Rapport de la biennie 2007-2008 et orientations 2009-2010
Notes de présentation conjointe de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs,
section France et section Québec devant la Commission permanente de coopération, Paris le 4 mars 2009
1. Présentation de la Commission
MM. les Présidents, merci de nous donner l’occasion de vous exposer succinctement la nature et l’action de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. La ”Commission” est un organisme bilatéral qui se définit comme un acteur du dispositif de coopération institutionnelle franco-québécois.
Son action vise à mettre en valeur l’identité commune en exploitant le concept de « lieu de mémoire » qui circonscrit l’ensemble des repères culturels, matériels et immatériels, issus d’une histoire commune, ancienne ou récente. Ce réinvestissement dans un patrimoine que constitue une mémoire commune s’impose comme un atout pour mieux participer à un monde en évolution.
Par son action bilatérale et un regard croisé, la Commission apporte une contribution originale. Son action se résume en trois objectifs centraux : d’abord connaître ; ensuite diffuser et faire connaître ; enfin mettre en valeur les lieux de mémoire communs franco-québécois.
La Commission se définit comme un forum d’échange, un lieu de concertation et une force de proposition. Par la participation bénévole de ses membres et partenaires, elle constitue un réseau dont les ramifications, des deux côtés de l’Atlantique, s’inscrivent dans les milieux disciplinaires, professionnels, associatifs, universitaires et institutionnels. C’est ainsi que la Commission obtient des collaborations variées et appréciées de professionnels des archives, de la généalogie, des musées, de l’Histoire, mais aussi d’acteurs et de décideurs dans les domaines de la culture et du tourisme, en France et au Québec.
Par son intervention, la Commission suscite des échanges universitaires, touristiques, culturels et éducatifs. Elle favorise la synergie, coordonne certains projets et, à l’occasion, assure la réalisation directe de certaines activités. De façon générale, elle prend appui sur les structures et institutions compétentes pour réaliser ou prendre en relais des projets.
Pour réaliser ses activités, la CFQLMC a constitué des comités thématiques qui mobilisent compétences et énergies en fonction de projets. Ces comités thématiques couvrent les domaines suivants : Archives, Musées, Inventaires, Encyclopédie, Commémoration-généalogie, Communications et Jeunesse. Des comités ad hoc assurent la réalisation de projets ponctuels.
2. Réalisations 2007-2008
2.1 L’objectif de connaissance a donné naissance à d’importants travaux de recherche scientifique et de documentation. La Commission a initié et poursuivra de nombreux projets structurants. Voici une liste abrégée de ces projets en cours ou complétés.
Le travail d’inventaire des lieux de mémoire franco-québécois initialement réalisé au Québec et en Poitou-Charentes avait déjà fait l’objet d’une première version électronique. La version imprimée a été complétée et lancée au printemps 2008, en France et au Québec, à quelques semaines d’intervalle. La publication, qui a pour titre Les traces de la Nouvelle-France au Québec et en Poitou-Charentes, est une réalisation exceptionnelle et originale, qui se situe au carrefour de l’Histoire et du Patrimoine. Cet ouvrage qui recense plus de 1500 traces de la Nouvelle-France sur les deux rives de l’Atlantique est alimenté de textes de plus de 40 auteurs français et québécois. Ce travail qui a profité d’un appui conséquent de nos ministères chargés de la Culture et de la région Poitou-Charentes, constitue désormais la référence méthodologique d’un projet d’envergure qui se poursuivra et se transposera dans d’autres régions européennes et nord-américaines et se déclinera sous d’autres exploitations.
