Patrimoines et identités en Amérique française :
Une publication à lire pour terminer ses vacances tout en mémoire

par Gilles Durand

 

Crédit : Université Laval

Patrimoines et identités en Amérique française, publié aux Presses de l’Université Laval en décembre 2010, renferme une sélection de textes tirés des communications présentées à l’automne 2008, dans le cadre d’un séminaire organisé à l’Université Laval par la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN, www.cefan.ulaval.ca ).

De quoi sont formés les patrimoines des francophones?
Dans une introduction substantielle, les deux directeurs de l’ouvrage, Laurier Turgeon de l’Université Laval et André Charbonneau de Parcs Canada, présentent le sujet de l’étude, les patrimoines de l’Amérique française et, par le fait même, le territoire couvert. Ils attirent notre attention sur la nature de ces patrimoines, à la fois matérielle et immatérielle, de même que sur une de leurs principales caractéristiques, des réalités non statiques, évoluant constamment en fonction de la vision et des préoccupations des communautés qui se les approprient. Les patrimoines et les identités, formés et s’appuyant sur les mêmes repères culturels, constituent le fil conducteur de l’ouvrage divisé en quatre parties regroupant 16 chapitres. Le volume se veut général, non limité au Québec, mais, comme nous pouvons nous y attendre, le patrimoine du Québec occupe un place importante et c’est celui sur lequel nous aimerions nous attarder.

Les interventions des organismes publics et parapublics
Dans la première partie consacrée aux interventions des organismes publics et parapublics, il est question du rôle joué et qu’entend jouer le gouvernement du Québec et les municipalités dans la conservation et la mise en valeur de nos repères patrimoniaux et identitaires. Gérald Grandmont profite de l’occasion pour faire le point sur le nouveau projet de loi sur le patrimoine culturel et sur sa genèse, tandis que Michel de la Durantaye souligne le rôle important des municipalités compte tenu de leur proximité des repères identitaires.

Le patrimoine matériel, un héritage en construction perpétuelle
La deuxième partie traite du patrimoine matériel, bâtiments, sites, paysages et objets, un ensemble de repères identitaires qui peuvent prendre une coloration particulière en fonction de la vision et des objectifs poursuivis par les intervenants. Lucie K. Morisset nous entretient, entre autres, du rôle joué par la Commission des monuments historiques du Québec, l’ancêtre de la Commission des biens culturels, par la ville de Québec et par des acteurs sociaux dans la mise en valeur de sites comme l’île d’Orléans et le Vieux-Québec. De son côté, Yves Bergeron rappelle le rôle des milieux institutionnels et professionnels, comme les musées, dans la définition et la valeur accordée à des objets muséologiques.

Le patrimoine immatériel
La troisième partie jette une lumière particulière sur une catégorie de patrimoine de plus en plus valorisée à l’heure actuelle, le patrimoine immatériel. Nulle surprise, écrivent les codirecteurs de la publication, étant donné la mobilité des descendants de Champlain sur l’ensemble du continent, qui, pour cette raison, devaient s’en tenir aux bagages essentiels. Mais l’intérêt de ce type de patrimoine dépasse de beaucoup sa facilité de suivre les déplacements de ceux qui le portent et le transmettent. Expliquant et constituant l’un des fondements des identités, il possède une forte résonance au Québec comme le démontre Catherine Arseneault dans le cas du village de Saint-Élie-de-Caxton.

Les rappels des fondements des identités
Les liens entre les patrimoines culturels et les identités collectives ne sont jamais définitifs. Des rappels sont nécessaires dans les communautés. Voilà pourquoi la dernière partie de l’ouvrage, la quatrième, traite de commémoration. Patrice Groulx et Jacques Mathieu prennent la plume pour nous entraîner dans le champ des activités de commémoration. Parmi les points qu’ils développent, nous aimerions en signaler deux : la distinction à faire entre commémoration et célébration de même que le rôle grandissant joué par les organisateurs de fêtes et de festivals de même que par les spécialistes des communications. Sous l’influence de ces derniers, nos marqueurs identitaires peuvent prendre des visages particuliers qu’en d’autres temps ils n’auraient pas.

Patrimoines et lieux de mémoire
Patrimoines et identités en Amérique française mérite une lecture attentive. L’ouvrage traite de repères culturels en lien avec l’aventure commune partagée par les Français et les descendants de Champlain, des repères que la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) considère comme des lieux de mémoire et qui, pour cette raison, font l’objet de ses préoccupations. La publication constitue également une belle invitation à consulter l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, un ouvrage accessible en ligne né à l’initiative de la CFQLMC et dirigé par Laurier Turgeon et Yves Bergeron, deux des auteurs de Patrimoines et identités. L’Encyclopédie constitue le coffre aux trésors de nos repères culturels, matériels et immatériels, dans lequel chacun est invité à venir puiser pour en comprendre tout le sens et mieux saisir toute leur importance.