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Les politiques et l’administration culturelles des gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada : un programme de recherche qui rejoint la mémoire franco-québécoise

Les politiques et l’administration culturelles des gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada :
un programme de recherche qui rejoint la mémoire franco-québécoise

 

par Gilles Durand

Dans le cadre des séminaires de recherche organisés par le Groupe de recherche sur l’édition littéraire au Québec, Diane Saint-Pierre prononce, à l’Université de Sherbrooke, le 30 novembre 2007, une conférence sur les politiques et l’administration culturelles des gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada (voir InfoGRÉLQ). La conférencière est professeure à l’Institut national de la recherche scientifique – Urbanisation, Culture et Société (INRS-UCS), responsable de l’axe « politique culturelle » de la Chaire Fernand-Dumont sur la culture. Le sujet présenté fait l’objet de recherches qu’elle mène à l’heure actuelle en collaboration avec Monica Gattinger de l’Université d’Ottawa et d’autres chercheurs.

En ce début du 21e siècle où les politiques culturelles sont remises en question et repensées, les données accumulées jusqu’à maintenant lui permettent de livrer aux participants au séminaire des observations fort pertinentes, pour ne pas dire indispensables pour revoir les politiques :

  • La conférencière aborde d’abord la notion de politiques culturelles. Les politiques culturelles doivent être distinguées des politiques de la culture, les premières ayant une connotation de soutien aux créateurs, les secondes donnant à penser à un certain dirigisme culturel de la part de l’État. Leur étude doit prendre en compte les objectifs poursuivis, par exemple les préoccupations identitaires;
  • Elle fait ressortir le nouveau contexte dans lequel les politiques et l’administration culturelles se déploient. Il est marqué par des influences extérieures dues à la mondialisation, par la place grandissante prise par les gouvernements régionaux et locaux et par un milieu associatif des plus diversifiés désirant être consulté et jouer un rôle dans la culture;
  • Elle attire l’attention sur le rôle des artistes et des créateurs, envisagés non plus seulement comme maîtres d’œuvre du développement culturel, mais aussi comme moteurs de développement économique.

Les recherches poursuivis par la conférencière au-delà des frontières du Québec, c’est-à-dire au niveau du gouvernement fédéral et des provinces canadiennes de même que dans les pays d’Europe, l’amènent à dégager deux grands constats. Depuis les années 1950, les politiques culturelles ont évolué : les préoccupations sont passées de la démocratisation de la culture et de la professionnalisation des producteurs culturels à la prise en compte de la notion d’industrie culturelle et de partage de responsabilités entre l’État, les gouvernements locaux et le secteur privé. Les politiques culturelles peuvent se départager en trois grands types : les politiques interventionnistes, élaborées au central et mises en application sur le territoire par des organismes déconcentrés comme le modèle français; les politiques privilégiant la délégation de compétence à des organismes ou à des agences quasi-autonomes comme dans le modèle britannique, ou bien encore déléguant un rôle fort important au secteur privé comme les États-Unis. Entre ces deux types, se situent les politiques hybrides.

Le sujet abordé par la conférencière présente de l’intérêt pour la poursuite de l’étude des politiques culturelles des provinces et territoires canadiens et pour leur comparaison, mais il n’est pas non plus sans lien avec la mémoire franco-québécoise. En effet, le gouvernement du Québec se dote en 1961 d’un ministère des Affaires culturelles (aujourd’hui connu sous le nom de ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine); l’événement survient deux ans après la création, par le général de Gaulle à l’instigation d’André Malraux, du ministère des Affaires culturelles français dont la dénomination officielle est, depuis 1997, ministère de la Culture et de la Communication). Les échanges n’ont pas manqué, au tournant des années 1960, entre le premier titulaire du ministère au Québec, Georges-Émile Lapalme, et le ministre français d’alors, André Malraux.

Il est aussi intéressant de noter que la politique culturelle de l’État québécois, qui est la plus ancienne et la plus importante parmi toutes celles des juridictions fédérées du Canada, a été largement inspirée par la politique française non seulement lors de sa création mais pendant son développement, notamment au cours de ses deux premières décennies. C’est surtout avec la politique culturelle de 1992 qu’apparaissent des institutions déléguées qui s’inspirent du modèle britannique comme le Conseil des arts et des lettres du Québec. Dans la même foulée est créée la Société de développement des industries culturelles du Québec qui illustre l’importance reconnue des industries culturelles et qui confirme la tendance à la délégation de la mission ministérielle à des sociétés d’État.

La conférencière termine son exposé en invitant les participants à un « Colloque international sur les tendances et défis des politiques culturelles dans les pays occidentaux ». Le colloque est organisé par la Chaire Fernand-Dumont sur la culture de l’INRS et par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec. Il aura lieu à Québec les 7 et 8 mai 2008 (dates à confirmer) dans le cadre du 76es Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).

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