Les Cartes de lieux de mémoire franco-québécois en France, initialement réalisées sous forme sommaire, ont donné naissance à un vaste projet visant la production d’une série de 12 livres ayant pour titre Ces villes et villages de France, berceau de l’Amérique française. Cet ambitieux projet issu d’un remarquable partenariat entre la Commission et l’association France-Québec que nous remercions, a mobilisé également de nombreux autres partenaires. Le premier de ces livres a été publié et lancé en 2008. L’année 2009 devrait permettre d’en publier d’autres. Je voudrais souligner que ce travail colossal et d’une grande rigueur est essentiellement le fait de bénévoles des associations France-Québec. Si la réalisation est remarquable, la mobilisation qui la rend possible l’est tout autant.
L’Encyclopédie de l’Amérique française est un autre grand projet scientifique auquel la Commission est associée. Ce projet de la Société Héritage de Champlain, issue elle-même de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, a fait l’objet d’un lancement officiel à l’Assemblée nationale, à Paris, en avril 2008, puis à Québec en juin 2008.
Le développement de l’Encyclopédie s’alimente d’articles rédigés par des professeurs et des chercheurs des deux côtés de l’Atlantique, dont plusieurs sont membres de la Commission. Ces chercheurs participent au comité scientifique de l’Encyclopédie et collaborent aux actions de diffusion.
L’Encyclopédie, diffusée sur Internet, compte actuellement 72 articles, enrichis de 2 000 documents visuels, sonores, audiovisuels et textuels. Une vingtaine de nouveaux articles et plusieurs centaines de documents multimédias viendront ensuite s’ajouter à l’ouvrage pour atteindre rapidement un total de 100 articles. La réalisation de l’Encyclopédie repose également sur la participation d’une vingtaine de partenaires institutionnels regroupant des institutions d’enseignement universitaire, des musées, des centres d’archives, et des organismes œuvrant dans le domaine de l’histoire et du patrimoine. www.ameriquefrancaise.org
Le réseau d’archivistes de l’Amérique française, animé par un comité de la Commission, constitue également une réalisation importante. La mise à jour de ce réseau a été complétée à l’automne 2008 et se veut un projet structurant, qui est considéré comme une base sur laquelle diverses activités, notamment des expositions virtuelles, pourront être réalisées par la suite. L’établissement d’un réseau de services d’archives a comme objectif de présenter les archives d’organismes et d’individus ayant contribué à l’implantation et au développement du fait français en Amérique. Les résultats de ses activités seront diffusés par le site internet de la Commission et par ses institutions partenaires dont les Archives nationales en France et au Québec.
Le milieu muséal s’est engagé dans un important projet d’inventaire des artefacts et objets numérisés relatifs à l’Amérique française. Sous l’impulsion de la Commission et de ses institutions partenaires, dont la Société des musées québécois et différents musées de France dont le musée du Quai Branly, ce projet a vu sa conception complétée en 2008 et a permis d’inventorier les objets numérisés relatifs à la Nouvelle-France appartenant à 15 institutions muséales. La prochaine étape consistera à mettre en valeur ces objets dans le cadre d’activités muséales et éducatives.
Ces quelques projets témoignent de réalisations à long terme auxquelles peuvent se greffer diverses autres activités.
2.2 En complément aux initiatives de développement de la connaissance, l’objectif de diffusion a pris une importance grandissante pour la Commission. Prenant appui, notamment, sur ces importants travaux, le partage de la connaissance s’est imposé comme objectif et a inspiré plusieurs initiatives. Ainsi, la Commission a suscité, participé ou été associée à l’organisation de divers colloques ou conférences. Notons, par exemple, le Congrès de travaux historiques et scientifiques (Université Laval, juin 2008) ; les Rendez-vous de l’Histoire de Blois, où le Québec a profité du statut d‘invité d‘honneur au salon du livre grâce à l‘action de la Commission (octobre 2008) ou enfin les conférences croisées organisées à l’initiative de la CFQLMC comme celle tenue au Musée de Pointe-à-Callières en juin 2008.
L’objectif de diffusion a également été illustré et bien servi par la publication trimestrielle du bulletin électronique de la Commission, Mémoires vives, qui, à chaque numéro suscite maintenant l’intérêt de plus de 18 000 internautes sur les deux continents. De plus, un nouveau site web, mis en ligne à l’automne 2008, continuera d’être exploité pour rejoindre un public élargi.
