Hommage de la Fédération France-Québec-francophonie à Janine Giraud-Héraud

Janine s'est éteinte le 24 juin, jour de la Fête nationale du Québec. Quel symbole ! Ses nombreux amis québécois et tous les amis du Québec en France s'associent à la peine de Bernard et à la tristesse de sa famille. Ceux qui ont pu venir et ceux qui ne le pouvaient pas expriment d'une même voix leur sympathie attristée.

Janine Giraud-Héraud et Michel Robitaille, délégué général du Québec à Paris

Crédit : Fédération France-Québec / francophonie

Janine a découvert le Québec par sa profession. Lors de colloques francophones de psychologie sociale, elle côtoie notamment des Québécois et effectue, dans ce cadre, son premier voyage outre Atlantique. Bien sûr, au retour, elle ne peut en rester là. Ainsi naît Terres de Provence-Québec qu'elle a présidée et portée, avec son mari Bernard, durant vingt ans. « Nous sommes fiers, ici, de porter haut ce cousinage », confiait-elle début mai à notre magazine relatant ce vingtième anniversaire de l'association régionale. On se souvient aussi que c'est elle, Méditerranéenne dans l'âme, qui fit gommer l'expression « pays d'en face » longtemps utilisée dans la relation franco-québécoise.

Janine c'était une voix, unique, dans le réseau franco-québécois. Une voix forte, jamais avare de superlatifs. Elle ne se contentait pas du service minimum sujet-verbe-complément. Avec elle, fleurissaient les adjectifs démonstratifs et exclamatifs, passionnés et passionnels. Elle truffait ses prises de parole d'envolées parfois homériques qui suscitaient généralement une salve d'applaudissements.

Janine, avec sa fougue généreuse, a été une femme de convictions. L'amitié franco-québécoise, elle l'avait chevillée au corps, toujours prompte à accueillir des Québécois. Surtout, elle y donnait du sens, s'appuyant sur une langue en partage, la belle langue française, et sur nos racines communes qui irriguent ces liens directs et privilégiés entre la France et le Québec.

Janine réagit, au début des années 2000, quand parait la première carte de 101 lieux de mémoire franco-québécois. Le quasi-désert du quart sud-est de l'Hexagone la désole.  « Il y avait sûrement des pionniers en Provence et j'allais le démontrer. C'était cela mon moteur », expliquait-elle en mai à notre revue. Et quel moteur ! Elle remue ciel et terre, plonge dans les archives, organise quatre séminaires à Aix plus un colloque. Les cartes régionalisées deviennent des livres sur  « Ces villes et villages de France, berceau de l'Amérique française ». Ce sera une épopée de douze ans, un travail colossal. Avec Bernard à ses côtés, inlassable soutien, elle impulse, coordonne, mobilise des adhérents dans toutes les régions. Elle a aussi un entregent particulier et persuasif pour discuter « pied à pied » avec les élus et les collectivités territoriales. Elle ne lâchait rien.

Janine avait eu la satisfaction du devoir accompli en 2014, avec la sortie du douzième et dernier ouvrage. Mais ce n'était pas fini. Elle voulait, elle veut que vivent les chemins de mémoire tracés dans les douze livres. Déléguée nationale au patrimoine et au tourisme culturel, elle avait tenu à ce qu'un des ateliers de l'Assemblée générale 2016 de la Fédération France-Québec-francophonie porte sur ces chemins de mémoire. Cette AG d'Aix, elle l'avait voulu aussi, comme un défi de plus, un défi ultime face à la maladie qui la rongeait. On pense là à la toute dernière chanson franco-québécoise de Jean-Jacques Goldman et Céline Dion, « Encore un soir, encore une heure, encore une larme de bonheur »…

Janine, bénévole exemplaire, a apporté une contribution inestimable au renforcement de la relation franco-québécoise. En reconnaissance, elle avait reçu en 2012 l'Ordre national du mérite et en 2014 la médaille de l'Assemblée nationale du Québec. Le Délégué général du Québec, Michel Robitaille, l'avait félicitée chaleureusement : « Janine est le modèle de l'engagement citoyen ».  

Janine a tenu ses objectifs jusqu'au bout. Debout jusqu'au bout. Le samedi 7 mai, avec ses amis de France-Québec, elle avait grimpé en haut des Baux de Provence. C'était cela Janine, toujours plus haut.

Un immense merci, Janine. Nous nous souviendrons.