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jeudi 25 avril 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

« Le 1er juillet 1867 – L'Acte de l'Amérique du Nord britannique : la fondation d'un pays en devenir » – Conférence par Eugénie Brouillet de la Faculté de droit de l'Université Laval

 

Par Gilles Durand


La sixième conférence d'une série de dix consacrées à autant de journées qui ont fait le Québec, organisée par la Fondation Lionel-Groulx en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec et MATV (anciennement Vox), a lieu le 4 décembre 2012. Pour l'occasion, la conférencière invitée, Eugénie Brouillet, professeure de droit constitutionnel et doyenne de la Faculté de droit de l'Université Laval, traite de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 comme la constitution fondatrice d'un pays en devenir. En quel sens, la conférencière présente-t-elle une nouvelle entité politique en devenir? Est-il possible de le faire encore aujourd'hui?

Le projet de partage fédératif des compétences législatives résulte d'un compromis entre deux groupes nationaux différents, Canadiens français et Canadiens anglais, répartis dans les trois colonies britanniques qui y adhèrent au point de départ, le Canada-Uni – composé de deux sections, le Canada-Est et le Canada-Ouest, c'est-à-dire le Québec et l'Ontario d'aujourd'hui –, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Les préoccupations des deux groupes culturels ne sont partagées qu'en partie : si la défense et le développement économique mobilisent les deux groupes pour une approche commune, ce n'est pas le cas des matières liées à leur identité particulière. À l'époque, les Canadiens français ne sont majoritaires que dans la section est du Canada-Uni, le Québec actuel marqué par l'héritage de Champlain et de ses descendants.

Sous la période de l'Union, se crée l'habitude du compromis pour permettre à chacun des deux groupes nationaux de pouvoir décider et de s'administrer lui-même. Sur les matières reliées aux préoccupations identitaires, les représentants de chacune des deux sections, Canada-Est et Canada-Ouest, s'entendent pour que les décisions soient prises à la double majorité, celle des députés élus de la section et celle de l'ensemble des membres du Parlement du Canada-Uni. De plus, au cours des années 1850, l'idée d'une fédération commence à s'imposer dans les milieux politiques, projet auquel le médecin canadien-français et fondateur du Courrier du Canada, Jean-Charles Taché, donne forme en 1858. De leur côté, les provinces atlantiques sentent aussi le besoin d'un rapprochement plus étroit en matière de défense, de développement économique et de commerce. Il n'en faut pas plus pour que les hommes politiques du Canada-Uni profitent du contexte favorable et s'inspirent du projet mis sur papier par Taché, pour faire adopter l'Acte de 1867.

Comme tous les régimes fédératifs, le système canadien est soumis à des tensions continuelles découlant de préoccupations communes et de besoins spécifiques aux entités fédérées, dans ce dernier cas ceux de pouvoir se développer et s'épanouir comme groupe distinct selon son identité culturelle particulière. Cette forme de gouvernement n'est pas une structure statique, figée dans le temps une fois pour toute. La question du devenir du Canada continue toujours de se poser. Pour connaître le point de vue de la conférencière, les intéressés sont invités à consulter le texte de la communication, accessible en ligne sur le site de la Fondation Lionel-Groulx.

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