par contre, au niveau de l’individu, le plurilinguisme est encouragé.
En vente aux éditions Fides (http://www.fides.qc.ca/livre.php?id=280 ), le présent ouvrage célèbre à sa manière un aspect de la merveilleuse histoire de Québec et du Québec. À travers ses articles et ses encadrés inspirants, le lecteur fera sûrement de nouvelles découvertes sur cette langue qu’il croit déjà bien connaître.