La constitution d’un répertoire de personnes-ressources s’est aussi avérée une réalisation significative. Cet outil, accessible en ligne, identifie des deux côtés de l’Atlantique, des ressources aptes à mieux faire connaître la mémoire franco-québécoise.
Une importante collaboration avec des médias de masse a par ailleurs contribué à la sensibilisation d’un public élargi. Notons à cet égard, au Québec, les contributions régulières dans la revue Cap-aux-Diamants et un cahier spécial du quotidien Le Devoir (septembre 2008), ou en France, la revue Histoire et France-Québec- Magazine, pour ne nommer que ceux-là.
L’accès du public à des lieux de mémoire constitue aussi un enjeu important. Ainsi l’association de la Commission aux Journées de la Culture a favorisé la participation de certaines institutions québécoises constituant des ”lieux de mémoire” contribuant ainsi à l‘objectif de sensibilisation. De même en France, notons la visite de sites de mémoire franco-québécois, de musées possédant des artéfacts québécois ou du musée de l’émigration à La Rochelle, etc.
Au chapitre des publications, il faut rappeler la collaboration des membres de la CFQLMC à des travaux de recherche et de publication, comme le livre Les Premiers Français au Québec, dirigé par Gilbert Pilleul, ou encore, la collaboration de la CFQLMC à la publication en 2008 de deux plaquettes de l’ethnologue Jean-Claude Dupont sur les légendes, qui s’adressent particulièrement aux clientèles scolaires.
Les efforts de diffusion se sont aussi traduits par la tenue d’expositions en collaboration avec des institutions partenaires (musée de Pointe-à-Callières, musée de l’Amérique française, La Poste en France, etc.), la réalisation d’un projet-pilote d’émissions de télévision sur les thèmes de la mémoire franco-québécoise dans la région de Québec et l’organisation d’un cours d’introduction à l’histoire de l’Amérique française, à Paris.
2.3 Ces efforts de diffusion appelaient également des interventions en matière de mise en valeur des lieux de mémoire et de développement de l’intérêt à leur égard
L’objectif de mise en valeur a suscité de nombreux projets concrets comme des actions de signalisation, de commémoration ou encore des propositions structurantes aux autorités compétentes. A cet égard notons:
L’installation de plaques commémoratives sur recommandation de la Commission;
L’aboutissement de démarches qui ont conduit à des actions de protection de lieux de mémoire franco-québécois par des mesures légales comme le classement;
La présentation par la Commission d’un mémoire à la ministre responsable de la Culture au Québec dans le cadre de sa consultation sur la nouvelle loi sur le patrimoine. L’accueil très favorable exprimé publiquement par la ministre donne à penser que la proposition de la Commission visant à mettre en valeur les lieux de mémoire portera des fruits;
Des actions de sensibilisation des élus communaux et départementaux en France à la présence sur leur territoire de lieux de mémoire franco-québécois, source de mise en valeur de leur patrimoine touristique et culturel;
Enfin, en matière de commémoration, l’année 2008 mérite évidemment une mention toute particulière en raison du 400e anniversaire de la fondation de Québec. La Commission a contribué à souligner cet événement de diverses manières : participation de ses représentants à diverses manifestations, tant au Québec qu‘en France (exposition Tour de la Chaîne, La Rochelle) ; collaboration à faire connaître les activités de nature historique par une rubrique spéciale de son site web et son bulletin électronique. Ou encore, plusieurs conférences ou événements ont été justifiés par l’anniversaire. Outre les activités associées au 400e de Québec, la CFQLMC a aussi soutenu plusieurs initiatives de commémoration tant en France qu’au Québec, comme par exemple en 2007, le 350e anniversaire de l’arrivée des Sulpiciens à Montréal.
