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Les mythes fondateurs de la Nouvelle-France : conférence et lancement d’une publication Ils l’appelaient Nouvelle-France de Bernard Émont

Les mythes fondateurs de la Nouvelle-France :
conférence et lancement
d’une publication Ils l’appelaient Nouvelle-France
de Bernard Émont

 

par Gilles Durand

 

Trois organismes se joignent pour procéder au lancement

 

Lancement Ils l'appelaient Nouvelle-France 8 oct 2009

de g. à d. Donald Fyson, Robert Laliberté, Bernard Émont
et André Dorval
Crédit : Gilles Durand

Le jeudi, 8 octobre 2009, la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) se joint à l’Association internationale des études québécoises (AIEQ) et au Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ) pour procéder au lancement d’un ouvrage préparé sous la direction de Bernard Émont, chargé de mission au ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche en France. Intitulée « Ils l’appelaient Nouvelle-France… » : introduction à la Nouvelle-France et actes des journées d’étude sur les mythes et rêves fondateurs de l’Amérique française, la publication découle de deux rencontres tenues à la Maison de la recherche de la Sorbonne les 21 et 24 mai 2008. Comme son titre l’indique, elle réunit les contributions de 26 spécialistes traitant des visions, parfois plus belles que la réalité, qui ont animé et guidé ceux qui ont jeté les bases du visage français de l’Amérique et du Québec.

 

La rencontre se déroule à l’Université Laval. Elle rassemble une trentaine d’historiens, professeurs, chercheurs, membres des milieux associatifs intéressés à la relation franco-québécoise. L’auteur, Bernard Émont, donne le coup d’envoi en entretenant l’auditoire du sujet de son ouvrage, les rêves et les mythes des fondateurs de la Nouvelle-France. Par la suite, les participants profitent de l’occasion pour échanger sur leurs préoccupations en regard du thème à l’ordre du jour.

 

Les rêves de quelques fondateurs

 

Quels sont les rêves qui animent quelques artisans de la fondation de la Nouvelle-France : côté politique, Champlain, Talon, Frontenac, Cavelier de La Salle; côté religieux, Le Royer de La Dauversière, Paul de Chomedey de Maisonneuve, Jeanne Mance, les religieuses Hospitalières de Saint-Joseph? La lecture de l’ouvrage suggère que tous voient grand, mais qu’il existe des divergences sur la position de la capitale, Québec, et l’importance à lui donner comme point d’appui de l’expansion française en Amérique du Nord.

 

Les autorités civiles

Champlain voit l’Amérique du Nord comme un continent à exploiter commercialement pour ses matières premières, mais aussi comme un territoire à traverser pour atteindre l’Orient. De par sa situation, Québec demeure un lieu d’arrivée vers la Chine et les Indes et un port de départ vers la mère patrie. Pour ce, la ville doit être considérée comme un point d’appui solidement implanté. Talon, l’un des intendants qui lui succède, demeure convaincu du potentiel du continent, mais, à la différence du premier, la ville de Québec n’est plus tellement tête de pont que pointe d’un triangle, rempli de promesses pour un commerce florissant, reliant l’Amérique aux Antilles et à la France. Frontenac, quant à lui, reconnaît la position privilégiée de Québec pour asseoir la mainmise de la métropole sur l’ensemble du continent, mais il compte beaucoup sur la multiplication de forts, à la fois moyens de défense et comptoirs de traite. Cavelier de La Salle l’appuiera dans cette entreprise, poussant les explorations à leur extrême limite au sud et jetant les bases de la Louisiane.

 

Les autorités religieuses

De leur côté, les missionnaires fondateurs de l’Amérique française misent sur un rapprochement des populations amérindiennes. Ils entendent s’implanter en dehors de la capitale pour soigner autant les corps que les âmes. C’est dans ce sens qu’il faut voir l’entreprise de Montréal et de l’Hôtel-Dieu par Paul de Chomedey de Maisonneuve, Jeanne Mance et les religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, de même que les premières réticences des autorités politiques et religieuses de Québec à des départs pour Montréal. Le gouverneur général Charles Huault de Montmagny tente d’abord de dissuader Maisonneuve et Jeanne Mance de se rendre à Montréal. Ceux-ci n’abandonnent pas la partie, le premier faisant même appel à une nouvelle communauté religieuse. En 1657, il mande les Sulpiciens pour prendre charge de la paroisse de Montréal, les Jésuites étant déjà bien implantés à Québec et au service de l’évangélisation des Amérindiens. À leur arrivée de La Flèche, les hospitalières de Saint-Joseph sont aussi invitées à se fusionner avec les augustines hospitalières de Québec par Mgr de Laval, celui-ci étant d’abord réticent à une nouvelle communauté à Montréal. Tous poursuivent leur rêve. L’Église et les services de santé et les services sociaux prennent racine dans ce qui est aujourd’hui la métropole et se déploient au rythme des nouveaux besoins et des priorités.

 

Une invitation à retourner aux sources originales et à les interroger sous l’angle des rêves et des mythes

Les rêves et les mythes ont la vie dure. Lors de la guerre de Sept Ans, Montcalm ne s’oppose-t-il pas à Vaudreuil quant à l’étendue du territoire sur lequel seront déployées les forces françaises, le premier privilégiant une concentration des ressources dans la vallée du Saint-Laurent, le second un déploiement sur toute l’étendue du territoire exploité par les Français1. Plus près de nous, lors du 250e anniversaire de la fondation de Trois-Rivières en 1884, n’est-ce pas pour avoir reproché à Mgr de Laval et aux jésuites d’avoir trop mis l’accent sur les missions amérindiennes au détriment des services aux colons, que le trifluvien Benjamin Sulte s’est vu rayé de la liste des invités d’honneur sous l’influence de Mgr Louis-François Laflèche2. La publication, préparée sous la direction de Bernard Émont, possède le grand mérite de nous inviter à relire les écrits anciens sous un nouvel angle, non plus pour y chercher des faits et des dates, mais pour y déceler les mobiles des pionniers à la base de la relation franco-québécoise.

 

  1. Voir Jacques Lacoursière et Hélène Quimper, Québec ville assiégée d’après les acteurs et les témoins, 1759-1760.
  2. Voir Patrice Groulx, « Benjamin Sulte, trifluvien pour toujours » dans Cap-aux-Diamants, Bonne fête Trois-Rivières, 1634-2009, no 98, p. 38.
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