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Les Dix prennent la plume pour nous entretenir dans leur 66e Cahier (2012) de personnages et de moments marquants dans le cheminement des Québécois depuis le 17e siècle

Les Dix prennent la plume pour nous entretenir
dans leur 66e Cahier (2012) de personnages et de moments marquants
dans le cheminement des Québécois depuis le 17e siècle

Par Gilles Durand

 

Les cahiers des dix no. 66

Les cahiers des dix no. 66

Les Dix dévoilent leurs découvertes
La Société des Dix réunit, comme sa dénomination l’indique, dix spécialistes qui s’engagent à diffuser les résultats de leur recherche en histoire, dans les arts, les lettres et les sciences sociales, dans une publication annuelle ayant pour titre les Cahiers des Dix. La dernière à paraître – neuf membres y contribuent –, celle de l’année 2012, propose des sujets variés depuis la politique, les civilisations et les cultures amérindienne et française jusqu’à la commémoration. L’ensemble des neufs textes – voir le sommaire en fin du compte rendu – ont en commun de nous entretenir de personnages et d’événements dont le souvenir est commémoré dans la ville de Québec.

Le mouvement commémoratif dans la ville de Québec
L’étude du mouvement commémoratif dans la ville de Québec est redevable à la plume de Fernand Harvey, secrétaire de la Société des Dix et également présentateur du 66e Cahier. L’auteur retrace les activités de commémoration – érection de monuments, statues, bustes – depuis leur tout début. Il discerne deux grandes périodes : 1828-1939 et 1980-2012, séparées par un intervalle d’une quarantaine d’années au cours desquelles les projets de patrimonialisation – préservation, restauration et mise en valeur de bâtiments – prédominent. Alors que le premier mouvement est, pour beaucoup, un rappel des héros traditionnels du Canada français, le second, lui, fait une place à part – mais non exclusivement – à ceux qui se sont investis pour donner un sens aux institutions politiques québécoises et en faire un pôle fort de développement.

Des hommes politiques québécois engagés

Pierre-Joseph-Olivier Chauveau
Pierre-Joseph-Olivier Chauveau compte parmi ceux dont l’engagement est souligné : deux bustes sont élevés en son honneur, avenue Chauveau et à l’Assemblée nationale, en 2005. Aussi Jocelyne Mathieu nous entretient-elle dans le 1er texte des journaux personnels de ses filles. Ces documents de première main font pénétrer dans le quotidien et le réseau de relations du surintendant de l’Instruction publique (1855-1867) et premier premier ministre du Québec (1867-1873) par le biais des observations de ses filles – un autre texte, qui nous introduira davantage dans le vécu de la famille, est à venir.

Louis-Joseph Papineau et le contexte politique de son époque
Comme nous pouvons nous y attendre, la mémoire de Louis-Joseph Papineau n’est pas absente, une statue lui étant élevée sur le site de la colline parlementaire. Les 2e, 3e et 4e textes, ayant pour auteurs respectifs, Louis-Georges Harvey, Yvan Lamonde et Gilles Gallichan, lui sont consacrés de même qu’au contexte politique dans lequel il se démarque. Ces écrits nous replongent à l’époque des luttes de la Chambre d’assemblée pour jouir de la représentativité accordée par l’acte constitutionnel de 1791, mais que les pouvoirs impérial et colonial tentent de museler par la suite. Tout est pensé et mis en œuvre, idée de fédération des colonies nord-américaines, projet d’union du Haut et du Bas-Canada, soustraction d’une partie du budget à l’approbation des députés allant jusqu’au refus de reconnaître l’orateur choisi par la chambre. Une visite à Londres de Papineau en 1823 pour combattre le projet d’union de 1822, avec séjour en France, a un impact sur l’évolution de sa pensée. Le constat de la misère du peuple et de la difficulté de faire entendre sa voix fait germer chez lui l’idée de république à l’image de celle du sud de la frontière.

Sur la Révolution tranquille et sa genèse

L’élite intellectuelle, littéraire, artistique et musicale s’interroge sur l’existence d’une culture canadienne-française distincte
La Révolution tranquille des années 1960 est rappelée par un buste du père Georges-Henri Lévesque, localisé à la Cité universitaire sur l’avenue des Sciences humaines. Fondateur de l’École des sciences sociales, politiques et économiques de l’Université Laval en 1938 et premier doyen de celle qui devient une faculté autonome en 1943, le père Lévesque laisse le souvenir d’un intellectuel qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus. C’est l’époque où des Québécois s’interrogent sur l’existence et l’avenir d’une culture canadienne-française. Dans le 5e texte, Marie-Thérèse Lefebvre présente les conclusions d’une grande enquête sur le sujet réalisée en 1940-1942. Les questions s’adressent aux élites et s’intéressent à la culture qu’ils représentent. Des questions sont posées, par exemple face au géant américain, est-il possible de faire preuve de créativité et d’originalité tout en conservant des attaches à l’héritage français? Les réponses varient selon les auteurs, mais l’optimisme n’est pas complètement absent du milieu intellectuel et artistique.

Un sociologue jette un regard nouveau sur le Québec
Dans le 6e texte, Simon Langlois prend la relève en faisant connaître la formation, la pensée et la carrière (surtout de 1947 au début des années 1960) de Jean-Charles Falardeau, professeur à l’Université Laval, un membre de l’équipe du père Georges-Henri Lévesque. Formé au département de sociologie de l’Université de Chicago, Falardeau fait preuve de modernisme comme sociologue par son approche empirique pour l’étude des problématiques sociales et économiques vécues par les Canadiens français – observations sur le terrain –, par sa vision nouvelle de la société québécoise, industrialisée et urbaine et non plus rurale et traditionnelle. Il se démarque aussi par son implication à promouvoir une meilleure répartition de la richesse au sein de la société québécoise. Il ne s’écarte pas cependant du cadre fédératif canadien.

La présence et l’apport des Amérindiens

L’art des Huronnes
La commémoration dans la ville Québec ne passe pas sous silence la mémoire des premiers occupants du sol. Leur souvenir est rappelé de diverses façons, par exemple par une sculpture représentant la halte d’une famille amérindienne (La halte dans la forêt, 1890) à l’entrée de la porte principale de l’hôtel du Parlement ou bien encore par deux stèles se faisant face dans le parc Cartier-Brébeuf, représentant la rencontre des cultures amérindienne et européenne (La rencontre de deux mondes, 1987). C’est sur leur art et une mesure pour évaluer leur degré de civilisation que les deux derniers textes viennent enrichir nos connaissances. Dans le 8e texte, Laurier Lacroix aborde l’art des Huronnes à la période de contact, au 17e siècle. Le choix du sujet peut en surprendre plus d’un, étant donné la disparition des artefacts originaux réalisés pour la parure, l’ornementation, etc. Pourtant l’auteur relève le défi avec succès en s’appuyant sur l’écrit, en particulier un ouvrage intitulé le Grand voyage du pays des Hurons, préparé par un observateur perspicace, le récollet Gabriel Sagard qui séjourne en Huronie en 1623-1624.

Le 66e cahier renferme également, sous la rubrique « Chronique de la recherche des Dix », une entrevue de cet auteur, réalisée par Yvan Lamonde, sur une exposition intitulée Les arts en Nouvelle-France, présentée au Musée des beaux-arts du Québec jusqu’au 2 septembre 2013. Laurier Lacroix est en effet commissaire et directeur de ce projet qu’il fait accompagner d’une publication de même titre. Les recherches menées pour le choix et le montage des pièces l’amènent aux conclusions suivantes : il existe une production artistique au temps de la Nouvelle-France, composée d’œuvres tant importés de France que préparés par des artistes locaux, canadiens et amérindiens. Plusieurs pièces sont perdues, sans compter des informations contextuelles incomplètes pour d’autres. Compte tenu que les archives, récits de voyageurs, etc., permettent à l’occasion de compenser les pertes, Laurier Lacroix affirme que, s’il est impossible d’analyser les œuvres eux-mêmes étant donné leur absence, l’historien de l’art peut tout au moins les évoquer.

Trois visions de la condition indienne aux États-Unis
Dans le 9e texte, Denys Delâge se penche sur les écrits de trois observateurs du mode de vie des Autochtones sur le territoire américain dans la première moitié du 19e siècle, soit les voyageurs bien connus Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont et le secrétaire au Trésor américain Albert Gallatin, immigrant d’origine suisse. L’auteur dégage quelques grandes conclusions tirées de l’analyse de leurs écrits. Pour ces trois observateurs, les Indiens sont appelés à se fusionner dans le grand tout américain. Leurs conditions d’existence difficiles tiennent à leur état qui les situe dans l’enfance de l’humanité. C’est par l’abandon de la chasse, par la pratique de l’agriculture par les hommes, un métier jusque-là laissé aux femmes, et par leur regroupement dans un État bien à eux sur la côte du Pacifique qu’ils pourront parvenir à l’âge adulte, à la civilisation pleine et entière et qu’ainsi ils pourront se fusionner dans la grande république. Denys Delâge saisit l’occasion pour susciter la réflexion du lecteur sur les notions « d’expropriation, de déportation, de saisie des enfants et d’allocation de nouveau territoire ».
 

Sommaire du 66e Cahier des Dix (2012)

 

Présentation

 

V

La Société des Dix en 2012 

 

XII

Résumés/Abstracts

 

XIII
Journaux personnels des filles de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1855-1876). Une première approche

  • Jocelyne Mathieu

 

1
Une Constitution pour l’Empire : sur les origines de l’idée fédérale au Québec, 1765-1815

  • Louis-Georges Harvey

 

25
 Britannisme et américanité de Louis-Joseph Papineau à l’époque du deuxième projet d’Union (1822-1823)

  • Yvan Lamonde

 

55
La crise parlementaire de 1827 au Bas-Canada

  • Gilles Gallichan

 

95
D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?
Enquête sur la culture canadienne-française durant la Seconde Guerre mondiale

  • Marie-Thérèse Lefebvre

 

167
Jean-Charles Falardeau, sociologue et précurseur de la Révolution tranquille

  • Simon Langlois

 

201
La commémoration à Québec, 1828-2012. Essai d’interprétation

  • Fernand Harvey

 

269
L’art des Huronnes vu par le frère récollet Gabriel Sagard en 1623-1624

  • Laurier Lacroix

 

323
Trois observateurs de la condition indienne aux États-Unis durant la première moitié du XIXe siècle : Tocqueville, Beaumont et Gallatin

  • Denys Delâge

 

339
Chronique de la recherche des Dix

  • Yvan Lamonde et Marcel Moussette

 

379

Les Amis des Dix            

397

 

Index général                                       

399
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