3. Pour la biennie 2009-2010, plusieurs des activités précédemment évoquées seront poursuivies ou complétées parce qu’il s’agit dans plusieurs cas de projets à long terme. Par ailleurs, certains projets ou étapes nouvelles méritent d’être mentionnés.
Le travail d’inventaire des lieux de mémoire communs réalisé initialement en Poitou-Charentes et au Québec se poursuivra et sera transposé dans d’autres régions. En effet, cette première réalisation sera poursuivie dans les provinces atlantiques et à l’ouest du Québec ainsi que dans les pays de la Loire, en Bretagne et en Aquitaine.
De plus, à partir de l’édition actuellement réalisée, un projet-pilote d’itinéraire mémoriel sera réalisé au Québec au cours de 2009-2010 avec les universités et autorités publiques concernées, notamment en matière de culture et de tourisme. Ce projet-pilote devrait constituer l’amorce d’un projet plus vaste et conduire à des ententes avec le milieu du tourisme. La diffusion sur le web d’une offre en tourisme culturel constituera l’assise d’une démarche visant à promouvoir la fréquentation des lieux de mémoire dans le cadre d’itinéraires touristiques.
Dans la même perspective, la Commission s’est associée à la Société des directeurs des musées montréalais et au Regroupement des musées d’histoire afin de réaliser un projet-pilote de parcours thématique mettant en valeur les lieux de mémoire franco-québécoise sur le territoire de l’île de Montréal et prenant appui sur la richesse des collections muséales et des initiatives de diffusion et de publication, tant virtuelles que traditionnelles.
Enfin, la poursuite de la publication des livres Ces villes et villages de France,… berceau de l’Amérique française constitue également, en France, une action significative en matière de développement du tourisme culturel qui est redevable à la participation exceptionnelle des régionales de France-Québec.
En matière de muséologie, notons de façon particulière l’installation prévue à l’automne 2009 de la nouvelle exposition permanente du Musée de l’Amérique française, initiative de la Commission, maintenant prise en relais par le Musée de la civilisation de Québec et qui constitue une ”exposition miroir’’ à celle présentée dans la tour de la Chaîne de La Rochelle.
Plusieurs activités de commémoration auront lieu en 2009. Mentionnons notamment l’appui au projet Montcalm à l’automne 2009 et à l’exposition-événement sur la guerre de Sept Ans au Musée de la civilisation ou encore le 150e anniversaire du consulat général de France à Québec en septembre 2009 (publications et colloque).
Enfin, certaines initiatives nouvelles figurent au plan d’action. C’est le cas notamment d’un projet d’enquête ethnologique sur les militaires québécois et français mis en contact lors de la dernière guerre ou encore des initiatives à l’intention de la clientèle jeunesse , notamment un projet de bourses à l’intention de jeunes chercheurs ou l’ inventaire des ressources jeunesses en matière de patrimoine et mémoire. Notons enfin l’appui et la collaboration prévue de membres de la CFQLMC à un projet distinct de recherche et de publication sur l’histoire de la coopération franco-québécoise.
En matière de diffusion, les démarches visant la collaboration de nouveaux diffuseurs et la production d’émissions de télévision (Canal Savoir, Télé-Québec) seront poursuivies.
Enfin, en matière d’enseignement, l’Académie de Paris devrait offrir en 2009, des modules d’enseignement de la mémoire franco-québécoise commune (histoire, littérature, civilisation) à l’usage des formateurs, conformément à une entente en voie de finalisation.
Cette nomenclature d’activités, sans être exhaustive, illustre l’action qu’anime et qui anime la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs. Une dynamique fondée sur trois piliers, la connaissance, la diffusion et la mise en valeur, qui interagissent et se complètent pour ”remettre la mémoire au monde”. En cultivant ces racines qui donnent des ailes, la Commission se pose en acteur d’un développement durable en culture, conciliant ainsi mémoire et modernité.
André Dorval et Pierre-André Wiltzer
Coprésidents
Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs